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Citations de Marlen Haushofer (339)


Le passé et le futur baignaient la petite île de l'ici et du maintenant.
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Autrefois, bien avant qu'il soit question du mur, j'ai parfois souhaité être morte pour enfin être libérée du poids qui pèse sur moi. Je n'ai jamais osé parler à quiconque de ce lourd fardeau, un homme ne m'aurait pas comprise, quant aux femmes elles ressentaient la même chose. C'est pourquoi nous préférions nous entretenir de robes, d'amies ou de théâtre et rire ensemble, sans jamais perdre de vue ce souci qui nous dévorait en secret. Chacune de nous le connaissait et c'est la raison pour laquelle nous n'en parlions pas. Car tel est en effet le prix qu'on doit payer pour être capable d'aimer.
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Je n'ai jamais eu peur la nuit dans la forêt alors qu'en ville je ne me suis jamais sentie tranquille. Pourquoi en est-il ainsi, je l'ignore, sans doute parce que dans la forêt je n'avais pas peur de rencontrer des hommes.
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Le souvenir, le deuil et la peur existeront tant que je vivrai et aussi le dur labeur.
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Peut-être suis-je un peu folle sans le savoir. Cela n'aurait finalement rien d'étonnant. La folie qui s'est emparée de toute ma génération est la conséquence d'événements que nous n'étions pas capables d'assumer. Il existe vraisemblablement des événements qu'aucune génération n'est à même d'assumer. Nos enfants doivent avoir l'impression que leurs parents sont bizarres et incompréhensibles. Mais peut-être eux aussi connaîtront-ils un jour une situation analogue et ce jour-là ils seront distancés comme nous le sommes aujourd'hui et tous ceux qui les regarderont de l'extérieur les trouveront incompréhensibles à leur tour.
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Ce dix mai en me réveillant, je pensai à mes enfants, comme à des petites filles qui trottinaient main dans la main sur le terrain de jeux. Les deux autres à peine adultes, plutôt désagréables, peu aimantes, querelleuses, que j'avais laissées en ville, étaient devenues tout à fait irréelles. Ce n'était pas leur mort que je pleurais, mais uniquement celle des enfants qu'elles avaient été de longues années auparavant. Il est probable que ça paraîtra cruel, mais je ne vois vraiment pas à qui je devrais encore mentir aujourd'hui. Je peux me permettre d'écrire la vérité, tous ceux à qui j'ai menti pendant ma vie sont morts. ( Babel p.47)
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J’avais perdu la conscience d’être une femme. Mon corps, plus intelligent que moi, s’était adapté […]. J’avais acquis le droit d’oublier ma condition.
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Mais si le temps n'existe que dans ma tête, et si je suis le dernier être humain, il finira avec moi. Cette pensée me rend joyeuse. Il est peut-être en mon pouvoir de tuer le temps. Le grand filet se déchirera et tombera dans l'oubli avec son triste contenu. On devrait m'en avoir de la reconnaissance, mais personne ne saura après ma mort que c'est moi qui ai assassiné le temps.
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« Les choses et les pensées qui concernent ma vie dans la mansarde n’ont pas à pénétrer dans le reste de la maison. » (p. 26)
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« Il m’est parfois importun d’avoir en tête autant d’images cachées qui peuvent surgir à tout moment. » (p. 115)
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« Les médecins […] ont dit qu’il n’y avait pas de cause organique à ma surdité. J’aurais seulement oublié comment l’on entend. Cela me reviendra peut-être. » (p. 58)
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« Le passé, quel qu’il soit, doit être liquidé. C’est une démarche douloureuse devant laquelle toute ma vie, je me défile. » (p. 48)
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Mes bêtes ne prêtaient aucune attention à ma façon de m'habiller, il est clair qu'elles ne m'aimaient pas pour mon aspect.
Sans doute leur manquait-il d'ailleurs le sens de la beauté. Je ne crois pas qu'un homme aurait pu leur paraître beau.
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Il y a des moments où je pense avec plaisir au temps où il n'existera plus rien à quoi je puisse m'attacher. J'en ai assez de savoir d'avance que tout me sera enlevé.
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Marlen Haushofer
Autrefois, bien avant qu'il soit question du mur, j'ai parfois souhaité être morte pour enfin être libérée du poids qui pèse sur moi.
Je n'ai jamais osé parler à quiconque de ce lourd fardeau, un homme ne m'aurait pas comprise , quant aux femmes elles ressentaient la même chose.
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Je ne sais pas pourquoi je le fais, j'obéis à une sorte d'exigence intérieure. Si j'agissais autrement, j'aurais sans doute peur de cesser peu à peu d'appartenir au genre humain et je craindrais de me mettre à ramper sur le sol, sale et puante, en poussant des cris incompréhensibles. Ce n'est pas que je redoute de devenir un animal, cela ne serait pas si terrible, c'est qu'un homme ne peut jamais devenir un animal, il passe à côté de l'animalité pour sombrer dans l'abîme.
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Pendant le long chemin du retour, je repensais à ma vie passée qui m’apparut insuffisante à tous points de vue. J’avais réalisé bien peu de ce que j’avais voulu, et quand j’étais parvenue à réaliser quelque chose, je n’en voulais déjà plus. Il en allait probablement de même pour mes semblables. C’est ce que nous évitions d’aborder quand il nous arrivait de parler ensemble.
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[...] Je n’ai jamais perdu certaines habitudes. Je fais ma toilette tous les jours, me brosse les dents, lave mon linge et nettoie la maison. Je ne sais pas pourquoi je le fais, j’obéis à une sorte d’exigence intérieure. Si j’agissais autrement, j’aurais sans doute peur de cesser peu à peu d’appartenir au genre humain et je craindrais de me mettre à ramper sur le sol, sale et puante, en poussant des cris incompréhensibles.
[...] Je possédais encore dix boîtes d’allumettes, environ quatre mille. D’après mes calculs, elles devraient suffire pour cinq ans. Je sais aujourd’hui que mon calcul a été à peu près juste. La réserve durera encore deux ans et demi si je fais très attention.
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[...] Je me retrouvais seule dans la forêt avec une vache, un chien et un chat, privée de tout ce qui avait été ma vie pendant quarante ans.
[...] Je ne sais pas comment j’ai réussi à survivre à cette période. Je ne sais vraiment pas. Je n’ai dû y parvenir que parce que je me l’étais fourré dans la tête et parce qu’il fallait bien que je prenne soin des trois animaux.
[...] Je ne sais pas ce qu’il serait arrivé si la responsabilité de mes bêtes ne m’avait pas obligée à accomplir au moins les gestes indispensables.
[...] Mon imagination n’était plus alimentée de l’extérieur et les désirs s’apaisaient lentement. J’étais déjà bien contente quand nous étions rassasiées, moi et mes bêtes, et quand nous n’avions pas à souffrir de la faim. Même le sucre me manquait à peine.
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[...] Je ressemble davantage à un arbre qu’à un être humain, une souche brune et coriace qui a besoin de toute sa force pour survivre. Quand je me remémore la femme que j’ai été, la femme au léger double menton qui se donnait beaucoup de mal pour paraître plus jeune que son âge, j’éprouve pour elle peu de sympathie. Mais je ne voudrais pas la juger trop sévèrement. Il ne lui a jamais été donné de prendre sa vie en main.
[...] Encore jeune fille, elle se chargea en toute inconscience d’un lourd fardeau et fonda une famille, après quoi elle ne cessa plus d’être accablée par un nombre écrasant de devoirs et de soucis. Seule une géante aurait pu se libérer et elle était loin d’être une géante, juste une femme surmenée, à l’intelligence moyenne, condamnée à vivre dans un monde hostile aux femmes, un monde qui lui parut toujours étranger et inquiétant.
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