Citations de Madame de Sévigné (135)
Que cette nouvelle année vous soit heureuse, que vos jours soient filés de soie.
Je vous cherche toujours, et je trouve que tout me manque, parce que vous me manquez.
Le ton d'aujourd'hui, c'est l'innocence des accusés et l'horreur du scandale. On ne parle pas d'autre chose dans toutes les compagnies. Il n'y a guère d'exemple d'un pareil scandale dans une cour chrétienne. C'est une pure indignité que de citer des personnes de notre condition pour de semblables calembredaines !
Extrait d'une lettre que Mme de Sévigné écrivit en 1680, à Mme de Grignan, sa fille.
Précieuse est la santé dont on ne connait le bonheur qu’après l’avoir perdue.
Ne lui demandez pas de se connaître, vous savez bien qu'une femme ne voit jamais les défauts de ceux qu'elle aime.
A sa fille, le jeudi 30 Avril 1687 :
"Surtout, ma chère enfant, ne venez point à Paris ! Plus personne ne sort de peur de voir ce fléau s’abattre sur nous, il se propage comme un feu de bois sec. Le roi et Mazarin nous confinent tous dans nos appartements. Monsieur Vatel, qui reçoit ses charges de marée, pourvoit à nos repas qu'il nous fait livrer.
Cela m'attriste, je me réjouissais d'aller assister aux prochaines représentations d'une comédie de Monsieur Corneille "Le Menteur", dont on dit le plus grand bien. Nous nous ennuyons un peu et je ne peux plus
vous narrer les dernières intrigues à la Cour, ni les dernières tenues à la mode. Heureusement, je vois discrètement ma chère amie, Marie-Madeleine de Lafayette, nous nous régalons avec les Fables de Monsieur de La Fontaine, dont celle, très à propos, « Les animaux malades de la peste » ! « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés »".
Je vous envoie deux drôles de masques ; c'est la grande mode. Tout le monde en porte à Versailles. C'est un joli air de propreté, qui empêche de se contaminer, Je vous embrasse, ma bonne, ainsi que Pauline. »
(...) Je me suis mise à vous écrire au bout de cette petite allée sombre que vous aimez, assise sur ce siège de mousse où je vous ai vue quelquefois couchée. Mais, mon Dieu, où ne vous ai-je point vue ici ? et de quelle façon toutes ces pensées me traversent-elles le cœur ? Il n'y a point d'endroit, point de lieu, ni dans la maison, ni dans l'église, ni dans le pays, ni dans le jardin, où je ne vous aie vue. Il n'y en a point qui ne me fasse souvenir de quelque chose de quelque manière que ce soit. Et de quelque façon que ce soit aussi, cela me perce le cœur. Je vous vois ; vous m'êtes présente. Je pense et repense à tout. Ma tête et mon esprit se creusent, mais j'ai beau tourner, j'ai beau chercher, cette chère enfant que j'aime avec tant de passion est à deux cents lieues de moi ; je ne l'ai plus. Sur cela, je pleure sans pouvoir m'en empêcher ; je n'en puis plus, ma chère bonne. Voilà qui est bien faible, mais pour moi, je ne sais point être forte contre une tendresse si juste et si naturelle. Je ne sais en quelle disposition vous serez en lisant cette lettre. (...)
Lettre de Madame de Sévigné à Madame de Grignan.
24 mars 1671
Le temps vole et m'emporte malgré moi ; j'ai beau vouloir le retenir, c'est lui qui m'entraîne.
Que cette année vous soit heureuse ; que la paix, le repos et la santé vous tiennent lieu de fortune
La mémoire est dans le coeur.
Savez-vous ce que c'est que faner ? Il faut que je vous l'explique : faner est la plus jolie chose du monde, c'est retourner du foin en batifolant dans une prairie ; dès qu'on en sait tant, on sait faner.
Lettre à Mr de Coulanges 22 juillet 1671
La lecture apprend aussi, ce me semble, à écrire.
Imaginez-vous une tête blonde partagée à la paysanne jusqu'à deux doigts du bourrelet: on coupe ses cheveux de chaque côté, d'étage en étage, dont on fait de grosses boucles rondes et négligées, qui ne viennent pas plus loin qu'un doigt au-dessous de l'oreille; cela fait quelque chose de fort jeune et de fort joli, et comme deux gros bouquets de cheveux de chaque côté. Il ne faut pas couper les cheveux trop court; car comme il les faut friser naturellement, les boucles qui en emportent beaucoup ont attrapé plusieurs dames, dont l'exemple doit faire trembler les autres. On met les rubans comme à l'ordinaire, et une grosse boucle nouée entre le bourrelet et la coiffure; quelque fois on la laisse traîner jusque sur la gorge.
[...]
Je ferai coiffer une poupée pour vous envoyer.
Les femmes ont permission d’être faibles, et elles se servent sans scrupule de ce privilège.
Enfin c'en est fait, la Brinvilliers est en l'air : son pauvre petit corps a été jeté, après l'exécution, dans un fort grand feu, et les cendres au vent; de sorte que nous la respirerons, et par la communication des petits esprits, il nous prendra quelque humeur empoisonnante, dont nous serons tous étonnés. Elle fut jugée dès hier; ce matin on lui a lu son arrêt, qui était de faire amende honorable à Notre-Dame, et d'avoir la tête coupée, son corps brûlé, les cendres au vent. On l'a présentée à la question : elle a dit qu'il n'en était pas besoin, et qu'elle dirait tout; en effet, jusqu'à cinq heures du soir elle a conté sa vie, encore plus épouvantable qu'on ne le pensait. Elle a empoisonné dix fois de suite son père (elle ne pouvait en venir à bout), ses frères et plusieurs autres; et toujours l'amour et les confidences mêlées partout.
Ce Pelisson, il abuse de la permission qu'ont les hommes d'être laids.
Nous en avons sept (1), ils en ont six. Il y en a plus qu'il ne nous en faut de bons [ dans les indécis qui restent ].... Mais M. Colbert est tellement enragé qu'on attend quelque chose d'atroce et d'injuste qui nous remettra au désespoir.
NDL : (1) Il s'agit des juges qui vont rendre le verdict. Mme de Sévigné est pour Fouquet contre le clan Colbert.
Sans la consolation de la lecture, nous mourrions d'ennui présentement.
Le brillant de votre esprit donne un si grand éclat à votre teint et à vos yeux que, quoiqu'il semble que l'esprit ne dût toucher que les oreilles, il est pourtant certain que le vôtre éblouit les yeux.
Je suis au désespoir que vous ayez eu Bazajet par d'autres que moi. C'est ce chien de Barbin qui me hait, parce que je ne fais pas des Princesses de Montpensier. Vous en avez jugé très-juste et très-bien, et vous aurez vu que je suis de votre avis. Je voulais vous envoyer la Champmeslé pour vous réchauffer la pièce. Le personnage de Bazajet est glacé; les moeurs des Turcs y sont mal observées; ils ne font point tant de façons pour se marier; le dénouement n'est point bien préparé : on n'entre point dans les raisons de cette grande tuerie. Il y a pourtant des choses agréables, et rien de parfaitement beau, rien qui enlève, point de ces tirades de Corneille qui font frisonner.