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Critiques de Marie-Fleur Albecker (72)
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Et j'abattrai l'arrogance des tyrans

Roman intrigant par son titre et sa couverture, je me suis lancée sans trop savoir.

L'histoire se déroule au Moyen-Age, en Angleterre, il s'agit d'une révolte paysanne qui débute. Johanna, une jeune femme qui se rend compte qu'elle n'est que l'objet du désir des hommes, voit dans cette révolte l'occasion de prendre sa liberté. Rare femme dans cette rébellion, elle cherche à s'affirmer et parvient tant bien que mal à montrer aux hommes qu'elle est aussi forte qu'eux, voire davantage. Cependant, nous sommes au Moyen-Age et évidemment, une femme n'est rien, surtout si elle n'est qu'une paysanne, ses velléités vont donc se confronter à la réalité.

C'est un roman intéressant, d'une part par le côté historique, on apprend de nombreuses choses sur l'histoire d'Angleterre, Londres, la société d'alors. Et c'est un livre profondément féministe, même si l'action est très lointaine, elle trouve écho dans notre monde contemporain, on ne va pas se dire que les choses n'ont pas évolué mais on retrouve des similitudes frappantes. D'ailleurs notre narrateur se fait un malin plaisir à effectuer des comparaisons, des aller-retours entre le passé et le présent pour montrer que certaines choses dans les révoltes n'ont pas changé.

C'est ce que j'ai beaucoup aimé dans ce roman d'ailleurs, cette voix du narrateur, qui conte cette histoire du Moyen-Age à travers les yeux de Johanna mais qui s'adresse aussi directement au lecteur, à son monde à lui. C'est un style très entrecoupé de parenthèses, cela donne un rythme assez enlevé et vif. J'ai trouvé cela très original.

Un livre court et dense, riche d'informations sur le Moyen-âge, qui ouvre une réflexion intéressante sur les femmes, la révolte.
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Et j'abattrai l'arrogance des tyrans

Tyrannosaurus Rex Anglicana



Comment être dithyrambique sans sonner faux ? sans paraître flagorneur ? C’est tout le challenge de ce billet.



Un point de départ de Marie-Fleur Albecker, dont c’est le premier roman particulièrement maîtrisé, et plusieurs lignes d’arrivée ! A partir de la révolte des paysans anglais de 1381 qui refusent de payer un nouvel impôt levé par le roi, Marie-Fleur Albecker déploie deux trames de lecture.



Une première trame se concentre sur l’Angleterre de cette fin de XIV° siècle, une seconde trame vient se superposer à la première pour offrir au lecteur une vision contemporaine et moderne de ce récit en faisant de nombreux et constants liens entre les deux époques. Tous les thèmes sont donc abordés sous l’angle médiéval et l’angle moderne. Et c’est aussi passionnant que drôle et édifiant. L’esprit moderne fait que des événements forts proches les uns des autres apparaissent naturellement comme logiques aujourd’hui (ou inacceptables) et inacceptables (ou logiques) au Moyen-Âge. Le récit de Marie-Fleur Albecker remet tout cela en perspective pour que notre lecture des événements soit la même quel que soit l’époque.



Je ne vais pas vous faire une liste exhaustive de ces liaisons qui sont tout sauf dangereuses entre passé et présent. Mais finalement, la révolte des paysans anglais face à un impôt jugé injuste parce qu’il ne concerne que les paysans et pas les notables de la société anglaise n’est ni plus ni moins que la révolte de n’importe qui face à une injustice fiscale liée aux évasions fiscales dont profitent les grand(e)s patron(e)s d’industrie de nos jours.



Si l’auteur attire plus souvent qu’à notre tour notre attention sur ce qui diffère entre les deux époques selon nos critères modernes d’analyse alors qu’elles restent proches l’un de l’autre, elle souligne aussi parfois ce qui n’a pas changé en presque sept siècles… Son héroïne, Johanna, est une femme « bizarre » pour son époque (elle suit les hommes dans leur marche de protestation sur Londres, elle demande justice suite à son viol par celui que la justice lui attribuera comme sentence en qualité de mari, etc…) : elle est à la limite de se faire qualifier de sorcière… tout comme aujourd’hui une femme qui s’habille « un peu trop légèrement » sera à deux doigts (ceux qui servent à siffler pour certains) de se faire traiter de salope. Ces deux équations se rapprochent par leur simplisme et la similitude des attitudes.



La force du roman de Marie-Fleur Albecker se situe dans ces liens incessants, étonnants parce qu’on n’y a pas soi-même réfléchis alors qu’ils semblent d’une limpidité biblique, entre passé et présent.



Parmi les nombreux thèmes abordés, il en est un qui prend une dimension toute particulière et qui tourne autour du personnage de Johanna et de ce qu’elle représente. La place de la figure féminine au Moyen-Âge et celle qu’elle occupe aujourd’hui n’ont plus grand-chose à voir et pourtant le combat reste toujours autant d’actualité 700 ans, ou presque, plus tard. Johanna est celle qui accepte d’être elle-même et pas ce que les autres veulent qu’elle soit. C’est celle qui porte un regard à la fois tendre et féroce sur les hommes, malgré tout.



L’injustice est aussi un des autres thèmes majeurs qui tient à cœur de l’auteur. La plus grosse injustice est l’injustice de classe, celle liée au statut social des personnes concernées. Ainsi, en parlant de la guerre des Roses, guerre de succession au trône anglais, Marie-Fleur Albecker écrit : « Enfin, rétablissons les choses : il va y avoir une guerre, et comme dans toute bonne guerre, en fait, ce sont plutôt les Anglais, de préférence de basse extraction, qui vont au charbon pour des types qui veulent être rois. CCent mille morts après la Grande Noire et la Guerre de Cent Ans, c’était pas rien à demander au bon peuple, alors même qu’il existerait une solution bien plus simple et qui traine dans les tiroirs des hommes de troupe depuis pas mal d’années : balancer les rois, princes, généraux et ministres dans une arène, en slip de bain et armés de bâtons. Et hop ! à qui restera le dernier debout, la victoire. En plus, la vente des billets pourrait rapporter de l’argent, car qui n’a jamais rêvé de voir un prince en slip ? ».



Cette injustice trouve son prolongement dans le simplisme évoqué plus haut. Cette notion est avancée par les « puissants » face à ceux qui arguent que ce ne sont pas ceux-là qui la font la guerre mais bien eux, les « petites gens ». Ils accusent les paysans d’avoir une vision trop simpliste de la vie en générale et de la guerre en particulier alors que « ce ne sont pas eux qui se cassent le dos à biner dans les champs ou à nettoyer nos chiottes ». Une fois de plus, le débat ne semble toujours pas clos sept siècles plus tard…



L’injustice, Johanna la prend de plein fouet après son viol et pourtant, tout au long du roman, elle n’aura de cesse de penser sa situation au regard de la notion de justice qu’elle pense pouvoir toujours trouver avant de se rendre compte que la justice des hommes à laquelle elle aspire n’est pas la justice des êtres humains mais bien celle d’un sexe face à un autre, pensé plus faible.



Si ce livre est un récit sur l’injustice, il n’en oublie pas moins son pendant la révolte aussi veine semble-t-elle être… car tout le monde connaît l’issue de la marche des paysans anglais au risque de penser qu’aucun succès du pot de terre contre le pot de fer n’est envisageable ! « Marcher sur Londres, marcher sur la capitale, car c’est là que se niche le pouvoir, car c’est ce que font toujours les révoltés quand leur colère ne peut s’éteindre avec deux-trois pillages. Marcher sur Paris, marcher sur Versailles pour aller chercher le boulanger, la boulangère et le petit mitron (et là ce sont les femmes qui ont marché, elles aussi le savent, voyez-vous !), marche du sel, marche pour les droits civiques de Washington, marche des femmes, combien de millions de kilomètres avalés et de chaussures bousillées pour qu’au bout du chemin, toujours, se dresse l’espoir sans cesse déçu, sans cesse trahi, des lendemains qui chantent ? »



Et tout cela est fait avec un brio d’une drôlerie parfaite ! Marie-Fleur Albecker parvient ainsi à lier fond et forme sans jamais ennuyer son lecteur une seule seconde.



Ainsi, Marie-Fleur Albecker évoque le Londres de cette année 1381. L’extrait suivant montre à quel point elle est drôle grâce notamment à la superposition de ses grilles de lectures médiévales et modernes.



« A part ça, pas que Londres soit non plus le centre ultra-branché de l’époque ; c’est même une ville de ploucs. Les métropoles, les lieux en vogue, là où il faut être, les hipsters de l’époque se mettent à porter des costumes courts et des collants (sexy !), les mecs qui tentent la perspective en mode Giotto, rien à voir avec Londres, Londres à l’époque c’est un bon gros bled (relativement quand même, imaginez ces Ecossais, à porter le kilt et se peinturlurer la figure en bleue genre Mel Gibson dans Braveheart). Non, le centre du monde (que Johanna ne connaît pas, mais dont elle a sans doute déjà entendu parler), c’est l’Italie, Milan Venise Naples Gênes, ou encore les Flandres, Gand Anvers Bruges, Flandres d’où vient la grand-mère du Roi Richard et mère de Jean de Gand mais le Roi d’Angleterre vise plus haut : Paris, la plus grande ville d’Europe (même Johanna en a eu vent, Paris c’est une fête). »



Là encore, elle a fait le lien entre passé et présent, elle remet les idées à leur place et les choses en perspective… son style est enlevé, touche juste en mélangeant des références contemporaines sur les événements médiévaux comme pour mieux nous les faire comprendre avec nos conceptions modernes.



« Voici venu le moment crucial qui sépare l’émeute de la révolte : on a cassé deux-trois pots, brisé des vitrines au coin de la rue et laissé quelques cadavres sur le carreau, ça fait la mesure pour un accès de colère comme il y en a d’ailleurs eu les années passées. Ça, c’est business as usual. Encore une manif avec trois-quatre éborgnés par les flics. » On ne sait plus si on est en 1381 ou à la dernière manifestation d’un premier mai un peu agité en France !


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Une maman parfaite

« Une maman parfaite » dresse les portraits de plusieurs femmes : Hélène la mère de l’héroïne « Parce qu’on voulait créer de la joie, voilà. », Louise la meilleure amie « parce que les femmes sont faites pour porter la vie », par contraste à Gabriele l’autre meilleure amie « Si seulement je n’étais pas une femme. » et enfin Anne l’héroïne « (…) mais j’ai toujours SU que je voulais être mère. ». Quatre femmes, quatre situations, aucune vérité absolue. Marie-Fleur Albecker explore les profondeurs de la maternité, des pressions sociales, et des défis rencontrés par la femme d’aujourd’hui qui aspire à devenir mère tout en restant femme avant tout.



Le récit est centré sur le personnage d’Anne, aspirante à la maternité, qui pensait que tout serait simple une fois la décision prise. Elle se débat entre ses désirs profonds et ses valeurs féministes. « Mais c’est… Ma vie ne sera pas complète sans ça. Je sais que c’est con, est-ce que c’est vraiment féministe ? » Doit-on renoncer à ses idées, au droit de défendre des valeurs féministes lorsqu’on souhaite être mère ? Anne représente une juxtaposition intéressante de convictions politiques, de désirs personnels et d’attentes sociales qui pèsent sur elle en raison de son âge.



« Une maman parfaite » commence comme une comédie, l’humour est franc, grinçant, et corrosif. On rit jaune, on rit franchement, on éclate de rire, et puis… on rentre doucement dans des périodes où le rire devient plus difficile. Marie-Fleur Albecker varie les tonalités pour ce roman qui envoie toute sorte d’émotions, du choix au résultat. Loin d’être un long fleuve tranquille, la maternité est « un putain d’iceberg ».



La construction d’« Une maman parfaite » se calque sur la chronologie de la vie qui, selon son expérience personnelle, va parler plus à une femme qu’à une autre. Le roman donne l’impression d’être autour une table, entre bonnes copines, pour parler à bâtons rompus de tous les aspects de la maternité. En fonction de votre vécu et peut-être des expériences difficiles par lesquelles vous êtes passées pour devenir mère…certaines parties vous parleront plus que d’autres, certaines vous feront éclater de rire et d’autres, au contraire, vous nouerons la gorge.



Revenons sur le parcours d’Anne puisque c’est d’elle qu’il s’agit dans le roman. Devenir mère ressemble pour elle à un parcours du combattant. Dès lors que la décision est prise, rien n’est simple. De la conception en passant par un parcours PMA, à l’accouchement, rien ne lui sera épargné. En bonus, elle gagne le ticket du post-partum. Anne a 30 ans, et avoir 30 ans sans être mère constitue en soi un sujet de discussion permanent où chacun s’octroie le droit de donner son avis.



« Même la fécondité de ton utérus devient un objet étalé en pâture sur le comptoir du café du Commerce. Fataliste : « Wow, ça fait trois ans que vous essayez et rien ? Laissez tomber, c’est que vous deux ça marchera pas ! », graveleux : « Ton mec ne sait pas comment s’y prendre, c’est ça ? je vais lui montrer ! », philosophe : « Laisse faire les choses, il faut lâcher prise », optimiste : « Cette fois-ci c’est la bonne, allez ! », pessimiste : « Bah faut pas forcer la nature, c’est que tu n’es pas faite pour être mère, c’est tout ! », vieux : « Vous êtes jeunes, vous avez le temps », et surtout, surtout, mystère de la vie : « C’est dans la tête, il faut arrêter d’y penser. »



Si vous avez été enceinte, vous connaissez « la chaleur des remarques non sollicitées », les demandes intempestives à être grand-mère, les gens qui vous touchent le ventre sans vous demander la permission comme si votre corps était en mode portes ouvertes, « À partir du moment où votre ventre commence à se voir, on dirait que votre utérus et son contenu sont la propriété du tout-venant, qui a un droit absolu de toucher, de commenter, de prédire, de conseiller, voire d’insulter ; »



« Une maman parfaite » c’est aussi le récit de l’accouchement (attention, Mesdames les futures mères, ça envoie du réalisme), la rencontre avec bébé (qu’elle se fasse immédiatement ou pas), la tornade du quotidien, les corps épuisés, les engueulades de couple pour trois fois rien, la libido en berne, et les crises de larmes en rafale. Mais l’humour utilisé par Marie-Fleur Albecker dédramatise des situations d’anthologie. « Louise dit qu’il faut manger son placenta après avoir accouché, que ça redonne la pêche, qu’elle regrette de ne pas l’avoir fait. Tu m’étonnes, manger un bout de son utérus, en voilà une idée qu’elle est bonne ! Moi qui ai déjà du mal à me mettre à manger des légumineuses… »



Autre point que j’ai trouvé à la fois drôle et passionnant est la place des hommes dans ce schéma d’« Une maman parfaite ». De la conception à la réalité terrain, j’avoue avoir ri, été en colère, et un peu plaint (nan, je rigole) ces pauvres êtres sans défense. Vous avez remarqué à quel point les hommes deviennent des super héros ? « Quel papa formidable, quelle chance vous avez ! » Je me demande tout de même dans quel monde un homme qui change les couches alors que sa compagne ne peut pas marcher sans difficulté est un « papa formidable ». Marie-Fleur Albecker s’en donne à cœur joie et quel bien cela fait de rire ! Ne nous mentons pas, et je le répète sans arrêt à mes filles : le jour où tu as un enfant, la charge TE reviendra, dans TOUS les domaines. Ne crois surtout pas que tu auras, à terme, l’aide promise !



Lisez plutôt : « Être un homme et pouvoir n’être pas responsable, ne pas connaître les vaccins et les allergies ni même le nom et l’adresse du pédiatre. Être un homme et répondre au dit pédiatre : « J’ai pas le carnet de santé, ma femme ne l’a pas préparé. » Et plus loin, un vœu pieu : « Être un homme et qu’on n’attende rien de moi ! », et encore : « Être un homme et recevoir des félicitations quand je change une couche ! », et on enfonce le clou : « Être un homme et pouvoir « aider », seulement aider, non pas avoir la responsabilité, l’écrasante responsabilité de l’entière vie d’un autre être, mais l’envisager le week-end, à ma convenance, parce que je travaille, moi. Être un homme et n’avoir de pression que pour garder mon boulot, avoir la main sur le fric. » Alléluia, priez pour nous, pauvres folles que nous sommes !



Je termine par une vision très intéressante de l’auteure sur la perte d’identité lorsque l’on devient mère. Cette perte passe par une disparition mystérieuse de son propre corps. « Rendez-moi mes seins, rendez-moi mon corps, rendez-moi mon Moi, ils sont devenus tous fous je vous jure, je suis devenue un ectoplasme au service d’un nourrisson qui, lui, occupe toute l’attention. Le corps médical s’occupe à me retaper, mais c’est uniquement en tant que « la Maman de Rosa », je ne suis plus JE. » À cela s’ajoute la disparition du temps : impossible de faire en une seule journée ce qui doit être fait. « Une maman parfaite » c’est aussi « Mes journées sont courtes et interminables à la fois, rythmées par les siestes, les repas, les vomis, les cacas. Interminables, surtout. », l’absence de désir sexuel « Les relations sexuelles sont un dû, peut-être ? Il pense quoi, que si sa meuf se force un peu, elle va finir par aimer ? ». Il paraît que l’appétit vient en mangeant les filles !



En somme, « Une maman parfaite » est une exploration captivante, nuancée et réaliste des thèmes liés à la maternité, de la conception à la vie avec un enfant. Les femmes sont les capitaines d’un bateau qui navigue sur des eaux parfois tumultueuses, où l’intime touche aux questions fondamentales de société. L’humour franc et corrosif du début évolue vers des phases plus sérieuses, mais reste une arme parfaite pour dédramatiser, tout en disant la vérité. Un roman vraiment complet sur le sujet que je vous recommande.


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Ni seuls, ni ensemble

Avec sa couverture rose et ce dessin de pièce montée, on s'attend à une comédie romantique. D'une certaine manière Ni seuls, ni ensemble en est une, mais c'est une comédie amère, terriblement actuelle et très intelligente. On rit à la lecture de ces pages mais on grince des dents également. Belle surprise que ce roman drôle et percutant qui questionne sur la notion d'engagement au sens large et parle de notre époque.

Louise est issue d'un milieu bourgeois et travaille dans une entreprise qui fabrique de la sauce tomate. Elle rencontre Karim dans une réunion du partie centraliste. Jeune homme issue d'un milieu populaire et dont les parents sont nés en Algérie, il rêve de percer en politique. Très vite, il tombent amoureux et se mettent en couple. Mais les grands débats qui traversent le société et les ambitions politiques de Karim s'invitent dans leur union.

Dés les premières pages le ton se fait léger, décalée. Cela m'a un peu restabilisée au début mais très vite je me suis laissé emportée. Louise et Karim se racontent chacun leur tour ou ensemble, c'est leurs voix que l'autrice nous fait entendre. Il y a énormément d'humour et d'ironie. La question d'engagement dans un couple, mais aussi en politique traverse tout le roman. Elle est vécue de manière différente par les personnages. Dès le début de leur couple un décalage se créé dans leur attente mais ils avancent malgré tout.

Rarement une de mes lectures aura autant résonné avec l'actualité la plus proche. Les grands débats qui animent notre époque sont tous présents dans ce roman (il ne manque que le covid en fait). Certaines situations font écho à des événements politiques qui se sont réellement passés. L'autrice les analyse de manière très juste. Elle pointe les lâchetés et les compromissions que l'ambition politique fait advenir. Il y a une forme de fatalisme aussi, malgré les meilleurs intentions de départ, Karim se retrouve prisonnier d'une engrenage et renonce à ses principes. Louise est le soutien de l'ombre de son mari mais surtout la spectatrice de ses choix politiques.

La différence de milieu et d'éducation semble au départ anodine à Louise et Karim. Ils projettent tout deux des fantasmes et des clichés sur la famille de l'autre. Cela créé des maladresses et des incompréhensions. Même si des barrières tendent à s'effondrer, il reste compliqué de s'aimer et de se comprendre quand on vient d'univers si differents. Les grands débats qui animent la société, les injonctions contraires ou la politique résonnent dans le couple et cristallisent les différences. L'autrice fait preuve d'une très grande lucidité et dépeint, avec une plume parfois acide, les vicissitude d'une couple de notre époque.

Un texte mordant aussi drôle qu’intelligent qui ne manquera de faire réagir son lecteur. Très belle surprise !
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Et j'abattrai l'arrogance des tyrans

« Et j’abattrai l’arrogance des tyrans » est un titre qui nous indique clairement de quel côté de la barrière va se trouver notre héroïne. Johanna une femme au moyen âge en Angleterre va se retrouver emportée par sa conscience dans cette révolte des paysans, serfs. La révolte et la soif de justice est déjà en elle.



La narration va de Johanna, donc de l’individu à la collectivité, ce va et vient de particulier au général fait écho au mouvement social et physique. On va suivre cette femme qui se lance dans l’aventure où nul ne se rend vraiment compte de ce qui va advenir, ils vont se laisser déborder par les événements. Cela part d’une injustice qui concerne la liberté d’aller travailler où l’on veut. Au temps du servage c’est inconcevable. Il y a toute une hiérarchie féodale qui gère la vie des hommes et des bêtes. La grogne va toucher aussi les impôts trop importants.



En chemin elle va rencontrer des hommes dont le nom va passer à la postérité comme John Ball. A ce sujet je vous conseille de voir un autre point de vue complémentaire sur cette période dans « John Ball » de William Morris publié aussi aux Forges de Vulcain.



Johanna est un personnage fictif, mais de toute façon aucune femme n’a laissé de trace de cette période là.



Marie-Fleur Albecker ni va pas avec le dos de la cuillère, elle est plutôt du genre incisif, la fourche est plus appropriée pour symboliser la paysannerie et la révolte. Le langage est plutôt actuel, elle nous plonge dans ces années là avec la langue d’aujourd’hui pour rendre plus parlant les questionnements des ses hommes et femmes. Elle utilise des images très significatives et des expressions très fleuries. Elle emploi une langue acérée mais très travaillée.



C’est un roman dans la lignée de certains romans de la maison d’édition « Aux Forges de Vulcain ». Des gens à la croisée des chemins qui revendiquent leur façon de voir la société en employant les grands moyens. L’humour provocateur et satyrique renforce le côté iconoclaste.



Je me suis régalée, ce mélange de provocation par la langue et de travail documentaire qui crée les fondations de cette histoire. Elle donne le droit à une femme du « peuple » de penser, sans en faire une copie de Jeanne d’Arc bien au contraire.



Johanna s’inquiète de cette petite voix intérieure qui la pousse à vouloir une meilleure vie. Une femme qui exprime les pensées est vite taxée de sorcière. Ce roman met l’accent sur les barrières mentales qui cloisonnaient les gens.



Il y a le village puis le chemin, l’immobilisme et le mouvement, dans tous les sens physique et moral. On passe de l’isolement et la population maintenue dans l’ignorance et dans un lieu retreint vers la sortie de sa « zone de confort autorisée» pour aller vers l’autre, et vers d’autres façons de penser l’avenir.



Dans la structure de la narration on retrouve ce crescendo de quelque chose de spontané vers quelque chose de plus structuré. J’ai trouvé intéressant que Johanna fasse le distingo entre la révolte et la révolution.



On découvre aussi la géographie de l’Angleterre de l’époque, c’est très visuel, Marie-Fleur Albecker nous remet dans le contexte avec la place de Londres, de la Tamise et des difficultés pour atteindre le but physiquement. Elle sous resitue aussi le contexte politique et la place de chaque personnage politique de l’époque. Où aller et à qui s’adresser…



Ce que j'ai beaucoup aimé ce sont ces digressions qui donnent un plus à la narration .



Je vous laisse découvrir ce roman passionnant et dynamique qui donne envie de bouger et de s’exprimer.


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Et j'abattrai l'arrogance des tyrans

Ce roman a été une magnifique découverte, aussi bien par son intrigue (que je vous laisse découvrir plus avant dans les pages du livre), que par le style affirmé de son autrice. Elle a osé le mélange des styles, et c’est très réussi ! Au passage, merci aussi à l’éditeur qui a osé publier et accompagner un premier roman qui casse les codes ! On est pour moi ici dans le plus beau rôle d’un éditeur, faire découvrir une nouvelle plume, et qui plus est une plume qui va au-delà des habituelles conventions de la littérature « blanche ».
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Et j'abattrai l'arrogance des tyrans

Marie-Fleur Albecker a choisi de raconter les révoltes paysannes de 1381 en adoptant le point de vue de Johanna Ferrour, une féministe de ce temps, qui accompagne son mari pendant la marche sur Londres. Actuellement il est assez courant de trouver dans la littérature moderne des livres qui font référence au passé pour attirer notre attention sur le présent.



En tout cas une langue espiègle et mordante nous décrit l’arrivée en grand nombre des paysans du Kent, d’Essex et d’ailleurs. Le fleuve humain entre dans Londres et il est préférable de vous laisser découvrir par vous-même les journées « chaudes » pendant lesquelles les paysans qui, n’ayant d’appétence pour le vol, préfèrent détruire, au nom de la Justice, vaisselle fine, coussins de soie et meubles de prix, accumulés par les courtisans au lieu de rémunérer leur labeur à sa juste valeur.

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Une maman parfaite

« L’accouchement est le seul rendez vous à l’aveugle où on est sûr de rencontrer l’amour de notre vie ».



Anne, la trentaine, en couple avec Matthias, est l’héroïne de ce roman, qui débute lorsqu’elle décide d’avoir un enfant, coûte que coûte… le tic tac de l’horloge biologique.



Marie-Fleur Albecker, à travers ce roman, explore la maternité dans tous ses états : la PMA, l’attente, la grossesse, la préparation, l’accouchement, la rencontre avec son enfant, le bouleversement de la vie d’une femme

devenue maman, la dépression post-partum, la place du père, les mères solo, les injonctions sociales…



Un monologue, ponctué de points info, interrompu parfois par la voix de Matthias, le papa, et par Louise, da meilleure amie, maman solo.



La plume de Marie-Fleur Albecker est grinçante, corrosive, ironique et loin du politiquement correct.



Un livre résolument féministe, qui nous interroge sur la maternité jusqu’à l’ultime tabou, peut on regretter d’avoir enfanter ?



Je vous pose la question !
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Une maman parfaite

"L'accouchement est le seul rendez-vous à l'aveugle où on est sûr de rencontrer l'amour de notre vie."

"Une maman parfaite" raconte justement ce qui se passe avant, pendant et après le blind date qui change le cours de nos vies. Les épreuves, l'attente fébrile, la rencontre, et la vie après (mais au fait, c'était comment avant ?). C'est un roman réaliste, qui décrit de manière très juste (et sarcastique) le cataclysme de la maternité.

La question du féminisme est traitée avec beaucoup d'acuité, en abordant notamment la perception du corps des femmes, dont elles sont dépossédées, pendant et après leur grossesse.. Mais également le business autour de la parentalité (Maria Montessori devenue une "hydre marketing", les visites de musée pour bébé de 6 mois, ...) et les injonctions culpabilisantes.

Le procédé narratif qui alterne les points de vue permet aussi de dévoiler différentes facettes de la maternité, son impact sur la vie de couple et sur l'engagement féministe.

Une vie d'équilibriste !
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Une maman parfaite

J'ai demandé ce livre en SP sur Netgalley car le résumé annonçait un discours original sur la maternité et j'ai une vision très qualitative des ouvrages publiés par l'éditeur depuis je j'ai lu le cycle de la Tour de garde.



Malheureusement je n'ai rien trouvé de neuf dans ce roman. Si les sentiments décrits par l'autrice sont parfaitement valides (je suis passé par les mêmes à la naissance de ma 1ère fille il y a 17 ans), ils ont déjà été couchés sur le papier des centaines de fois. La narratrice mentionne Annie Ernaux, à juste titre, mais les reflexions qu'elle développe dans l'ouvrage (que ce soit sur la PMA, la grossesse ou la maternité) on les trouve depuis un bonne dizaine d'années déjà en livres, dans des blogs, ou même sur les forums dédiés à la maternité que la narratrice semble tant mépriser (au passage, on notera que bitcher sur les "Gygy" "zhom" et autres "BB1" qu'on trouve sur les forums c'est pas hyper sororal pour quelqu'un qui se dit féministe). Il n'y a pas une ligne de ce roman que je n'ai déjà lue ailleurs.



Sur le plan formel, la fiction n'apporte rien si ce n'est des personnages stéréotypés (le type médiocre qui devient père pour faire plaisir à sa conjointe) et auxquels on peine à s'attacher. On regrettera que le cercle amical de la narratrice se limite à deux situations extrêmes (celle qui ne veut pas d'enfant et la mère fusionnelle), ce qui bien sur n'aide pas à développer une vision nuancées sur le sujet.



Je me suis demandée qui pourrait être touché par ce livre. À la lectures des critiques il pourrait éventuellement intéresser des lectrices nullipares qui ignorent tout du sujet, ou les lecteurs masculins qui d'ordinaires ne s'occupent pas "d'histoires de bonne femmes". Mais bon, 270 pages, ça fait long pour une note de blog.



Et pour finir sur une note constructive, j'en profite pour signaler ce très beau texte de Béatrice Kammerer (qui était à l'origine une note de blog, justement), qui date de 2015 (déjà) et me semble infiniment plus percutant sur le sujet : https://www.slate.fr/story/100251/menteuses-de-meres-en-filles

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Une maman parfaite

Du désir d’enfant à l'accouchement en passant par le post-partum, Marie-Fleur Albecker prend le temps de décrire l'expérience d'une trentenaire de l'intérieur. Le regard des autres sur le corps de la femme enceinte, les changements dans la relation intime d'un couple, les injonctions toujours plus nombreuses provenant de la famille, du gynécologue, des amies. Anne est féministe et engagée et conçoit ce projet d'avoir un enfant comme celui d'un couple. Un projet réfléchi et qui renforce tous les acteurs. La réalité va être amère et bien plus complexe. Le sentiment fusionnel espéré (et ressenti par son amie Louise, mère célibataire) est loin de se mettre en place. Anne rame et lutte. La fatigue, le regard des autres toujours, le manque de sommeil, la dépression du post-partum, tout y est. Et pourtant Anne réalise qu'elle fait comme elle peut. Elle compose avec ses jugements, tâtonne, utilise son expérience de professeur des écoles mais surtout culpabilise de moins en moins. Marie-Fleur Albecker écrit sur la grossesse et tout ce qui l'entoure et un peu comme dans "In carna" de Caroline Hinault, ce livre offre un témoignage sensible et à partager sur un sujet qui charrie de nombreuses idées reçues.



extrait : "Les femmes sont quand même les seules à qui on arrive à faire croire que souffrir est un pouvoir.

Non, souffrir c’est souffrir : si les mecs accouchaient, on serait sur des césariennes programmées avec assistance post-partum depuis la fin du XIXe siècle, croyez-moi."
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Et j'abattrai l'arrogance des tyrans

Entre Peste Nooire et guerre de cent ansk, le royaume d'Angleterre est en bien triste etat. L'auteure evoque une revolte de paysans dans l'Essex et le Kent, en 1381. Des taxes jugees injustes, trop lourdes pour payer une guerre absurde, la misere, le mepris des nobles, tout cela est à l'origine de la revolte Une marche sur Londres ests décidée : une marche magnifique, quis'amplifie, pour devenir un gigantesque torrentr. C'est ce petit peuple qui émeut, Des figures se détachent : John Tyler, John Ball., une femme, Johanna,: qui s'implique de plus en plus pour devenir ds'observatrice, actrice -la Femme à la Hache ddans le final de la Tour de Londres. Le drame s'achève ; plus d'espoir, même si au fond le combat est juste !
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Et j'abattrai l'arrogance des tyrans

Je me suis régalée à la lecture de ce premier roman. Il m'a rappelé un de mes profs d'histoire et ses mises en scène pour nous faire avaler le passé. Bon, j'adorais le voir faire mais je ne retenais rien ... Là au contraire, le ton résolument moderne m'a permis de dévorer cette leçon en quelques heures, de comprendre et donc d'apprendre. C'était un vrai plaisir. Je serai très attentive à la sortie du suivant. Merci !
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Une maman parfaite

Anne et Matthias ne conçoivent pas. Anne a passé la trentaine et croit que c’est fichu. Elle prend le relais des injonctions sociales à la procréation pour demander rapidement une PMA, puis des FIV. Le parcours est long, semé d’embûches physiques pour Anne et de doutes pour Matthias.

Lorsque l’enfant paraît, rien ne se passe comme prévu. Au lieu de l’instinct maternel, c’est la dépression qui pointe et qui devient la compagne d’Anne, malgré une mère compréhensive et des amies présentes.

L’on passe de la première à la troisième personne sans vraiment savoir pourquoi, sans que l’on perçoive vraiment de changement de point de vue global.

C’est sans doute un livre qui intéressera les couples primipares, pour ma part j’ai déjà lu ailleurs des épisodes comparables et je n’ai pas compris ce qu’apportait cette narration alternée. Ce n’était sans doute plus le bon moment pour moi…

Merci à NetGalley et aux Forges de Vulcain pour cette lecture !
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Une maman parfaite

LA couverture ne me plaisait pas plus que ça mais j’avais entendu des échos positifs sur ce roman donc c’est ce qui m’a fait solliciter ce roman contemporain.



~ Quand j’ai commencé à le lire, je me suis dit mais dans quoi tu t’es embarquée ? Ce n’est pas écrit en bloc comme dans tous les romans … Il y a des textes écrits en prose, puis comme des vers… La structure du texte chamboule un peu la lecture… puis le narrateur n’est pas toujours le même ( ce qui en soi se voit dans plein d’autre bouquins ) mais ici c’est fait d’une manière ou ça me perturbait pas mal, surtout au début. On a l’impression que c’est décousu…



~ Quand on se familiarise un peu avec le style d’écriture de l’auteur, on est assez vite pris par l’histoire en elle-même et ces personnages qui racontent des pans de leur vie : un couple qui essaye d’avoir un enfant et galère; ils décident donc de faire une PMA; à côté de ça, t’as la copine qui a eu son enfant facilement et pour qui tout semble bien aller même si elle vit seule avec son enfant… puis la copine qui ne veut pas d’enfants…



~ En fait, dans ce livre on traite beaucoup de la femme et l’idée qu’elle n’est pas là que pour enfanter… mais aussi de la femme qui a un enfant et qui vit un post partum, thème très peu dévoilé dans nos discussions… du désir d’avoir un enfant mais de ne pas y arriver, de la PMA, et de presque tout ce qui touche à ce sujet central de la maternité.



~ C’était perturbant au niveau du style d’écriture de l’auteur mais très intéressant au niveau du contenu… ça m’a fait réfléchir à pas mal de choses et j’aime bien ça !!!!


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Ni seuls, ni ensemble

Louise est une jeune femme très conformiste, d'une famille bourgeoise catholique aisée, sortant d'une grande école de commerce, et travaillant au sein d'une multinationale en charge des sauces aux légumes. Karim est issu d'une famille d'immigrés marocains, modeste, il a fait Sciences-Po et est athée. Tous les deux se rencontrent lors d'une réunion du Parti Centraliste du 17e arrondissement de Paris. Ils se remarquent, s'attirent, s'aiment. Ils sont majeurs, ils sont libres, ils vivent leur bonheur. Mais vient le moment de s'inscrire dans la société, de répondre aux attentes comportementales et sociétales, de ne pas tout se dire, de faire plaisir à l'autre, de ne pas le contredire.



Ni seuls ni ensemble, ou l'autopsie d'une histoire d'amour. Avec une narration toute particulière, un angle de vue de dissection et d'introspection, Marie-Fleur Albecker nous captive et nous capture, nous enfermant dans ce duo contemporain, au milieu de ce couple ; ni seuls car très, voire trop entourés par les familles respectives qui posent leurs cadres sociaux et moraux, et par l'entourage politique de Karim qui jalonne sa carrière et lui vole son temps libre disponible ; ni ensemble à cause de tout ce qui les sépare.



J'ai dévoré ce livre qui m'a impressionné par sa clairvoyance, par tout ce qui est souligné, pour ne pas dire dénoncé sous couvert d'un ton grinçant si lucide et novateur. L'histoire de Louise et Karim est aussi le récit d'un déséquilibre qui se déplace. Louise est privilégiée, rangée, Karim a moins d'appuis, de réseau, va connaître le chômage, et pourtant, un lent renversement aura lieu sous nos yeux, une dépendance qui change de camp, un carriérisme qui s'affirme au travers d'une ascension politique volontaire, et une solitude qui entraîne un soutien sans faille et un désir de maternité comme le dernier espoir d'un accomplissement vital. C'est aussi un récit fort contemporain sur l'accomplissement à travers la carrière politique et l'ascension au pouvoir, avec un personnage secondaire comme le Roi Soleil qui attire les ambitieux, ou un Nicolas Macron. Egalement, à travers Louise se lit avec un peu d'amertume les pressions sociales auxquelles certaines femmes se conforment trop.
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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Ni seuls, ni ensemble

« Pour la fourmi, la rosée est une inondation. » Proverbe indien & Marie-Fleur Albecker.

Magistral, apprenant, « Ni seuls ni ensemble » est dans la cour des grands. Ce roman est un kaléidoscope sociétal de haute voltige. Tout, dans ce récit peut être annoté, tant l'ouverture d'un débat intérieur est au coeur de chaque page. On ressent une autrice observatrice des diktats sociétaux. le majeur est l'éclat de lumière de chaque phrase. Jamais on ne s'égare dans le descriptif. Pour la bonne raison qu'ici, il n'y en pas. Nous sommes dans un livre majeur qui élève le lecteur par sa finesse, son intuition et sa haute intelligence. Roman choral, satire politique, on aime le passage d'une voix à l'autre, puis « Ensemble », Louise et Karim sont des symboles plus que des protagonistes. N'oubliez pas que ce récit est soutenu et à mille lieux d'un roman d'évasion et d'amour. Loin de la caricature, l'histoire est réaliste et crissante. Tour à tour Louise et Karim prennent la parole. Karim est français. Ses parents sont marocains. Une enfance ordinaire bercée dans les valeurs républicaines.

« On avait un appartement en HLM tout neuf. Je peux pas dire que j'ai une famille engagée, c'était profil bas, ne surtout pas attirer l'attention et tout se passera bien. Des parasites de la lutte quoi ! » « Karim croit vraiment à la fraternité, c'est pour ça qu'il fait de la politique : Liberté, Égalité, Fraternité, on n'a rien fait de mieux. »

Il va rencontrer Louise lors d'une réunion du Parti centraliste du 17° arrondissement. Louise, conformiste à l'extrême, parents aisés, qui a étudié dans une grande école de commerce est en charge côté ville des sauces aux légumes dans une multinationale.

« Mais on ne choisit pas tout dans sa vie. »

Karim a fait Sciences-Po, mange du porc, athée, volontaire et déterminé, il pousse du pied les aprioris qui lui sont infligés.

« Refaire le monde, faire fi de son surmoi anti-communiste, anti-bourgeois et trouver attendrissant tous les détails de l'autre qu'on déteste ailleurs par principe. »

Ensemble : « C'est peut-être ça, « bref » l'instant où l'on bascule du calcul à l'engagement à l'autre. le coeur qui sent et non la raison. Ce n'était pas non plus une passion. »

Karim et Louise s'assemblent. Entrechoc culturel, dépasser les clivages, nager à contre-courant. Qu'importe, ils s'aiment un peu, beaucoup, passionnément, jusqu'à la limite. Quelle limite ? Comment ce jeune couple peut-il se réaliser lorsque les différences tournent au vinaigre. Les vieilles lunes reviennent. L'effort est vif et acéré pour montrer la bonne figure à l'autre famille et faire barrage aux messes basses et aux non-dits. Jeu de balles, affrontements, Louise et karim sont projetés dans la réalité. L'idiosyncrasie d'une société gargarisée aux habitus conformistes et opportunistes, voire racistes. Tout bascule. La pièce montée va-t-elle s'écrouler ? Mariage pluvieux, mariage heureux dites-vous ? Karim est pris dans un engrenage qu'il assume trop (la politique) (chut, lisez, lisez ce palpitant !). Louise devient soumise (la femme de). Ce récit rabat les cartes sans compromis aucun. le fonctionnement d'une société qui déchire les espoirs de concorde , renverse les chaises et bouscule tout irrévocablement. Chaque signe est une alerte rouge. Karim et Louise : le mythe de Sisyphe. « Ni seuls, ni ensemble » interpelle par son ton placé au plus juste. A l'instar d'une autrice qui, plus que visionnaire et perspicace, dévoile, démontre sans jugement aucun. Nous sommes dans l'authenticité et la projection des questionnements existentialistes. Comment deux contraires peuvent-ils faire alliance commune ? Brillant, succulent, plus qu'un coup de coeur, ce livre est au-delà de tout. Il est un miroir sociologique d'utilité publique. Une sacrée leçon de vie ! Publié par les majeures Éditions Aux forges de Vulcain.







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Ni seuls, ni ensemble

Attention ! Chers lecteurs ceci n’est pas une romance comme pourrait vous le suggérer cette pièce montée et cette couleur rose bonbon… point de guimauve ! Mais il y a bien une histoire d’amour d’aujourd’hui.



Je m’en doutais d’un parce que je commence à bien connaître les éditions aux Forges de Vulcain et aussi parce l’autrice à beau avoir un nom romantique ces écrits n’en n’ont que faire… Elle nous avait déjà montré dans « j’abattrai l’arrogance des tyrans » qu’elle préfère l’action aux discours politiques.



Dès le début je me suis dit c’est l’autopsie d’un couple ou celle d’idéaux politiques de jeunes parisiens issus de deux mondes diamétralement opposés. Quand je pense à autopsie c’est l’aspect clinique de la dissection. On se demande quand vont-ils se prendre le pied dans le tapis et dégringoler. Et puis on les voit gravier les escaliers de la vie privée et publique. Étape après étape on se surprend à les voir avancer, évoluer…



On découvre les personnages à travers eux ou à travers un narrateur. Tantôt on est dans la tête de Karim, tantôt dans celle de Louise, tantôt « ensemble » on passe dont du je à elle et il. C ‘est parfois pour montrer les angles de vue du même sujet soit pour voir leur évolution personnelle.



J’avoue avoir été surprise au début de la naïveté de Karim et de Louise sur des sujets différents. Par moment ils le sont moins mais forcément où on pourrait le penser. Chacun symbolise quelque chose dans la France d’aujourd’hui. Heureusement, (bien que je n’en doutais pas), elle évite l’écueil des stéréotypes, elle en joue. [...]



J'ai bien aimé comment Marie-Fleur Albecker a monté sa pièce montée chou après chou par ce qu'ils ne sont pas forcément fourrés de crème et enrobés de caramel...
Lien : https://latelierderamettes.w..
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Et j'abattrai l'arrogance des tyrans

Le livre sensibilise au fait que la condition des femmes a, au final, trop peu évolué avec les siècles. J'ai d'ailleurs trouvé ingénieux que ce parallèle soit établi de cette façon : une femme dans la bataille.

Toutefois, la précision historique fait que le récit s'essouffle très vite (les luttes se ressemblent toutes) au point que c'est au prix de vraiment beaucoup d'efforts que j'ai pu le terminer alors qu'il ne fait que 170 pages … Quel dommage.

Le livre sensibilise au fait que la condition des femmes a, au final, trop peu évolué avec les siècles. J'ai d'ailleurs trouvé ingénieux que ce parallèle soit établi de cette façon : une femme dans la bataille.

Toutefois, la précision historique fait que le récit s'essouffle très vite (les luttes se ressemblent toutes) au point que c'est au prix de vraiment beaucoup d'efforts que j'ai pu le terminer alors qu'il ne fait que 170 pages … Quel dommage.

Pour moi, cette autrice a du potentiel et il faut guetter son prochain roman.
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Et j'abattrai l'arrogance des tyrans

(Je suis lié aux éditions Aux Forges de Vulcain donc n'attendez aucune objectivité de ma part. J'invite le lecteur curieux à suivre le lien vers le blog pour lire l'intégralité de mes réflexions sur le roman).

Le roman Et j'abattrai l'arrogance des tyrans de Marie-Fleur Albecker traite donc, ce n'est pas gâcher l'histoire de le dire, d'une révolte de paysans anglais qui eut lieu en 1381 et fut écrasée dans le sang. Cependant, comme nous l'apprend le résumé, le point de vue privilégié ici est celui de Johanna, paysanne qui s'évertue à exprimer, par la voix et par le geste, les particularités de son sentiment de révolte parmi une foule quasi exclusivement masculine.

La révolte donne l'impression d'une force chaotique en mouvement, que contribuent à faire expérimenter au lecteur les variations de niveau de langue et de registres de langage dans le récit, ainsi que d'autres choix formels.
Lien : https://thomasspok.blogspot...
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