Matthieu Blanchin et Christian Perrissin l’avouent : chercher à raconter avec exactitude la vie de Martha Jane Cannary, alias Calamity Jane, relève d’une vraie gageure tant la plus célèbre héroïne du Far West était une fieffée menteuse. Ce que l’on sait avec certitude ? Elle est née dans le Missouri en 1852 et est décédée à Deadwood, Dakota du Sud, en 1903.
Le début de sa vie est aussi clairement identifié. Aînée d’une fratrie de six enfants, elle suit ses parents qui décident de partir vers l’Ouest. Sa mère mourra sur la route et son père succombera deux ans plus tard. A 15 ans, Martha se retrouve chargée de famille à Salt Lake City, dans l’Utah. Refusant de se marier contre son gré à un mormon, elle abandonne les siens et part seule, à cheval, sillonner les prairies de l’Ouest sauvage.
C’est à partir de là que la frontière entre le mythe et la réalité devient difficile à cerner. A-t-elle vraiment passé un hiver avec un trappeur dans les Blacks Moutains ? A-t-elle vraiment, en tant que convoyeur de l’armée, sauvé une grande partie des soldats qu’elle accompagnait lors d’une attaque des cheyennes à Goose Creek en 1869 ? Sa fille Janey est-elle née de son union avec le célèbre shérif Wild Bill Hickok ?
Les auteurs ne cherchent pas à répondre avec certitude. Ils citent leurs sources (trois ouvrages : Les lettres à sa fille, Calamity Jane de Doris Faber et Ces dames de l’Ouest de Dee Brown) et font des choix qu’ils assument en toute franchise.
Au niveau graphique, le style oscille entre dessin et lavis avec des tons sépia qui collent parfaitement à l’ambiance de l’époque. Loin des démonstrations de virtuosité d’un Giraud dans Blueberry ou des séries humoristiques à gros nez de Lambil (Les tuniques bleues) ou Morris (Lucky Luke), Matthieu Blanchin dessine l’Ouest avec beaucoup de simplicité et de mouvement.
On découvre aussi dans cette biographie la vie quotidienne dans l’Ouest : La crasse, la boue, la misère sexuelle des soldats, l’existence rude et terriblement pauvre des fermiers dans la prairie…
Cette trilogie dont le dernier tome devrait sortir l’année prochaine constitue déjà une œuvre monumentale qui a été récompensée à juste titre au festival d’Angoulême en 2009. Seul bémol, le prix élevé de chaque volume (22 euros) peux limiter sa diffusion auprès du grand public.
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