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Citations de Martin Winckler (760)


J’ai toujours pensé que soigner, c’est faire du bien ; que l’on devient médecin pour soigner ; et que, pour cette raison, un médecin a un rôle important à tenir dans la cité.
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Sorkin est un homme de gauche, ce que les Américains nomment un liberal (qui n’a rien à voir avec les libéraux ou ultralibéraux de notre côté de l’Atlantique). Avec The West Wing, il a offert à l’Amérique, et principalement à son aile la plus progressiste, un rêve éveillé, celui d’une grande nation, puissante, riche, guidée par un président intelligent et profondément moral. Autour de cet homme d’exception, une équipe d’hommes et de femmes dévoués à leur tâche, ne comptant ni leurs heures ni leurs efforts, forme un véritable plaidoyer pour le service public. Si ses détracteurs ont parlé à propos de la série de « surcharge d’information », ses zélateurs apprécient, au contraire, qu’on les traite en êtres intelligents, doués de conscience, et que les sujets débattus par ces pointures de la politique soient abordés dans toute leur complexité. On a souvent l’impression, comme dans Urgences, autre série produite par John Wells, d’assister réellement à des conversations de haut vol, auxquelles dans un premier temps on pense ne pas comprendre grand-chose, s’intéressant plutôt aux relations entre les personnages. Puis, et c’est la subtilité et le tour de force pédagogique de Sorkin, on réalise que sur des sujets aussi divers que la toxicomanie, le contrôle des armes, le recensement ou la déforestation, on vient d’assister à une présentation riche, inventive, respectant la complexité des problèmes. Car si Sorkin et la grande majorité des acteurs de la série ne masquent pas (ils auraient du mal) leur fort engagement du côté démocrate (allant pour certains d’entre eux jusqu’à s’impliquer dans la campagne d’Al Gore en 2000 et dans celle de John Kerry en 2004), la série ne présente pas une image aussi lisse et idyllique de ce gouvernement fictif qu’on pourrait le craindre.
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L’idée révolutionnaire que met en œuvre cette fiction magistrale, c’est qu’une série télévisée de qualité doit avoir de la mémoire, une conscience aiguë du monde environnant et de la suite dans les idées. À la maîtrise au long cours des histoires-fleuve qu’elle raconte, Hill Street Blues ajoute des emprunts constants à l’actualité, à la littérature, aux objets de culture dite populaire (rock et musique de jazz, comic books, romans policiers, dessins animés) et ne cesse d’expérimenter pour préparer l’avenir. Un acteur, et non des moindres, incarne à lui seul cette expérimentation permanente. À deux reprises, au début et à la fin de la série, il campe des personnages de flic équivoque. Le premier, Benedetto, est corrompu mais ne manque pas de sens moral : il se suicide. Le second, Norman Buntz, quoique moins trouble, recourt toutefois à des méthodes pas toujours orthodoxes. Sa personnalité lui vaudra de devenir l’un des protagonistes les plus marquants des deux dernières saisons, au point que le personnage sera brièvement repris dans un spin-off, Beverly Hills Buntz (1987-1988). L’acteur, c’est Dennis Franz, interprète de plusieurs films de Brian de Palma. En 1993, David Milch, producteur exécutif des deux dernières saisons de Hill Street Blues, écrira pour Franz un nouveau rôle de policier : celui d’Andy Sipowicz, flic déchu dont NYPD Blue conte la rédemption. La filiation entre Benedetto, Buntz et Sipowicz est claire. Le message l’est aussi : la création télévisée se nourrit de tout, y compris d’elle-même, et c’est une entreprise de longue haleine. À partir de Hill Street Blues, ce que les grands producteurs-scénaristes de télévision élaborent et revendiquent, semaine après semaine, série après série, c’est, tout simplement, une œuvre. Ni plus, ni moins.
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Vivre, ça se fait tout de suite.
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Quand on part, on part. Si on passe son temps à expliquer pourquoi on part, c'est qu'on n'est pas sûr de vouloir partir. Ou d'avoir le droit de partir
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Respecter ça ne veut pas dire adhérer. Ca veut dire : plutôt que de perdre son temps dans un bras de fer (j'ai raison, tu as tort), essayons de trouver un terrain commun.
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Martin Winckler
Un dernier exemple :

2008 : J’adresse au CREUM (Centre de recherches en éthique de l’Université de Montréal) ma candidature à une bourse de recherches. Elle est acceptée.

Le 14 février 2009, Le Monde publie un article d’opinion (qui m’a été demandé) intitulé "La caste hospitalo-universitaire française est l’ennemie du service public". Il attribue, avec une grande vigueur, les résistances que rencontrent toutes les tentatives de réforme du système de santé à l’archaïsme du monde hospitalo-universitaire. C’est un article polémique, et ce n’est pas le premier que je publie depuis vingt ans.

Fin février, Daniel Weinstock, directeur du CREUM, reçoit un message venu d’un vice-doyen d’une faculté de médecine française dans laquelle j’ai donné en 2003 une conférence aux étudiants de première année.

Apparemment, le vice-doyen en question n’a pas autant aimé ma conférence que les étudiants qui m’écrivent encore aujourd’hui pour m’en parler. Il n’a pas non plus aimé l’article publié dans Le Monde. Il écrit au directeur du CREUM :

Je vous prie de trouver ci-joint l’article publiée dans le monde par le Docteur Martin Winckler sur lequel il y aurait beaucoup à dire.
Cet article bourré d’approximations démontre que son auteur a une éthique un peu particulière.
Il met en valeur votre institution, "le CRéUM" mais sur le mode de la polémique, ce qui me semble aussi peu "confraternel".
Si vous avez l’occasion de venir en France, je suis prêt à m’entretenir avec vous des affirmations posées comme des dogmes par le Docteur Martin Winckler, voire en sa présence.
J’aurai d’ailleurs certainement l’occasion de m’en entretenir avec le Doyen...

Mon adresse figure sur le site du CREUM. Le vice-doyen n’a pas jugé bon de m’écrire directement.

Mais la vanité hautaine des censeurs ne s’embarrasse pas des océans - ni du ridicule.
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Martin Winckler
Devant les réactions de la presse et de l’opinion face à la censure dont avait fait l’objet Siu-lan Ko, Frédéric Mitterrand (alors ministre de la culture français) a demandé qu’on remette les bannières en place.

Cette décision venue d’en haut signifie seulement que la France ne veut pas apparaître aux yeux du monde comme un pays qui fait chez elle ce qu’elle reproche à d’autres. Qu’elle veut protéger son image. Mais elle ne change rien au problème.

L’Etat français procède rarement à des censures ouvertes. L’auto-censure (effectuée par des "serviteurs de l’état", par exemple) est un phénomène bien plus répandu, et très difficile à combattre. Si j’en crois mon expérience, il me semble même faire partie de l’attitude générale des Français lorsque, pour une raison ou pour une autre, ceux-ci entendent défendre leurs intérêts et choisissent de faire taire ou interdire toute expression d’une opinion différente de la leur. En France, quand quelqu’un dit quelque chose qui ne plait pas à un nanti, à un assis ou à un puissant (quelle que soit sa "puissance" réelle...) celui-ci ne répond pas en débattant, il répond en essayant de museler celui qui l’a offensé.
Ce n’est le plus souvent pas une attitude de défense ou de préservation, mais une attitude féodale : qui est ce manant qui me contredit ou me défie ?
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Martin Winckler
2001 Pendant une émission de grande écoute sur F2 à l’été 2001, Michel Cymès a dit une grosse, grosse bêtise ("En dehors de la pilule il n’est point de bonne contraception.") Les 500 pages de "Contraceptions" montrent qu’il a tort. Je le signale dans le bouquin, en précisant qu’on peut être médecin et journaliste et dire des bêtises sur la contraception.

Cymès m’attaque en diffamation. L’objectif de ce procès avait-il pour objet de démontrer qu’il avait raison ? Non, simplement de dire que je l’avais offensé... Manifestement, chez certains médecins, l’ego l’emporte sur l’obligation de rigueur scientifique.

(Je vous rassure, il a perdu.)
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Martin Winckler
Je trouve ça con, l’orthographe. Ne pas être "bon" en orthographe, ça n’empêche pas de parler et ça n’empêche pas d’écrire et ça n'empêche pas de penser. Balzac et Flaubert et Maupassant écrivaient comme ça leur chantait, c'est à dire n'importe comment, puisque orthographe et ponctuation ont été codifiées par les ouvriers du livre à la fin du XIXe siècle. Mais on ne dit pas aux écoliers français que les auteurs consacrés dont on leur rebat les oreilles n'avaient rien à foutre de l'orthographe. On les sanctionne alors même qu'aujourd'hui, les neurosciences nous expliquent en long et en large que tout le monde ne voit pas les choses de la même manière, et donc parfois, les lettres dans le "bon" ordre : pour bon nombre d'entre nous, le cerveau n'est pas d'accord. Punir les individus parce qu'ils ne voient pas (et n'écrivent pas) ce qu'on a décidé unilatéralement qu'il faut voir et écrire, c'est injuste et stupide. Mais ça permet de trier ; car l’orthographe, en France, c’est purement et simplement un critère de classe
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En ce temps-là, le silence et la soumission régnaient en maîtres. Les médecins statuaient. Souverainement. Mais lorsqu’un homme ou une femme sentent que leur vie n’était plus que douleur et chagrin, ces mêmes médecins ne trouvaient pas raisonnable leur désir d’y mettre un terme. Ce désir là ne pouvait pas venir d’une personne sensée, d’un individu compétent. Non seulement ils refusaient de l’entendre, mais ils menaçaient de normaliser ceux qui l’exprimaient en les internant- ou en leur collant une camisole chimique. Sauver la vie était le blason des médecins ; donner la mort un privilège de leur caste (P. 55)
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On ne leur dit pas:
Que certains les feront pleurer, d'autres rire, et que d'autres les feront vomir.
Que quand ils passeront dans le couloir en poussant le chariot, il y aura des chambres dans lesquelles ils auront envie d'entrer et d'autres devant lesquelles ils auront envie de passer en faisant mine de ne pas savoir qu'il y a quelqu'un derrière
Qu'il y aura des gens qu'ils auront envie de voir guérir, et d'autres pour lesquels ils ne ressentiront rien
Qu'il y aura des gens qu'ils auront plaisir à voir souffrir, d'autres qu'ils auront envie de voir mourir
Qu'ils auront honte de ressentir tout ça
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Je croyais que ce genre de sentiment n'existait pas.
Je croyais que les romans travestissaient la réalité.
qu'il n'y avait pas d'amour, seulement des récits d'amour.
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Même si les contrats d’exploitation autorisent les diffuseurs à couper ce qu’ils veulent, la singularité de TF1 à l’égard de ce film montre le mépris conjugué de la plus puissant des chaînes françaises pour les oeuvres, le public et la réalité historique.
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Mais comment reprocher à certains spectateurs de préférer des séries télé dans leur intégralité et en version originale plutôt que dans une mauvaise version française coupée ?
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En refusant de procréer, on empêche peut-être le prochain Mozart de venir au monde » ? Oui, c’est l’un des arguments culpabilisants – et spécieux – qu’emploient les opposants à l’avortement. Spécieux parce qu’il présuppose qu’un Mozart a plus de valeur qu’un autre être humain et qu’il feint d’ignorer qu’alors on pourrait tout aussi bien dire : « Je choisis de ne pas avoir cet enfant parce que la probabilité qu’il devienne un assassin, un alcoolique, un pédophile ou un violeur dépasse largement celle qu’il devienne un Mozart.
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Quand on choisit de ne pas procréer, on appauvrit le patrimoine génétique…
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Ce qui nous pousse à nous reproduire n’est pas spécifique à l’espèce humaine. C’est une pulsion universelle chez les êtres vivants. Mais la liberté d’un homme se définit par la distance qu’il prend à l’égard de ses pulsions. Dans un monde de raison, chaque individu devrait envisager sérieusement l’éventualité de ne pas procréer.
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Un médecin n’a rien à imposer à un patient : ni examen, ni traitement. Et encore moins le silence.
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J’ai vu tant de personnages vivre et revivre les mêmes conflits, les mêmes angoisses, les mêmes émotions, les mêmes joies que j’ai fini par confondre, parfois, la réalité et les histoires que j’avais vues sur un écran. Et, à mesure que je grandissais et que j’atteignais l’âge adulte, j’ai accumulé dans l’espace de ma mémoire un immense réservoir d’images, de gestes et d’émotions en suspens.
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