AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Ménie Grégoire (13)


Ménie Grégoire
J'ai refusé ce nom [Marie] qui contenait probablement pour moi une façon d'être, un lourd bagage chrétien, classique et bourgeois. J'ai voulu m'appeler Menie.
-----
Menie Grégoire, née Marie Laurentin
>> https://fr.wikipedia.org/wiki/Menie_Gr%C3%A9goire
Commenter  J’apprécie          160
Les lumières du mois d'octobre en Touraine font penser au Paradis des peintres italiens de la Renaissance.
Commenter  J’apprécie          80
Marie gardait sa fameuse chevelure blonde qu'il fallait des heures pour brosser chaque soir, mais gourmande, elle mangeait trop et ne cessait de grossir. Autant il était facile d'habiller Eugénie avec des riens et d'en faire une petite merveille, autant Marie désespérait les couturières et leurs charmants tissus. Elle avait un goût déplorable et aurait toujours voulu choisir les pieds-de-poule géants ou les écossais multicolores.
- Mademoiselle Marie, il faut être mince pour ça ! Et si vous voulez être belle, il vous faudra une taille de cinquante-cinq centimètres, comme votre maman.
- Mais moi, je serai célèbre, et pour cela, la taille n'a rien à voir, répondait sèchement Marie qui ne doutait de rien.
Commenter  J’apprécie          70
Le papier crissait et le livre apparut, couverture grise fatiguée, hérissé de petites marques en papier. Julie tentait de déchiffrer le titre à l'envers : "Futures épouses" par le chanoine... C'était écrit trop petit, mais peu importait.
- Tu y trouveras tout ce qu'il faut savoir sur ton rôle de mère et d'épouse, dont ma pauvre sœur aurait sûrement souhaité d'informer à la veille d'un si grand jour.
Le geste de tante Marthe pour offrir ce trésor était si solennel que Julie resta sans voix : c'était gros, plusieurs centaines de pages que d'autres jeunes filles avaient coupées, lues, méditées. Julie avait pensé à tout : frivolités, futilités, mondanités et apparence, sauf à l'énigme du mariage, ce dont personne ne parlait. (...)
Obligations, voilà ! Julie tournait la page, puis d'autres, pas d’explications, rien ! Elle feuilletait, de chapitre en chapitre : L'éducation à la chasteté, Le rôle de la mère, Le culte de la pureté, L'organisation de la piété, La méditation des mystères...
Mystères, voilà ! Elle sautait à la page quarante-trois. Non, c'était le mystère de la conception immaculée du Christ dans le sein de Marie. Elle sauta les "écueils intimes" (coquetterie, toilette, romans, bals, théâtre, vie mondaine), toujours rien sur les fameuses "obligations".
Commenter  J’apprécie          70
On vivait une drôle d'époque. Cette délicieuse société de Touraine, où les relations étaient si courtoises, les rencontres si chaleureuses, était gâchées par les passions politiques. Il fallait faire attention à tout afin de ne blesser personne : on ne savait jamais au premier abord qui était royaliste, orléaniste, rallié ou franchement républicain. Il y avait de tout dans toutes les familles. Depuis plus de dix ans qu'avaient éclaté les luttes religieuses, on pouvait être un étranger pour son frère ou son meilleur ami. On en souffrait, certes, mais on avait fini par s'en accommoder au profit d'une certaine paix confortable. Mais depuis qu'avait éclaté cette "affaire", cet officier juif condamné pour haute trahison, l'"autre" n'était plus seulement un étranger, il pouvait être un ennemi... Ennemi vraiment, comme pendant les guerres, avec des violences, des éclats, des passions redoutables ! Un mot, un geste pouvaient être impardonnables, impardonnés jusqu'au sein des familles.
Commenter  J’apprécie          60
- Mon tableau est sûrement ce que j'ai fait de plus achevé. C'est un cri de l'âme, traité d'un trait novateur où se fondent les lumières incendiaires et celles de la passion. La vérité, c'est qu'on ne veut pas se souvenir de ces "années terribles". Il m'aurait fallu, comme les autres, faire rêver d'un avenir tranquille et mesquin, avec des jeunes filles au piano et d'heureuses mères parmi leurs bambins. Faire semblant en somme, ce que je ne saurai jamais faire.
Julie écoutait, désolée, le tableau était là, dans l'atelier, il était si bouleversant qu’Édouard l'avait tourné vers le mur.
- Ces années terribles, mon amie, sont maintenant pour l'histoire, pas pour nous. Mais nous, les peintres comme les poètes, sommes des témoins, et si les témoins sont musclés, bâillonnés, il n'y a que mensonge et ignorance.
Commenter  J’apprécie          60
Je ne sais pas si je vous aime,
Madame, mais devant mes yeux,
Il n'est ni couronne ni diadème
Qui vaille l'ombre de vos cheveux.

Je ne sais pas si je vous aime,
Mais je sais que mon cœur brûlant
Goûte une volupté suprême
Et secrète en vous admirant.

Je ne sais pas si je vous aime,
Mais je sais que pour vous servir,
J'oublierais jusqu'à moi-même
Et serais heureux de mourir.
Commenter  J’apprécie          60
C'est ainsi, et sans l'avoir cherché, que Julie apprit le mariage de Blaise de T., "ce coureur de dot", "ce maudit garçon" disait à l'envi les mères déçues :
- Il paraît qu'il a été refusé par les Barathon, mais d'après Mlle Cloque, il est accepté par les Riot et il épouserait l'aînée.
- Élise Riot ? dit étourdiment Julie, ce n'est pas possible. Je la connais, elle est laide et bien trop grosse. A Marmoutiers, on l'appelait la pomme !
- Il n'y a pas de fille laide chez un gros notaire, ma chère, glissa Hortense dans son oreille avec un clin d’œil, ajoutant vivement.
- Je suis d’ailleurs très au courant, chère mademoiselle, la petite est ravie et éclate de fierté. Elle sera trompée toute sa vie. Elle l'est déjà !
Commenter  J’apprécie          60
Octave Pillet se leva péniblement, alourdi par le cognac, et conclut :
- Nous vivons une époque formidable, je vois chaque jour naître quelque nouveauté : chaque semaine la création de quelque nouvelle fabrique, des jeunes hommes courageux qui révolutionnent les engrais agricoles. Notre siècle sera celui du progrès et aujourd'hui, le seul ennemi, c'est l'ignorance !
Tante Marthe qui s'agitait en fouillant son sac de macramé pour trouver un mouchoir et s'éponger, osa enfin quelques mots, de sa voix d'éternelle pensionnaire :
- Attention Octave ! L'instruction ne consiste pas à savoir lire et écrire. Il faut qu'elle s'appuie sur une bonne éducation morale. A notre époque (elle leva les yeux au ciel), mieux vaudrait ne rien savoir que faire de mauvaises lectures !
Commenter  J’apprécie          50
Menie Grégoire, toute ma jeunesse ,je l'écoutais tous les jours , elle a redonné beaucoup d'espoir à beaucoup de femmes qui étaient comme moi dans la panade luttant désespérément pour se sortir de leurs misères morales et physiques. Son analyse pour chaque cas sur les problèmes de la sexualité , contraception et avortement est exacte , bien que comme beaucoup de femmes quand la violence s'en mêle le remède n'est pas facile , les femmes avaient peu de droits surtout financièrement , les mères au foyer n'avaient pas de revenus elles dépendaient totalement du conjoint . Résumons: Le retrait chez l'homme ( beaucoup d'enfants non désirés et de frustration pour la femme et parfois refus de l'homme disant que l'enfant n'est pas de lui, on touche à sa virilité, la méthode Ogino encore plus de naissance car mal maîtrisée, la pilule, refus des médecins si vous aviez le moindre problème de santé , l'avortement il a fallu attendre 1975 pour que la loi soit appliquée et traumatisme pour la femme .Son émission a aidé beaucoup de femmes mais n'a pas résolu leur mal de vivre , elle leur a donné une écoute et un peu d'espoir. Merci Ménie . Une dernière chose , le remboursement de L.I.V.G. n'a été effectif qu'en 1983 seul le thérapeutique était remboursé , alors quand votre conjoint a un salaire de misère vous faites comment ( prix de l'intervention à l'époque 800 Fr. somme énorme pour un tout petit salaire .
Commenter  J’apprécie          50
- Assieds-toi, René ! Je sais ce que tu vas me dire, et je ne veux pas l'entendre. A moi de parler ! Rien ne peut séparer ce que Dieu a uni. Le divorce n'existe pas aux yeux des chrétiens. La femme avec qui tu veux vivre, et avec qui tu vis sans doute, est la femme d'un autre et elle le sera toujours, quoi qu'en dise la loi. Elle le sera pour Dieu et elle le sera pour moi. Il est inutile que tu plaides, que tu tentes de m'attendrir et, quelle qu'elle soit, elle n'existera jamais pour nous.
René regardait en silence cette petite femme au visage volontaire, aux yeux de myope qui ne le voyaient pas tout à fait, et entre lesquels la vie avait creusé deux rides profondes et sévères. Sa mère, celle qui avait toujours eu le pouvoir, celle qui prononçait le jugement, l'interdit, celle à laquelle il avait sans cesse fallu échapper pour devenir un homme. Celle qui avait tenté toute sa vie de le façonner selon ses convictions aveugles, barricadée par toute son époque : "la religion, affaire des femmes - la maison et les enfants, affaires des femmes." Elle avait été une bonne mère, une étonnante femme d'affaires, une autorité dans le parti religieux. Elle était enfermée à tout jamais dans son rôle, avec toute une vie derrière elle.
C'était inutile de plaider : ni les mots, ni les sentiments, ni les êtres n'auraient droit de cité.
Commenter  J’apprécie          40
Victor et Mimi étaient déjà descendus quand maman arriva, très pâle, et posa un livre sur la table : un livre broché, beige, déjà sale et tripoté. Il y eut un silence, puis on entendit dégringoler l'escalier à toute vitesse et René entra. Le regard de sa mère l'arrêta :
- René, hier soir Joseph est allé ouvrir les lits et m'a apporté un livre qu'il a trouvé sous ton matelas.
Elle retourna le livre. C'était le roman de Zola "Nana"... Zola ! "Un pornographe ", disaient les "Études" des Pères jésuites, un homme dont tout l'œuvre était à l'Index et dont on disait qu'il fouillait les dessous de l'humanité et "ne connaissait de l'homme que la bête". Marie se souvenait de la violence des termes : "le grouillement du pourceau, le nez dans la pâture" ! On concluait : "Tirons un voile sur ces turpitudes." Et c'était cela que son fils lisait en cachette !
Commenter  J’apprécie          30
C'était Mme Lecoq, conciliante, mais très angoissée du ton que prenait la conversation. En bonne maîtresse de maison, elle lança sur le tapis le congrès féministe qui se tenait à Paris et qui faisait sourire :
- Je ne sais ce que vous en pensez, messieurs, quand ces femmes réclament le droit d'élire et l'accès à toutes les fonctions de l’État qui sont vos biens les plus sacrés, êtes-vous encore à leurs pieds ?
Ce fut un beau tapage. On cita Joseph de Maistre : "Introduite dans la politique, une femme ne serait plus une femme et n'arriverait jamais à être un homme."
- Mais elle rachète ses infériorités par certains avantages !
Les hommes riaient. Ils étaient là à leur affaire et Marie sentait plus vivement que jamais leur secrète arrogance.
- L'écart est fondé sur la nature, il ne saurait être supporté ni par la culture, ni par le temps. Vous êtes, mesdames l'ornement et le bonheur de nos sociétés. De grâce, n'abandonnez pas ce rôle ! C'est par votre séduction que vous régnez.
Commenter  J’apprécie          20

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Ménie Grégoire (97)Voir plus

Quiz Voir plus

Monde

Comment est le monde de Branwell Brontë selon Daphné DuMaurier :

Génial
Infernal
Merveilleux

10 questions
16 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}