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Citations de Marylène Patou-Mathis (30)


Tous les passés n'ont pas eu d'avenir .
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Marylène Patou-Mathis
■ Sciences et Avenir : Comment expliquer l'invisibilité des femmes préhistoriques ?
- Marylène Patou-Mathis : Tout simplement parce que durant des décennies, on a reconstitué la vie au paléolithique avec un regard masculin ! Pour mémoire, la préhistoire en tant que discipline se développe en Europe vers les années 1860, dans une société patriarcale. Dans les laboratoires, les scientifiques s'attachent à mesurer les humains, à les classer en "races" et les hiérarchiser. Ils comparent les mesures prises sur les aborigènes d'Australie, les Hottentotes d'Afrique australe, les Africains… et les Blancs, à celles obtenues sur les grands singes. En fonction de leur plus ou moins grande proximité, ils élaborent des catégories inférieures et supérieures. Ils affirment que le cerveau des femmes est plus petit et en concluent qu'elles sont moins intelligentes. Résultat, elles sont considérées comme inférieures, quelle que soit la "race" considérée. Il est donc selon eux impensable que les femmes aient été capables d'inventer le feu et les outils, de chasser ou de réaliser des peintures…
Cette vision ne repose sur aucune preuve archéologique, et nous en sommes pourtant encore imprégnés ! (...)

■ Prenons la question de la division du travail. Était-elle sexuée ?
- C'est ce que pensent la majorité des préhistoriens. Ils prennent pour modèle les modes de vie des dernières sociétés de chasseurs-cueilleurs chez qui, pour la plupart, le travail est réparti en fonction du sexe. Mais prétendre que les traditions, les structures sociales de ces sociétés n'ont pas évolué durant plus de 10.000 ans, que ce sont des humains préhistoriques "fossilisés", c'est leur enlever la capacité de changer, les inférioriser. La femme n'est pas génétiquement programmée pour faire la cueillette et s’occuper du foyer ! On ne peut appliquer aux sociétés préhistoriques les cultures de celles connues aujourd'hui.

■ Une découverte récente montre l'existence de chasseuses il y a 9.000 ans au Pérou. Sur le continent américain, elles auraient représenté 30 à 50 % des chasseurs de gros gibier. Et en Europe ?
- La chasse exclusivement masculine, c'est encore un présupposé. Je pense que les femmes y participaient activement, et donnaient même la mort. Par exemple, chez les Néandertaliens, les femmes étaient extrêmement robustes : on a découvert des insertions musculaires très développées et des marques sur les os au niveau du coude, indiquant une pratique régulière du lancer. À la fin du paléolithique, ces lésions spécifiques sont observées uniquement sur les squelettes masculins. Mais les données sont encore très parcellaires. Non seulement on a attribué certaines tâches aux femmes, mais celles-ci ont été souvent considérées comme moins importantes, ce qui a conduit à minimiser le rôle économique des femmes. Mais en quoi la chasse serait-elle plus "noble" que la cueillette ?
(...)

■ Pensez-vous qu'il ait existé des sociétés matriarcales ?
- Le matriarcat suppose une domination féminine. Rien ne le prouve… mais rien n'indique non plus une domination masculine au paléolithique. Je pense plutôt qu'il a existé des sociétés matrilinéaires, dans lesquelles le système de parenté repose sur la filiation par la mère, car le lien biologique est évident. Dans ce système, les femmes assurent la pérennité du clan et la transmission des savoirs. Alors que les pères n'étaient pas formellement identifiés. On ignore quand le rapport entre la conception et l'accouchement neuf mois plus tard a été établi.
La cellule familiale telle qu'on la connaît aujourd'hui n'existait probablement pas. L'étude ADN de douze individus néandertaliens découverts sur le site d'El Sidrón, en Espagne, atteste de l'existence d'un degré de consanguinité relativement élevé : neveux/nièces-tantes/oncles, en prenant les termes d'aujourd'hui. Ce site a également révélé une société patrilocale : les femmes quittaient leur groupe de naissance pour rejoindre un autre clan auquel elles apportaient leurs savoirs et leurs traditions.

■ À quelle époque observe-t-on des sociétés patriarcales ?
- Les sépultures du paléolithique ne présentent pas de différences de traitement entre les hommes et les femmes quant au mobilier funéraire ou aux parures. Le patriarcat s'instaure selon moi au cours du néolithique. En Europe, vers 6.000 ans avant notre ère, l'abondance de nourriture et l'expansion de la sédentarisation entraînent une explosion démographique locale.
Les populations accumulent des biens, champs, bétail, réserves de nourriture… qu'il faut protéger. La société se hiérarchise, des élites et des castes apparaissent, notamment celle des guerriers. Les rapports entre les deux sexes se modifient, ce que l'on constate dans les sépultures : le mobilier funéraire est plus diversifié dans les tombes des hommes, par exemple. Les femmes présentent davantage de pathologies, peut-être dues à des grossesses répétées, mais également à une alimentation moins riche, moins protéinée. Les caries, plus fréquentes chez elles, indiquent qu'elles mangeaient davantage de féculents et de végétaux. Enfin, dans les représentations artistiques, l'image de la femme s'estompe et, à partir de 2200 avant notre ère, les divinités deviennent essentiellement masculines.
(...)

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• INTERVIEW. "L'homme préhistorique est aussi une femme".
Par Sylvie Briet le 24.01.2021 'Sciences et Avenir'
Pour en savoir plus : Marylène Patou-Mathis, L'homme préhistorique est aussi une femme. Une histoire de l'invisibilité des femmes, Allary Éditions, octobre 2020
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Tout au long du XIXe siècle, face aux disparités liées au sexe dans l'instruction, des femmes, soutenues par quelques hommes, vont lutter pour l'accès à la même éducation. Les plus grandes avancées vont avoir lieu sous la IIe République et surtout durant le Second Empire. Cependant, si les lois de Duruy (du 10 avril et 30 octobre 1867) obligent les communes de plus de 500 habitants à créer des écoles primaires et secondaires de filles, les programmes restent définis en fonction des rôles sociaux assignés aux femmes : travaux ménagers et puériculture.
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«Toute l'histoire des femmes a été faite par les hommes», écrivait Simone de Beauvoir. Sans surprise, le regard porté sur les humains préhistoriques est masculin. Les premiers préhistoriens vont calquer sur leur objet d'étude le modèle patriarcal de la répartition des rôles entre les sexes. On retrouve cette vision genrée jusqu'au début de la seconde moitié du XXe siècle, période pendant laquelle l'étude de l'évolution humaine demeure une sphère intellectuelle investie essentiellement par des hommes. Les travaux menés en anthropologie, en préhistoire et en archéologie peuvent être qualifiés d'androcentrés, les rapports sociaux dans lesquels les femmes sont impliquées y étant rarement pris en considération.
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Il n'y a pas d'histoire « brute » indépendante de ce que nous sommes aujourd'hui,

Notre propre histoire et le contexte social dans lequel nous vivons influencent, voire orientent, nos interprétations, La question qui se pose à nous est : comment accepter une humanité plurielle?

Peut-être ne pouvons-nous pas interpréter les témoins laissés par Neanderthal parce que nos sociétés modernes ne sont plus capables désormais d'imaginer un autre mode de vie, une autre conception du monde que les nôtres,

Contrairement aux peuples traditionnels, nous n'aspirons qu'à dominer les êtres et les choses qui nous entourent.

Nous ne sommes plus en symbiose avec la nature, nous sommes, comme l'a écrit Vercors, « des animaux dénaturés », Pour être cap ab le de connaître le
mode de fonctionnement des sociétés passées, il faut accepter de comprendre comment les choses se font.

Malheureusement, la perte, et ici plutôt l' absence, de la connaissance et du ressenti des pratiques symboliques, qui n'ont laissé aucune trace matérielle, entraîne la perte du sens,
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Dans les sociétés celtes, les femmes étaient indépendantes ; elles étaient consultées sur les questions politiques et militaires, et avaient le droit d'arbitrer les conflits lors des assemblées. Certaines, en tant que reines, ont exercé le pouvoir suprême et conduit des armées au combat. C'est, entre autres, parce que les femmes participaient activement aux affaires publiques que les auteurs grecs et romains ont classé les Celtes dans la catégorie des peuples non civilisés.
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Si la guerre apparaît tardive, l'usage de la violence semble plus ancien, comme l'attestent les marques observées sur des restes humains du Paléolithique. En effet, dans plusieurs sites préhistoriques, des marques de désarticulation, de décharnement, de fracturation et de calcination ont été observée sur des ossements humains. Mais ces témoins de l'action d'un Homme sur le corps d'un autre Homme suscitent de nombreuses questions. Sont-ils les restes de repas cannibaliques, les témoins de rites sacrificiels ou bien encore ceux de la pratique de rites funéraires particuliers, comme le pensaient les premiers préhistoriens français de la fin du XIXe siècle ?

p.33
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Au sein des premieres églises paléochrétiennes, comme on le voit sur les fresques des catacombes romaines de Priscille (entre le IIe et le Ve siècle) restaurées récemment, des fernmes pouvaient célébrer la messe - une interprétation que conteste le Vatican. Dès que le christianisme devient une Eglise avec ses dogmes et ses lois, les fernmes sont très vite exclues des fonctions sacerdotales. Si, dans un premier temps, I'Église senble tenir un rôle protecteur à l'égard des femnes, au fur et à mesure que son pouvoir se consolide, «un mouvement régressif» se met en place. Le cas d'Hypatie est exemplaire. Elle est assassinée en mars 415 par un groupe de moines chrétiens, qui, n'acceptant pas qu'une femme soit érudite, la démembrèrent et la brûlèrent. Ils en feront, bien malgré eux, une «martyre de la philosophie», égérie des opposants au christianisme. Il faut se souvenir que ce n'est qu'en 1957 que le pape Pie XII déclara que l'homme et la femme sont égaux en droits et en dignité.
Les couvents de femmes, apparus au VIe siècle, en assurant à certaines femmes une sécurité matérielle, leur offrent la possibilité d'une vie spirituelle et parfois intellectuelle. IIs sont dirigés par des abbesses qui exercent un pouvoir égal à celui des abbés. Certaines connaîtront une grande renommée, comme au XIIe siècle, l'érudite Hildegarde de Bingen, auteure de nombreux livres.
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S'appuyant sur les textes sacrés des diverses religions, tant monothéistes que polythéistes, théologiens, savants et philosophes ont décrété des siècles durant que les femmes étaient inférieures par «ordre divin» et par «nature ». Ainsi ont-ils pu justifier leur subordination, la différenciation des deux sexes étant prétendument nécessaire à l'harmonie «naturelle» de la famille et de la société. Au IVe siècle, si saint Augustin affirme légalité des deux sexes «dans I'ordre de la grâce», c'est-à-dire au ciel, il maintient I'infériorité des femmes dans «l'ordre de la nature», c'est-à-dire dans l'histoire. Argument qui sera maintes fois utilisé pour les exclure des sphères sociale et politique.
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Reprocher à ces chercheuses féministes des préjugés en faveur des femmes — leurs travaux glisseraient vers la gynocratie et manqueraient d’objectivité —, c’est oublier à quel point les premières études de l’évolution humaine étaient empreintes de préjugés en faveur des hommes.
p13
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Sit tibi terra levis.
" Que la terre te soit légère ".

Epitaphe romaine à des êtres chers.

Durant près de trois cent mille ans, en Europe et au Proche-Orient, Neanderthal a évolué dans différents biotopes et sous différents climats. Au fil du temps, grâce à son anatomie, son métabolisme, mais aussi et surtout ses aptitudes comportementales, il a su parfaitement s'adapter à des environnements parfois hostiles et aux changements climatiques, même de forte intensité.
L'ancêtre de Neanderthal se situe parmi des migrants venus d'Afrique, des descendants d'Homo ergaster, il y a 700 000 ou 500 000 ans. C'est à partir de cette population ancestrale qu'au fil des générations les caractères propres aux Néanderthaliens se sont développés, peut-être à cause de cet isolat géographique que représente la partie occidentale de l'Europe. Aux alentours de 300 000 ans, seuls les Pré-Néanderthaliens vivent en Europe ; ils continueront d'évoluer et donneront naissance aux Néanderthaliens classiques.
[ . . . ]
. . . la disparition de Neanderthal il y a environ 29 000 ans . . .
Leur disparition semble coïncider avec l'arrivée en Europe de groupes d'hommes modernes, il y a environ 45 000 ans.
Ils ont " cohabités " pendant environ 12 000 ans.
[ . . . ]
Les Néanderthaliens n'ont pas tous disparu en même temps et au même endroit. Leur disparition résulte d'un processus relativement long et de la conjonction de plusieurs facteurs. L'hypothèse d'une démographie insuffisante paraît la plus convaincante ; ses conséquences ont été plus ou moins rapides selon les régions. Des raisons d'ordre social ou culturel peuvent également avoir eu une influence. L'arrivée d'une espèce qui lui ressemble a probablement bouleversé la conception qu'avait Neanderthal du monde qui l'entourait ; c'est le choc. Pour les hommes modernes, il en allait différemment : ils connaissaient, eux, au moins par transmission orale de génération en génération, l'existence d'autres hommes, notamment les Néanderthaliens du Proche-Orient. Comment Neanderthal a-t-il réagit ? Il a évité le conflit ! Or, lui étant plus fort et les premiers hommes modernes ni nombreux ni mieux armés, il aurait pu facilement chasser ces intrus de son territoire. Il a préféré s'éloigner, peut-être pour des raisons spirituelles - le meurtre étant, en liaison avec ses mythes, tabou. A-t-il parfois voulu ressembler aux " autres ", en adoptant leurs comportements techniques et sociaux ? Ou bien encore le stress, provoquant une mortalité plus élevée, a-t-il accéléré une baisse démographique qui lui fut fatale ? Cependant, les Néanderthaliens du Proche-Orient ont également disparu. Alors ? Neanderthal, comme d'autres espèces avant lui, était-il arrivé au terme de son évolution biologique ?
[ . . . ]
Puis le 7 mai 2010, une nouvelle extraordinaire est tombée. Une équipe internationale de chercheurs, menée par Svante Pääbo de l'Institut Max Planck d'anthropologie évolutionniste ( Leipzig, Allemagne ) et Richard Green, professeur à l'université de Californie, a mis en évidence l'existence de croisements entre des Néanderthaliens et des premiers Hommes anatomiquement modernes. Ils ont montré que génétiquement, leur génome était à 99,7 % identique, comme celui de l'homme actuel l'est à 98,8 % de celui du chimpanzé. Cette découverte signifie que certains d'entre nous possèdent quelques gênes néanderthaliens, en moyenne moins de 4 % du génome. Mais seuls les Européens et les Asiatiques sont concernés, ce qui signifie que ce croisement a eu lieu hors d'Afrique, probablement au Proche-Orient, il y a entre 50 000 et 80 000 ans.
Cette découverte est une vraie révolution, [ . . . ]
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Dès les années 1970, des anthropologues et des sociologues, notamment anglo-saxons, vont opposer à la thèse du déterminisme biologique le concept de «genre», terme qui, à la diférence de «sexe», n'a pas une connotation biologique mais culturelle. Pour ses partisans, c'est la construction sociale qui assignerait un sens aux différences sexuelle. Les psychanalystes rejettent eux aussi le principe d'une identité sexuelle biologiquement déterminée. Pour Sigmund Freud et ses disciples, la sexualité étant tout autant liée à une représentation sociale, mentale ou subjective qu'à une différence anatomique, la différence des sexes n'existe pas dans I'inconscient et aucune personne n'est spécifiquement masculine ou féminine. Ce que soutiennent également dans les annees 2000 de nombreux neurobiologistes.
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Si dans l'Occident médiéval chrétien, les femmes devaient surtout se consacrer à la maternité, elles pouvaient néanmoins exercer la médecine populaire ou être artisanes. C'est à partir du XVème siècle que ces métiers vont leur être confisqués.
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Non ! Les femmes préhistoriques ne passaient pas leur temps à balayer la grotte ! Et si elles aussi avaient peint Lascaux, chassé les bisons, taillé des outils, et été à l'origine d'innovations et d'avancées sociales ? Les nouvelles technique d'analyse de vestiges archéologiques, les récentes découvertes de fossiles humains et le développement de l'archéologie du genre ont remis en question nombre d'idées reçues et de clichés.
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« Le rôle fondamental des soins maternels dans le monde animal, cette fonction dont hérita l'espèce humaine, constitua en se développant et en se généralisant la base de ce que nous pourrions qualifier d'altruisme social : l'intérêt mutuel de chaque membre de la horde pour la sécurité et le bien-être d'autrui. » Ayant en charge les jeunes enfants, on peut penser que les femmes ont transmis les premières formes de la culture, dont le langage.
De plus, dans les sociétés préhistoriques patrilocales, en quittant leur groupe de naissance pour en rejoindre un autre, elles favorisaient les échanges de savoirs et de savoir-faire. On peut aussi imaginer qu'à cette époque l'éducation et la surveillance des enfants aient pu être une affaire collective, sans distinction de sexe, comme dans certaines ethnies africaines et rompre avec « une vision étriquée des rôles parentaux », et dans un même élan de changement de point de vue envisager que la situation des femmes ait été probablement bien meilleure qu'à certaines périodes historiques où les préceptes religieux et l'iniquité des lois ont maintenu les femmes dans un état d'infériorité et de subordination.
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Les Na, peuple agriculteur des contreforts de l'Himalaya (Chine), vivaient, jusqu'à récemment, sous le régime du nana sésé ou « visite furtive » : la nuit, les hommes se glissent dans le lit des femmes des maisons alentour. Ils n'ont aucun terme
pour désigner le père, car, selon un de leurs dictons, « la part de l'homme dans la reproduction est comme l'action de la pluie sur l'herbe des prairies: elle fait pousser, sans plus ».
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Déconstruire les argumentaires sexistes, plus idéologiques que scientifiques, c'est la tâche que s'est notamment donnée l'archéologie du genre, qui n'en est qu'à ses balbutiements. La brèche est ouverte et ne se refermera pas avant que la femme ait trouvé sa juste place dans l'histoire.
La science préhistorique joue un rôle essentiel dans ce combat, car elle sonde les profondeurs du temps, là où le patriarcat est censé trouver sa justification originelle. Or, de justification, elle n'en fournit point. Plus nos connaissances s'enrichissent, plus il s'avère, au contraire, que le patriarcat n'a aucune assise anthropologique. Il est suffisamment ancré dans nos sociétés pour avoir l'air "naturel", mais il suffit de changer d'échelle et de remonter le temps vers les sociétés les plus anciennes pour comprendre que la hiérarchisation entre les genres ne repose que sur des préjugés.
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Déconstruire les argumentaires sexistes, plus idéologiques que scientifiques, c'est la tâche que s'est notamment donnée l'archéologie du genre, qui n'en est qu'à ses balbutiements. La brèche est ouverte et ne se refermera pas avant que la femme ait trouvé sa juste place dans l'histoire.
La science préhistorique joue un rôle essentiel dans ce combat, car elle sonde les profondeurs du temps, là où le patriarcat est censé trouver sa justification originelle. Or, de justification, elle n'en fournit point. Plus nos connaissances s'enrichissent, plus il s'avère, au contraire, que le patriarcat n'a aucune assise anthropologique. Il est suffisamment ancré dans nos sociétés pour avoir l'air «naturel », mais il suffit de changer d'échelle et de remonter le temps vers les sociétés les plus anciennes pour comprendre que la hiérarchisation entre les genres ne repose que sur des préjugés. Le patriarcat est plus fragile que ses défenseurs veulent nous le faire croire. Cinquante ans après la naissance du Mouvement pour la libération des femmes, ce système continue, malgré tout, de produire ses effets dévastateurs.
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Les femmes ne sont ni des inférieures ni des subordonnées par « nature », comme on a longtemps voulu nous le faire croire. C’est à cause de cette croyance que, durant des siècles, les hommes se sont arrogés le contrôle de leur sexualité et leur ont assigné un e place au sein de la société limitée à la sphère domestique. Ils ont puisé la justification de ces comportements dans les textes sacrés, religieux et savants… tous écrits par des hommes. Les recherches philosophiques, historiques, anthropologiques et sociologiques des dernières décennies ont montré que les perceptions biologiques du masculin et du féminin n’étaient pas immuables, ni universelles. La femme n’est pas par « nature » cet autre que l’on peut posséder. Si, durant des siècles, sociétés et cultures ont forcé les femmes à entrer dans le moule réducteur des rôles qui leur étaient dévolus, il est temps désormais d’envisager une complémentarité entre les deux sexes et non une domination de l’un par l’autre. Le patriarcat doit être remplacé par un autre système qui reste à construire ensemble.
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Si, aujourd'hui, certains parlent d'une "crise de la virilité", l'émancipation des femmes n'en est pas la cause, "c'est la virilité qui est tombée dans son propre piège, un piège que l'homme, en voulant y enfermer la femme, s'est tendu à lui-même." [Olivia Gazalé, Le mythe de la virilité - NDLR]
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