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3.61/5 (sur 76 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : Carolina (Porto Rico) , 1966
Biographie :

Mayra Santos-Febre est une écrivaine portoricaine.

Elle est l'auteur de nombreux romans dont "Sirena Selena" qui a été traduit en français en 2017.
Elle est actuellement professeure de l’université de Porto Rico (Río Piedras) où elle dirige l’atelier de création romanesque.

Source : Wikipedia
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La maîtresse de Carlos Gardel.

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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
A Sirena, le glamour allait toujours si bien. Elle ne savait pas qu'il y avait de tels millionnaires en République dominicaine. Aux informations, à Porto Rico, on ne parlait que des Dominicains embarqués sur des yoles, rongés par le sel, déchiquetés par les requins, ou qu'on avait retrouvés flottant ventre à l'air dans le canon de la Mona. Elle ne savait pas combien d'hectares de cannaies avaient financé la modeste demeure de son hôte. Elle ne savait rien des Haïtiens jetés dans les chaudrons pour obtenir la consistance parfaite du sirop de canne; elle ne savait rien des leaders paysans massacrés dans les joncheraies de San Pedro de Marcoris, qui marinaient dans la terre rouge volée à la mer, ni des savoureux nègres qui avaient toujours servi d'entremets aux affamés de la famille Graubel.
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La réverbération de sa voix était robuste, mais claire, armée de dents et de griffes qui ne cherchaient ni à déchirer ni à dévorer, mais invitaient à poser le pied, tout le corps sur l’air, pour voyager très loin au fond de nous.
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Gardel a voyagé dans ma chair et moi à travers ces pages. Je découvrais des mondes, et lui me découvrait. Suis-je restée cachée? Gardel m'a t-il un seul jour regardée? M'a-t-il vue? L'ai-je moi-même vraiment vu?
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Je ne voulais penser à rien. Mais la plante m'a emportée. Jusqu'aux rives du Sinù, elle m'a fait voyager. Jusque chez les indiens Zenus. Jusqu'à Mercuriana de los Llanos Yabo fuyant l'échafaud. Elle m'a ramenée aux lits partagés avec Gardel.
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Les musiciens ont achevé d’accorder leurs guitares sur scène. Alors Gardel a chanté.

Miel épais. Densité du muscle. Les ondes de sa voix m’ont enveloppée, comme un bain d’onguents, la caresse d’un baume. Ce n’était pas l’égratignure lointaine qui faisait grésiller les disques sur les gramophones de Campo Alegre. Ce n’était pas non plus la voix radiophonique qui nous obligeait à nous concentrer sur les messages et les mélodies. Cette nuit-là au Paramount, la voix de Gardel était vivante. La réverbération de sa voix était robuste, mais claire, armée de dents et de griffes qui ne cherchaient ni à déchirer ni à dévorer, mais invitaient à poser le pied, tout le corps sur l’air, pour voyager très loin au fond de nous. Elle donnait envie de se laisser emporter jusqu’en ce lieu sombre et protégé, d’où on est sorti il y a des années et dont on se souvient à peine. Et cette voix était aussi le regret qui efface tout chemin dans la mémoire. On doit retourner à cet endroit vrai, à soi. On doit en revenir, brisé, en lambeaux, mais être de retour. Tel était le sens de sa voix. (p. 98)
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La tristesse est cette note qui s'étire comme un bandonéon. Elle fait grandir l'appel quand la distance se relâche, grandir la voix quand l'objet du désir est loin. C'est vers ce lieu-là qu'il faut tendre, faire battre le cœur, pour que la nostalgie atteigne ce qu'on a perdu et le fasse revivre dans la poitrine.
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C'était bien cela, le repos de moi-même s'était achevé. Ces jours de fête avec Gardel m'avaient permis cela. Cesser d'avoir continuellement à me protéger du monde, de ma grand-mère qui ne comprenait pas ce que signifiait être la petite-fille de la plus célèbre sorcière de l'île, de Mercedes et de ses tentatives de se faire de l'argent a détriment de ma grand-mère, de dona Martha et ses grands ambitions médicales, qui dépendaient du secret de ma grand-mère, de l'Ecole où je n'avais pas ma place, où j'étais une fille, certes avec du potentiel, mais pauvre, noire et donc incapable de vraiment s'intégrer dans le monde de la science, de la médecine, et la vérité, du progrès. Entre les draps des hôtels où il fouillait en moi, Gardel m'avait un moment donné des vacances de ce monde, fait oublier qui était Micaela Thorné et qui elle prétendait devenir.
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La tristesse est cette note qui s'étire comme un bandonéon. Elle fait grandir l'appel quand la distance se relâche, grandir la voix quand l'objet du désir est loin. C'est de là que viennent ce soupir et cette cassure dans la voix. C'est vers ce lieu-là qu'il faut tendre, faire battre le cœur, pour que la nostalgie atteigne ce qu'on a perdu et le fasse revive dans la poitrine. (p168)
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La Micaela Thorné de ces années-là ne pouvait s’empêcher de penser à cette chose fragile qu’elle était, cet ange à deux têtes qui ne pourrait jamais devenir une seule et même personne. Etre quelque chose; une personne en soi, pour soi. Citoyenne, professionnelle, une unité tout entière. La fille que j’avais été autrefois avait réagi à tout ce qui pouvait l’engloutir : la couleur de sa peau, la pauvreté de son île, les corps qui la contenait, les connaissances inutiles de sa grand-mère.
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Les îles sont-elles ainsi ? me suis-je demandé. Civilisées et sauvages en même temps ? Pleines de savants, à deux pas de guérisseuses et d’êtres primitifs ? Humboldt avait-il pu trouver des traces du cœur-de-vent à Cuba ? L’avait-il dessiné ? De quel nom scientifique l’avait-il baptisé ?
Mais l’Encyclopaedia Britannica n’a répondu à aucune de mes interrogations.
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