Matthew Gregory Lewis

Excusez, seigneur, la curiosité d'une vieille femme. Tout ce qui touche aux esprits et aux exorcismes me passionne, et je n'ai pu m'empêcher de chercher à découvrir ce que vous faisiez.

Chapitre IX. Le Revenant

Sa maison, lui dit-elle; était hantée par l'esprit des morts, ils infestaient les murs, remplissaient les chambres de leurs cris, de leurs plaintes, de leur odeur, et laissaient trace de leur passage dans tous les coins, comme des bêtes.

Chapitre IX. Le Revenant

Avec un pas plus doux que le murmure des sources,
La jeune fille suivait sa route vers l'église de Marie.
Vers l'église de Marie la jeune fille suivait sa route,
Quand l'oeil noir du démon des eaux la vit.
Il la vit et ne rêva plus que de la mettre dans son lit.
Et vers l'antre de la sorcière, la sorcière du pays
Dont il était l'enfant maudit,
Comme un trait de flamme, il partit.

Le Roi des eaux
Ballade danoise

Chapitre 8. L'assassinat

(...), c'était une prophétesse inspirée, pleine de charmes et de science, une sorte d'esprit pernicieux que les abîmes lui envoyaient.

Chapitre VII. La Conjuration magique

(..); avec le temps, la pudique jeune fille ne lui inspirait plus les mêmes respectueux ménagements, et son innocence n'était qu'un charme de plus dont il voulait la priver à son profit.
Avec sa profonde connaissance du coeur des femmes, il crut pouvoir discerner aisément les émotions qu'il lui fallait faire naître pour réussir dans ses desseins et il n'évita aucun moyen de semer la corruption dans le coeur de la pauvre enfant ; ce ne fut pas d'ailleurs chose facile, son extrême ingénuité l'empêchait d'apercevoir le but auquel tendaient les misérables insinuations du moine, et les principes excellents qu'elle devait à l'éducation d'Elvire, joints à un sentiments inné du juste et de l'injuste, contrebalançaient merveilleusement les perfides maximes du prieur.

Chapitre VII. La Conjuration magique

Le sommeil fondit immédiatement sur elle et l'enleva dans ces régions que seule l'innocence fréquente et où plus d'un monarque terrestre aimerait à établir son royaume pacifié.

Chapitre VI. La tentation

Oh ! si j'osais vous dire ce que je vois, ce que je sens, si je pouvais vous initier mon pouvoir et vous permettre de vous élever au-dessus de votre nature d'homme, comme, d'un coup d'audace, je viens de m'élever au-dessus de la mienne ! Et que vous fussiez, comme moi, semblable aux anges et détenteur de leurs secrets !

Chapitre VI. La tentation

Après matines, Ambrosio se retira dans sa cellule. Le péché était chose toute nouvelle pour lui, il en était complètement désorienté, la profondeur de sa chute lui donnait le vertige, et il renonçait à voir clair au milieu de ce chaos de satisfaction et d'épouvante que son cerveau lui présentait.

Chapitre VI. La tentation

(...); une triste expérience m'a appris à quels chagrins se condamne celle qui entre dans une famille qui la repousse.

Chapitre V. L'enterrement prématuré

Son agonie ne dura que quelques heures ; et sa mort devenait du fait des circonstances comme la sanction directe et justifiée de sa vie.

Chapitre V. L'enterrement prématuré

(...) si je m'en fais strictement à l'honneur, il ne serait pas trop de tout votre sang pour laver la tache que vous venez d'imprimer sur notre nom; (...).

Chapitre V. L'enterrement prématuré

Il n'y avait pas de loi terrestre qui permit d'arrêter les débordements de cette fille de satan. (...). La sauver eût été aussi immoral qu'inhumain, diamétralement opposé à l'ordre de Dieu sur terre ; (...).

Chapitre IV. La nonne sanglante

Par le Christ Dieu, c'était elle ! C'était la NONNE SANGLANTE, c'était la compagne que j'avais perdue ! Elle leva son voile et je pus voir son visage de spectre hagard et creux , ses mains crayeuses et le sang qui encrassait sa robe. Je ne pus ni me redresser, ni crier; mes nerfs étaient comme garrottés d'impuissance. Je dus boire jusqu'à la lie mon épouvante ; et le spectre ne faisait pas mine de se retirer.

Chapitre IV. La nonne sanglante

(...), vous aussi, vous saurez ce qu'est la mort sans espérance. (...)
Dites-vous bien que vous n'en avez pas encore fini avec moi ; mon amour pour vous est devenu de la haine, et si loin que vous vous trouviez ma vengeance vous poursuivra.

Chapitre IV. La nonne sanglante

Je voudrais bien vous raconter sa vie ; malheureusement, ce n'est que depuis sa mort que son histoire a commencé.

Chapitre IV. La nonne sanglante

Le visage de cet Etre était voilé ; à son bras pendait un chapelet ; sa robe était sale, encrassée, et dégoutante de sang; et l'on apercevait, dans une déchirure de la robe, son sein fendu d'une blessure toute fraîche ; (...).

Chapitre IV. La nonne sanglante

Une de mes principales occupations était de lui faire la lecture et, quelquefois, j'y passais la nuit. j'avalai pour elle toute la bibliothèque du château, à la cadence d'un roman par jour. Je lus ainsi, sans me lasser : Perce-Forest, les Aventures de Tyran blanc, Palmerin d'Angleterre, l'Histoire du Chevalier du Soleil, la Caverne de l'Antyphon, la Barbe de la Méduse, le Secret des Mayas, l'Histoire des créneaux lunaires, etc, etc, et d'autres vieux romans aux péripéties rocailleuses (...).

Chapitre IV. La nonne sanglante

-Le hasard vous a rendu maître de mon secret.

Chapitre II. La chute

Pensées d'un soliatire

Qui que tu sois qui découvres ces vers,
Ne crois pas que dans ce désert
Il m'ait fallu fuir quelque crime ;
Seul l'inexprimable dégoût
D'un monde que la haine et le mensonge habitent
Et pour qui l'amour est le fait des fous
M'a poussé à finir mes jours dans ce trou.

Chapitre II. La chute

Au fond du jardin était un petit bois qui affectait l'aspect d'une riante thébaïde. Quelques rochers jetés les uns sur les autres découvraient l'entrée d'une grotte artificielle toute tapissée de mousse et de lierre ; des bancs de gazon étaient placés de chaque côté et une cascade naturelle tombait du rocher situé au-dessus. Le calme de l'heure agissant puissamment sur lui, le moine se sentit pénétré d'une langueur voluptueuse.

Chapitre II. La chute