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Citations de Maurice Bardèche (16)


C'est une situation singulière. Nous sommes désarmés et menacés par une idée et rien d'autre qu'une idée. Rien n'est interdit, mais nous sommes prévenus qu'une certaine orientation n'est pas bonne. Nous sommes invités à préparer en nous certaines sympathies et à installer en nous plusieurs refus définitifs. On nous apprend à conjuguer des verbes, comme aux enfants...

On nous met de force des lunettes rouges et on nous invite ensuite à déclarer que les choses sont rouges.

Ils ont inventé a posteriori un droit au massacre au nom du respect de l'humanité.

C'est le programme de notre civilisation future.
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Toute critique est subjective : à défaut d'étalon pour mesurer la louange ou la blâme, on aime dans un écrivain ce qu'on y retrouve de soi-même. Tout critique se juge-lui-même par les jugements qu'il porte. Comme les autres écrivains, il est aussi un exhibitionniste : c'est peut-être une fatalité.
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La république universelle est la république des marchands. Là où les souverainetés nationales s'éteignent, la dictature économique mondiale commence à luire.
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Je crois à la force et à la générosité. Je crois à d’autres hiérarchies que celle de l’argent. Je crois le monde pourri par ses idéologies. Je crois que gouverner, c’est préserver notre indépendance.
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Je n'avais pas l'intention d'écrire un livre sur Céline. Mon projet était de chercher pourquoi, comment la littérature de fiction a cessé d'être une création artisanale qu'on présente humblement aux acheteurs, comment, pourquoi, elle est devenue, pour la plupart des écrivains, une manière de se présenter, de s'affirmer, en somme un exhibitionnisme.
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L'histoire du cinéma parlant ressemble beaucoup à celle du cinéma muet : il s'agit avant tout pour les marchands de ne pas tolérer les initiatives individuelles et de rendre impossible la concurrence.
Mais le problème était singulièrement plus simple.
Il avait fallu investir 200 millions de dollars pour le nouvel équipement des studios.
Le prix de revient d'un film parlant était au minimum cinq fois plus élevé que celui d'un film muet. Il n'y a pas d'indépendants à ce prix-là.
Les rivalités ne sont plus aussi pittoresques.
On ne garde plus les studios révolver au poing, on ne démolit plus les caméras : on se bat à coup de brevets, et entre sociétés anonymes.....
(extrait de "la deuxième avant-guerre (1934-1940) - comment se fait un film")
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Le monde est désormais démocratique à perpétuité. Il est démocratique par décision de justice. Désormais un précédent judiciaire pèse sur toute espèce de renaissance nationale.
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Car la démocratie est fourbue. Dans son agonie, elle aura des sueurs et des cauchemars : et ces cauchemars seront des tyrannies brutales, hargneuses, désordonnés. Il y aura des fascisme de l'antifascisme. il y aura des "dictateurs de la gauche". Et nous verrons s'élever au nom de la défense des républiques des régimes qui auront pour maxime de refuser la liberté aux "ennemis de la liberté". Nous le savons. Et c'est pourquoi nous savons aussi que c'est mensonge et vanité de définir le fascisme par des caractères extérieurs. La suppression de la liberté, les arrestation arbitraires, les camps de concentration, la torture qu'on prétend rejeter sur le fascisme, sont tout aussi bien et tout aussi souvent le propre des régimes dirigés contre le "danger fasciste".
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Les patries ne sont plus maintenant que les gérantes d'une immense société anonyme.
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Nous nous plaignons chaque jour de l'immoralité et nous ne daignons pas nous apercevoir que nous avons détruit nous-mêmes ou laissé détruire toute une partie des bases de la morale, qu'on les détruit encore chaque jour devant nous. Les pousses que nous avons plantées à la place des grands chênes abattus sont rabougries et se dessèchent. Et nous nous plaignons d'avancer dans un désert. C'est que nous avons reconstruit les ponts, les usines, les villes que les bombes avaient écrasés, mais non les valeurs morales que la guerre idéologique avait détruites. Dans ce domaine nous sommes encore devant un champ de ruines. Des cloportes hantent ces ruines, on y trouve des végétations inconnues, on y rencontre des visiteurs étranges. Le vide moral que nous avons créé n'est pas moins menaçant pour notre avenir que le vide géographique que nous avons laissé s'installer au cœur de l'Europe, mais nous ne le voyons pas.
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On écrit, disait-il, parce qu'on n'a pas su vivre: c'est toujours une fuite.
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Qu'on ne s'y méprenne pas. Je ne déteste pas l'Amérique. Car les Yankees ne représentent pas l'Amérique. C'était une guerre de religions. La victoire des Yankees est la victoire d'une certaine morale et avec elle d'une certaine conception de l'homme et de la vie. C'est le rationalisme qui triomphe et, avec lui, les grands principes qu'on proclame et qu'on n'applique pas, et, après eux, c'est le dollar dont le culte s'installe et, avec le dollar, les aciéries et au-delà des aciéries, le fonctionnalisme, et, à l'horizon de tout cela, la société de consommation, la publicité, le conformisme, la monotonie, et les longues, les immenses plaines de l'ennui et de l'absurdité.

Comme on voit, ce n'est pas l'Amérique : car aucun peuple ne développe de lui-même ces toxines qui sont des produits de la chimie mentale et non de la chimie biologique. C'est même parler inexactement que de dire que ces poisons sont ceux du monde moderne. Cette expression vague ne signifie rien. Les charlatans qui vendent des malédictions contre le monde moderne soufflent des bulles de savon. Les fours Martin et les cuves à titane ne sont pas des installations qu'on peut créer dans le fond du jardin et on ne montera jamais des autos sur la table de la salle à manger, comme les petits garçons y montent la grue de leur « Meccano ». Le travail collectif n'est ni une malédiction ni un enfer, c'est simplement une certaine manière de travailler. Et la tristesse du monde moderne ne vient pas du monde moderne lui-même, mais des gaz idéologiques qu'on mêle à ce métal en fusion et qui en font un alliage infect.

Et là, nous retrouvons nos Yankees et leur univers tiré au cordeau, leur férocité idéologique, leur contrainte des consciences avec appui de gendarmes, leur hypocrisie, leur passion de l'alignement, lesquelles seules, et non pas quelque fatalité née de l'usine ou de l'ordinateur, nous dirigent vers un genre de félicité dont la vie en Union Soviétique nous donne par avance quelque idée
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Les sociétés issues du pédantisme progressiste, bien qu'elles se réclament de la liberté, aspirent donc toutes à soumettre et à émasculer, mais selon des modes et des perspectives qui leur sont propres. Pour les unes, les sociétés de type collectiviste, cette soumission est fondée sur la contrainte, ladite contrainte étant justifiée par le degré de perfection que la justice sociale est censée avoir atteint. Pour les autres, les sociétés du type libéral, cette soumission est censée être « consentie », elle a pour moteur l'intérêt personnel, on l'obtient par persuasion et dissuasion, en se référant ostensiblement au postulat de la liberté individuelle. Aucun des deux grands types de sociétés modernes, ni la société collectiviste, ni la société libérale, n'a réussi à faire naître le mouvement spontané qui correspond véritablement à une culture, l'accord que les hommes établissent d'eux-mêmes, sans qu'on les force et sans qu'on les dissuade, entre le monde et leur propre vie. Et comme ce dernier mode d'entente avec les choses est le seul qui engage pleinement toutes les forces, sans en excepter les forces de l'instinct et de l'animalité, les sociétés modernes ne peuvent se développer qu'en persuadant l'homme d'oublier qu'il est un animal, d'étouffer l'animal en lui et, en même temps, l'instinct, la spontanéité, la générosité et de n'être plus qu'un être rationnel, unité conforme à un type parmi d'autres unités.

Le malaise du monde moderne provient en grande partie de cette soumission qu'il est obligé d'imposer et qu'il ne peut fonder que sur des explications hypocrites. La croissance de la population rend peut-être cette discipline indispensable. Elle en fait même le problème capital de l'avenir. Mais en même temps cette soumission décolore la vie, lui retire son goût naturel : elle fait de notre existence une existence insipide. Et elle serait pourtant notre joie et notre fierté si nous pouvions la revendiquer, si nous trouvions en elle notre accomplissement.

L'hypocrisie de la société libérale et l'hypocrisie de la société marxiste créent finalement un égal malaise et un égal dégoût. Parce que la société libérale et la société marxiste mentent l'une et l'autre et proposent l'une et l'autre un faux idéal qui masque tantôt la loi implacable du profit et de l'exploitation, tantôt la dictature imbécile de la caserne. Et leurs mensonges, leurs fausses positions proviennent de ce que l'une et l'autre ont pris pour fondement de toute la structure l'économique et non pas l'homme.
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Si la construction de l'Europe a un sens, c'est principalement à condition que l'Europe sache inventer une solution originale au malaise de la société de consommation, en s'inspirant de son expérience et de ses traditions. Au-delà des préoccupations purement économiques du Marché Commun et des préoccupations purement politiques de la naissance d'une troisième force militaire et diplomatique dont les perspectives sont encore lointaines, c'est surtout par l'élaboration d'une troisième option morale que l'Europe peut servir l'avenir. C'est essentiellement sur ce plan que les solutions russe et américaine sont insuffisantes et dépassées. Nous avons besoin d'une troisième image de l'homme et de la vie. Refuser à la fois Washington et Moscou, ce n'est pas seulement aujourd'hui un choix politique, c'est surtout un choix moral : c'est refuser les villes américaines et le camp de concentration communiste. Ces deux formulations du gigantisme industriel ont toutes les apparences de la force, mais en réalité elles vont à la dérive. L'une et l'autre en sont à accepter les yeux fermés les impératifs d'un développement monstrueux. Elles foncent dans la nuit. Elles ont laissé l'inondation se répandre et elles voguent sur un fleuve dont elles ne voient plus depuis longtemps les bords. La mission de l'Europe est de construire les digues qui canaliseront la société de consommation. Nous avons besoin d'établir quelque pouvoir, à défaut de quelque dieu, au-dessus des ingénieurs du monde moderne, au-dessus de l'empire des stocks et des bilans.
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En temps de guerre civile, on se bat ou on fait l'amour, mais on ne fait pas les deux sérieusement à la fois.
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Reconnaissons mieux encore dans le régime de Nasser des traits déjà sensibles dans le fascisme d’avant-guerre : et, en particulier, ce caractère plusieurs fois signalé du fascisme que l’inspirateur d’un mouvement fasciste porte en lui-même et fait porter à son peuple une certaine image de l’homme qui commande une certaine image du monde. Il y a dans tout fascisme une morale et une esthétique, mais cette morale et cette esthétique sont conquérantes, et par là, tout fascisme est une religion. Cette mystique fasciste, Nasser et ses amis l’ont trouvé dans l’Islam qui est leur passé et qui est aussi, au sens le plus large et le plus complet du mot, leur culture, c’est-à-dire non seulement ce qu’on leur apprend, mais ce qui correspond le mieux à leur nature et à leur instinct.

La révolution nassérienne, ce n’est pas seulement « Égypte, éveille-toi », c’est la loi de Mahomet éveillant l’Égypte à la révolution nassérienne, c’est le Coran en marche. Car la révolte de Nasser, elle ne fut pas seulement contre l’occupation coloniale, mais elle fut aussi contre tout ce que cette occupation apporte, tout ce qu’elle représente : le règne de l’or, l’insolence du riche, le pouvoir des domestiques et des parvenus et toute cette parade du Veau d’Or qu’elle traîne après elle, ses boutiques luxueuses, ses palaces, ses paradis artificiels, son enseigne de courtisane. Car tout cela est condamné dans le Livre, ce sont les idoles de Mammon. Il y a dans le Coran quelque chose de guerrier et de fort, quelque chose de viril, quelque chose de romain pour ainsi dire.

C’est pourquoi Nasser est si bien compris des Arabes : il leur parle la langue que parle leur race au fond d’eux-mêmes. Ce qu’il leur promet, ce n’est pas seulement l’indépendance, c’est une vie selon leur race et selon leur instinct. Aussi intraduisible, aussi inimitable que le germanisme hitlérien, la croisade de Nasser est limitée comme le national-socialisme aux hommes d’un seul peuple. Mais sa position géographique et le moment où elle se produit lui donnent une immense importance. De toutes les mystiques fascistes, elle est peut-être celle qui marquera le plus profondément l’histoire par ses conséquences durables. (pp. 128-130)
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