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Citations de Madame de Sévigné (135)


Mais voici ce que j'apprends en entrant ici, dont je ne puis me remettre, et qui fait que je ne sais plus ce que je vous mande : c'est qu'enfin Vatel, le grand Vatel, maître d'hôtel de M. Fouquet, qui l'était présentement de M. le Prince, cet homme d'une capacité distinguée de toutes les autres, dont la bonne tête était capable de soutenir tout le soin d'un Etat; cet homme donc que je connaissais, voyant à huit heures, ce matin, que la marée n'était point arrivée, n'a pu souffrir l'affront qu'il a vu qui l'allait accabler, et en un mot, il s'est poignardé. Vous pouvez penser l'horrible désordre qu'un si terrible accident a causé dans cette fête. Songez que la marée est peut-être ensuite arrivée comme il expirait. Je n'en sais pas davantage présentement : je pense que vous trouverez que c'est assez. Je ne doute pas que la confusion n'ait été grande; c'est une chose fâcheuse à une fête de cinquante mille écus.
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Je m’en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable, la plus imprévue, la plus grande, la plus petite, la plus rare, la plus commune, la plus éclatante, la plus secrète jusqu’à aujourd’hui, la plus brillante, la plus digne d’envie ; enfin une chose dont on ne trouve qu’un exemple dans les siècles passés : encore cet exemple n’est-il pas juste [1] ; une chose que nous ne saurions croire à Paris, comment la pourrait-on croire à Lyon ? une chose qui fait crier miséricorde à tout le monde ; une chose qui comble de joie madame de Rohan et madame d’Hauterive[2] ; une chose enfin qui se fera dimanche, où ceux qui la verront croiront avoir la berlue ; une chose qui se fera dimanche, et qui ne sera peut-être pas faite lundi. Je ne puis me résoudre à la dire, devinez-la, je vous le donne en trois ; jetez-vous votre langue aux chiens ? Hé bien ! il faut donc vous la dire : M. de Lauzun épouse dimanche au Louvre, devinez qui ? Je vous le donne en quatre, je vous le donne en dix, je vous le donne en cent. Madame de Coulanges dit : Voilà qui est bien difficile à deviner ! c’est madame de la Vallière. Point du tout, madame. C’est donc mademoiselle de Retz ? Point du tout ; vous êtes bien provinciale. Ah ! vraiment, nous sommes bien bêtes, dites-vous : c’est mademoiselle Colbert. Encore moins. C’est assurément mademoiselle de Créqui. Vous n’y êtes pas. Il faut donc à la fin vous le dire : il épouse, dimanche, au Louvre, avec la permission du roi, mademoiselle, mademoiselle de mademoiselle, devinez le nom ; il épouse Mademoiselle, ma foi ! par ma foi ! ma foi jurée ! Mademoiselle, la grande Mademoiselle, Mademoiselle, fille de feu Monsieur[3], Mademoiselle, petite-fille de Henri IV, mademoiselle d’Eu, mademoiselle de Dombes, mademoiselle de Montpensier, mademoiselle d’Orléans, Mademoiselle, cousine germaine du roi ; Mademoiselle, destinée au trône ; Mademoiselle, le seul parti de France qui fût digne de Monsieur. Voilà un beau sujet de discourir. Si vous criez, si vous êtes hors de vous-mêmes, si vous dites que nous avons menti, que cela est faux, qu’on se moque de vous, que voilà une belle raillerie, que cela est bien fade à imaginer ; si enfin vous nous dites des injures, nous trouverons que vous avez raison ; nous en avons fait autant que vous. Adieu ; les lettres qui seront portées par cet ordinaire vous feront voir si nous disons vrai ou non.
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Madame de Sévigné
Pour juger combien nous importunons en parlant de nous, il faut songer combien les autres nous importunent quand ils parlent d'eux
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Tâchez, mon enfant, de vous accommoder un peu de ce qui n'est pas mauvais ; ne vous dégoûtez point de ce qui n'est que médiocre ; faites-vous un plaisir de ce qui n'est pas ridicule.
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Madame de Sévigné
Le coeur n'a pas de rides.

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Enfin, tant que nous aurons des livres, nous ne nous pendrons point.
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Le Roi arriva jeudi au soir. La chasse, les lanternes, le clair de lune, la promenade, la collation dans un lieu tapissé de jonquilles, tout cela fut à souhait. On soupa. Il y eut quelques tables où le rôti manqua, à cause de plusieurs dîners où l'on ne s'était point attendu. Cela saisit Vatel. Il dit plusieurs fois: "Je suis perdu d'honneur; voici un affront que je ne supporterai pas;" Il dit à Gourville: "La tête me tourne, il y a douze nuits que je n'ai dormi. Aidez-moi à donner des ordres." Gourville le soulagea en ce qu'il put.
Lettre du dimanche 26 avril 1671, à Madame de Grignan
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Ma fille, aimez-moi donc toujours : c'est ma vie, c'est mon âme que votre amitié ; je vous le disais l'autre jour, elle fait toute ma joie et toutes mes douleurs. Je vous avoue que le reste de ma vie est couvert d'ombre et de tristesse, quand je songe que je la passerai si souvent éloignée de vous.
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Que faut-il à Monsieur de Turenne ?
Il meurt au milieu de sa gloire. Sa réputation ne pouvait plus augmenter.
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A MADAME DE GRIGNAN (*)

A Paris, lundi 9 février 1671,

Je reçois vos lettres, ma bonne, comme vous avez reçu ma bague. Je fonds en larmes en les lisant ; il semble que mon cœur veuille se fendre par la moitié. Il semble que vous m'écriviez des injures ou que vous soyez malade ou qu'il vous soit arrivé quelque accident, et c'est tout le contraire. Vous m'aimez, ma chère enfant, et vous me le dites d'une manière que je ne puis soutenir sans des pleurs en abondance.

(*): fille de Mme de Sévigné
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Madame de Sévigné

Aux Rochers, le mercredi 17ème de juin 1671


Je vous écris avec un serrement de cœur qui me tue ; je suis incapable d’écrire à d’autres qu’à vous, parce qu’il n’y a que vous qui ayez la bonté d’entrer dans mes extrêmes tendresses. Enfin, voilà le second ordinaire que je ne reçois point de nouvelles de ma fille. Je tremble depuis la tête jusqu’aux pieds, je n’ai pas l’usage de raison, je ne dors point ; et si je dors, je me réveille avec des sursauts qui sont pires que de ne pas dormir. Je ne puis comprendre ce qui empêche que je n’aie des lettres comme j’ai accoutumé. Dubois me parle de mes lettres qu’il envoie très fidèlement, mais il ne m’envoie rien, et ne me donne point de raison de celles de Provence. Mais, mon cher Monsieur, d’où cela vient-il ? Ma fille ne m’écrit-elle plus ? Est-elle malade ? Me prend-on mes lettres ? car, pour les retardements de la poste, cela ne pourrait pas faire un tel désordre. Ah ! mon Dieu, que je suis malheureuse de n’avoir personne avec qui pleurer !
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Gare à la flatterie, ma fille : trop de sucre gâte les dents.
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A Madame de Grignan

Aux Rochers, ce mercredi 2ème de décembre 1671

J’ai reçu des compliments sans nombre (pour la naissance de son petit-fils) et sans mesure, et du côté de Paris par mille lettres, et du côté de la Bretagne. On a bu la santé du petit bambin à plus d’une lieue autour d’ici. J’ai donné de quoi boire ; j’ai donné à souper à mes gens, ni plus ni moins que la veille des Rois. Mais rien ne m’a été plus agréable que le compliment de Pilois, qui vint le matin, avec sa pelle sur le dos, et me dit : « Madame, je viens me réjouir, parce qu’on m’a dit que Madame la Comtesse était accouchée d’un petit gars. » Cela vaut mieux que toutes les phrases du monde.

1735 - [10/18 n° 87, p. 34]
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131. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.
À Paris, vendredi 6e février.
Ma douleur seroit bien médiocre si je pouvois vous la dépeindre ; je ne l’entreprendrai pas aussi. J’ai beau chercher ma chère fille, je ne la trouve plus, et tous les pas qu’elle fait l’éloignent de moi. Je m’en allai donc à Sainte-Marie[1], toujours pleurant et toujours mourant : il me sembloit qu’on m’arrachoit le cœur et l’âme ; et en effet, quelle rude séparation ! Je demandai la liberté d’être seule ; on me mena dans la chambre de Mme du Housset, on me fit du feu ; Agnès me regardoit[2] sans me parler, c’étoit notre marché ; j’y passai jusqu’à cinq heures sans cesser de sangloter : toutes mes pensées me faisoient mourir. J’écrivis à M. de Grignan, vous pouvez penser sur quel ton. J’allai ensuite chez Mme de la Fayette[3], qui redoubla mes douleurs par la part qu’elle y prit. Elle étoit seule, et malade, et triste de la mort d’une sœur religieuse : elle étoit comme je la pouvois desirer. M. de la Rochefoucauld y vint ; on ne parla que de vous, de la raison que j’avois d’être touchée, et du dessein de parler comme il faut à Merlusine[4]. Je vous réponds qu’elle sera bien relancée. D’Hacqueville[5] vous rendra un bon compte de cette affaire. Je revins enfin à huit heures de chez Mme de la Fayette ; mais en entrant ici, bon Dieu ! comprenez-vous bien ce que je sentis en montant ce degré ? Cette chambre où j’entrois toujours, hélas ! j’en trouvai les portes ouvertes ; mais je vis tout démeublé, tout dérangé, et votre pauvre petite fille qui me représentoit la mienne. Comprenez-vous bien tout ce que je souffris ? Les réveils de la nuit ont été noirs, et le matin je n’étois point avancée d’un pas pour le repos de mon esprit. L’après-dînée se passa avec Mme de la Troche à l’Arsenal[6]. Le soir, je reçus votre lettre, qui me remit dans les premiers transports, et ce soir j’achèverai celle-ci chez M. de Coulanges, où j’apprendrai des nouvelles ; car pour moi, voilà ce que je sais, avec les douleurs de tous ceux que vous avez laissés ici. Toute ma lettre seroit pleine de compliments, si je voulois.

Lettre 131. — 1. Au couvent de la Visitation du faubourg Saint-Jacques. Les filles de Sainte-Marie y étaient entrées dès le 13 août 1626. C’est aujourd’hui la maison de refuge des dames de Saint-Michel. Voyez le commencement de la lettre du 29 janvier 1672.
2. Dans l’édition de 1754 : « me gardoit. »
3. Voyez la note 7 de la lettre suivante.
4. Françoise de Montallais, veuve, depuis 1665, de Jean de Bueil, comte de Marans, grand échanson de France. Elle était sœur de Mlle de Montallais, ancienne fille d’honneur de Madame Henriette. Mme de Sévigné et sa fille lui avaient donné pour sobriquet le nom de la méchante fée Merlusine ou Mellusine, célèbre dans nos vieux romans par ses cris perçants et ses funestes prédictions : l’ancienne forme du mot est Merlusine, et c’est ainsi qu’il est imprimé dans les premières éditions des lettres. Il paraît que Mme de Marans, bien qu’on la comptât parmi les amis de la famille, et qu’à ce titre elle eût signé au contrat de Mme de Grignan, avait tenu sur elle de mauvais propos, particulièrement au sujet de sa fausse couche de Livry : voyez la Notice, p. 111.
5. D’Hacqueville, conseiller du Roi et abbé, avait été camarade de collége du cardinal de Retz, dont il resta l’ami dévoué, et qu’il représenta à la signature du contrat de Mme de Grignan. Il mourut subitement à Paris en 1678. Sur ses relations avec Mme de Sévigné, voyez la Notice, p. 113. Il appartenait probablement à la famille parlementaire de ce nom : un Jérôme d’Hacqueville mourut premier président du parlement de Paris en 1628.
6. Voyez la note 4 de la lettre 41, et la note 3 de la lettre 115.
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Madame de Sévigné
"Le coeur n'a pas de rides."
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Elle avait eu de très bon maîtres : Chapelain et Ménage ; elle avait lu Pascal, Corneille, Racine, La Fontaine ; elle avait entendu Mascaron, Bourdaloue ; elle avait fréquenté un instant le salon de Mme de Rambouillet ; et causait chaque jour avec Mme de La Fayette. Retz et La Rochefoucauld. Cette femme cultivée avait le souci d'écrire comme elle avait l'habitude de parler : avec précision et avec finesse. Elle a l'imagination vive, une grande passion au cœur, elle n'écrit enfin que lorsqu'elle a quelque chose à dire. Elle est d'un siècle où l'on cause. Comme ses séjours en Bretagne lui donnaient tout loisir pour la méditation, ils lui en donnèrent le goût. A Paris, elle cause avec ses amis de mille choses ; aux Rochers, elle lit et réfléchit. Si bien que lorsqu'elle se met à écrire, la lettre est toute prête sans avoir été préparée.

1907 - [p. 21, Notice]
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Madame de Sévigné
Il y eut bien des gens de tués. D'Artagnan fut du nombre dont la perte me toucha sensiblement ; outre qu'il était très brave homme il était très fidèle à ses amis.
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Je m'en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable, la plus imprévue, la plus grande, la plus petite, la plus rare, la plus commune, la plus éclatante, la plus secrète jusqu'à aujourd'hui, la plus brillante, la plus digne d'envie ; enfin une chose dont on ne trouve qu'un exemple dans les siècles passés : encore cet exemple n'est-il pas juste ; une chose que nous ne saurions croire à Paris, comment la pourrait-on croire à Lyon ? une chose qui fait crier miséricorde à tout le monde ; une chose qui comble de joie Mme de Rohan et Mme d'Hauterive ; une chose enfin qui se fera dimanche, où ceux qui la verront croiront avoir la berlue ; une chose qui se fera dimanche et qui ne sera peut-être pas faite lundi. Je ne puis me résoudre à la dire, devinez-la, je vous le donne en trois ; jetez-vous votre langue aux chiens ? Eh bien ! il faut donc vous la dire : M. de Lauzun épouse dimanche au Louvre, devinez qui ? [...] il épouse, dimanche, au Louvre, avec la permission du roi, mademoiselle de... mademoiselle..., devinez le nom ; il épouse Mademoiselle, ma foi ! par ma foi ! ma foi jurée ! Mademoiselle, la Grande Mademoiselle, Mademoiselle, fille de feu Monsieur, Mademoiselle, petite-fille d'Henri IV, Mlle d'Eu, Mlle de Dombes, Mlle de Montpensier, Mlle d'Orléans, Mademoiselle, cousine germaine du roi ; Maddemoiselle, destinée au trône ; Mademoiselle, le seul parti de France qui fût digne de Monsieur.
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Prenez du chocolat afin que les plus méchantes compagnies vous paraissent bonnes.
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Je vous cherche toujours, et je trouve que tout me manque, parce que vous me manquez.
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