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Critiques de Marina Carrère d`Encausse (338)
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Une femme entre deux mondes

Valérie et Nathalie se ressemblent, nouées et enfermées chacune à leur manière dans les couloirs d’une vie sous les barreaux. La première, Valérie est romancière et se rend au pénitencier des femmes afin de parler de son dernier roman. Valérie c’est aussi une femme fragile, angoissée qui semble avoir construit sa vie sur un mensonge, percutée par des secrets, prisonnière d’une vie qu’elle ne parvient pas à s’autoriser.

Nathalie quant à elle est incarcérée à la prison pour femmes pour plusieurs longues années. Quand elle entend Valérie parler de son roman, elle fond en larme et fuit la salle. Quelque temps plus tard, elle écrira une lettre à la romancière. Ce sera le début d’une relation forte et intense entre les deux femmes.



Une femme enfermée dans la vie, une femme enfermée dans sa tête. Les barreaux n’ont pas toujours la couleur de la rouille et du fer, ils savent s’élever dans l’ombre des victimes. Victimes, elles le sont toutes les deux. Un traumatisme peut faire chavirer toute une vie.

Il y a un prix à payer pour récupérer la liberté : vingt-cinq années pour l’une, un lâcher prise pour l’autre.



Un roman qui sonne juste et véhicule plusieurs messages où l’on viendrait presque à entendre la vérité s’époumoner après avoir hurlé de douleur.
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Une femme entre deux mondes

Moi qui suis libre comme l'air, quand tant de femmes souffrent en silence, prisonnières entre quatre murs, je souffre avec elles.

La plume de Marina CARRÈRE D'ENCAUSSE a mis en lumière les dures conditions d'incarcération des femmes ; double peine. Emprisonnées et femmes, car l'auteure va bien le souligner dans son roman : la réalité est telle que le respect de la dignité n'est pas assuré quand elles n'ont même pas de quoi garnir leur intimité tous les mois lorsque leur corps saigne, comme saigne leur âme.



Dans tout le livre, il sera question de dignité. De respect. D'empathie. De tolérance. De la condition de la Femme des deux côtés du mur de la prison.



Une journaliste romancière est conviée à rencontrer un groupe de femmes incarcérées au long cours, pour une séance de dédicaces. (Les livres, toujours là pour aider). Jusque-là, point de fiction, c'est du vécu : Marina CARRÈRE D'ENCAUSSE a eu l'occasion de vivre cette expérience, après la parution de son premier roman « Une femme blessée » et en a été profondément marquée. Elle a reçu des lettres par la suite, de ces femmes. Mais tout le reste n'est que du roman, bien qu'à la lecture on soit dans le doute !



Une relation va se nouer entre elles, Valérie Molain, et une détenue, Nathalie. D'abord par correspondance, puis dans un parloir, de semaine en semaine.



Qui va aider l'autre en réalité ? Quel est le pouvoir des secrets de famille ? Jusqu'où une femme peut-elle être le jouet d'un manipulateur pervers ? Pourquoi accepter d'être malmenée, harcelée, maltraitée ? Inconsciemment, sent-elle qu'elle le mérite, qu'elle doit être punie ? Mais de quoi ?

Doit-elle consulter ? L'EMDR*, technique de thérapie développée par des psychiatres initialement pour les traumatisés de guerre, peut-elle l'aider ? L'esprit peut fabriquer de faux souvenirs, mais le corps, lui, ne ment pas. Jamais.



Et le sentiment trouble qui peut se développer à l'insu de deux femmes, est-il blâmable ? Comment inculquer la tolérance à ses enfants ? Comment justifier une amitié avec une femme qui a commis l'irréparable ? Et si c'était de l'amour, de l'homosexualité, faudrait-il les condamner pour autant ? Qui juge qui au final ?



La prison est parfois aussi celle dont les murs sont bâtis avec les pierres de notre esprit. La liberté n'est rien quand l'âme est captive d'un lourd secret.



Cette histoire est magnifique. Il m'a été impossible de retenir mes larmes à la fin, les derniers paragraphes sont d'une puissance indicible, je n'ai pas de mots pour décrire ce que j'ai ressenti. Être une femme et une mère a probablement contribué à ce ressenti, mais l'écriture m'a emportée littéralement !!!



C'est groggy, K.O., H.S. que je suis allée l'écouter parler ensuite, avant sa séance de dédicaces, juste après cette lecture bouleversante. J'avais encore les yeux bouffis ! Et je lui ai dit que d'habitude, sur les plateaux TV avec Michel Cymes, elle me faisait beaucoup rire, mais que là elle m'avait sacrément fait pleurer !



Un roman qui fait réfléchir sur bien des sujets, bien d'actualité aussi quand les femmes subissent tant d'assauts non punis. Certaines se feraient-elles justice elles-mêmes ?



Je ne connais pas le milieu carcéral, mais pour avoir lu des témoignages, dont ce titre : « Femmes-hors-la-loi-Le-banditisme-au-féminin », de Maria POBLETE et Frédéric PLOQUIN, deux journalistes, je sais combien les femmes peuvent aussi être dures, à l'instar de certains hommes, et combien leur vie est difficile en prison, où la violence règne aussi.



Elles écrivent beaucoup, du fond de leurs cellules, noircissent bien des feuilles de papier, et là aussi, je me demande s'il ne faut pas créer le métier de biographe carcéral, comme celui de biographe hospitalier qui est en train d'émerger. Les aider à laisser une trace, pour leurs enfants (elles en ont aussi), leurs familles, leurs amis.



*EMDR : Eye-Movement Desensitization and Reprocessing, ou Désensibilisation et Retraitement par les Mouvements Oculaires.

Pour aller plus loin, cliquer sur le lien ci-dessous.


Lien : http://www.emdr-france.org
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Une femme blessée

C'est son premier roman, moi je l'ai lu après son deuxième, « Une femme entre deux mondes », qui m'avait bouleversée.



Ici, la condition de la femme dans les pays où l'honneur de la famille a le goût du sang, et dépend surtout des femmes, bizarrement. Les fautives ! Même la simple suspicion d'adultère mène à l'enfer. Pas la peine de consommer, le simple fait de regarder un autre homme que son mari les rend plus que coupables. Pire encore, quand elles ont consommé de force, violées par l' inceste ou l'étranger, là encore elles sont coupables. Inconcevable, n'est-ce pas ? Mais pourtant, c'est la triste vérité, punies d'avoir été violées. Même la simple rumeur peut les mener au bûcher. Un jet de kérosène, une allumette, et le voile s'enflamme, leur visage fond sous la rage vengeresse de celui qui punit d'un crime non commis. Brulées vives, hôpital de l'horreur, elles sont soignées à l'abri, mais où vont-elles à leur sortie, quand elles n'en meurent pas ? Retour à l'envoyeur ?



La brûlure n'est qu'un exemple des nombreux moyens utilisés pour soi-disant laver l'honneur de la famille :

« Différents moyens sont utilisés pour assassiner ces jeunes filles, elles sont le plus souvent empoisonnées, égorgées, fusillées, étranglées, poignardées ou encore arrosées d'essences et brulées vives. le criminel, son forfait accompli, est accueilli comme un héros par sa famille, il se rend souvent lui-même à la police, qui encourage généralement son geste » Page 317.

( Et la lapidation).



Le PIRE :

« Malgré le fait que les victimes soient souvent innocentes de ce dont on les accuse (selon l'Institut jordanien de médecine légale, 80 % des jeunes filles tuées ont été retrouvées vierges au cours des autopsies), le nombre des assassinats au Moyen-Orient, au Pakistan et au Brésil est en augmentation.



Alors, ce livre est un roman, certes, mais il ne fait que dépeindre une des histoires plausibles de toutes ces femmes et rend compte de la réalité. de plus, Marina CARRÈRE D'ENCAUSSE pose également la question essentielle du lien de la mère à l'enfant issu d'un viol.



Comment aimer cet enfant qui n'est que le fruit de l'horreur ? Et pourtant ? Les mères ont des ressources insoupçonnées et une force incroyable. Pour un enfant, une femme se bat plus qu'une lionne. C'est la vie qui prend le dessus. Mais les marques des brûlures sur le visage et sur le corps resteront à vie. Ces femmes sont marquées au fer rouge, et une fois de plus, je vois rouge.



“Selon l'ONU, au moins 5000 femmes sont tuées chaque année au nom de l'honneur.

Une pratique d'origine babylonienne

Il s'agit d'une tradition particulièrement répandue dans les sociétés patriarcales du Moyen-Orient, au Pakistan et en Turquie”. Page 315.

Ce livre date de 2014, je le rappelle.



Pour aller plus loin, cliquez sur le lien ci-dessous, la fondation SURGIR lutte contre les violences faites aux femmes partout dans le monde.
Lien : http://www.surgir.ch/
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Les enfants du secret

Un polar pas très palpitant. Il fallait bien, après de nombreuses perles que je tombe sur quelque chose de moins intéressant.



J'ai trouvé la plume de l'auteur assez froide et distante.

Je n'ai pas non plus beau beaucoup d'affinité avec les personnages, eux aussi froids et distants.



Et pourtant le scénario était intéressant, mais il manque de profondeur.



C'est dommage car la quatrième de couverture laissait présager un polar de qualité.
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Une femme blessée

Superbe ce roman, mais terrible, Dans un village du Kurdistan iraquien, Fatimah, jeune mère de famille vit avec sa belle-famille qui ne l'a pas accueillie à bras ouverts. Un jour, Fatimah est brûlée atrocement dans la cuisine en préparant le biberon de son enfant, on utilise du kérosène dans les cuisines là-bas. Accident dit-on, mais.... Fatimah passe des semaines à l'hôpital dans une grande solitude et souffrant atrocement, sa belle- famille ne voulant pas que ses enfants lui rendent visite, son mari non plus d'ailleurs ne la voit pas, il se contente de prendre des nouvelles auprès de son médecin. Petit à petit, Fatimah qui a une extraordinaire force mentale, reprend le dessus, pour le bébé qu'elle porte et qu'elle ne voulait pas au départ, pour un motif dont je ne vous dévoile pas la raison. Son mari ne la savait pas enceinte et le découvre par hasard. On découvre toute l'horreur de ce qu'a subi Fatimah quand elle décide de parler à son amie Malika et ensuite à son mari. L'histoire se termine bien, c'est le seul bémol dans ce roman, c'est trop beau pour être vrai. Marina Carrère d'Encausse est médecin et journaliste, elle signe ici son premier roman après avoir écrit pour des journaux médicaux. Après le dernier chapitre, Le crime d'honneur- par la fondation Surgir qui lutte contre les violences faites aux femmes nous explique cette pratique. Je vais mettre cette explication par le biais d'une citation, c'est assez long. Un roman poignant s'il en est, je ne dirai pas qu'il se termine par une note d'espoir, parce que justement ces pratiques ont toujours cours au 21ème siècle.
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Une femme entre deux mondes

Une femme entre deux mondes est le dernier opus de Marina Carrère d'Encausse. C'est ma première rencontre avec cet auteur.



Valérie, journaliste et romancière, est mère de deux adolescents, Caroline et Thomas. Divorcée d'une première union, elle rencontre Olivier, écrivain, lors d'une séance de dédicace.



Elle tombe sous son charme, mais cette relation ne va pas perdurer.



Alors, avec son éditeur, elle se rend dans une prison pour femmes afin de présenter son dernier livre.



Une détenue se distingue parmi le groupe. Cela n'échappe pas à la surveillante. Alors, malgré ses mises en garde, elle va entamer une relation épistolaire avec Valérie.



Quelque chose se noue à l'insu des deux femmes…Après avoir obtenu des parloirs deux fois par semaine, Valérie éprouve un profond malaise, qu'elle n'arrive pas à verbaliser. Elle est libre mais captive de son passé.



Il s'agit de la mémoire traumatique. Elle consulte alors son psychiatre qui lui propose des séances d'hypnose éveillée (EMDR) qui au fil des séances prend mots. Valérie s'allège alors d'un lourd secret de famille. Les visites au parloir s'intensifient. Que s'est-il passé pour que Nathalie reste floue sur les circonstances de son incarcération.



Que cache-t-elle ? Pourquoi reste-t-elle silencieuse sur son enfermement, exceptée qu'elle purge une lourde et longue peine.



Une femme entre deux mondes est une magnifique histoire sur la quête identitaire, sur les secrets de famille, les pervers narcissiques, l'amitié entre deux femmes.



Un roman vibrant aux multiples rebondissements sur les conditions de la femme tantôt libre, tantôt emmurée.



Que nous réserve ce roman qui a un parfum de vécu ?

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Une femme entre deux mondes

Voici un roman sensible, vibrant qui conte une relation entre deux femmes que tout séparait à priori et pourtant elles vont nouer une relation forte à travers leur souffrance mutuelle, une rencontre qui changera le cours de leur vie.



Valérie, journaliste et écrivain, mére de deux enfants adolescents, divorcée, présente son dernier livre au sein d'une prison de femmes .

Elle rencontre Nathalie, condamnée à une longue peine, leur relation va s'approfondir au fil des "parloirs ".......

À l'aide de l'écriture simple , bienveillante et douce de l'auteur nous plongeons dans le monde clos, froid, inhumain de l'incarcération , l'arrêt brutal des parloirs,la lourdeur des procédures, le non respect de la dignité de ces femmes à qui on ne fournit pas de quoi garnir leur intimité chaque mois, le dénuement, l'enfermement, l'isolement , la dureté........

Une très belle histoire empreinte d'émotions intenses, pétrie de surprises et de secrets enfouis, de douleurs incommensurables.

Lorsque Valérie pénétre dans cette prison, elle ne mesure pas jusqu'à quel point sa vie va évoluer et qui va "vraiment" aider l'autre ? C'est elle qui désire aider Nathalie à rompre son isolement ?

Et pourtant ?

Pourquoi at-elle le sentiment de ne pas savoir aimer, d'être en danger permanent d'effondrement , de mériter ces souffrances , de vivre sur un mensonge ?

Pourquoi manque t- elle autant de confiance en elle ?

Et pourquoi accepte t- elle d'être rabaissée et humiliée par son ami ? La liberté et l'amour ont t-ils le droit d'exister ? L'attirance nait - elle à travers le secret de souffrances enfouies, refoulées? Ignorées ?

Un magnifique portrait de ce duo de femmes à l'écoute mutuelle, qui se livrent avec force , fin, généreux, que l'on n'est pas prêt d'oublier grâce à l'écriture élégante, parfaitement travaillée qui nous parle avec humilité et retenue , bienveillance , de ce milieu carcéral que l'on ne connaît pas !

Il ouvre quantité de pistes de réflexion, à nous qui sommes "Libres !"

Un bel ouvrage addictif que l'on ne lâche pas, à la fin forte , qui fait malgré tout espérer en une renaissance !
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Une femme blessée

Dans cet hôpital irakien, le chirurgien Omar soigne des femmes brûlées. Presque toutes prétendent avoir été maladroites avec le réchaud à kérosène en préparant le repas. Il est vrai que le voile et la longue tunique entravent les mouvements et ne sont pas ignifugés.



La réalité est encore plus tragique, puisqu'il s'agit rarement d'accidents.

Ces femmes sont pour la plupart victimes de 'crimes d'honneur'.



« La femme blessée » (bel euphémisme, vu ce qu'elle a enduré) en question est Fatimah. On apprend peu à peu ce qui lui est arrivé - très lentement, car sa parole ne se libère pas facilement et l'omerta règne dans la famille.



Ce récit est instructif, poignant et révoltant. Dommage que le ton soit un brin naïf, comme si le narrateur était un enfant - ce qui est parfois le cas avec la bouleversante petite Farah -, et le dernier chapitre si rocambolesque.



Marina Carrère d'Encausse a choisi de situer son roman dans le Kurdistan irakien. J'ai apprécié qu'elle précise en postface que ce type de violence envers les femmes n'est pas spécifique à cette région du monde, ni aux musulmans :



► « Selon l'ONU, au moins 5 000 femmes sont tuées chaque année au nom de l'honneur.

Il s'agit d'une tradition d'origine babylonienne répandue dans les sociétés patriarcales du Moyen-Orient, au Pakistan, en Turquie, au Tchad et dans certains régions d'Amérique latine.

On en retrouve déjà les prémices dans la société arabe avant la naissance de l'islam.

Elle est pratiquée dans tous les milieux socio-culturels, ne répond à aucune loi et n'est pas d'ordre religieux puisque des personnes de confessions différentes la pratiquent.

Cette coutume cruelle légitime l'assassinat, par un membre de la famille, d'une fille ou d'une jeune femme suspectée d'avoir enfreint le code d'honneur familial. [...] C'est le père, un frère, un cousin ou une personne désignée par la famille qui se charge de venger l'honneur familial, souvent un mineur ne risquant qu'une petite peine.

Différents moyens sont utilisés pour assassiner ces femmes, elles sont le plus souvent empoisonnées, égorgées, fusillées, étranglées, poignardées ou encore arrosées d'essence puis brûlées.

Le criminel, son forfait accompli, est accueilli comme un héros par sa famille, il se rend souvent de lui-même à la police, qui encourage généralement son geste. »

___



Comme pour l'infanticide des bébés filles en Chine, pour les 'Bacha posh' ou pour l'excision, il est effrayant de constater que les hommes ne sont pas les seuls à perpétuer la tradition. Des femmes aussi peuvent s'avérer particulièrement zélées.

___



• Merci Sandrine ! 😉
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Une femme blessée

Kurdistan irakien. Fatimah, jeune maman de 4 enfants, dont un garçon décédé, est hospitalisée à l'hôpital des grands brûlés. Elle est prête à se laisser mourir ; seul le bébé qu'elle porte en elle la rattache à la vie.

Progressivement, grâce au docteur Omar, à Kamal le kiné et surtout à sa rencontre avec Malika qui vient de perdre son fils, elle reprend confiance.

Pendant ce temps, au village, dans la belle-famille de Fatimah, la vie continue comme si la jeune femme n'avait jamais existé. Seules ses deux filles aînées semblent préoccupées par son absence.

C'est à Malika, devenue son amie, que Fatimah confiera une partie de son secret...



Le hasard a voulu que je lise ce livre au moment où les talibans reprennent le pouvoir en Afghanistan. Il y aura probablement, hélas, des milliers de nouvelles Fatimah dans les villes et les villages de ce pays...

L'histoire que nous raconte Marina Carrère d'Encausse est celle de la place des femmes, dans les familles et auprès des hommes, dans ces pays où les traditions sont pesantes et où la lutte pour l'égalité des sexes est encore balbutiante, voire interdite. Si l'on y rencontre quelques hommes éclairés et bienveillants (le docteur, le kiné, l'instituteur), la cellule familiale reste dominée par les hommes et la belle-famille, la place de la femme étant réduite à la portion congrue.

Si le lecteur croit comprendre assez vite quel est le secret de Fatimah, l'auteure le détrompe en en rajoutant progressivement dans l'horreur et même la perversion, et il faut atteindre les derniers chapitres pour retrouver un peu d'espoir.

Ce livre, qui traite d'un sujet de société particulièrement difficile et source de conflits (nous avons oublié ce qu'était la condition de la femme occidentale il y a un siècle ou deux !) se lit comme un thriller. Cela tient à la qualité de l'écriture, et à la façon dont l'auteure dévoile peu à peu les secrets de l'existence de son héroïne.

L'espoir malgré le poids des traditions ?
Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
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13 à table ! 2023

Ce recueil de nouvelles au profit des restaurants du coeur devient un classique, à ne pas rater d'abord pour la solidarité, mais également parce qu'on peut y faire de belles découvertes.



Le thème pour l'édition de l'année 2023 est "La planète et moi..." ; un thème que les auteurs contributeurs ont parfois très librement interprété.



Le résultat est un très bon cru !



- J'ai beaucoup aimé : Lobo de Karine Giebel ; La planète et moi et moi et moi... de Raphaëlle Giordano ; Les encapuchonnés de Romain Puértolas ; C'est ainsi que l'orange continue de bleuir de Mohamed Mbougar Sarr ;



- J'ai bien aimé : la préface de Thomas Pesquet ; La Binette de Françoise Bourdin ; La mèche est dite de François d'Epenoux ; Ne jetez rien, cuisinez tout de Cyril Lignac ; Le Choix du monde d'Agnès Martin-Lugand ;



- J'ai moins aimé : Les vertiges du vide de Marina Carrère-d'Encausse ; Ma planète à moi d'Alexandra Lapierre.



On se précipite chez son libraire pour un geste solidaire et de très bons moments de lecture !




Lien : http://michelgiraud.unblog.f..
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Une femme blessée

Difficile d'évaluer un tel roman.



Si on se place d'un point de vue littéraire, on pourra apprécier la justesse des personnages et du ton, et déplorer le manque d'originalité du sujet ou la fin un peu complaisante...



Mais il est impossible d'aborder ce livre sous l'angle littéraire uniquement, car il reflète la terrible réalité pour de nombreuses 'femmes blessées' lors de crimes d'honneur infâmes souvent perpétrés par leur propre famille et pour des motifs imaginaires...



C'est donc aussi et surtout un témoignage, un cri d'alerte face à ces horreurs encore bien trop répandues. Si on le lit comme tel, ce livre est très réussi, poignant, tragique mais ne fermant pas la porte à la tendresse et à l'optimisme.



Décidément, il doit y avoir un gène de l'écriture chez les Carrère/Carrère d'Encausse...
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Une femme entre deux mondes

Valérie est journaliste dans un magazine féminin et elle écrit des romans.

Elle a deux grands enfants avec qui elle a des relations harmonieuses.

Après de longues années d'un couple heureux, son mari l'a quittée pour vivre avec une autre femme. C'est très pénible pour elle.

Lors d'une séance de dédicace, elle rencontre un autre écrivain, Olivier avec qui elle entame tout de suite une relation intime. Il est charmant jusqu'au jour où il lui montre un visage effrayant au retour d'un séjour à Venise et ce n'est qu'un début.

Valérie se rend dans une prison, un quartier où elle rencontre des femmes incarcérées.

Elle approfondira ses entrevues avec l'une d'elles, ancienne psychanalyste. Celle-ci lui ouvrira les portes vers des facettes de sa personnalité qu'elle ignorait jusqu'à ce moment .

Elle découvrira un très lourd secret lié à son enfance et caché avec une extrême générosité par sa mère et ce, afin de la protéger.

C'est un roman très bien construit, avec des passages extrêmement poignants, une écriture et un style très précis et clairs.

Comme dans "Une femme blessée", le précédent roman de Marina Carrère d'Encausse, j'ai apprécié que les faits se terminent par une note raisonnablement optimiste malgré le côté dramatique de la situation.

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Une femme entre deux mondes

A l’issue d’une précédente lecture dense et prenante, j’ai caressé l’idée d’un roman léger m’offrant un répit de tension…Raté !

Pourtant, au départ l’histoire de Valérie m’apparait superficielle presque insignifiante.

Toutefois, assez rapidement cette femme un peu paumée dans sa vie affective va se métamorphoser dès ses échanges épistolaires et sa rencontre en prison avec Nathalie, incarcérée pour vingt ans. Il en résultera une séquelle de questionnements dans le plus pur style : What’s about my life ?



Marina Carrère d’Encausse que j’ai toujours vue joviale voire carrément hilare lors d’extraits télévisuels, livre ici un roman assez sombre où deux femmes que tout semble opposer vont se télescoper, dévoiler leurs blessures et divulguer leurs traumatismes enfouis au plus profond d’elles-mêmes dans un élan de confiance mutuel.



La fluidité du texte et l’enchainement de cours chapitres alimentent un rythme soutenu qui m’a conduit à un prompt dénouement auquel, assurément, je ne m’attendais pas.



Au passage, dans ce roman qui cache bien son jeu sur les relations apparentes entre parents et enfants, j’ai appris ce qu’était l’EMDR (Eye Mouvement Desensibilisation and Reprocessing). C’est un processus médical pour le traitement d’évènements traumatiques où le thérapeute passe ses doigts devant vos yeux et vous traite par vos propres mouvements oculaires provoquant une stimulation bi-sensorielle alternée. Durant ce laps de temps le patient tente de se concentrer sur le souvenir traumatisant et verbalise ce qu’il ressent.

Il est censé révéler ses troubles cachés.



« S’il te plait, arrête ce balayage stupide avec tes doigts devant mes yeux pendant que j’écris ce commentaire, tu m’énerves maintenant ! Si tu crois que je vais te raconter le fin mot de l’histoire, expérimente le FDŒ (se Fourrer le Doigt dans l’Œil). »



Entre la prison, les troubles du comportement, les humiliations, la culpabilité et les chocs émotionnels de l’enfance…Pour l’apaisement, je repasserai !



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13 à table ! 2022

Je ne sais pas à quel tome de 13 à table nous sommes arrivés, mais c'est pour ma part le cinquième que je lis (2018-2022).

Cette année, les auteurs devaient plancher sur le thème des souvenirs de vacances. Et je dois reconnaître que c'est plutôt réussi. Pour moi, sans doute le meilleur recueil de ces cinq dernières années.

Et puis, pour l'achat d'un livre à cinq Euros, vous vous faites plaisir en permettant aux Restaurants de financer quatre repas. Vraiment aucune raison d'hésiter !



- J'ai adoré : "Petite vacance" de François Morel ;

- J'ai beaucoup aimé : "Souvenirs d'enfance", de Marina Carrère d'Encausse ; "L'Ascention", de Karine Giebel ; "L'abat-jour cramoisi du vieux sémaphore", de Alexandra Lapierre ; "Le coup de folie des vacances", de Agnès Martin-Lugand ; "La nuit de juillet", de Étienne de Montety ; "Martine", de Romain Puértolas ;

- J'ai bien aimé : "On ne joue plus", de François d'Epenoux ; "Poulet rôti à l'origan frais et au citron", de Cyril Lignac ; "La chambre verte", de Leïla Slimani ;

- J'ai moins aimé : "Le fugitif", de Tonino Benacquista ; "Un faire valoir", de Françoise Bourdin ; "Dag Hammarskjöld", de Jean-Paul Dubois ; "Les étés", de Marie-Hélène Lafon ; "Génie et Magnificent", de Tatiana de Rosnay.
Lien : http://michelgiraud.fr/2022/..
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Une femme blessée

Marina Carrère d'Encausse est la fille de l'académicienne Hélène Carrère d'Encausse. Elle est médecin et anime, avec son confrère Michel Cymes, le magazine de la santé sur France 5.

C'est son premier roman ici et pour un coup d'essai c'est un coup de maître.

L'histoire se passe à Souleymaneh, dans le Kurdistan irakien.

Une jeune femme, Fatima, est soignée pour des brûlures au troisième degré qui ont atteint particulièrement son visage.

Brûlure au kérosène.

Très vite, il s'avère que ce n'est pas un accident mais que ce serait plutôt "un crime d'honneur", pratique hélas encore répandue au Moyen-Orient: Turquie, Pakistan, Tchad et même certains pays d'Amérique latine. Une pratique d'origine babylonienne et qui aurait existé déjà avant la naissance de l'islam.

En quoi consiste cette coutume?

Il s'agit de "venger" l'honneur d'une famille si une jeune femme a un comportement jugé "indécent" ou simplement si la jeune fille veut épouser un jeune homme qui "ne convient pas". Un homme de la famille est désigné pour "laver l'honneur" de la famille, en l'occurence occire la soi-disant coupable.

Divers moyens sont utilisés mais "la vengeance au kérosène" a malheureusement le vent en poupe..

Les assassinats ne sont pas vraiment punis par la justice locale puisque les peines sont souvent légères.

Le livre de Marina Carrère d'Encausse est un douloureux témoignage sur une pratique hélas encore répandue dans certains pays.

La psychologie des personnages, les coutumes, le poids du patriarcat, l'enfermement des femmes, tout cela est magnifiquement rendu.
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13 à table ! 2022

le cru 2022 a pris pour thème les vacances, on pense à une période libératrice, festive... Ce qui ne sera évidemment pas le cas dans certaines des nouvelles présentées.



Je ne vais pas faire un inventaire de mon ressenti concernant chacune d'entre elles, c'est pénible à lire et peu intéressant. Comme pour les autres parutions, certains textes se détachent, quelques-uns seront vite oubliés.



Sur mon podium personnel , qui n'engage bien sûr que moi, la médaille d'or revient à " Génie et Magnificent" de Tatiana de Rosnay, les deux vieilles dames indignes qui se retrouvent et retrouvent aussi le goût de la vie , notamment en évoquant des vacances communes, alors qu'elles étaient adolescentes, m'ont beaucoup plu. La médaille d'argent , je l'attribue au " Fugitif" de Tonino Benaquista, ce rôle de figuration qui se révèle un symbole est fort émouvant...Enfin, médaille de bronze à " La nuit de juillet" d'un auteur que je découvre, Étienne de Montety. Il fait référence à l'été 1982, et mes souvenirs très forts s'associent à ceux de la jeune fille , personnage principal: coupe du monde de football, Genghini ( j'étais fan...) , alors que je passais l'oral du CAPES à Paris, dans une ambiance électrique, et en plus il est question d'Elisabeth Barbier, dont j ai adoré " Les gens de Mogador" et de " J'ai quinze ans et ne veux pas mourir" de Christine Arnorthy. Je me suis reconnue dans cette période...Vous voyez, très subjectif, mon podium!



Romain Puertolas amuse et inquiète avec son speed-dating .Karine Giebel fait dans l'horrible, Leila Slimani dans l'ambigu et le cruel. Marie-Hélène Lafon présente des étés inoubliables à la campagne...mais arrêtons-nous là.



Ce qui est essentiel, c'est cette solidarité toujours présente, à laquelle, nous, lecteurs, pouvons nous associer. Alors, achetez ce recueil ! Il mérite toute votre attention!
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Une femme blessée

Très beau roman qui raconte l'histoire de Fatimah, femme du Kurdistan irakien.

Elle arrive grièvement brûlée à l'hôpital des grands brûlés de Souleymanieh.

Là, elle se retrouve abandonnée de sa famille.

Elle est magnifiquement soignée, opérée et entourée de beaucoup de respect.

L'auteure nous livre souvent des détails techniques de soin,mais juste ce qu'il faut.

Le roman commence dans une ambiance noire mais l'amitié, la tendresse vont revenir dans la vie de Fatimah.

L'écriture est simple, belle, agréable à lire et les 2 dernières pages nous informent sur les crimes d'honneur souvent acceptés dans les pays arabes.
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13 à table ! 2022

Un petit recueil agréable à lire, ce sont en principe des auteurs que j'apprécie. Ce que j'apprécie moins ce sont les nouvelles, trop court j'ai à peine le temps d'entrer dans l'histoire qu'elle est terminée et j'en redemande !

Ma préférée fut celle de Karine Giebel.

Je m'y suis mal prise j'aurais dû en lire une de temps en temps sans m'acharner sur le livre complet, je saurai pour une prochaine fois.

Un conseil aux futurs lecteurs, quelque soit l'année, lisez une nouvelle, digérez la avant d'entamer la suivante, c'est la meilleure façon de les apprécier.

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Une femme entre deux mondes

Bouleversante rencontre entre deux femmes, l’une incarcérée pour une longue peine, et l’autre qui se sent illégitime au bonheur et à la liberté. Une rencontre décisive pour l’une comme pour l’autre où l’écoute, la complicité, le soutien et la tolérance seront essentiels. J’ai aimé le fait que l’auteure ne tombe ni dans la facilité ni dans le cliché. En effet, ce n’est pas celle que l’on croit qui va sauver l’autre. Mais je ne révélerai pas comment… La fin est une claque !



C’est le deuxième roman de Marina Carrère d’Encausse, médecin et chroniqueuse sur France 5. Comme pour le précédent, je suis très touchée par la sensibilité et la féminité qui se dégagent de son écriture. Je vous le conseille vivement !
Lien : https://missbook85.wordpress..
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Une femme blessée

Un premier roman poignant sur les conditions de vie d’une femme Fatimah qui vit au sein de la famille de son mari dans un petit village du Kurdistan irakien. Que dire de ce roman, Fatimah est une femme remarquable, pleine de courage, d’amour, aucune haine et pourtant elle pourrait en avoir. Le roman commence à l’hôpital, pas n’importe lequel, l’hôpital de brûlés « peut-être la pire des blessures que le corps et l’esprit puissent endurer. Et ici, ce sont les femmes qui souffrent ». Fatimah vingt-trois ans occupe un lit, l’équipe médicale vient de la doucher pour enlever toutes les peaux mortes et rincer le kérosène encore sur sa peau afin qu’il ne pénètre pas plus dans son derme. L’auteur nous fait entrer dans la vie de Fatimah, nous allons au fur et à mesure comprendre ce qui lui est arrivée, Comment ? Pourquoi ?

Je n’ai pas lâché ce livre que j’ai lu plus comme un témoignage plus qu’un roman, l’auteur c’est très bien nous amener progressivement vers chaque personnages, tour à tour ils peuvent s’exprimer, on comprend la tragédie que vit Fatimah.

Et comme le souligne l’auteur à la fin du livre 5000 femmes sont tuées chaque année au nom de l’honneur, c’est une tradition répandue au Moyen Orient, Pakistan, Turquie, Tchad et certaine région d’Amérique latine comme le Brésil, ce n’est pas une question de religion, ni de milieux socioculturels c’est un code d’honneur familiale.

Je recommande vivement ce livre pour mieux comprendre l'horreur, les conditions que vivent des milliers de femmes.

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Qui a écrit ça ? [3]

QUEL ROMANCIER A ECRIT CES PHRASES: « Nous disons bien que l’heure de la mort est incertaine, mais quand nous disons cela, nous nous représentons cette heure comme située dans un espace vague et lointain, nous ne pensons pas qu’elle ait un rapport quelconque avec la journée déjà commencée et puisse signifier que la mort — ou sa première prise de possession partielle de nous, après laquelle elle ne nous lâchera plus — pourra se produire dans cet après-midi même, si peu incertain, cet après-midi où l’emploi de toutes les heures est réglé d’avance » ?

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