...l'amitié ne renaît pas, elle a besoin de temps pour s'enraciner, comme un arbre. Les vieux n'ont pas d'amis.
Car l'art n'imite pas la nature, il la crée. La vérité et la beauté ne résident pas dans les choses, ni dans le monde, mais au fond de nous, dans cette partie cachée qu'on ne connaîtra jamais, mais à laquelle il faut laisser libre court. Peindre, peindre vraiment, pas pour satisfaire un client ni pour gagner son pain, c'est comme rêver. Tout est semblable au monde là-dehors, presque identique, mais sans l'être. C'est dans ce glissement que se trouvent la vérité et la beauté, ainsi que le sens de toute recherche et de toute représentation. Il faut réussir à rêver ses souvenirs. Voilà ce que signifie créer.
On ne l'avait pas prévenu que dans ce pays il serait redevenu petit et impuissant_comme les bambins qui avant d'apprendre le nom des choses, pleurent, gesticulent sans pouvoir s'expliquer et hurlent sans pouvoir de quoi ils ont peur ou ce qui les fait souffrir. P 100
Ainsi, aussi bien mon frère que moi, nous rejoignîmes le but qu'on s'était fixé en désertant ce pays fruste qui ignorait tout principe pour vivre civilement, dans lequel les plus déshérités pâtissaient de, faim et de travail sous les infâmes, égoistes tyrans qu'étaient les maîtres des terres.
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Geremia devinait chez son cousin le besoin que lui-même connaissait trop bien, de se passionner et de discuter pour une question qui, finalement, lui était étrangère, seulement pour faire taire des pensées intimes trop insupportables.
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Le passé revient quand la lune sera toujours pleine, quand la mer sera toujours comme un miroir, et regarder en arrière ne sert à rien.
Les Mazzucco avaient la conviction que le théâtre, l'écriture, la poésie, la musique, sont des plaisirs___ceux-ci apaisés, il reste la faim. il leur était interdit de se lamenter, se confesser, manifester faiblesse, ignorance, fragilité__être recalé à un examen, un amour, la santé. 132
>Je t’écris d’un endroit où tu n’est jamais allée
Où les trains ne s’arrêtent pas, où les navires
N’appareillent jamais, un lieu à l’occident,
Où de muettes parois de neige entourent chaque maison,
Où le froid malmène le corps nu de la terre,
Où les gens sont nouveaux, et les souvenirs,
Quand ils arrivent, arrivent par la poste
Sans invitation comme des fantômes.
C’est ici un endroit qui ne se réchauffe pas au soleil
Mais la nuit je fonds comme glace dans la chambre ardente des rêves
Pour recueillir les plaisirs venus du passé –
Jours arrachés comme des pages
Et je cherche le chat noir, les tablées sans fins, le chœur discordant autour de notre chanson,
Effaré.
Rocco explique qu'on ne s'enrichit qu'aux dépens des autres. Il ne s'agit pas nécessairement d'argent. On peut voler tant de choses : le temps d'un homme, sa santé, sa jeunesse,ses sentiments, sa dignité, son âme.
Ce lieu n'est plus un lieu, ce paysage n'est plus un paysage. Il ne reste plus un brin d'herbe, plus un épi. Arbustes et haies de figuiers de Barbarie ont disparu. Le capitaine cherche des yeux les citronniers et les orangers dont lui parlait Vita - mais il ne voit aucune trace d'arbre. Tout a brûlé.