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3.44/5 (sur 44 notes)

Nationalité : Canada
Né(e) à : Chicoutimi , 1972
Biographie :

Mélikah Abdelmoumen est une romancière et professeur québécoise.

En 1992, elle entreprend des études de lettres - dont une maîtrise sur George Sand et l'autobiographie, et un Ph.D. sur les autofictions de Serge Doubrovsky.

Elle enseigne au lycée puis à l'Université de Montréal, travaille comme journaliste pigiste et, grâce à des bourses d'écriture, comme scénariste. Elle fait diverses conférences sur son travail d'écrivain, sur l'autofiction et sur les œuvres de Serge Doubrovsky, au Québec et en France.

Son premier roman "Chair d'assaut", paraît en 1998 aux éditions Trait d'Union, à Montréal. Depuis, elle a publié plusieurs articles, nouvelles et trois autres romans. Son livre, "Alia" (éditions du Marchand de feuilles, 2006), était finaliste aux Prix littéraire des collégiens (équivalent québécois du Goncourt des lycéens).

Spécialiste de l'autofiction, elle vit en France (à Lyon) depuis quelques années. Elle a publié ses trois premiers ouvrages sous le nom de Mélika Abdelmoumen.

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Bibliographie de Mélikah Abdelmoumen   (15)Voir plus

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Shannon Desbiens présente « Baldwin, Styron et moi » de Mélikah Abdelmoumen (Mémoire D encrier), finaliste dans la catégorie Intérêt général des Prix littéraires du Salon du livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean 2022. La cérémonie de remise des Prix littéraires aura lieu lors du Salon du livre, le jeudi 29 septembre dès 19 h, au Centre des congrès du Delta Saguenay. Les 6 lauréat.e.s seront dévoilé.e.s le soir même. Une production du Salon du livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean Réalisation : Marc-André Bernier

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Citations et extraits (43) Voir plus Ajouter une citation
Éric Fassin en parle dans Populisme : le grand ressentiment (2017). Selon lui, les discours identitaires encouragent l’inaction en surfant sur des émotions qui, contrairement à la révolte ou à l’indignation (des affects susceptibles de nous inciter à tenter de changer les choses), se vivent dans l’immobilité et la frustration. C’est pour cela qu’il est si utile (voire fructueux) pour certain.e.s d’entretenir le ressentiment et la rancœur : ces sentiments ont le pouvoir d’emprisonner la pensée comme on charme un serpent. L’esprit de celui ou celle qui souffre est alors captif de ceux et celles à qui cela rapporte. Autrement dit, il s’agit de décourager tout engagement. Et cela fonctionne si bien que cela en est inquiétant. (p. 77-78)
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Il y a une autre chose qu’elle avait bien conçue, la na-
ture : elle nous avait parfaitement programmées, Daniella
et moi, pour que nous soyons complémentaires et insé-
parables jusqu’à la mort. Car chez nous, dès la puberté, on doit tout vivre à deux. Le professeur Melchior nous l’a bien martelé : « La longue et glorieuse histoire de notre espèce tient à ce que, contrairement aux autres, nous savons nous associer pour la vie à un complice et nous y tenir, sans s’empêtrer dans le sentimentalisme ou la sensiblerie. »
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Mais Peggy n’était pas le monde pour tout le monde. Derrière elle il y avait un autre monde qui était triste. C’est drôle à dire mais ce monde-là, son monde, l’endroit d’où elle venait, personne ne pouvait l’envier. Pas même moi. Sa mère était morte d’un cancer quand elle n’avait que huit ans et son père était militaire. Un sergent de la milice. Son père voulait que Peggy devienne police. Les vieux sont choquants dans leur manière de s’intéresser aux jeunes : ils se mettent le nez dans des zones interdites comme celles du destin, de l’avenir de la progéniture. C’est plus fort qu’eux, ils font des plans pour la chair de leur chair, d’ailleurs la progéniture n’est pas tout à fait innocente, elle se laisse marquer, elle entend et retient tout sans même s’en apercevoir.

Une fois je lui ai demandé si elle voulait entrer comme son père le voulait dans la police. Sa réponse a été un index pointé dans ma direction, sa main en fusil. Sa réponse a été un cliché : haut les mains ! En tirant sur moi à bout portant, elle se faisait cow-boy, elle devenait le shérif de sa maison hantée par une mère morte. Ensuite elle m’a fusillée de sa main en arme à feu en fermant un œil pour mieux viser : bang ! bang ! Mes deux bras étaient levés au-dessus de ma tête, je crois que c’est mon obéissance à son déguisement d’autorité qui m’a le plus tuée.
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Daniella était la plus belle fille brune de notre école. La plus belle blonde, c’était moi.
Tout chez elle était rond. Les boucles de ses cheveux bruns, qui faisaient un soleil autour de sa tête, ses seins, ses hanches. Ce qu’ils appellent des rondeurs, elle en avait. En veux-tu ? en voilà ! Comme si la nature avait su pourquoi on l’avait mise au monde et quels attributs il lui fallait pour passer non seulement pour une femme, mais aussi pour une de ces femmes auxquelles les humains des deux sexes sont incapables de résister.
Chez moi, en revanche, tout est long et droit. Les cheveux, d’abord. Mais également les jambes, le torse, les bras. J’ai des doigts longs et fins. On dit que même mon regard est long. Mes seins, eux, sont très gros et très ronds. Là aussi, la nature savait ce qu’elle faisait !
Il y a une autre chose qu’elle avait bien conçue, la nature : elle nous avait parfaitement programmées, Daniella et moi, pour que nous soyons complémentaires et inséparables jusqu’à la mort. Car chez nous, dès la puberté, on doit tout vivre à deux. Le professeur Melchior nous l’a bien martelé : « La longue et glorieuse histoire de notre espèce tient à ce que, contrairement aux autres, nous savons nous associer pour la vie à un complice et nous y tenir, sans s’empêtrer dans le sentimentalisme ou la sensiblerie. »
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J’ai mangé. J’ai dû le laisser là, même si ce n’est pas très réglus. Tu sais ce que c’est quand ils tiennent morbido à faire plus ample connaissance au milieu de la matinée, dans un endroit public… Et toi ? »
Alors, comme chaque fois, elle a rectifié : « Réglo et mordicus, Rio. »
Je l’ai mieux regardée. Elle était livide.
— Daniella, dis-moi la vérité. Tu es restée ici ? Tu n’as toujours pas mangé ?
Silence. Elle regardait obstinément ses petits pieds potelés.
— Daniella. Tu ne peux pas continuer comme ça. Tu vas y laisser ta pelure !
— Ta peau  , Rio. « Tu vas y laisser ta peau  .»
Un petit air triste a envahi son visage. Je lui ai pris les mains. Je ne savais plus comment faire pour la sortir de son nombril.
— Daniella ! Tu m’avais promis que, quand je reviendrais ici, tu te serais nourrie ! Qu’est-ce qui te prend ?… Et je te préviens, ne recommence pas avec tes « je-ne-veuxplus-faire-de-mal-aux-Hommes-ce-n’est-pas-bien » !
Avec un sourire triste, elle m’a répondu : « Je ne veux plus faire de mal aux Hommes, Rio. Ce n’est pas bien. » Et moi, j’ai pensé: «Si elle continue, elle va me faire exploser», pour ne pas me dire : « Elle me fait mal ».
— Mais Daniella, tu n’as pas le choix !
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Tout chez elle était rond. Les boucles de ses cheveux
bruns, qui faisaient un soleil autour de sa tête, ses seins,
ses hanches. Ce qu’ils appellent des rondeurs, elle en
avait. En veux-tu ? en voilà ! Comme si la nature avait su
pourquoi on l’avait mise au monde et quels attributs il lui
fallait pour passer non seulement pour une femme, mais
aussi pour une de ces femmes auxquelles les humains des
deux sexes sont incapables de résister.
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Nos dirigeant.e.s ont tendance à refuser de poser des gestes pour aider des personnes en difficultés parce que cela risque de dévoiler au grand jour une situation qu’il est plus pratique de ne pas voir : le fait que nous ne sommes pas aussi impuissant.e.s que nous le pensons, collectivement, et qu’il s’agirait de faire preuve de volonté politique pour que de réels changements commencent à avoir lieu. (p. 54)
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On dit que l’idéal est de rester jeune de corps en étant grand dans la tête. Rester jeune par-dehors et grandir par-dedans. S’assagir, prendre de la graine de la vie, se faire son expérience dans un corps de jeune. Foncer dans la vie avec une force de jeune. Parce que la force, pour les adultes, c’est la pente montante des cellules qui se régénèrent. À vingt-cinq ans, c’est la pente descendante. À vingt-cinq ans, on percute le point de non-retour après quoi on recule. Les cellules paressent, se mettent à bayer aux corneilles, elles en ont assez de s’activer comme des bonnes, elles en ont marre de se fendre en quatre comme des diables dans l’eau bénite. À vingt-cinq ans, il paraît que les cellules commencent à manquer à l’appel. Elles pètent et crépitent comme une tranche de bacon recroquevillée dans une poêle. C’est là que vieillir embarque. C’est la dégénérescence. C’est la décrépitude. C’est ce qu’on dit.
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À la polyvalente, la vraie question, au-delà même des garçons, c’était : qu’est-ce qu’une fille doit être, et faire, pour plaire ? Et la réponse n’était pas un discours. Ce n’était pas des mots de grands, ce n’était pas non plus de grands mots. La réponse se passait d’explications scientifiques. C’était du non verbal. La réponse, c’était un élément au même titre que l’eau, une matière au même niveau que la morve. Ça pendait au bout des nez, c’était gros comme une maison. La réponse, c’était une incarnation : Peggy. Peggy comme : deux bras levés au-dessus de la tête dans l’Agora. Deux bras interminablement levés au-dessus de la tête qui s’étiraient sans fin, qui profitaient de l’étirement pour mettre en évidence ce qu’il y avait en bas : son corps en entier. Sexy, brûlure. Peggy mettait le feu autour d’elle.
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Cette lenteur, ce refus d’opérer les nécessaires changements de fond plonge parfois les personnes qui œuvrent sur le terrain dans le désespoir. Et c’est sans parler de la détresse infligée à ceux et celles dont le sort est abandonné entre les mains de quelques citoyen.ne.s ordinaires. (p. 55-56)
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