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Citations de Madame de Sévigné (135)


A Paris, ce mardi 4° décembre 1668.
...Mais voici encore un autre article sur quoi je veux que vous me contentiez, s'il vous reste un brin d'amitié pour moi .Je sais que vous avez mis au bas du portrait que vous avez de moi, que j'ai été mariée à un gentilhomme breton, honoré des alliances de Vassé et de Rabutin . Cela n'est pas juste, mon cher cousin . Je suis depuis peu instruite de la maison de Sévigné, que j'aurais sur ma conscience de vous laisser dans cette erreur . Il a fallu montrer notre noblesse en Bretagne, et ceux qui en ont le plus ont pris plaisir de se servir de cette occasion pour étaler leur marchandise . voici la nôtre :
Quatorze contrats de mariage de père en fils; trois cent cinquante ans de chevalerie; les pères quelquefois considérables dans les guerres de Bretagne, et bien marqués dans l'histoire; quelquefois retirés chez eux comme des Bretons; quelquefois de grands biens, quelquefois de médiocres; mais toujours de bonnes et de grandes alliances . Celles de trois cent cinquante ans , au bout desquels on ne voit que des noms de baptême,sont du Quelnec, Montmorency, Baraton et chateaugiron . Ces noms sont grands; ces femmes avaient pour maris des Rohan et des Clisson . Depuis ces quatre, ce sont des Guesclin, des Coëtquen, des Rosmadec, des Clindon, des Sévigné de leur même maison, des du Bellay, des Rieux , des Bodégat, des Plessis-Tréal et d'autres qui ne me reviennent pas présentement, jusqu'à Vassé et jusqu'à Rabutin . Tout cela est vrai, il faut m'en croire [...] Je vous conjure donc, mon cousin, si vous me voulez obliger, de changer votre écriteau, et si vous n'y voulez point mettre de bien, n'y mettez point de rabaissement . J'attends cette marque de votre justice , et du reste d'amitié que vous avez pour moi .
Adieu,mon cher cousin . Donnez-moi promptement de vos nouvelles , et que notre amitié soit désormais sans nuages .
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34. À Madame de Grignan - À Paris, mercredi 16ème juin 1677.

Cette lettre vous trouvera donc à Grignan, ma très bonne et très parfaitement chère. Eh, mon Dieu ! comment vous portez-vous ? M. de Grignan et Montgobert ont-ils tout l’honneur quels espéraient de cette conduite ? Je vous ai suivie partout, ma bonne ; votre cœur n’a-t-il point vu le mien pendant toute la route ? J’attends encore de vos nouvelles de Chalon et de Lyon. Je viens de recevoir le petit billet du grand M. des Issarts. Il vous a vue et regardée ; vous lui avez parlé, vous l’avez assuré que vous êtes mieux. Je voudrais que vous sussiez comme il me paraît heureux, et ce que je ne donnerais point déjà pour avoir cette joie.

Il faut penser, ma bonne, à se guérir l’esprit et le corps ; et que vous vous résolviez, si vous voulez ne plus mourir, dans votre pays et au milieu de nous, à ne plus voir les choses que comme elles sont, ne les point augmenter et ne les point grossir dans votre imagination, ne point trouver que je suis malade quand je me porte bien, ne point retourner sur un passé qui est passé, ni voir un avenir, qui ne sera point. Si vous ne prenez cette résolution, on vous fera un régime et une nécessité de ne me jamais voir. Je ne sais si ce remède serait bon pour vos inquiétudes ; pour moi, je vous assure qu’il serait indubitable pour finir ma vie. Faites sur cela vos réflexions. Quand j’ai été en peine de vous, je n’en avais que trop de sujet ; plût à Dieu que ce n’eût été qu’une vision ! Le trouble de tous vos amis et le changement de votre visage ne confirmaient que trop mes craintes et mes frayeurs. Tâchez donc de guérir votre corps et votre esprit, ma chère enfant. C’est à vous à travailler à tout ce qui peut faire votre retour aussi agréablement que votre départ a été triste et douloureux. Car pour moi, qu’ai-je à faire ? À me bien porter ? je me porte très bien. À songer à ma santé ? j’y pense pour l’amour de vous. À ne me point inquiéter de vous ? c’est de quoi je ne vous réponds pas, ma bonne, quand vous serez en l’état où je vous ai vue. Je vous parle sincèrement : travaillez là-dessus. Et quand on me vient dire présentement : « Vous voyez comme elle se porte, et vous-même, vous êtes en repos ; vous voilà fort bien toutes deux. » Oui, fort bien, voilà un régime admirable ! Tellement que, pour nous bien porter, il faut être à deux cent mille lieues l’une de l’autre ! Et l’on me dit cela avec un air tranquille ! Voilà justement ce qui m’échauffe le sang et qui me fait sauter aux nues. Ma chère bonne, au nom de Dieu, rétablissons notre réputation par un autre voyage, où nous soyons plus raisonnables, c’est-à-dire vous, et où l’on ne nous dise plus : « Vous vous tuez l’une l’autre. » Je suis si rebattue de ces discours que je n’en puis plus ; il y a d’autres manières de me tuer qui seraient bien meilleures. Je vous envoie ce que m’écrit Corbinelli de la vie de notre Cardinal et de ses dignes occupations. M. de Grignan sera bien aise de voir cette conduite. Vous aurez trouvé de mes lettres à Lyon, ma bonne. J’ai vu le Coadjuteur ; je ne le trouve changé en rien du tout. Nous parlâmes fort de vous. Il me conta la folie de vos bains, et comme vous craignez d’engraisser. La punition de Dieu est visible sur vous ; après six enfants, que pouviez-vous craindre ? Il ne faut plus rire de Mme de Bagnols après une telle vision.

J’ai été à Saint-Maur avec Mme de Saint-Géran et d’Hacqueville. Vous fûtes célébrée ; Mme de La Fayette vous fait mille amitiés. Dites un mot à La Troche sur ce qu’elle vous écrivit dans ma lettre. J’espère que vous aurez écrit un mot au Cardinal, dont le soin et l’inquiétude n’est pas médiocre.
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Tâchez, mon enfant, de vous accommoder un peu de ce qui n’est pas mauvais ; ne vous dégoûtez point de ce qui n’est que médiocre ; faites-vous un plaisir de ce qui n’est pas ridicule. [Lettre à Mme de Grignan, 18 mars 1671].
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Madame de Sévigné
Il abuse de la permission qu’ont les hommes d’être laids.
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Oh! que j'aime la solitude!
Que ces lieux sacrés à la nuit,
Eloignés du monde et du bruit,
Plaisent à mon inquiétude8
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Comment ! Ma fille, j'ai donc fait un sermon sans y penser ! J'en suis aussi étonnée que M. le comte de Soissons, quand on lui découvrit qu'il faisait de la prose. Il est vrai que je me sens assez portée à faire honneur à la grâce de Jésus-Christ. Je ne dis point comme la reine-mère dans l'excès de son zèle contre ces misérables jansénistes : Ah ! fi, fi de la grâce ! Je dis tout le contraire, et je trouve que j'ai de bons garants.
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Mme de Sévigné à Mme de Grignan, le 8 juin 1676.

Vous me demandez si je suis dévote ; hélas ! Non, dont je suis très-fâchée ; mais il me semble que je me détache en quelque sorte de ce qui s'appelle le monde. La vieillesse et un peu de maladie donnent le temps de faire de grandes réflexions ; mais ce que je retranche sur le public, il me semble que je vous le redonne : ainsi je n'avance guère dans le pays du détachement ; et vous savez que le droit du jeu serait de commencer par effacer un peu ce qui tient le plus au coeur.
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On ne parle point d'ôter les sceaux à M. le chancelier. Le bon homme fut si surpris de se voir chancelier encore par-dessus, qu'il crut qu'il y avait quelque anguille sous roche ; et, ne pouvant pas comprendre ce surcroît de dignité, il dit au roi : Sire, est-ce que Votre Majesté m'ôte les sceaux ? Non, lui dit le roi, dormez en repos, M. le chancelier ; et en effet, on dit qu'il dort quasi toujours.
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Vous me dites si souvent, ma belle cousine, que vous me regretteriez beaucoup si j'étais mort, et je trouve si beau pour moi d'être regretté de vous, que cela me ferait souhaiter d'être en cet état, sans quelques petites raisons qui m'en empêchent encore.

Bussy-Rabutin à Mme de Sévigné, le 17 août 1654.
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A madame de Grignan,
...L'archevêque de Reims revenait hier fort vite de Saint-Germain, comme un tourbillon. S'il croit être grand seigneur, ses gens le croient encore plus que lui. Ils passaient au travers de Nanterre, tra, tra, tra; ils rencontrent un homme à cheval, gare, gare! ce pauvre homme se veut ranger, son cheval ne le veut pas; enfin le carrosse et les six chevaux renversent cul par dessus tête le pauvre homme et le cheval, et passent par-dessus, et si bien par-dessus que le le carrosse en fut versé et renversé : en même temps, l'homme et le cheval, au lieu de s'amuser à être roués et estropiés, se relèvent miraculeusement, et remontent l'un sur l'autre, et s'enfuient et courent encore, pendant que les laquais et le cocher, et l'archevêque même, se mettent à crier : "Arrête, arrête le coquin, qu'on lui donne cent coups." L'Archevêque, en racontant ceci, disait : "Si j'avais tenu ce maraud-là, je lui aurais rompu les bras et coupé les oreilles."
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Madame de Sévigné
Le temps vole et m'emporte malgré moi, j'ai beau vouloir le retenir, c'est lui qui m'entraîne.
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Madame de Sévigné
Mais ce qui me fâche, c’est qu’en ne faisant rien les jours se passent, et l’on vieillit, et l’on meurt. Je trouve cela bien mauvais. La vie est trop courte : à peine avons-nous passé la jeunesse, que nous nous trouvons dans la vieillesse. Je voudrais qu’on eût cent ans d’assurés, et le reste dans l’incertitude. Ne le voulez-vous pas aussi, mon cousin ? Mais comment pourrions-nous faire ?
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Il faut que je vous raconte une petite historiette, qui vous divertira. Le Roi se mêle depuis peu de faire des vers ; MM. de Saint-Aignan et Dangeau lui apprennent comment il faut s'y prendre. Il fit l'autre jour un petit madrigal, que lui-même ne trouva pas trop joli. Un matin, il dit au maréchal de Gramont : "Monsieur le maréchal, je vous prie, lisez ce petit madrigal, et voyez si vous en avez jamais vu un si impertinent. Parce qu'on sait que depuis peu j'aime les vers, on m'en apporte de toutes les façons." Le maréchal, après l'avoir lu, dit au Roi : "Sire, Votre Majesté juge divinement bien de toutes choses : il est vrai, voilà le plus sot et le plus ridicule madrigal que j'aie jamais lu." Le Roi se mit à rire, et lui dit : "N'est-il pas vrai que celui qui l'a fait est bien fat ?"-Sire, il n'y a pas moyen de lui donner un autre nom. -Oh bien ! dit le Roi, je suis ravi que vous m'en ayez parlé si bonnement ; c'est moi qui l'ai fait. -Ah ! Sire, quelle trahison ! que Votre Majesté me le rende ; je l'ai lu brusquement. -Non, monsieur le maréchal ; les premiers sentiments sont toujours les plus naturels."Le Roi a fort ri de cette folie, et tout le monde trouve que voilà la plus cruelle petite chose qu'on puisse faire à un faire à un vieux courtisan.
Pour moi, qui aime toujours à faire des réflexions, je voudrais que le Roi en fit là-dessus, et qu'il jugeât par-là combien il est loin de connaître jamais la vérité.
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Hélas! je l'ai encore, cette pauvre enfant; et quoi qu'elle ait pu faire, il n'a pas été en son pouvoir de partir le 10e de ce mois, comme elle en avait le dessein. Les pluies ont été et sont encore si excessives, qu'il y aurait eu de la folie à se hasarder. Toutes les rivières sont débordées; tous les grands chemins sont noyés; toutes les ornières cachées; on peut fort bien verser dans tous les gués. Enfin la chose est au point que Mme de Rochefort, qui est chez elle à la campagne, qui brûle d'envie de revenir à Paris où son mari la souhaite et où sa mère l'attend avec une impatience incroyable, ne peut pas se mettre en chemin, parce qu'il n'y a pas de sûreté et qu'il est vrai que cet hiver est épouvantable. Il n'a pas gelé un moment, et il a plus tous les jours comme des pluies d'orage. Il ne passe plus aucun bateau sous les ponts; les arches du Pont-Neuf sont quasi comblées. Enfin c'est une chose étrange. Je vous avoue que l'excès d'un si mauvais temps fait que je me suis opposée à son départ pendant quelques jours. Je ne prétends pas qu'elle évite le froid, ni les boues, ni les fatigues du voyage; mais je ne veux pas qu'elle soit noyée.
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Il me semble que j'ai été traînée, malgré moi, à ce point fatal où il faut souffrir la vieillesse ; je la vois, m'y voilà, et je voudrais bien, au moins, ménager de ne pas aller plus loin, de ne point avancer dans ce chemin des infirmités, des douleurs, des pertes de mémoire, des défigurements qui sont près de m'outrager, et j'entends une voix qui me dit : il faut marcher malgré vous, ou bien, si vous ne voulez pas, il faut mourir, qui est une autre extrémité à quoi la nature répugne. Voilà pourtant le sort de tout ce qui avance un peu trop ; mais un retour à la volonté de Dieu, et à cette loi universelle où nous sommes condamnés, remet la raison à sa place, et fait prendre patience : prenez-là donc aussi, ma très-chère, et que votre amitié trop tendre ne vous fasse pas jeter des larmes que votre raison doit condamner.
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Ecoutez un peu ceci. Connaissez-vous M. de Béthune, le berger extravagant de Fontainebleau, autrement Cassepot ? Savez-vous comme il est fait ? Grand, maigre, un air de fou, sec, pâle : enfin comme un vrai stratagème, tel que le voilà, il logeait à l'hôtel de Lionne, avec le duc et la duchesse d'Estrées, madame de Vaubrun et mademoiselle de Vaubrun. Cette dernière alla, il y a deux mois, à Sainte-Marie du faubourg Saint-Germain ; on crut que c'était le bonheur de sa sœur qui faisait cette religieuse, et qu'elle aurait tout le bien. Savez-vous ce que faisait ce Cassepot à l'hôtel de Lionne ? L'amour, ma fille, l'amour avec mademoiselle de Vaubrun ; tel que je vous l'ai figuré, elle l'aimait. Benserade disait là-dessus comme de madame de Vantadour, qui aimait son mari : « Tant mieux, si elle aime celui-là, elle en aimera bien un autre ». Cette petite fille de dix-sept ans a donc aimé ce Don Quichotte ; et hier il alla, avec cinq ou six gardes de M. de Gesvres, enfoncer la grille du couvent avec une bûche et des coups redoublés : il entre avec un homme à lui dans ce couvent, trouve mademoiselle de Vaubrun qui l'attendait, la prend, l'emporte, la met dans un carrosse, la mène chez M. de Gesvres, fait un mariage sur la croix de l'épée, couche avec elle ; et ce matin, dès la pointe du jour, ils ont disparu tous deux, et on ne les a pas encore trouvés. En vérité, c'est là qu'on peut dire encore : Agnès et le corps mort s'en sont allés ensemble. Le duc d'Estrées crie et se plaint que Béthune a violé les droits de l'hospitalité. Madame de Vaubrun veut lui faire couper la tête. M. de Gesvres dit qu'il ne savait pas que ce fut mademoiselle de Vaubrun. Tous les Béthune font quelque semblant de vouloir empêcher qu'on ne fasse le procès à leur sang. Je ne sais point encore ce qu'on a dit à Versailles. Voilà, ma chère bonne, l'évangile du jour ; vous connaissez cela, on ne parle d'autre chose. Que dites-vous de l'amour ? Je le méprise quand il s'amuse à de si vilaines gens.
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Nous voici arrivés avec le même beau temps, la même apparence de rivière, et je crois, les mêmes rossignols. Je ne m'accoutume point à la beauté de ce pays ; vous en seriez surprise vous-même, comme si vous ne l'aviez jamais vu. Il y a des âges où l'on ne regarde que soi, vous n'en avez jamais été fort occupée, cependant il me semble que nous étions plus appliquées dans ce bateau à disputer contre ce petit comte des Chapelles, qu'à regarder ces beautés champêtres. Voici justement tout le contraire ; nous sommes dans un profond silence, parfaitement à notre aise, lisant, rêvant, admirant, dans un entier isolement de toutes sortes de nouvelles, et vivant enfin sur nos réflexions. Le bon abbé prie Dieu sans cesse, j'écoute ses lectures saintes ; mais quand il est dans le chapelet, je m'en dispense, trouvant que je rêve bien sans cela. C'est ainsi, ma fille, que nous trouvons le moyen de passer douze ou quatorze heures sans nous désespérer, tant c'est une belle chose que la liberté.
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Vous me demandez, ma chère enfant, si j'aime toujours bien la vie : je vous avoue que j'y trouve des chagrins cuisants ; mais je suis encore plus dégoûtée de la mort : je me trouve si malheureuse d'avoir à finir tout ceci par elle, que, si je pouvais retourner en arrière, je ne demanderais pas mieux. Je me trouve dans un engagement qui m'embarrasse : je suis embarquée dans la vie sans mon consentement ; il faut que j'en sorte, cela m'assomme ; et comment en sortirai-je ? Par où ? par quelle porte? quand sera-ce ? en quelle disposition ? souffrirai-je mille et mille douleurs qui me feront mourir désespérée ? aurai-je un transport au cerveau ? mourrai-je d'un accident ? comment serai-je avec Dieu? qu'aurai-je à lui présenter ? la crainte, la nécessité feront-elles mon retour vers lui ? n'aurai-je aucun autre sentiment que celui de la peur ? que puis-je espérer ? suis-je digne du paradis ? suis-je digne de l'enfer ? Quelle alternative! quel embarras ! Rien n'est si fou que de mettre son salut dans l'incertitude ; mais rien n'est si naturel, et la sotte vie que je mène est la chose du monde la plus aisée à comprendre : je m'abyme dans ces pensées, et je trouve la mort si terrible, que je hais plus la vie parce qu'elle m'y mène, que par les épines dont elle est semée. Vous me direz que je veux donc vivre éternellement ; point du tout, mais si on m'avait demandé mon avis, j'aurais bien aimé à mourir entre les bras de ma nourrice ; cela m'aurait ôté bien des ennuis, et m'aurait donné le ciel bien sûrement et bien aisément : mais parlons d'autre chose.
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Nous avons fort causé ; une de nos folies a été de souhaiter de découvrir tous les dessous de cartes de toutes les choses que nous croyons voir et que nous ne voyons point, tout ce qui se passe dans les familles, où nous trouverions de la haine, de la jalousie, de la rage, du mépris au lieu de toutes les belles choses qu'on met au-dessus du panier, et qui passent pour des vérités. Je souhaitais un cabinet tout tapissé de dessous de cartes au lieu de tableaux ; cette folie nous mena bien loin, et nous divertit fort.
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Vous savez que je ne puis souffrir que les vieilles gens disent :"Je suis trop vieux pour me corriger." Je pardonnerais plutôt à une jeune personne de tenir ce discours. La jeunesse est si aimable qu’il faudrait l’adorer si l’âme et l’esprit étaient aussi parfaits que le corps ; mais quand on n’est plus jeune, c’est alors qu’il faut se perfectionner et tâcher de regagner du côté des bonnes qualités ce qu’on perd du côté des agréables. Il y a longtemps que j’ai fait ces réflexions, et par cette raison, je veux tous les jours travailler à mon esprit, à mon âme, à mon cœur, à mes sentiments. [Lettre à Mme de Grignan, 7 octobre 1671].
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