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Critiques de Marie Darrieussecq (771)
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Être ici est une splendeur

Paula Modersohn-Becker, née le 8 février 1876 à Dresde et morte le 21 novembre 1907 à Worpswede, est une artiste peintre allemande, et l’une des représentantes les plus précoces du mouvement expressionniste en Allemagne. Elle s’engage dans des études de peinture et rejoint les artistes indépendants réunis dans le village de Worpswede, non loin de Brême, qui prônent un retour à la nature et aux valeurs simples de la paysannerie. Paula y fait la connaissance de Rilke, qui sera son grand ami éperdument amoureux d’elle, sans jamais l’avouer, et elle finit par épouser le peintre Otto Modersohn.



Le manque d’audace des peintres worpswediens la pousse à s’ouvrir aux inspirations extérieures et à effectuer des séjours répétés à Paris, auprès de l’avant-garde artistique. Paula a vécu ainsi entre son petit village de Worpswede et le Paris artistique du début du XXe siècle qui la fascine, délaissant un mari qui ne semble pas la comprendre, qui ne comprend pas sa façon de peindre, de voir le monde. Paula semblait avoir un don pour voir des choses en chacun, invisibles aux yeux de tous.



Marie Darrieussecq revient à Worpswede en 2014 ; elle tente de capter l’atmosphère de l’époque, ce qu’a pu voir et ressentir Paula : « Worpswede, été 2014. Il y a un tel battement de nuages et de soleil que la terre est troublée comme un lac. Le paysage est rayé de canaux, de reflets. J’essaie de voir ce qu’a vu Paula. »



Une biographie sensible et poétique que j’ai pris beaucoup de plaisir à lire et qui m’a fait découvrir une artiste peintre que jusqu’alors je ne connaissais pas… Cette biographie m’a également permis de découvrir enfin la plume de Marie Darrieussecq dont j’avais beaucoup entendu parler sans jamais avoir sauté le pas.
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Être ici est une splendeur

Avant de lire cette biographie (quel vilain mot pour ce court récit d'une vie et d'une acuité incroyable !), je ne connaissais rien de la vie ni de la peinture de Paula M. Becker. Il faut dire que cette artiste peintre allemande est morte prématurément et qu'elle n'a vendu que deux toiles de son vivant, dont une à Rilke, son cher ami.

Pour une jeune fille de son temps, elle fait preuve d'une étonnante clairvoyance et indépendance. Si elle accepte dans un premier temps la formation d'institutrice à laquelle la destine son père, elle n'a de cesse, encouragée par sa mère, de prendre des cours de dessin et de peinture.

Elle fait le choix d'un mariage d'amitié avec Otto Modersohn tout en échappant à un couple à trois avec Rilke et son amie Clara Westhoff, qui deviendra l'infortunée femme de ce dernier.



Marie Darieussecq, avec une économie de moyens notable, parvient en 140 pages à nous faire entrer dans l'esprit d'une jeune femme et d'une grande artiste extrêmement moderne, au point que son mari, peintre reconnu, s'apercevra très vite de sa supériorité. Malgré tout, séjourner à Paris, retarder une possible maternité, préserver ses heures de peinture au détriment de sa maison, sont des privautés arrachées à sa condition de femme du début du XXème siècle.



Son regard sur ses modèles (souvent femmes et enfants de conditions modestes, mais aussi son entourage) est sans concession, terriblement innovateur. Elle peint des compositions brutes, sans perspective, où la couleur prend une place très importante. Un bocal de poissons rouges est traité comme une source de couleur et de formes, bien avant Matisse... et elle est la première femme à se représenter nue, puis nue et enceinte, avec un naturel et une absence de chosification remarquable.



Il est étonnant que malgré sa proximité avec Rainer Maria Rilke, ce dernier n'ait jamais utilisé que l'expression "une amie" pour parler d'elle ("Requiem pour une amie"). Sa disparition précoce, l'audace incroyable qui lui valut tant de critiques, ont-elles été à l'origine de son effacement jusqu'à ce que sa fille Mathilde créée sa fondation en 1978 ?



Brillamment, Maie Darrieussecq explore le continuum de ces phénomènes à travers également le devenir de Clara Westhoff, son amie sculptrice, mais aussi la résonance de cette oeuvre dans sa propre pensée et écriture. Une lecture à la fois profonde, instructive et agréable. A ne pas manquer, donc !
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Être ici est une splendeur

Peu après avoir rendu visite au Douanier Rousseau je prenais le chemin de la librairie du musée d’Orsay. Je fus immédiatement attiré par ce visage énigmatique et tendre. Je n'ai pas encore lu Marie Darrieussecq et ne connais pas Paula Modersohn-Beckeret, il ne m'aura fallu que quelques phrases pour que Paula reparte avec moi.  

" Rencontrer une femme, c’est pour Rilke un voyage dans l’étrange. Il décolle, comme un aéroplane. Il est pris par quelque chose de plus grand que lui - le ciel, la beauté. II chute vers le haut. »



Un livre passionnant, pour raconter, nous raconter la vie courte, intense, fulgurante de Paula.  Une courte existence de joies, de peines, d’amours et de persévérance.  Être ici est une splendeur est bien plus qu’une biographie, c’est un hymne à la femme,  à cette femme qui posera son regard de femme  à travers la peinture sur la femme, la maternité et des portraits d’enfants.



Marie Darrieussecq par petites touches, à travers  des extraits de lettres, de journaux intimes, de phrases courtes, de réflexions  nous dévoile l’existence de cette artiste. Une femme artiste qui peint ce qu'elle voit.

Au premier abord la lecture est un peu déroutante, surprenante dans le rythme, mais au final elle est fulgurante. 



"Les femmes n'ont pas de nom. Elles ont un prénom. Leur nom est un prêt transitoire, un signe instable, leur éphémère. Elles trouvent d'autre repères. Leur affirmation au monde, leur être là, leur création, leur signature, en sont déterminés. Elle s'inventent dans un monde d'homme, par effraction.



Paula achèvera sa vie à de 31 ans  en prononçant  un seul mot  Schalde ! (Dommage), née à Brême, elle aura fait de nombreux séjour à Paris   et  il faudra attendre 2016 pour que la capitale lui rende hommage  au Musée d'art moderne de la ville de Paris,  Paula Modersohn-Becker L’intensité d’un regard du 8 avril au 21 août 2016.


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Être ici est une splendeur

En 2010, Marie Darrieussecq reçoit une invitation pour un colloque de psychanalyse sur la maternité. Son regard est immédiatement attiré par la petite reproduction d’un tableau dans un coin : une femme allongée allaitant son enfant. La position est juste, vraie. Un homme n’a pu voir cela. En effet, c’est une femme qui a peint le tableau : Paula M. Becker.

Marie commence des recherches, est éblouie devant les reproductions qu’elle découvre et s’interroge : pourquoi cette femme peintre n’est-elle pas plus connue, pourquoi ne voit-on pas ou si peu ses tableaux ? Etrange.

Elle se rend à Essen dans la Ruhr au musée Folkwang. Elle veut voir l’un des autoportraits de Paula. Il faut descendre au sous-sol, l’informe le directeur. Il y a beaucoup d’œuvres de femmes au sous-sol. Celles des hommes sont à la lumière. Derrière une vieille télé, l’Autoportrait à la branche de camélia.

Paula Becker n’aime qu’une chose : « Oh, peindre, peindre, peindre ! ».

Ses amis sont Clara Westhoff et Rainer Maria Rilke. Clara est sculptrice, Rilke est poète. Paula décide de quitter Worpswede pour Paris : elle s’inscrit à l’Académie Colarossi et suit des cours d’anatomie à l’Ecole des Beaux-Arts. Elle fréquente le Louvre. Elle adore Monet, Cézanne, Gauguin. Elle aimerait montrer toutes les merveilles qu’elle découvre à Otto Modersohn, un autre ami peintre. Il finit par venir mais repart aussitôt, sa femme vient de mourir. « A Worpswede, elle peint l’écorce noir et blanc des bouleaux, la tourbe des marais. » On est en 1900, Paula a vingt-quatre ans. Elle peint des paysannes, des jeunes filles, des voisins, des vieillards, des arbres…

1901- Paula épouse Otto et Clara, Rilke. Les parents de Paula acceptent ce mariage à condition que leur fille prenne des cours de cuisine : une femme doit « savoir nourrir son mari ». Paula part à Berlin pendant deux mois, période qu’elle appellera son « siècle culinaire ». Mais son âme « meurt de faim ». Elle ne supporte pas les situations qui lui « prennent de l’air ». Elle veut peindre. Elle n’est pas heureuse : « La routine, la cuisine. La matérialité des choses… »

Elle repart à Paris, puis revient. Otto s’inquiète et écrit dans son journal que « son intérêt pour la famille et sa relation à la maison est trop faible » et en matière de peinture, elle ne veut, hélas, écouter aucun conseil. Lui, au moins, vend des tableaux.

Personne ne voit les peintures de Paula. Une femme artiste, c’est une femme qui n’est pas à sa place, c’est un être déplacé, « dégénéré » diront certains bientôt…

A travers cette biographie, Marie Darrieussecq redonne vie à Paula, la place dans la lumière, celle qu’on lui a toujours refusée, parce qu’elle était une femme...

Marie voulait « lui rendre plus que la justice…. l’être-là, la splendeur. »

C’est réussi et nous irons voir ses tableaux et nous resterons longtemps à les contempler.

Peut-être rattraperons-nous ainsi le temps perdu, si c’est encore possible…


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Être ici est une splendeur

Magnifique!



Un délicieux régal ce croisement de la peintre Paula Becker, de la plume de Marie Darrieussecq, et de la vie de femme, brève mais intense, de Paula Becker.



Peintre:

Cette biographie est un excellent prétexte pour MD de "montrer" via des mots quelques unes des œuvres de Paula Becker, d'évoquer son style avec les couleurs propres au langage écrit.

MD évite le descriptif plat de tableaux: son style se marie harmonieusement à l’expressionnisme de Paula Becker, en particulier, grace à des zoom sur quelques détails traités de maniére crue répondant aux couleurs fortes de Paula Becker.



Femme:

MD décrit avec jubilation les amours et amitiés de Paula Becker: son amour condamné d'avance pour son futur mari, son amitié ambivalente avec le poète Rilke, lui même pas encore remis de son amour impossible avec Lou Andréas Salomé... et qui se mariera avec la plus proche amie de Paula!



Plume:

Tout ceci avec, en fond de toile, le style de MD, qui même faits avérés, interprétations, allusions ...ou commentaires ("si Rilke ne comprend pas, c'est qu'il ne veut pas comprendre").



En fait transparaît dans cette biographie la "révélation" qu'a été Paula Becker pour MD la découverte de ce peintre (découverte qu'elle décrit au début de la biographie). Cette révélation, admiration, respect pour cette femme indépendante dans sa pensée sa vie et sa peinture qui rend difficile la fermeture du livre avant de l'avoir terminé!



Si vous en avez l'occasion, complétez cette lecture d'une visite au musée d'art moderne et vivez le sous-titre de l'exposition: "l'intensité d'un regard"!
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Être ici est une splendeur

Être ici est une splendeur est une biographie sur Paula M. Becker, peintre allemande du début du XXe siècle. Je ne la connaissais pas du tout auparavant, c'est un peu comme pour Charlotte Salomon de David Foenkinos.



J'ai adoré la façon dont l'auteure a raconté sa vie, on fait la connaissance de la peintre de façon intime et délicate, on sent que Marie Darrieussecq a énormément pensé à Paula Becker. Sur le point de vue de la forme je n'ai rien à dire, les pages s'avalent rapidement, le tout est bien aéré par des paragraphes et en plus, il y a peu de phrases longues cette fois !

Je suis entrée dans l'histoire, que ce soit celle de Paula ou celle de l'Allemagne du début du XXe, du moins jusqu'en 1907, année de la mort de l'artiste.



Sa vie, même si elle n'est pas forcément semée de tonnes de péripéties - faut dire qu'elle est morte à seulement 31 ans - et particulièrement bien racontée. Mais il n'y a pas qu'elle sa vie dans ce livre, il y a aussi ses proches, son mari, peintre lui aussi, ses amis, dont Rainer Maria Rilke que j'ai déjà eu l'occasion de lire dans Je couche toute nue, dans des lettres adressées à Rodin. Il y a aussi des passages où l'auteure parle directement d'elle, où elle donne son avis, elle nous raconte sa propre "rencontre" avec l'artiste.



Et puis, Être ici est une splendeur ce sont aussi ces passages où l'on nous parle de la condition de la femme, de son rôle dans le mariage, mais aussi en tant qu'artiste. Les femmes sont souvent dévaluées dans le milieu de l'art c'est un fait, et Paula Becker en est un bon exemple. Après tout, il a fallu que je me plonge dans sa biographie pour apprendre qu'elle était la première femme à réaliser des autoportraits nus, c'est quand même dingue ! Enfin personnellement, je trouve ça dingue, je pense vraiment que peu de gens le savent et c'est dommage, si ce n'est injuste.



La condition de la femme est abordée de manière frontale, après tout, qui est le mieux placer pour parler d'une artiste femme qu'une femme elle-même ? Il en va de même pour la mort de Paula, mort qui est tellement tragique... j'ai trouvé ça dégueulasse, cette façon de mourir aussi bêtement... on sent bien que c'était un siècle auparavant et que les accouchements pouvaient être fatals, et c'est pour cette raison que l'auteure le met en perspective avec sa propre expérience et une fois encore, qui mieux qu'une femme ayant eu des enfants peut commenter un accouchement d'une façon qui soit la plus juste ?





La vie de Paula m'apparaît comme un long fleuve tranquille ayant néanmoins connu des périodes de folies, d'abandons, notamment lors de ses voyages à Paris. Paula Becker était une artiste de talent, une artiste qui souhaitait vivre comme elle le souhaitait, et une femme énigmatique aussi. Elle souhaitait divorcer de son mari, et pourtant, elle est morte suite à la naissance de son seul enfant, avait-elle un amant ? un regain d'amour pour son mari ? C'est difficile de tout comprendre maintenant c'est sûr, mais je salue Marie Darrieussecq pour ce petit livre, aussi enrichissant qu'attachant.





Mon avis en intégralité :


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Être ici est une splendeur

Je regarde ce livre exposé à la bibliothèque :

L'auteur : Marie Darrieussecq - Je ne suis pas particulièrement fan de cet auteur.

Le titre : Être ici est une splendeur - Là, magnifique citation de Rilke !

Le sous-titre : Vie de Paula M. Becker - Je ne connais pas.

La couverture : Un portrait - Pas mal...

La quatrième de couverture : Intéressante cette femme !

Je l'emprunte donc... mais je déchante vite.. car je trouve ce livre truffé de citations, une vraie compilation. Pour connaître la vie de Paula, autant lire ses écrits !

Quant aux phrases, courtes, bof.

Heureusement, ce livre est court.

Mais parfois, une étincelle, des phrases inspirées, très belles.

Soudain, l'auteur m'attrape enfin. Je comprends combien elle aime cette artiste. Elle a su parfaitement décrire le carcan dans lequel elle vivait, combien la vie pour elle était hors limites, qu'elle n'aspirait qu'à une chose, la liberté de ses mouvements, de son inspiration...etc

Et je la remercie de me l'avoir fait connaître.

Bien entendu, je vais faire des recherches sur Paula M. Becker.
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Être ici est une splendeur

Je n’avais plus rien lu de Marie Darrieussecq depuis Truismes, et je dois dire que cette biographie romancée est une très agréable surprise. Comme biographie, c’est un peu léger, mais c’est un très bel hommage rendu à Paula Modersohn-Becker, remarquablement écrit, plein de sensibilité. Je ne connaissais pas grand-chose de cette peintre allemande, amie de Rilke, morte très jeune peu après un accouchement et pratiquement inconnue en dehors d’Allemagne (Je connaissais quand même deux tableaux d’elle, mais sans rien savoir sur leur auteur). Marie Darrieussecq a elle-même découvert cette peintre par hasard en 2010 à travers une petite reproduction sur une invitation à un colloque de psychanalyse. Attirée par cette artiste elle sait, d’une plume sensible, délicate, parfois poétique, communiquer son ressenti face à ses œuvres. Elle arrive, dans un livre sans illustration autre que celle sur la couverture, à donner envie au lecteur de connaître et découvrir Paula Modersohn-Becker. Chapeau, c’est très réussi !
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Être ici est une splendeur

" Etre ici est une splendeur" de Marie Darrieussecq (145p)

Ed; Folio

Bonjour les fous de lectures...

Voici une courte biographie de Paula Becker.

Paua est peintre et épouse d'Otto Modersohn.

Paula est l'amie de Rilke.

Paul aime la nature et Gauguin.

Paula est trop peu connue

Paula a été une des premières représentante du mouvement expressionniste en Allemagne.

Paula estmorte à 31 ans, quelques jours après avoir doné naissance à sa fille.

Paula n'aura pas connu le succès, éclipsée derrière l'oeuvre de son époux et celles d'autres peintres masculins.

Marie Darrieussecq s'est basée sur les lettres et écrits de Paula pour écrire ce court opus lui rendant hommage.

Lettres et journaux publiés peu de temps après sa mort par sa mère en dépit des hostilités du régime nazi pour "l'art dégénéré".

Récit passionnat tout en tendresse.

Très belle lecture qui donne envie de découvrir les toiles de Paula.
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Être ici est une splendeur

Marie Darrieusecq a emprunté son très beau titre à un vers de Rainer Marie Rilke dans Élégies de Duino. Le grand poète allemand joue un rôle clé dans le roman-biographie de Marie Darrieusecq, d’ailleurs, peut-on parler de biographie quand les éléments de la vie de Paula Becker avant sa vie de peintre ne prennent que quelques pages ?



Paula Modersohn-Becker n’a vécu que trente-et-un ans, elle est morte dix-huit jours après la naissance de sa fille Mathilde.

Entre les deux, elle s’est installée à l’âge de vingt ans dans la communauté d’artistes de Worpswede et elle a peint. Beaucoup. Intensément. Elle a écrit aussi, car Paula appartient à une famille où l’on aime écrire. Des lettres et des textes magnifiques qui seront connus après sa mort grâce à sa mère.



La vie de Paula Modersohn-Becker est exemplaire : cette femme qui n’aurait dû que peindre tellement sa vocation était impérieuse, s’est conformée à la pression sociale, mariage, enfant ; on peut dire qu’elle en est morte.



Marie Darrieussecq est manifestement fascinée par la vérité et l’originalité de la peinture de Paula Becker, elle a d’ailleurs participé à l’exposition qui lui a été consacrée par le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris d’avril à août 2016. Exposition justifiée par les importantes connexions entre la jeune femme qui affinait son regard face à tous les grands peintres de l’époque.



Marie Darieussecq connaît très bien son sujet. Cela nous vaut quelques beaux moments sur la peinture de la jeune Allemande. Son texte est parsemé de lettres de Paula, elle évoque ses allers et retours d’amour-amitié avec Otto, le veuf tout frais que Paula va épouser (on glisse sur les circonstances…) et Rilke, le grand poète qui a le même âge qu’elle.

C’est un peu là que ça se gâte. À un moment on ne sait plus si le livre tourne autour de Paula ou de Rainer Maria. Celui-ci, très proche de l’artiste et de son amie totale la sculptrice Clara Westhoff, est amoureux des deux femmes à la fois, il est coutumier du trio amoureux. Paula navigue entre le poète et le peintre Otto Modersohn qu’elle admire et va finir par épouser très vite après son veuvage :



Tout l’automne 1900 précédant le mariage, Paula Becker et le bouillant Otto s’écrivent des lettres d’amour. Mais elle veut rester encore un peu sa « petite Madone ». elle demande à son « roi roux » de se concentrer sur l’art : « Que votre iconoclasme à sang chaud dorme encore un tout petit peu… Nous peindrons toute la semaine, d’accord ? » (p.50)



Quelle lettre troublante ! Nous peindrons toute la semaine. Elle se marie pourtant. et déchante vite :



« La première année de mon mariage, j’ai beaucoup pleuré, et des sanglots comme ceux de l’enfance. […] L’expérience m’a enseigné que le mariage ne rend pas plus heureuse. Il ôte l’illusion d’une âme-sœur, croyance qui occupait jusque-là tout l’espace. Dans le mariage, le sentiment d’incompréhension redouble. Car toute la vie antérieure au mariage était une recherche de cet espace de compréhension. Est-ce que ce n’est pas mieux ainsi, sans cette illusion, face à face avec une seule grande et solitaire vérité ? J’écris ceci dans mon carnet de dépenses, le dimanche de Pâques 1902, assise dans ma cuisine à préparer un rôti de veau. » (p. 72)



Peut-on écrire plus grand réquisitoire contre le mariage ? Toutes les lettres ou fragments de lettres de Paula manifestent le même talent descriptif, la même qualité.



Vie intense, partagée entre le petit paradis de Worpswede, bucolique communauté artistique, et Paris avec ses géants de la peinture ; trop peu de place pour la vie de famille et les enfants, c’est sûr… Paula avance sur son propre chemin, une peinture étrange, étonnante. Une peinture de femme :



ni mièvrerie, ni sainteté, ni érotisme : une autre volupté. Immense. Une autre force. Tout ce que je savais en regardant cette toile, c’est que je n’avais jamais rien vu de tel .



On voit chez Paula des bébés comme je n’en avais jamais vu en peinture, mais tels que j’en ai connu en vrai. (p. 118)



Être ici est une splendeur donne envie de découvrir l’œuvre de Paula Becker, ce qui n’est pas un petit mérite. Toute l’œuvre de Paula la vibrante de vie, son œuvre picturale mais aussi ses écrits, lettres et journaux que l’on attend encore en français. Pour le reste, le côté brouillon et inachevé du livre et les manifestations d’originalité style regardez comme je suis un grand écrivain me gênent. Une peinture aussi novatrice et un tel destin auraient mérité mieux que ce texte, me semble-t-il.




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Être ici est une splendeur

Dans un texte court, Marie Darrieussecq nous raconte l'histoire de Paula Becker, peintre allemande du début du XXe siècle.



Morte jeune, cette peintre a été souvent oubliée, pourtant elle a côtoyé des hommes, eux, restés en mémoire, et a peint de nombreuses toiles.

J'ai écouté cette biographie en livre audio, ça a été un peu compliqué au début, il y avait beaucoup de noms à assimiler, je pense que c'est plus facile en lecture papier, mais une fois qu'on est lancé, c'était plutôt intéressant, j'ai beaucoup aimé les passages où l'auteure parle de son rapport à la maternité à travers la peinture de Paula.



En tout cas, c'est un texte que je voulais lire depuis longtemps et je suis contente d'avoir pu le découvrir !


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Être ici est une splendeur

J'ai découvert la peinture de Paula Modersohn-Becker au détour d'une exposition à Brême, en 2016. J'admire tous les jours une belle carte postale punaisée dans ma chambre.



La même année, j'achète le récit romancé de Marie Darrieussecq qui lui est dédié.



J'ai eu quelques difficultés à accrocher avec le style littéraire et le manque de rythme. Je n'ai pas été emballée par l'écriture découpée en petits paragraphes.



J'ai cependant aimé m'imprégner des peines et des joies d'une artiste dont j'avais tant aimé la peinture.



C'est une lecture intéressante.



Lu en août 2016.
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Être ici est une splendeur

J’ignorais tout de Paula Paula Modersohn-Becker avant ce livre que lui a consacré Marie Darrieussecq. Il s'agit d'une peintre allemande née en 1876 et qui mourut à l’âge de 31 ans suite à son premier accouchement compliqué.

Ce livre n’est pas une biographie classique "j’écris à mon tour cette histoire, qui n’est pas la vie vécue de Paule M. Becker mais ce que j’en perçois, un siècle après, une trace ». L'’auteure nous fait découvrir le travail de l’artiste, elle nous transmet également son admiration pour cette femme qu’elle n’a pas connue et qui lui manque. Paula s'affranchit des oeillères dans un monde d’hommes et veut s’émanciper tout en étant partagée par l'envie d'un couple stable et son désir de liberté . Très proche de l’écrivain Rilke époux de son amie Clara, Paula aime Paris et elle y séjourne régulièrement travaillant dans son atelier, elle est «"une bulle entre deux siècles ». Elle peint, vite , comme un éclat» et à travers sa correspondance et son journal intime, on la devine et on l’imagine. Elle renaît à travers les mots en tant que peintre et que femme.



Voulant être quelqu’un, passionnée et vivant intensément pour la peinture "Un seul but occupe mes pensées, consciemment et inconsciemment"."Oh, peindre, peindre, peindre" , elle fut la première peintre à réaliser des nues de femme et d’elle-même. Montrant ainsi les corps des femmes comme ils le sont sans le désir masculin ajouté.



Avec des réflexions portant sur les femmes, ce livre est vibrant de finesse et de sensibilité.

Magnifique !


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Être ici est une splendeur

Je ne partagerais pas l'enthousiasme des treize critiques qui m'ont précédées, mais je crois que le style de Marie Darrieusecq ne me convient finalement pas.

J'ai trouvé la narration factuelle, clinique et minimaliste et, malgré un très beau titre et des tableaux très attachants, je n'ai pas été prise par l'histoire et n'ai ressenti aucune empathie pour l'héroïne.

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Être ici est une splendeur

En consacrant une biographie à Paula Becker, à partir de ses journaux intimes et de lettres qu'elle échangea avec ses proches, en particulier Rilke (le titre est un extrait des Élégies de Duino), Marie Darrieusecq réhabilite une magnifique artiste allemande tombée presque dans l'oubli.

Née en 1876 à Dresde, elle prit très tôt des cours de peinture et s'installa à 22 ans à Worpswede où vivait une colonie de peintres influencés par les impressionnistes français. Parmi eux Otto Modersohn qui deviendra son époux.

Rapidement frustrée par le manque d'ambition du groupe, elle s'envole pour Paris, là où sont les avant-gardes. Elle y découvre Cézanne, Gauguin, Matisse... On trouve la patte de ces maîtres dans son œuvre qui est cataloguée comme expressionniste. Dans l'un de ses portraits, le cubisme n'est pas loin. Le modernisme de certains de ses tableaux lui valut d'être considérée par les Nazis comme une artiste dégénérée.

Première femme à s'être peinte nue, elle s'ennuie dans la routine du mariage et quitte le fade Otto.

Marie Darrieussecq avoue avoir découvert sa peinture lors d'un déplacement à Essen. Alors que les artistes hommes ont les honneurs des étages nobles du Centre culturel franco-allemand, les femmes, dont Paula Becker, sont reléguées au sous-sol, loin de la lumière qu'elle aimait tant.

Ce parti pris dans l'installation des tableaux est bien le symbole de la manière dont ont été considérées les productions du deuxième sexe, aussi talentueuses que soient leurs représentantes.

Dans un 20ème siècle balbutiant, le génie de Paula Becker semble avoir été contraint par sa condition de femme, obligée d'assumer les tâches domestiques et de gérer le quotidien d'une famille.

Elle meurt en 1907 des suites d'un accouchement difficile. Son dernier mot sera Schade : Dommage ! Dommage que la mort ait donné un coup d'arrêt à sa passion, dommage qu'elle n'ait pas eu la reconnaissance de ses pairs de son vivant, dommage pour tout. Pour réparer tous ces dommages, Marie Darrieusecq offre un joli hommage à la fois poétique et puissant.

Une exposition est consacrée à Paula Becker au Musée d'Art moderne de la Ville de Paris jusqu'au 21 août 2016.



EXTRAITS

- Les femmes n'ont pas de nom. Elles ont un prénom. Leur nom est un prêt transitoire, un signe instable, leur éphémère. Elles trouvent d'autres repères. Leur affirmation au monde, leur "être là", leur création, leur signature, en sont déterminés. Elles s'inventent dans un monde d'hommes, par effraction.

- Chez Paula il y a de vraies femmes. J'ai envie de dire des femmes enfin nues : dénudées du regard masculin. Des femmes qui ne posent pas devant un homme, qui ne sont pas vues par le désir, la frustration, la possessivité, la domination, la contrariété des hommes.


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Être ici est une splendeur

Je suis tombée sur le livre de Marie Darrieussecq après avoir vu l'exposition de Paula Modersohn Becker au musée d'art moderne de la ville de Paris. A vrai dire, je ne connaissais pas l'artiste; j'avais vu une publicité pour l'exposition dans un magazine d'art et cela a suffit à me dire qu'il y avait là une pépite à ne pas manquer.

J'ai dévoré la biographie écrite par Marie Darrieussecq à la lumière des tableaux de Paula que j'avais vu juste avant. Le livre m'a paru correspondre à la personne que j'avais entrevue au musée: jeune femme courageuse, obstinée, enthousiaste, ambitieuse. J'ai facilement pu l'imaginer dans ses différents ateliers parisiens; pinceau en l'air, sans un regard pour le monde hors de sa peinture.

Il est difficile de savoir si j'ai aimé le livre ou son héroïne. Peu m'importe: je me suis plongée avec bonheur dans la vie et les défis de cette toute jeune femme, qui, par un cruel hasard du destin, n'aura pas pu vieillir avec sa peinture. A nous, femmes du 21ème siècle, de profiter de la chance que nous aurons peut-être de dérouler notre projet de vie dans toute sa longueur.
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Être ici est une splendeur

Une magnifique découverte
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Être ici est une splendeur

Un livre sur une femme peintre allemande, méconnue hors de son pays, du début du siècle dernier. Pas évident d'écrire une biographie romancée, d'une femme restée dans l'ombre mais dont la vie a croisé tant de personnages célèbres de l'art et de la littérature. Darrieussecq a choisi un style impersonnel, la voix off d'un récit qui se déroule à l'image d'un film documentaire qui " n'est pas la vie vécue de Paula M.Becker", mais ce qu'elle en perçoit, "un siècle après, une trace".

Une femme, une vie courte, extraordinaire pour l'époque, tentant de s'y dérober à ses conventions bien qu'étant obligé de composer avec sa condition féminine ( "Les parents de Paula posent une condition au mariage : que leur fille prenne des cours de cuisine. Il ne sera pas dit que Fräulein Becker s’installe en ménage sans savoir nourrir son mari."),

Une femme qui a besoin de liberté, de "marcher seule pour "lisser quelques plis dans sa tête ", qui écrit à son mari parti rendre visite à ses parents, "à quel point elle se sent libre, divinement libre.",

Une femme qui ose pour son époque, du presque non vu : une femme qui peint des femmes. "Ses jeunes filles nues, ce n’est pas Puberté de Munch.....de là à se peindre elle-même nue…" donnera le premier autoportrait enceinte nue de l’histoire de l’art.





Je suis friande des regards d'écrivains sur l'Art et les artistes mais ici le charme n'a pas opéré. Autant le regard de Philippe Claudel sur Émile Friand ou celui de Claudie Gallay sur Opalka m'a profondément touchée autant celui de Darrieussecq sur Paula Becker m'a laissée indifférente; à part quelques passages, la prose sèche et décousue, truffée de citations m'a déconcertée. Un style peu à mon goût, "Il semble que le mariage de l’ardent roi rouge et de la petite Madone n’ait été consommé qu’avec difficulté........Consommé ou pas, tous ces gens sont morts. Quand j’entends consommé, je pense à du potage, et à des yeux qui flottent sur du bouillon. Je préfère contempler les tableaux de Paula.", combinaison "consommé , morts, potage" , pas très fort comme image, pour ne pas dire banale, et une dernière phrase paradoxale, car l'écrivaine contemple plus la vie privée et sociale de Paula que son oeuvre, surtout dans la première moitié du récit. Mais c'est plus la forme que le fond que je n'ai pas aimé, car je dois quand même avouer que ce dernier a le mérite d'éveiller la curiosité sur l'œuvre de l'artiste que je connaissais peu.

Ce n'est bien sûr que mon avis personnel, donc en aucun cas le rayer de votre PAL si il y est déjà, car apparement je suis une des rares à ne pas l'avoir aimé.







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Être ici est une splendeur

Paula Modersohn-Becker est une peintre allemande née en 1876 et morte en 1907.

Elle était amie avec Rainer Maria Rilke.

Marie Darrieussecq découvre par hasard un de ses tableaux qui l’émeut.

Elle entreprend alors des recherches, et nous raconte la vie de cette jeune femme au caractère affirmé, moderne pour son époque.

Ce livre m’a permis de découvrir deux peintres que je ne connaissais pas : Paula et son mari Otto Modersohn.

Ce n’est pas très romancé.

Plutôt une succession de faits, de dates, de lettres…..

Je n’ai pas spécialement vibré à cette lecture, un peu plate à mon goût.

Par contre, félicitations à Marie Darrieusecq d’avoir su ressuscité une artiste restée dans l’ombre.

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Être ici est une splendeur

J’apprécie décidément de plus en plus qu’un écrivain pose son regard et ses mots sur l’oeuvre d’un ou d’une artiste pour proposer un récit biographique personnel, nourri bien sûr d’une solide bibliographie offerte en prime au lecteur. Comme l’écrit si bien Marie Darrieussecq : « Les rencontres nous signent ». Celle-ci est définitivement une très belle rencontre que je n’oublierai pas de sitôt.



« Être ici est une splendeur » est le court récit qui m’a permis de découvrir Paula Modersohn Becker ( 1876-1907 ), peintre allemande au destin bref mais intense. Morte prématurément à trente et un ans, dix-huit jours après avoir accouché, elle voulait peindre, coûte que coûte ; être plus libre que son époque ne le permettait aux femmes. Mariée à un peintre reconnu, Otto Modersohn, elle finit par tout quitter, mari et foyer, pour s’installer à Paris. Soutenue entre autre par Rilke et Clara Westhoff, ses amis, elle peindra plus de sept cents tableaux en à peine huit ans.

Voilà très succinctement résumée la bio de Paula.



Par curiosité, j’ai bien sûr cherché ses tableaux sur internet et j’ai été surprise de trouver beaucoup de portraits de femmes, aux regards doux, vivantes sans être ni mièvres ni lascives, comme évidentes, dégageant force et tendresse. C'est aussi la première fois qu'une femme se peignait nue, et enceinte.

« Des femmes qui ne posent pas devant un homme, qui ne sont pas vues par le désir, la frustration, la possessivité, la domination, la contrariété des hommes. »

Paula, une pionnière étonnante de modernité !



Bien sûr si ce texte révèle en si peu de pages un essentiel féminin et artistique, c’est grâce au talent de Marie Darrieussecq qui a souvent le sens de la formule qui fait mouche et grâce à sa sympathie évidente pour Paula.



J’aimerais juste pour finir citer quelques phrases de Rainer Maria Rilke qui, un an après le décès de Paula, écrivit « Requiem pour une amie », un texte auquel l’auteur fait référence en écrivant que « Lire ce texte c’est écouter ».



« Et des fruits, j’achèterai des fruits, où l’on

retrouve la campagne, jusqu’au ciel.

Car à ceci tu t’entendais : les fruits dans leur plénitude.

Tu les posais sur des coupes devant toi,

tu en évaluais le poids par les couleurs.

Et comme des fruits aussi tu voyais les femmes,

tu voyais les enfants, modelés de l’intérieur

dans les formes de leur existence. »
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