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Citations de Marie Uguay (63)


Une déchirure aux lisières de mes actes va s’ouvrant plus vaste avec une infinie précaution mendiante.
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Il vente maintenant et mes rêves sont des labeurs
une plongée entre chaque souffle
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Chaque tendon de mon corps est relié aux armes de la terre
Je suis au cœur d'un puits qui ne rayonne pas
aux limites sanglantes du soir
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Ta solitude est une colonne torride
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Il fait un temps de fatigue heureuse
et de brise singulière
un temps accompli d'attisement et d'étrangeté
mené par tes yeux
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La fenêtre comme l'écran
où des existences passent
sous la gestation des neiges
ou la réverbération des torpeurs
Toile sans fond des averses
La fenêtre est calquée à l'envers de ton visage
Tendue
c'est une huile un dessin un film
Géométrie des plaines et des températures
Jardin
Vitrine
Tout l'univers est resté de l'autre côté du regard
La fenêtre traversée
La pupille s'oublie
éclats et brisures
nous sommes entrés dans la matière
dans le vif-argent du sujet
dans l'histoire
Nous avons goûté enfin aux choses et aux visages
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Le poème est un élan vers l'habitation de l'homme dans le monde, mais il nomme l'impossibilité de ce rêve éveillé.
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Marie Uguay
Le cri d'une mouette crée la profondeur de l'air
divise les rues en espaces incertains
le vent est gris et sans effusion
et nous sommes assis à la table
où l'on a déposé des tasses de café des fruits
nous ne parlons plus
attirés par la fraîcheur de l'herbe et des nuages
et tout ce qui passe
projette des ombres sur nos regards
la pièce sent le bois coupé et l'eau
dehors nous savons que tout se prépare
à paraître

(" Autoportraits")
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mais seulement la lampe
  
  
  
  
mais seulement la lampe
reflète au plafond
le contour flou des pièces
le ruissellement du dehors
le corps entend son ouverture
tu bouges à peine maintenant
le regard est fixe et doux
ta voix me réunit de toutes parts
ici lentement chaque chose
glacée à la surface
laisse sous-paraître
l'idée d'une maison
opale brûlante
dans l'ignorance de toute frayeur
de toute altération du temps
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des fleurs sur la table d’une terrasse
des verres tintent
mais où est-elle donc cette ancienne histoire
de bonheur et de malheur cette pièce taillée dans le jour
où se tressent tant de propos et de songeries
et nous allions vers l’or la source et le rideau qui se lève
ou parfois une maison que l’on aurait connue en été
passant d’une chambre blanche à une chambre plus blanche
encore
l’esprit s’ouvre
quand nous longions les vagues
l’air avait des lèvres
     
Recueil « Autoportraits », p. 118.
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J'irai partout     ailleurs



J'irai partout     ailleurs
l'hirondelle     la fumé     les roses tropicales
c'est tout le matin ensemble
puis l'homme que l'on aime et que l'on oublie
je serai bien le jour
dans cette moisissure d'or
qui traîne dans toutes les capitales
et le tapis usé     les ascenseurs

je n'ai plus d'imagination
ni de souvenirs forcément
je regarde finir le monde

et naître mes désirs
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Je suis l’amphore
je vous porte dans vos silences historiques
dans vos cloîtres dans vos fenêtres d’inquiétude
dans vos gestes séculiers
sur le lustre de vos tâches secondaires et pratiques
dans votre démarche tropique
ou lorsque vous êtes assises sur les paliers
incises enflées mutilées
seules
privées du monde et du corps
et les plus belles aussi
qui ont gravé leur visage dans l’argile
dans vos coquillages à tisser des toiles
et toujours à naître dehors sur l’océan
     
     
Recueil « L’Outre-vie », p. 54
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Tout enflammement vibre puis s'étiole (...). L'objet du désir est donc toujours un objet, un point où se fixe une exaltation intérieure qui demande un nom seulement pour s'exprimer, mais ce nom n'est pas vraiment important.
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Marie Uguay
Poétique de l’hiver
     
II
solitude
les racines engendrent
l’eau et la plaine
     
tout se déverse
dans le blanc
où la nuit se fend
et devient une chute
     
D'abord nommer la longue marche que pose l'hiver à l'intérieur de l'année, cet aspect inabordable qu'il étale comme si le silence soudainement avait pris forme, s'était incarné dans le blanc, dans le rayonnement subtil de la neige.
     
Puissante pénétration de l'hiver jusqu'à l'intérieur de nous, il nous semble devenir ce dépouillement des formes, ce profond retirement de la vie jusque sous le sol. Un secret réside dans le blanc, un puissant appel; l'absence n'est qu'un temps.
     
Le froid délimite notre espace, nous devenons ce regard qui contemple dans la gerçure des vents. L'hiver est cet épanchement subtil et continu de la lumière qui élargit l'horizon, métamorphose toutes choses familières. Les pierres fendues des nuits, le scintillement de certains matins, l’appesantissement bleu du soir, quelques beautés chaque heure changeantes, ont rendu l'hiver solitaire, nous ont fait baisser la voix malgré nous, comme pour des confidences. (...)
     
I
intimes sollicitudes
scissions végétales des givres
aux amples vibrations des arbres
au travers l’écorce se voyait
les rivières embâclées
     
III
stries ardentes du froid
aux descentes des jours
     
le fleuve allonge la rive
repose la marche
étend sa fine gerçure
dans un contemplement séculier
     
IV
de longues distances
dans l’engourdissement des heures
ont créé ce subtil effarement
de l’espace
ont élargit notre œil jusqu’aux
douceurs du silence
     
VII
barres enneigées
des aubes
     
secret gercé du regard
enflammement des bois
demeure de la pierre
     
IX
tout s’étale dans le blanc
et s’intensifie
nous songeons longtemps
dans les beautés délimitées
de nos attachements-obstination-
l’hiver nous retire
vers la mémoire
     
VIII
tout repose
dans le plein songe
âpres démarcations
des paysages
nous allons
aux solitudes quotidiennes
de nos proches départs
intérieurs
     
     
Texte de Marie Uguay accompagné des Photographies de Stephan Kovacs.
Revue Vie des Arts volume 21, no 85, Hiver 1976, 1977, p. 12-15.
https://id.erudit.org/iderudit/54946ac
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6 mars [1980]

J'ai un goût puissant d'écrire un poème, mais la forme est toujours inexacte, toujours loin de mon désir, si peu réelle, si peu percutante. Je voudrais que le poème surgisse avec grâce et désinvolture, qu'il soit une pierre taillée donnée immédiatement, dans un rythme proche du pouls, un rythme multipliant les résonances, mais jamais brisé. Le poème tourne en rond, le lyrisme sonne faux, l'idée me fuit, la sensation se fait de plus en plus évanescente. Je suis loin du poème, pourtant, pressée par le temps, j'aspire à lui, à sa liberté, à sa prodigalité, à sa fécondité. Ce que je n'ai pas, comment le donner ; je voudrais peut-être que le mot transforme mon monde. Si je me tourne vers moi-même, je ne rencontre que l'aspiration à aimer, à vivre.

pp. 203-204
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31 décembre [1977]

Je regarde la ville : envie enlevante de la nommer. Fascination de ses éclairages d'hiver, de ses lumières nocturnes, de ses multiples passants, porteurs chacun d'un halo de mystère : le battement même de leur vie. Mais je la vois à travers des mots fatigués, inexacts, porteurs ardents de petits mensonges creux. Je passe trop vite, je ne peux rien capter, je me laisse couler, entraîner par un étranger qui conduit la voiture. Je suis passive. Je vois la vie qui se dévide au bout de moi, l'amour multiple montrant ses beaux visages : les bavards, les secrets, les belles mains furtives de l'un et les tendres yeux maritimes de l'autre, et puis les bras, tout le beau corps rieur de mon amour.

p. 27
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Je voudrais fléchir ma joue
sur la joue des peupliers
dans le réconfort de leurs jointures enlevantes et nubiles
sortir un lundi matin dans une autre ville
aux canaux maritimes peut-être en banderoles
portes surannées
cette journée serait une caravelle
s’acheminant vers le cœur intact des galets
les lèvres qui offrent tous les paysages
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Des ciels basculés ont longtemps transpercé votre visage. Ici des pierres tristes, des fossés et des autoroutes, et la largesse inutile d’un grand soir gris et rose où votre regard périt. Ici tant de rêves accumulés s’en sont allés, ne laissant au bout du temps qu’un grand été nonchalant et enfumé, une errance abasourdie, un refrain hésitant et mourant étiré de la nuit sans vous. Des pluies colériques répètent sans cesse votre absence. Mais vous riez.
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il fallait bien parfois
que le soleil monte un peu de rougeur aux vitres
pour que nous nous sentions moins seuls
il y venait alors quelque souvenir factice de la beauté des choses
et puis tout s'installait dans la blancheur crue du réel
qui nous astreignait à baisser les paupières
pourtant nous étions aux aguets sous notre éblouissement espérant une nuit humble et légère et sans limite
où nous nous enfoncerions dans le rêve éveillé de nos corps

(Extrait du recueil "Autoportraits")
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Il y a parfois dans le paysage atrophié de la ville une certaine fraicheur des bois. Malgré le vacarme dément, un certain silence d'ailes. Cela tient au miracle du vent, il passe sur nos pieds, il est vivifiant comme une mer soudaine. Il fait se retourner les feuilles qui nous montrent leur face argentée, et c'est un autre courant de mer que je vois filtrer dans le ciel, il glisse par le grillage, rend sa timidité au rideau, redonne souffle aux objets usuels. L'absence s'oublie. Ce matin j'ai sous les yeux ces larmes que je n'ai pas versées, au ventre cet émoi du songe que je n'ai pas assouvi. Vos mains sur moi, vos mains. Et l'air dans sa douceur de fleurs est une source vivante, il réanime les textures, cristallise la lumière, me réapprend les pierres, le souffle secret de la matière. La vie semble éternelle. (Les plis d'un tissu sur une chaise font une sculpture, les couleurs sont des tableaux, le vent une pastèque. Brusque atteinte du songe mon amour pour vous contient tous les étés.)

(Extrait des poèmes en prose)
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