Maurice Olender vous présente sa collection "La Libraire du XXI ème siècle" et notamment le dernier ouvrage publié dans celle-ci "
Lieux" de
Georges Perec aux éditions du Seuil. Entretien avec
Jean-Michel Devesa.
Lien de la version numérique augmentée de "
Lieux" de
Georges Perec : https://
lieux-georges-perec.seuil.com/
https://librairiexxisiecle.com/
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2612221/georges-perec-
lieux-inedit
Note de musique : © mollat
Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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Comme toute oeuvre de création, l’amour résulte sans doute d’abord d’un jeu enfantin.
L’amour invite à jouer à cache-cache.

La question de l'oubli numérique est devenue l'un des grands problèmes d'avenir pour nos disques durs métamorphosés en machines hypermnésiques. Car supprimer la suppression suppose désormais un savoir-faire numérique supplémentaire, acrobatique. Ainsi, sur l'iPhone, dans Gmail, une des manières de "supprimer" n'affiche-t-elle pas "archiver"? Or, cette mémoire "archivée" qui nous échappe n'en est pas moins accessible aux fournisseurs d'accès (Google, Free, Apple). Même si la CNIL a autorisé un droit à l'oubli, incitant à s'adresser au moteur de recherche une demande de déréférencement d'un contenu vous concernant, il ne faut pas s'y tromper : ce type d'effacement, qui dissocie un lien d'un nom propre, n'efface rien, n'oublie rien. Cet impossible oubli, qui correspond à une nécessité technique, est devenu l'une des signatures de notre temps présent où le poids du réel numérique envahit l'imaginaire de la mémoire.
Cette difficulté peut apparaître, au regard contemporain, d'autant plus inextricable qu'elle aiguise les tensions entre les deux pôles que forment "la mémoire et l'oubli", ce vieux couple fonctionnel. Ce problème trouvera sans doute demain ses propres solutions, réaménageant, comme chaque époque a sur le faire, les jeux toujours périlleux entre politiques de la mémoire et politiques de l'oubli.
Rien ne l'écartait de sa règle de lecture : ne jamais tenter de comprendre quoi que ce soit dans le dos de l'auteur, ne pas savoir mieux. Son absence de maîtrise lui permettait de retrouver parfois, sous les doigts de l'auteur, ce qui leur avait à tous deux échappé
On peut aimer s'entourer de livres pour rêver de les lire. Et si la fonction la plus efficace de toute bibliothèque était d'inciter à une lecture sans fin qui n'aura jamais lieu ?
Et ne pas oublier que même des artisans du sublime, techniciens des choses de l'esprit, artistes, poètes, cinéastes, créateurs en toutes formes, philosophes, juristes et scientifiques éduqués par de la raison critique, peuvent concevoir et mettre en pratique ce qui, à peine quelques années plus tard, apparaît comme l'absolu de l'horreur, hors d'atteinte, d'où résultent silence, honte et stupeur, que rien ne vient combler.
Aucune culture, aucune civilisation ne met à l'abri du meurtre radical d'altérité. Les archives en témoignent, dans le silence des musées, des bibliothèques, des institutions de recherche, au regard des si rares lecteurs qui choisissent, un instant de s'y arrêter - pour revêtir, à l'aide de mémoire, d'oubli et d'un peu d'existence, ceux qui en ont été privés.
Quand deux êtres singuliers se croisent sur cette terre, se devinent au point d'imaginer se connaître par la traversée de l'autre en soi, il peut y avoir vision d'amour. Pourtant, souvent, se trompant de rôle, jouant à être l'autre de soi, rêvant d'une impossible maîtrise, on oublie que l'intransigeance n'est un droit absolu qu'entre soi et soi.
Comment peut-on apprendre à lire, à écrire les alphabets de langues dans lesquelles ont été pensées et consignées, en toute légalité, des lois (en France, en Italie, en Allemagne) qui triaient les humains, séparant ceux qui était destinés à la vie de ceux qui devaient disparaître pour "raison de naissance" ?
Avancer nécessite alors un triple mouvement : poursuivre "à vide", assumer de s'égarer ; rejeter le trop-plein en soi en l'assimilant, ou, hors de soi, en l'oubliant, sans l'escamoter pour autant ; enfin, se lancer, sans trop tenir compte des habitudes de penser inhérentes à tout savoir établi.
Quand j'écris, j'ai de la peine à me relire. D'autant plus que je rature et surligne presque tout ; ce que je veux gommer, en le rayant, ce que je décide de conserver en le mettant en relief : encore les embarras du lire et de l'écrire jamais vraiment apprivoisés.