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Citations de Marjorie Tixier (82)


Elle ne bavarde jamais, n’oublie jamais rien et tout le monde dit qu’elle est sage comme une image. Rire ne fait pas partie de son vocabulaire, s’amuser non plus. Moi, je préfère avoir des punitions, manger des bonbons et faire passer des petits mots en cachette pour faire pouffer mes copines. Avec Julie, ça ne marche pas, elle ne rigole jamais, c’est même tout le contraire.
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J’ai surtout appris à ne plus me sentir coupable. Longtemps je me suis reproché de n’avoir pas compris la souffrance de ma femme, de l’avoir précipitée vers la mort en lui demandant un enfant. Mais c’est la vie, on ne décide pas de ces choses-là. Il faudrait rester modeste et cesser de croire qu’on est responsable de tout.
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Ma femme lisait Marguerite comme on cueille une fleur, avec plaisir et culpabilité. Pour elle, s’appeler Marguerite, c’était être une femme libérée. Marguerite, comme la fleur amicale, le disque portant les caractères de la machine à écrire, la perle qui dissimule une âme unique.
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À part courir, je n’ai pas de passion. Tout en moi est dévoué, offert, surtout pour Julie, mon aînée, qui me réclame beaucoup d’attention. Elle craint toujours que je ne l’oublie, pourtant jamais je ne l’ai laissée de côté, jamais je ne l’ai négligée, mais toute ma tendresse va pour Annie, allez savoir pourquoi je la préfère. Il paraît qu’une mère reste plus attachée au dernier de ses enfants qu’elle estime avoir toujours à protéger. Annie n’a pourtant pas besoin de moi.
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J À mon âge, on ne se prononce plus, on se dit qu’on ne peut rien prétendre tant qu’on n’a pas vécu les choses. On espère simplement que ça ne nous arrive jamais. Alors, pour protéger mes filles, je leur interdis d’aller se promener seules dans les bois.
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- Arrête de te focaliser sur ce que tu appelles un handicap. Je ne veux pas le nier, évidemment, mais les mots que tu emploies t’enferment dans une vision négative. Tes jambes seront belles. Plus belles qu’avant. Des jambes de statue qui marche. Tu te souviens que tu les trouvais trop épaisses ? Tu disais que c’était à cause du sport. Eh bien, je te les ferai fines et galbées comme tu les aimes. L’art est capable, sinon de guérir, du moins de donner d’autres couleurs à l’existence. On peut s’en servir pour remplacer ce que tu as perdu, sous une nouvelle forme.
- - Sans doute, mais sache que tu me prives par là d’une bonne raison de ma plaindre !
- Agnès verse le thé et pose la tasse brûlante devant Félice.
- - Au lieu de te dénigrer, parle-moi plutôt de ton petit protégé, dit-elle avec curiosité.
- Félice souffle sur sa tasse et fait pivoter son fauteuil pour se rapprocher d’Agnès.
- - Il était fidèle au poste ! Il s’est jeté sur mes genoux pour récupérer ses brindilles. Heureusement que j’avais la couverture !
- Les enfants n’ont pas peur de la différence.
- Ils posent des questions embarrassantes.
- Il suffit de leur répondre sans embarras.
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En dévalant la rampe pour quitter la maison, Félice appuie de toutes ses forces sur les roues motrices. Elle veut gagner en vitesse. Ses jambes rebondissent dans le sac accroché au dossier de son siège. Elle les sent bouger comme une femme sent l’enfant dans son ventre. Une partie d’elle-même désormais. Intrinsèque et définitive.
Pas question de faire pitié ne de dépendre trop longtemps des autres. Félice pousse sur ses bras pour que la douleur se transforme en autonomie. Inutile de se morfondre ou de douter. Il faut agir quand les doutes cisaillent les nuits, réagir quand la peur paralyse au lieu de renforcer.
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Avec les années, il a appris à la deviner. Si elle dort beaucoup, il sait que le passé est sous contrôle, comme si elle était sous calmants, mais quand les rêves sont de retour, elle s’agite et devient triste, de plus en plus triste jusqu’à ce que ses nuits s’apaisent à nouveau. C’est un cycle auquel ils se sont pliés sans se l’expliquer.
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Quand la mère et son enfant ont totalement disparu, Rosanie remonte son col et se lève pour rentrer chez elle. A son retour, le repas est prêt et Antonin l’attend en lisant le journal. Elle est consciente de son retard et s’étonne que son mari ne lui adresse aucun reproche, comme s’il la laissait faire. Parce que ses cheveux tressés n’ont pas encore fini de sécher, il sait qu’elle est retournée aux thermes, mais il ne veut surtout pas la brusquer, ou pire, lui donner l’impression qu’il la surveille et lui demande des comptes. C’est comme un contrat tacite entre eux, une promesse pour éviter de retomber dans le cercle vicieux qui a poussé Rosanie à s’enfuir. Il sent qu’il ne doit surtout pas ressembler à l’autre, même si Rosanie ne lui en a jamais parlé. Avec les années, il a compris qu’elle a voulu échapper à une emprise étouffante, quitte à en perdre la vie.
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Le passé lui fait oublier la femme qui, pareille aux statues, ne bouge pas. Quand Félice lève la main pour demander qu’on actionne le siège élévateur, elle sent ses pieds remuer et croit les voir s’ébattre comme des poissons volants à la surface de l’eau. C’est une illusion, une image inventée de toutes pièces, mais bien réelle pour elle. Ce qui est perdu peut encore vibrer à travers son corps comme avant, grâce à son esprit, et c’est peut-être une consolation. Pour éviter qu’on ne voie ses cicatrices, elle pose ses mains sur ses moignons tandis qu’on la soulève dans un harnais suspendu à un timon en acier. Le siège élévateur monté sur trois roues en caoutchouc lui fait l’effet de ces grues tentaculaires qui élèvent les conteneurs pour les charger sur les cargos. Fixée à cet engin, Félice se prend pour une chrysalide suspendue à une branche. Elle regarde droit devant elle en souriant afin de forcer les baigneurs à se concentrer sur son sourire plutôt que sur ses jambes.
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Parfois, elle a vraiment besoin de parler, mais elle ne le fait pas. Elle ne peut pas, même si elle le veut. Rien à faire, aucun son ne sort de sa bouche, rien que du vent, un vent doux de silence et, après tant d’années, elle doute même de savoir encore articuler un mot si sa voix revenait.
Le feu crépite. Son mari s’est assoupi dans le fauteuil. Elle le regarde et admire sa beauté. Depuis quelques temps, il se laisse pousser la barbe. Elle ne lui a pas écrit qu’elle le trouve beau ainsi, mais elle y pense souvent. Elle le regarde et l’aime comme au premier jour, plus qu’au premier jour, parce qu’il lui a sauvé la vie.
Et pourtant elle n’est pas heureuse.
Ce n’est pas de son fait.
Elle le regarder et voit le bonheur lui filer entre les doigts, leur filer entre les doigts.
Elle voit le sacrifice de leur amour.
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Les deux femmes se retrouvent en bas des escaliers, blonde et brune, toutes deux debout. Chacune a sa cicatrice convexe quelque part, chacune porte sur elle le bleu d’un souvenir à transformer pour se construire autrement.
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Pour l’une le repos du corps, pour l’autre celui de l’âme. Leur duo résume la consolation que prodigue l’oubli, si éphémère soit-il.
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Elle sait qu’un regard suffit parfois à s’attacher pour la vie.
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- Il faut se connaître pour s’aimer
- Pas forcément. L’amour est un choix aussi. Un moyen de composer son existence et de s’y tenir
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Je suis mort il y a longtemps. De cette mort de terre et de vent qui s’oublie aussitôt. Ma mémoire est un corps en décomposition caché dans un cercueil de fer. Je vis dans le froid, je vis dans la nuit, je vis de ma destruction survécue.
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Elle attend une remarque, un petit quelque chose, une ébauche de réaction, mais nul n’écoute ses prouesses vocales (ses délires, pense-t-on, sans le lui dire) ; alors elle serine, se plaint, invente des stratagèmes pour parvenir à ses fins. Tout le monde s’accorde à penser que c’est une lubie vouée à amuser la galerie, un caprice de petite fille qui lui passera avec le temps.
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Premières œillades, premiers sourires. Ce sont les préliminaires avant de s’offrir une bière ou une limonade en échange d’un baiser furtif. Le vrai baiser est donné ailleurs, loin de ses regards d’enfant curieuse, dans une voiture le plus souvent. Le scénario est tellement prévisible qu’elle ne peut s’empêcher de rêver plus grand.
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Transportée, elle s’imagine improviser sur les notes de l’accordéon. Elle rêve de chanter avec la voix des anges, limpide et haut perchée, cristalline et sans échardes.
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La mère surveille, laisse sa fille grandir tout en imitant chacun de ses gestes, fière de l’avoir à ses côtés comme un clone en miniature.
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