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Citations de Michèle Perret (68)


Je vous parle d'un monde qui n'existe plus.

Des quatre populations dont le mélange a fait ma langue, mes chansons, mes superstitions et mes légendes, trois se sont enfuies – un été, les bateaux de pêche frétés à la hâte emportant des familles entières, oncles, grands-mères et nourrissons ; les paquebots, les pinardiers pris d'assaut, les déménagements qui s'entassent sur le port – chaleur des aéroport, deux nuits, trois nuits, cinq nuits passées sur place dans l'espoir d'une place de faveur, l'attente au soleil, les supplications auprès des transporteurs… La peur.

Tout un pays qui rendait des souvenirs, qui dégurgitait les déchets d'un siècle. Tout un pays qui recrachait sa crasse, sa misère, les vieux ressortis, cillant au soleil, pissant sous eux, la honte des familles étalée, vieux objets, enfants sales, baluchons et paniers, les pauvres au grand jour. Tristes trésors.

Insectes affolés, délogés de leurs trous, titubant dans la lumière cruelle - vulnérables et nus, ayant raflé de leur passé, sans choisir, tout ce qu'ils pouvaient prendre. Un vomis d'hommes et de choses qui s'écoule de la terre, tourbillon, agitation désespérée des fourmilières éventrées.
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Cet agriculteur curieux du passé était accompagné dans toutes ces visites par un petit microbe , une toute petite fille vêtue de rose qui le suivait sagement partout comme petit poisson pilote . Cette enfant de la ferme , j'avais imaginé qu'elle existerait un jour , qu'elle mettrait ses pas dans les miens et qu'elle aimerait ces lieux comme je les avais aimés : Il sera une fois un enfant brun ...racontais-je dans le dernier chapitre de Terre du vent .
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Ce sont des tranches de vies Oranaises qui nous sont contées ici avec beaucoup de délicatesse et de tendresse.
Ces femmes, tellement attachantes, nous les avons peut-être rencontrées un jour, je les ai peut-être croisées qui sait ? Prises dans un ouragan de violence, elles sont devenues les fantômes qui rôdent dans notre mémoire collective.
J'ai aimé chacun des personnages en imaginant leurs premières Amours, leurs traditions, leurs cultures, leurs espoirs, leurs silences, leurs cris et leurs combats.
L'auteur m'a émue et ses personnages m'ont bouleversée, je suis revenue deux fois sur " La lingère et les moustachus ".J'ai lu deux fois ce livre, il m'a bouleversée.
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La nuit était déjà tombée quand le convoi arriva, non pas dans un village comme a
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J’avais une ferme en Algérie…
Une phrase à la Karen Blixen , si transparente, si chargée de la mélancolie du temps jadis. Si désuètement coloniale, anglo-saxonne même, avec casques blancs, voiles et jupes longues, genre memsahibs sirotant leurs thés sous leurs vérandas, par exemple. Et quelques indigènes très gentils et de préférence humbles et serviables en fond de décor.
Mais voilà, outre que l’Algérie, ce n’était pas tout à fait ça, je n’ai jamais eu de ferme en Algérie. Cette ferme, (si tant est qu’on possède quelque chose en ce bas monde), elle a appartenu à mon arrière-grand-père qui l’a créée, à mon grand-père qui l’a embellie puis à mon père qui l’aimait et l’a perdue. Elle n’a jamais été à moi, je n’y suis même pas née, je suis née à Oran. Elle s’appelait Saint-Jean , j’y suis arrivée toute petite, si petite que cette terre m’a engloutie. Elle a façonné mon enfance. (...)
Vous connaissez la suite, les memsahibs ont fait leurs bagages, les Kikuyus de Karen se sont révoltés, et la dernière colonie à se décoloniser, l’Algérie, l’a fait avec une telle violence que nous en sommes encore tous meurtris.
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(...) je pense que ce sont les émotions contradictoires, les sensations, la présence absolue dans l'instant qui dilatent à l'infini cette avancée vers mon passé.
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Je vous parle d'un monde qui n'existe plus.
Des quatre populations dont le mélange a fait ma langue, mes chansons, mes superstitions et mes légendes, trois se sont enfuies – un été, les bateaux de pêche frétés à la hâte emportant des familles entières, oncles, grands-mères et nourrissons ; les paquebots, les pinardiers pris d'assaut, les déménagements qui s'entassent sur le port – chaleur des aéroport, deux nuits, trois nuits, cinq nuits passées sur place dans l'espoir d'une place de faveur, l'attente au soleil, les supplications auprès des transporteurs… La peur.
Tout un pays qui rendait des souvenirs, qui dégurgitait les déchets d'un siècle. Tout un pays qui recrachait sa crasse, sa misère, les vieux ressortis, cillant au soleil, pissant sous eux, la honte des familles étalée, vieux objets, enfants sales, baluchons et paniers, les pauvres au grand jour. Tristes trésors.
Insectes affolés, délogés de leurs trous, titubant dans la lumière cruelle - vulnérables et nus, ayant raflé de leur passé, sans choisir, tout ce qu'ils pouvaient prendre. Un vomis d'hommes et de choses qui s'écoule de la terre, tourbillon, agitation désespérée des fourmilières éventrées.
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