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Critiques de Miklós Bànffy (21)
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Vos jours sont comptés

Ces dernières années, j’ai développé un intérêt, une passion pour la Hongrie. En attendant de pouvoir y retourner, je lis des livres qui me permettent d’y voyager dans ma tête. Si le pays m’attire, l’histoire également. Le XIXe siècle et la Belle époque sont des périodes riches en bouleversements, que j’affectionne particulièrement (c’est fou, la nostalgie d’un temps qu’on n’a pas connu !), et le roman Vos jours sont comptés me permet d’y plonger.



Dans ce premier volet d’une triglogie, l’auteur Miklos Banffy y raconte la vie de quelques familles aristocratiques originaires de Transylvanie mais, comme leurs équivalents ailleurs dans l’empire austro-hongrois ou dans les autres pays européens, ils ne restent pas en place. Quand ils ne s’occupent pas de leurs domaines ancestraux, ils se retrouvent à Budapest ou à Vienne ou bien voyagent en Italie.



Le comte Balint Abady, Laszlo Gyeröffy, la belle Adrienne Miloth, Klara Kollonich, Fanny, Adam Alvinczy, les Kendy et tous les nombreux autres (désolé pour les accents que je n’arrive pas à placer sur les bonnes lettres !), sans le savoir, ils vivent leurs dernières heures de gloire : les parties de chasse à la campagne, la saison des bals puis des courses de chevaux, les mondanités, les parties de cartes dans les petits salons, même les rendez-vous secrets.



Ainsi, pour plusieurs, les vieilles fortunes ne suffisent plus à maintenir le train de vie auquel ils sont habitués. De plus, des fissures apparaissent dans l’empire. Et je ne parle pas seulement de ces Magyars qui réclament plus d’autonomie de la part de Vienne, non. À l’intérieur-même du royaume de Hongrie, les minorités ethniques (Croates et Roumains en première ligne) commencent à faire pression, à s’affirmer, bientôt à se rebeller…



Il faut dire que c’était l’air du temps. Le roman fait plusieurs références à des événements de l’histoire mondiale. Par exemple, la révolte russe de 1905, le litige entre l’Allemagne et la France à propos du Maroc, etc. Le prélude à la Grande Guerre, quoi !



Mais à travers la grande Histoire se joue des drames personnels. Par exemple, Laszlo qui ne peut se retenir de jouer perd sa fortune et même les l’argent que lui prêtent ses amis. Ou bien Balint qui essaie gérer ses domaines en «bon père de famille» se rend compte que ses Roumains ne veulent pas de son aide et plutôt chechent à s’émanciper. Ainsi, à travers leurs interactions, les gens de la haute société entrent en contacts avec les autres classes qui ne sont pas oubliées. Les domestiques, les paysans, mêmes les enfants de ces derniers qui, en ce siècle de changement, ont réussi à obtenir une éducation, à accéder aux professions libérales et ils souhaitent faire entendre leurs voix.



J’avais beaucoup aimé (et probablement préféré) la trilogie Les Dukays, écrite par Lajos Zilahy. Elle était plus romancée et tournée vers des drames personnels. Mais cette autre trilogie que j’entame apporte un supplément appréciable : Vos jours sont comptés explique plus clairement les enjeux politiques en Europe et à l’intérieur-même de l’empire austro-hongrois. Balint est député à l’assemblée, il lit les journaux, se tient informé et, conséquemment, le lecteur en sait autant que lui sur la situation.



Malgré tout, il me reste une déception, toute petite : je n’ai pas l’impression avoir vu la Transylvanie, qui représentait à l’époque une des dernières régions «sauvages» de l’Europe. Je ne m’attendais pas à y voir surgir des vampires mais tout de même… L’intrigue aurait presque pu se dérouler dans n’importe quelle autre partie de la Hongrie et ça n’aurait pas fait une grande différence.
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Que le vent vous emporte...

Troisième et dernier volet de la saga de Transylvanie. Plus courts que les deux premiers (de près de la moitié), Que le vent vous emporte propulse à une vitesse folle ses personnages vers une fin prévisible mais en même temps magistrale. Elle coïncide avec la Première guerre mondiale, l’éclatement de l’empire austro-hongrois et, par la même occasion, la fin d’une époque. Voire, de la Belle Époque. Mais moi aussi je vais trop vite.



Que le vent vous emporte se déroule environ un an après les événements relatés dans le deuxième tome. Le comte Balint Abady continue son travail de député au parlement hongrois (ainsi, il est aux premières loges de toutes les ramifications politiques des événements qui bouleversent son pays, de même que le lecteur) et il essaie d’améliorer le sort des paysans de sa Transylvanie natale. Mais, ce qui attire surtout l’attention, c’est son histoire d’amour impossible avec la jolie Adrienne. On espère vraiment qu’elle trouvera un dénouement heureux.



D’autres personnages récurrents apparaissent ça et là (comme sa mère Roza ou son cousin Laszlo Gyeroffy) mais leur importance est moindre. On sent que la fin approche et, au fur et à mesure qu’on avance, on dit adieu à certains d’entre eux. C’est bien et terrible à la fois parce que, après trois tomes, on s’est attaché à la plupart d’entre eux, autant les mal-aimés que les lâches et les profiteurs.



Toutefois, l’essentiel de l’attention est mise sur Balint Abady et sur les événements historiques. Et il y en a, de ces événements, surtout terribles. Les années 1910 à 1914 défilent. L’annexion de la Bosnie est chose du passé mais la poudrière des Balkans est allumée : l’Albanie se rebelle, la Serbie, la Bulgarie et la Grèce en profitent, l’empire ottoman ne réussit pas à les contenir. Et puis, il y a d’autres enjeux ailleurs dans le monde qui attirent les grandes puissances, comme le contentieux du Maroc. Tout le monde se prépare à un conflit.



Puis, tout dérape. Pourtant, en tant que lecteur (quiconque se rappelle ses cours d’histoire), on sait que tout ce beau monde court à sa fin. 1914, l’assassinat de l’archiduc, les ultimatums… Inconscients, les aristocrates et bourgeois de Hongrie tiennent peu compte des nouvelles données. Ils pensent que ne sera qu’un conflit aux frontières de l’empire, qu’importe ! Ils continuent à faire comme si le monde resterait inchangé et concentrent leur énergie en débats futiles. Et ce qui devait arriver arrive : ils courent à leur perte.



Que le vent vous emporte est un long chant du cygne. Peut-être un peu trop long, j’avais un peu hâte d’en arriver à la fin tragique à laquelle je m’attendais. Dans l’ensemble, elle a répondu à mes attentes. Toutefois, j’aurais aimé savoir ce qui se passe après. En effet, le monde n’est plus le même mais il est toujours là.
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Vous étiez trop légers

Poursuivons l'aventure en Transylvanie. Dans ce deuxième tome d'une trilogie, l'auteur Miklos Banffy revient avec sa bande d'aristocrates hongrois du début du XXe siècle, représentatifs de leur société, de leur monde, et qui foncent à pleine vitesse vers l'audestruction. À travers son histoire et ses personnages, on sent la nostalgie pour cette époque révolue, cette grandeur passée. Un peu long mais tellement agréable.



En effet, les tensions, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, prennent de l'ampleur. Les députés se chamaillent entre eux, rendant le gouvernement inopérable, les représentants des minorités (essentiellement Roumains et Croates) revendiquent leur autonomie. Sur l'équiquier européen, les choses ne vont guère mieux. Les membres de la Triple-Entente craignent le rapprochement anglo-russe. Devant cette menace d'encerclement, mieux vaut porter le premier coup, non ? Ainsi donc, le sort en est jeté pour cette pauvre Bosnie, annexée par l'Autriche-Hongrie. Mais, sans le savoir, la poudrière des Balkans est allumée…



Mais tous ces problèmes, les Magyars ne semblent pas s'en apercevoir. Exception faite du comte Balint Abady, député idéaliste, voire utopiste, qui essaie de concilier tout le monde (quoique bien empêtré dans une relation amoureuse impossible), tous les autres sont trop affairés par leurs privilèges et leurs besoins égoïstes. Bande d'inconscients ! Personne ne voit la menace pointer.



Vous étiez trop légers. Ce titre, il est bien choisi. Comme une critique lancée à cette classe dirigeante, aristocrates, trop occupés à la chasse à la campagne, aux duels inutiles, aux soirées mondaines frivoles, aux vacances couteuses, etc. Sans oublier ceux qui cherchent à faire le meilleur mariage ou à s'endetter jusqu'au cou, comme ce pauvre Laszlo qui doit vendre son patrimoine parcelle par parcelle.



L'auteur hongrois Miklos Banffy a bien rendu cette époque, en fait, ses mots la font resurgir sous nos yeux. Il a très bien dosé l'équilibre entre les événements historiques, qui constituent une trame de fond (suffisamment expliquée, d'ailleurs, sans longueur ni lourdeur), aux drames plus personnels de ses personnages principaux. Ceux-ci vivent pleinement la Belle Époque. Un peu trop, ils ont pris de l'avance et se croient dans les Années Folles, fonçant tout droit vers le précipice… Terminons avec le troisième tome.
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Vos jours sont comptés

C'est étonnant comme, parfois, la découverte d'un auteur prend des chemins détournés. C'est en lisant Sandor Marai qui me mène à la liste Hongrie, que je rencontre Miklos Banffy et je ne l'aurais probablement jamais connu sans Babelio.

Dans ce roman "vos jours sont comptés", je trouve tous les ingrédients qui me font aimer la lecture :une fresque historique et sociale, des personnages attachants aux multiples facettes et loin des clichés, des intrigues sentimentales contrariées, un milieu méconnu.

L'auteur déploie un réel talent de conteur pour décrire, malgré les fastes, son monde en déclin, la Transylvanie juste avant la chute finale de l'empire austro-hongrois. C'est encore le temps des futilités, des mondanités et des bals.

"Ainsi, au printemps, les courses de chevaux, tout aussi passionnantes que les coups de fusil en automne. Pour convoquer une session de la Chambre haute, une assemblée de parti ou une réunion de club, il fallait tenir compte en été de la chasse aux perdrix, en septembre de la cervaison, à l'entrée de l'hiver des battues aux faisans ; au printemps, il fallait connaître le calendrier des courses. A la saison hippique de Budapest succédait celle du derby de Vienne..."

Conservateur, nostalgique du luxe de la Belle Epoque, Miklos Banffy se révèle cependant ouvert au progrès, malgré les frustrations et les peurs qu'inspire un monde nouveau.

Outre de magnifiques passages où son héros Balint est en communion avec la nature resplendissante, il décrit longuement l'imbroglio politique de cette période tourmentée et la complexité des relations avec la puissante Autriche.

Même s'il n'égale pas le génie de Tolstoï dans ses œuvres les plus magistrales, on en retrouve l'esprit et l'inspiration dans "vos jours sont comptés".

Une belle découverte de plus de 750 pages avec le seul tome 1. Et il y en deux qui suivent !
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Que le vent vous emporte...

Troisième et dernier volet de cette fresque sociale et politique de la Mitteleuropa, région multi-ethnique malmenée par l'histoire, dont le déclin se précise au début du 20e siècle.

A la disparition successive des êtres aimés (personnages du roman) fait écho la chute des dynasties.

Me reste l'admiration pour l'auteur, un grand conteur qui cisèle son texte, qu'il s'agisse de politique, de séances du Parlement, des parties de chasse effrénées, des soirées mondaines, d'hommage à la nature ou d'intrigues.

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Vos jours sont comptés

Délaissant pour un temps les salons victoriens, les bas-fonds londoniens et la mélancolique campagne anglaise (où j'ai pu croiser tour à tour la fragile Jane, l'affreux Jack ou l'inquiétant Mr Drood) , j'ai mis le cap en Hongrie. Tout d'abord dépaysée par ses montagnes, ses forêts de sapins, ses habitants aux patronymes si beaux mais parfois si imprononçables, j'y ai finalement retrouvé la même faune, la même misère qui cotoie la plus extrême des richesses, les mêmes "bien-nés" accrochés à leurs privilèges, davantage préoccupés par le prochain bal ou la prochaine course de chevaux que par le devenir de leur prochain, inconscients pour certains de la fin imminente de leur règne, les mêmes amants malheureux, la même soif de réussir ou de s'en sortir. Miklos Banffy a été mon guide dans cette fin de monde, un guide à l'oeil de peintre (une couleur pour chaque chose, chaque être, chaque émotion) , et je suis prête à le suivre dans cette aventure transylvaine à trois temps. Mais ensuite, je regagnerai sans doute la perfide Albion où mon esprit est décidément resté ancré.
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Vos jours sont comptés

C’est le premier volume de la Trilogie de Transylvanie, vaste fresque romanesque, aux personnages nombreux. Nous sommes au début du vingtième siècle, même si les années dans lesquelles se déroulent les événements ne sont jamais données avec précision. Après 1905, puisque la guerre russo-japonaise est juste terminée. Nous suivons les destinées de plusieurs personnages, issus du même monde, celui de l’aristocratie hongroise originaire de Transylvanie. Bálint Abády en tout premier lieu, qui ressemble par certains aspects à l’auteur lui-même. Au début du roman, il rentre dans sa Transylvanie natale, décidé à se faire élire comme député et d’abandonner la carrière dans la diplomatie qu’il avait commencée dans les ambassades autrichiennes. Grâce à lui nous pourrons suivre la vie politique hongroise, et croiser les hommes politiques importants de l’époque. Mais si Bálint revient, ce n’est pas que pour sa carrière. Il n’a jamais pu oublier sa cousine Adrienne, bien qu’elle ait épousé un autre homme d’une façon brusque et incompréhensible. Les bals, parties de chasse, et autres réjouissances mondaines vont lui donner l’occasion de la revoir et nouer des relations avec elle, relations qui vont vite devenir très tendres. Mais il y a aussi le cousin de Bálint, László, que son tuteur a obligé à faire des études de droit, alors qu’il ne rêvait que de musique, et qui devenu majeur décide de rattraper le temps perdu, et de composer. Mais l’amour qu’il porte à Klára, sa riche cousine, va perturber ses plans.



En fait il est impossible de résumer ce roman, tant les personnages sont nombreux et les événements abondants. Il y a aussi bien les événements historiques dans l’empire austro-hongrois en décomposition, dont la chute est proche, même si cette éventualité est totalement imprévisibles pour les aristocrates hongrois qui dansent au bord du gouffre. La fin prochaine de leur monde ne les empêche pas de passer les nuits à boire, à jouer, à danser, à faire des folies, et à terminer parfois au matin par un duel sans véritable raison. Miklós Bánffy montre l’inconscience et le manque de vision à moyen terme de cette classe, qui aussi a du mal à voir de ses palais la souffrance de petites gens, paysans ou domestiques, exploités et humiliés. De même qu’elle ne réalise pas l’exaspération qui monte chez les minorités, roumaine en particulier. Ils sont en fait assis sur une poudrière, et ne s’en rendent pas compte, ergotant sur questions insignifiantes, et mourant bêtement pour des dettes de jeu.



Miklós Bánffy dresse des portraits forts de personnages attachants. Les femmes en particulier sont remarquables, malgré toutes les contraintes que cette société fait peser sur elles, aussi bien jeunes filles que femmes mariées. Elles ne peuvent réussir un peu à assouvir leurs aspirations que dans le mensonge et la dissimulation, en dérobant quelques moments de bonheur toujours fugitif.

L’auteur nous dresse un portrait saisissant d’un monde crépusculaire, d’autant plus beau qu’il est voué à disparaître, d’autant plus cher qu’il vit ses derniers instants. Il a connu ce monde, et il nous en restitue de mémoire les détails et les enchantements, tout en étant lucide sur ses laideurs et ses absurdités.

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Vos jours sont comptés

« Oui, on mangeait davantage, on buvait davantage qu’ailleurs dans ces agapes savamment organisées, et tous y tenaient des propos plus vifs, plus joyeux, comme pour oublier une menace qui rôdait alentour dans le noir ». En 1904, sûre de sa puissance et de sa grandeur, l’aristocratie hongroise se dépense en fêtes et réceptions somptueuses. Bals, dîners, parties de chasse, courses hippiques, rien n’est trop beau pour montrer sa richesse, raffermir les liens sociaux, projeter de nouvelles alliances qui perpétueront la fortune et renforceront le prestige. Fascinée par sa propre représentation, la bonne société hongroise ne voit pas, ou ne veut pas voir, les signes annonciateurs de la déliquescence de l’empire austro-hongrois.



Le pays est alors en proie à des soubresauts politiques. L’empire vit depuis 1867 sous le régime de la Double-Monarchie (Autriche et Hongrie). Au parlement hongrois, la lutte est âpre entre partisans de l’empire, autonomistes, gauchistes et représentants des minorités. Si la plupart des députés sont favorables à une autonomie accrue de la Hongrie, ils tiennent avant tout à conserver leurs privilèges d’aristocrates. Les subtilités des crises politiques qui agitent constamment le pays m’ont parfois échappé, mais elles ne constituent que l’arrière-plan de l’histoire, comme un révélateur du climat de l’époque.



On suit particulièrement deux personnages, Balint Abady et Laszlo Gyeroffy, cousins et amis d’enfance, issus de cette noblesse de Transylvanie qui tente de faire oublier son statut de provinciale. Balint vient de se faire élire comme député indépendant. Il revient au pays, après deux ans passés à l’étranger comme attaché d’ambassade, pour administrer son domaine. Bien que progressiste, il dirige tout d’une main ferme, en grand seigneur. Laszlo, lui, est devenu orphelin très jeune. Il vient d’abandonner ses études de droit auxquelles le destinait son tuteur, pour étudier la musique et devenir un grand musicien. Il souffre d’un complexe vis-à-vis de sa famille qui le considère comme un membre de seconde zone. Leurs amours malheureuses avec Adrienne, amie de Balint, jeune femme mal mariée, et Klara, jeune fille idéaliste, constituent la trame principale de l’intrigue.



« (…) l’individu est mené par son psychisme et sa mentalité, par ses inclinations et ses manques, par ses actes et ses omissions. Le premier pas, en apparence indifférent, que nous faisons sur le sentier du destin nous conduit vers des conséquences inexorables, et nous ne pouvons plus nous arrêter, jusqu’au jour où le sort, qui nous attend au coin du bois, s’abat sur nous comme dans la tragédie grecque ». Splendeur aristocratique, passions contrariées, intrigues matrimoniales, luttes de pouvoir, dettes d’argent, affaires d’honneur, l’auteur mêle avec brio les éléments classiques du drame de la Belle Epoque. La corruption des puissants comme des faibles, la condition d’un peuple asservi à ses maîtres, l'alcool, le jeu complètent le tableau d’un empire courant à sa perte.





Miklos Banffy (1873-1950) était lui-même issu d’une grande famille de Transylvanie, pays dont il nous offre des descriptions somptueuses. Son talent de conteur est indéniable. Il était appelé le “Tolstoï de Transylvanie”. Avec sa multitude de personnages secondaires et son sens du récit, « Vos jours sont comptés » possède en effet le souffle des grands romans. Publié en 1934, le livre fut oublié puis redécouvert en 1999. L’histoire se poursuit avec « Vos étiez trop légers » et « Que le vent vous emporte », les deux autres volets de sa « Trilogie transylvaine ». Une fresque éblouissante.


Lien : http://plaisirsacultiver.unb..
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Vous étiez trop légers

Deux ans déjà que j'ai terminé le premier tome de la trilogie transylvaine imaginée par Miklos Banffy.

L'empire de François-Joseph vieillissant est sur son déclin.

Je retrouve Balint, héros de l'auteur (et en grande partie alter ego), comte hongrois et parlementaire progressiste, propriétaire terrien ouvert aux idées nouvelles mettant fin à un univers dépassé, celui que Zweig appelle "le monde d'hier" qui inspire une profonde nostalgie pour un passé englouti définitivement et qui doit mettre un terme à bien des injustices.

Du Nord au Sud, de la Russie à la Grèce, en passant par les innombrables ethnies d'Europe centrale, un monde s'écroule et l'effervescence est à son comble. Chaque peuple revendique son autonomie, sa liberté, la fin des privilèges seigneuriaux.

Une page d'histoire avec une intrigue romanesque servie par un conteur trop méconnu, particulièrement talentueux lorsqu'il parle de la nature et des paysages sauvages de sa patrie bien-aimée où il a l'habitude de chevaucher.
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Que le vent vous emporte...

Troisième et dernier volume de la trilogie transylvaine, elle couvre les années de 1911 à 1914 pour s’achever avec l’entrée en guerre de l’Autriche-Hongrie. Ce conflit que les Hongrois n’ont pas vu venir, occupés à leurs querelles internes, ils n’ont pas compris que les affrontements dans les Balkans allaient entrainer l’Europe vers la catastrophe.



Balint Abady, personnage central du roman se débat toujours dans les difficultés : comme député il est au cœur des affrontements parlementaires à la chambre hongroise, ses tentatives pour promouvoir les coopératives paysannes s’opposent aux pouvoirs locaux des notaires et autres prévôts et son amour pour Adrienne ne peut aboutir au mariage dont il rêve.

Autour de Balint, les nombreuses intrigues secondaires conduisent leurs protagonistes à l’échec, c’est la fin d’un monde, d’un art de vivre.

Le vieil empire de François-Joseph se délite, la perte de l’Italie, les révolutions de 1848 et 1867 l’avaient affaibli, la première guerre mondiale lui portera le coup de grâce. Balint impuissant mais lucide comprend que s’en est fini de son monde, il ne voit pas arriver la guerre avec joie comme la plupart de ses compatriotes.



Roman crépusculaire et contemplatif où l’auteur s’attarde souvent avec tendresse sur les paysages et les traditions de la Transylvanie. Pour ce dernier chapitre les enterrements ont remplacé les bals fastueux de l’aristocratie et les airs tziganes n’enchantent plus les fêtes. Les voitures commencent à prendre la place des chevaux qui faisaient la fierté de leurs riches propriétaires qui les aimaient plus que leurs paysans. La modernité s’installe peu à peu ce qui n’est pas pour déplaire au progressiste qu’est Balint, bien qu’il comprenne qu’elle sonne le glas de sa classe sociale mais sans qu’il se doute qu’elle apporte l’industrialisation de la guerre et de la destruction.



L’enchainement malheureux qui amènera à la première guerre mondiale donne à réfléchir, les conflits entre les micro-états des Balkans n’inquiétaient guère en Transylvanie et pourtant les intérêts et alliances des grandes puissances ont conduit à un désastre imprévisible. A l’heure où la guerre est de retour en Europe il y a de quoi s’interroger.

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Vos jours sont comptés

L’Autriche-Hongrie apparait comme un miracle historique, durant lequel des ethnies pratiquant des religions différentes et ayant des contentieux anciens ont réussi à vivre ensemble pendant des siècles. De nombreux romans ont rendu compte de cet équilibre fragile et de la manière dont il s’est rompu avec la première guerre mondiale.

« Vos jours sont comptés » premier volume d’une trilogie, se situe à la veille de la déflagration dans une Hongrie en ébullition institutionnelle mais loin de comprendre qu’elle est au bord de l’abîme. C’est dans la grande aristocratie que se déroule l’intrigue du roman qui mélange peinture sociale, amours contrariés et manœuvres politiques.



On peut considérer « Vos jours sont comptés » comme l’archétype du grand roman classique, tout ce qui en fait la richesse est présent : nombreux personnages, longues descriptions des lieux et des évènements, analyses psychologiques fouillées, récit linéaire et lent pour envouter le lecteur. Évidemment il faudrait avoir de bonnes notions en histoire politique de la Hongrie pour saisir toutes les nuances des combats dans les différentes assemblées mais le lecteur ignorant n’est pas perdu pour autant.



Deux cousins nobles sont les fils conducteurs de l’histoire, Balint Abady et Laszlo Gyeröffy cherchent leur place dans le monde. Le premier, élu député, se veut progressiste et ouvert à des idées nouvelles pour améliorer la condition de ses paysans, le second cherche sa voie dans la musique mais sans grande détermination.

L’un comme l’autre sont amoureux de femmes qui le leur rendent bien mais dans cette société on se marie pas par choix mais pour l’intérêt financier ou pour le prestige. La femme est un moyen d’échange, un objet que l’on met en valeur dans d’interminables bals qui sont la distraction préférée de la haute société avec les chasses en grand équipage.

Les classes sociales semblent figées et séparées pour l’éternité, la riche et oisive aristocratie n’est pas consciente de la fragilité de sa situation, la modernité n’est pas encore visible mais les difficultés financières apparaissent, les ethnies méprisées demandent à être représentées, les bourgeois progressent au cœur de l’état et le peuple comme un braconnier sape les rentes centenaires de ces aristocrates occupés à leurs plaisirs amoureux.



Ce premier volume qui s’avère assez sombre malgré les dorures et les lumières des salles de bal, fixe le cadre, place les acteurs sur l’échiquier et tend les ressorts de l’intrigue. Le lecteur devine que les épisodes suivants ne feront qu’entrainer les héros dans la chute et qu’il lui faudra du souffle pour les accompagner.

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Que le vent vous emporte...

Dans ce troisième et dernier volume, Miklós Bánffy amène ses personnages et le monde dans lequel ils vivent vers le dénouement qui s’annonçait depuis un moment, un dénouement tragique, et inéluctable. Personne ne va échapper à son destin, et ce volume contient un nombre important de terribles d’événements. Les morts y sont nombreux, et plus on avance vers la fin, et moins l’auteur nous donne pour respirer de moments de beauté, de grâce, ou d’apaisement. Il ne reste plus qu’à mourir avec dignité, avant de voir sombrer le monde rassurant et heureux, certes un peu vain et égoïste, mais tellement rempli de bonheurs et de joie de vivre dans lequel évoluaient les héros. Le bonheur individuel est impossible dans un monde qui s’enfonce dans le chaos et la haine.



J’ai peut être moins aimé ce dernier volume que les précédents, parce que d’une certaine façon tout est déjà joué, et il n’y a que peu de doutes sur ce qui va se passer. Toute cette noirceur, tout le désespoir d’un univers proche de la destruction sont certes poignants, mais en même temps peut être trop prévisibles, et déjà très fortement annoncés dans les volumes précédents. Il me manquait un peu le frisson de l’inattendu, du surprenant, qu’il y avait dans les deux premiers volumes. Là tous les personnages sont connus, et le fin déjà jouée. Mais évidemment on ne peut s’empêcher de la lire, parce que l’on s’est attaché à tous ces personnages, qu’on aime le monde de Miklós Bánffy, et que l’on veut aller jusqu’au bout de l’aventure, même si on devine ce qui va arriver. Le pathos est plus présent et l’humour beaucoup moins, comme si l’auteur en face de la catastrophe finale, n’arrivait plus à garder la distance qu’il avait maintenu entre son récit et ses propres sentiments.



Une très belle trilogie, foisonnante et riche, remplie de personnages attachants, d’une douce mélancolie, d’une poésie discrète et prenante. Un récit subtil, dont il est difficile d’oublier les méandres. Une œuvre originale, née de la plume d’un écrivain puissant et fin à la fois, ayant à sa disposition un style parfaitement maîtrisé. Une très belle découverte.

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Que le vent vous emporte...

C'est malheureusement la fin...là où tout se dénoue..où se noue! Régalez vous, la ballade est toujours aussi belle & je vous mets au défi de ne pas avoir envie de vous y rendre & découvrir ces incroyables & majestueux paysages!!! Las, je crains qu'ils n'aient en partie disparu, tout comme les héros de cette trilogie!!!
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Vous étiez trop légers

C'est un peu le Guépard de Lampedusa version Mittleeuropa! Les mondes traditionnels aristocratiques s'effondrent mais rares sont ceux qui s'en rendent compte ...outre les superbes & dépaysantes descriptions des paysages, qui donnent envie de s'y rendre, les personnages & les sentiments y sont délicatement explorés. Ces pays sont tellement inconnus & mystérieux pour nous (ils ont été bouleversés par les traités qui ont suivi les 2 guerres mondiales), qu' on a envie de savoir où ils se situaient effectivement. D'où mon regret de ne pas avoir de cartes dans le livre, donc conseil, procurez vous en ..!! La Roumanie n'est plus ce qu'elle était, idem pour la Hongrie..
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Vos jours sont comptés

Pour ce qui est de la description de ce roman, de ces personnages et du « décor », je trouve que lolo71 a déjà dit tout ce qui était nécessaire de savoir. Seulement, j’aimerais vraiment expliquer ce que j’ai ressenti en lisant ce livre parce qu’en ce qui me concerne, ça n’a été ni tout à fait blanc ni tout à fait noir.

Ce qu’il faut savoir, c’est que quand on commence cette trilogie, je pense réellement qu’il faut s’engager à aller jusqu’au bout et lire les trois livres. Pour être tout à fait honnête, quand j’ai ouvert ce livre, dès les premières lignes j’ai trouvé le style incroyablement pompeux (comme ce qui a déjà été dit dans une autre critique d’ailleurs), surtout dans les descriptions de paysages (il faut dire que je n’aime pas beaucoup les longues descriptions à part chez quelques écrivains). Je n’avais qu’une envie c’était de refermer le livre et d’abandonner là la découverte. Ce qui m’en a empêché, c’est que je lis régulièrement depuis quelques temps seulement, et que je fais absolument tout pour lire même ce qui, a priori, ne m’intéresserait pas si je restais toujours dans ma zone de confort, à lire seulement ce qui est agréable et joli. Et je pense que j’ai bien fait de continuer !



Le paradoxe de cette trilogie, c’est que oui, le sentiment général est qu’on n’a pas besoin de trois pavés pour faire le tour de cette histoire et que très souvent, l’auteur se répète, d’où l’impression de longueur et l’envie de lâcher prise … Mais je pense que c’est seulement quand on arrive vers la fin du troisième tome qu’on se rend compte que tout ce qui a été dit (et peut-être répété) était bien utile et que même les détails qui peuvent nous rebuter à première vue font partie d’un dessein plus grand, que tout a bien été réfléchi et calculé et que chaque livre, chaque ligne a son utilité. En vérité, cette épaisseur, ces répétitions participent à nous ancrer complètement dans cette époque et dans la vie des personnages.



Je ne pourrais pas défendre à tous les coups l’écriture, qui est peut-être un peu pompeuse, c’est vrai, mais cela alterne aussi avec de nombreux passages qui sont très bien écrits et qui arrivent à nous toucher, bien qu’on soit si éloigné en temps et en espace de ces intrigues. Le côté fort de ce roman, c’est que les thèmes et les sentiments humains abordés nous concernent toujours aujourd’hui, bien que l’histoire, elle, de l’Autriche-Hongrie, des aristocrates hongrois, et de ce microcosme transylvain, soit tout à fait révolue.



On ne peut pas aborder cette trilogie comme le simple récit des amours contrariés de la noblesse hongroise au début du XXème siècle. Je trouve personnellement que la politique et l’histoire prennent énormément de place et sont loin de se résumer à un arrière-plan.

Clairement, si on n’aime pas l’Histoire, qu’on ne s’intéresse pas du tout à l’Autriche-Hongrie, ou qu’on a du mal avec la politique, cette lecture n’est pas indiquée. Si il y a bien deux personnages principaux au départ qui sont les cousins Bálint et László, dès le second livre l’intrigue se resserre principalement autour de Bálint, qui en plus de gérer des terres héritées en raison de sa noblesse, est parlementaire. Les personnages fictionnels font donc place, entre deux récits, à des personnages bien réels eux, qui sont les politiciens hongrois du début du XXème siècle qui ont assisté et ont en partie été à l’origine du déclenchement de la première guerre mondiale et de la fin de la double monarchie austro-hongroise.



Le côté politique n’est pas toujours facile à suivre, puisqu’il s’agit d’un autre pays et d’une autre époque, mais au final, j’ai vraiment été très contente que l’auteur insiste à ce point-là sur le déroulement de la vie politique. Parce que bien que dans l’intrigue même, elle montre les faiblesses de la monarchie hongroise et les crises qui ont déclenché les malheurs à venir, ces politiciens sont aussi ceux que l’on peut toujours avoir sous les yeux : ceux qui ne sont motivés que par leur propre intérêt, ceux qui sont sacrifiés pour une plus grande cause par leurs propres partisans, ceux qui restent silencieux … Et puis il y a ceux qui, comme Bálint, impuissants ou presque face aux grandes volontés et aux égos démesurés, assistent à un véritable désenchantement, de la population et de l’être humain en général face aux hommes qui, la responsabilité d’une nation tout entière entre leurs mains, déçoivent et déchirent leur pays.



En ce qui concerne, les personnages, c’est vrai qu’ils sont très nombreux et que jusqu’à la fin, on peine un peu à se rappeler qui est qui. Mais ce sont toujours les mêmes qui reviennent et du coup on a quand même des repères, certains qu’on préfère, d’autres qu’on apprécie moins. Miklós Bànffy s’attarde, bien que moins longuement, sur les personnages secondaires, qui ont tous plus ou moins un lien d’amitié ou de parenté avec les deux personnages principaux Bálint et László .

Et il n’y en a pas que pour les nobles non plus : comme Bálint gère de vastes terres en Transylvanie, on a l’occasion d’entendre parler des villageois, du personnel (ceux qui servent la famille de Bálint ou les autres), des petits personnages de province … Et on peut donc aussi découvrir, certes plus rapidement que pour la noblesse, leurs conditions de vie, leurs préoccupations.

C’est aussi par ce biais qu’on découvre ce qu’est avant tout la monarchie austro-hongroise : un territoire habité par des peuples d’ethnies et de religions tout à fait différentes les unes des autres et qui cohabitent tant bien que mal. La plupart d’entre eux vivent bien ensemble, mais il y a les agitateurs, et surtout la colère qui gronde parce que ceux qui font partie des minorités (Roumains, Tchèques, Serbes, Croates, etc.) sont pratiquement laissés pour compte, toujours moins bien traités que les Autrichiens (qu’on appelle plutôt « Allemands » à cette époque) et que les Hongrois.



Cette lecture ne m’aura peut-être pas enflammée, mais elle m’a apporté beaucoup. C’est une lecture vraiment complète, car même si je n’en parle pas beaucoup ici, l’Homme est bien entendu au centre de cette trilogie, qui nous fait cadeau d’une très belle histoire d’amour et décortique les existences de nombreux êtres chahutés par le destin, comme trop faibles pour supporter la dureté et la fragilité de leur vie sur cette terre. Il y en a pour tous les goûts, un véritable échantillon des traits de caractère, des comportements, des peurs et des interrogations que chacun d’entre nous peut avoir, peu importe l’époque et le pays ! Certains personnages au destin assez tragique m’ont énormément touchée. Miklós Bànffy est un observateur très attentif de ce qu’on pourrait appeler la misère humaine, il n’en rajoute pas des tonnes et même si il aime bien accentuer les qualités de ses héros, il n’est jamais bien méchant avec les personnages plus noirs ou ambigus.



Ce livre m’a bien évidemment rendue très curieuse par rapport à la Hongrie et son histoire, et je le recommande donc également aux curieux en tout genre, que l’on aime les voyages, l’histoire, ou autre, il y a forcément quelque chose à en retirer.

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Vos jours sont comptés

Un seul regret, l'auteur est mort & ne pourra donc plus écrire d'autres romans! On est emporté en Transylvanie, pays mythique & dissout dans l'Europe de l'Est aujourd'hui, mais tellement ensorcelante & racontée de manière si belle. L'histoire est tragique car elle est à l'image de la grande Histoire de l'empire austro-hongrois, inéluctable, belle & sans issue... C'est décrit de l'intérieur, combat d'un homme qui se débat pour sauver un mode de vie & son domaine, face au cynisme des grandes familles qui ne voient rien venir & sont persuadées que rien ne va changer! A dévorer sans oublier les 2 autres tomes!!
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Vos jours sont comptés

C'est un trés gros roman Hongrois de Miklos Bànffy,de 700 pages ,découvert par hasard.

Ce sont les amours contrariées d'un couple qui tente de conquérir le Bonheur.

Surtout ,c'est la description sans complaisance du déclin de l'Empire Austro- Hongrois pendant la belle époque,avec ses fastes,sa décrépitude presque ,au bord de la rupture.

C'est nostalgique,lancinant,inoubliable.
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Vous étiez trop légers

Le deuxième tome de la Trilogie transylvaine s'attache plus particulièrement au parcours de Balint Abady, son cousin Laslo Gyeröffy, acteur majeur du premier volume, disparait quelque peu du roman tout en poursuivant sa descente aux enfers.

Balint Abady est un aristocrate propriétaire terrien, député au parlement hongrois et amoureux de la belle Adrienne malheureuse dans son mariage avec l'inquiétant Udzy, tout le roman s'articule alternativement autour de ces trois situations.



Socialement Balint est un progressiste, il est sensible aux difficultés des paysans et veut promouvoir les coopératives pour que les plus faibles échappent aux dominations locales mais il va se heurter aux privilèges que se sont ménagés les propriétaires aidés de notaires et avocats plus ou moins honnêtes.

Sur le plan politique il est un indépendant plutôt conservateur mais balloté dans les soubresauts d'un parlement hongrois agité. Les hongrois en mal d'autonomie fissurent l'Autriche Hongrie sur des sujets mineurs alors que, dans une presque indifférence, la situation internationale se dégrade rapidement ce qui mènera à la première guerre mondiale.

Enfin son amour pour Adrienne qu'il voudrait couronner par un mariage et une famille est bloqué par l'hypothétique divorce d'Adrienne.



Ce deuxième volume est donc celui des échecs annoncés, Balint se débat de son mieux pour faire avancer ses intérêts mais l'épuisement le gagne, les nuages noirs s'accumulent et le troisième volume promet de graves orages.

On peut trouver des longueurs et des redondances dans le roman malgré le brillant talent de conteur de Banffy, il excelle dans les nombreuses scènes de chasse ou de ballades dans la nature durant lesquelles le lecteur croit avoir des bottes mouillées et sentir l'humus des sombres forêts de Transylvanie.

Les évènements politiques sont très difficiles à suivre, faute de connaissance de l'histoire et du personnel politique hongrois, a contrario l'évolution de la situation internationale est plus accessible et comme dans Les Thibaut le tableau qui va mener le pays du héros à la guerre se construit progressivement à coup d'affrontements dérisoires dont les protagonistes du roman, en toute légèreté, ne mesurent pas les conséquences.

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Vous étiez trop légers

Nous suivons les destinées des personnages avec lesquels nous avons fait connaissance dans le premier tome de la trilogie. On ne peut pas dire que l’auteur les gâte, et les destins sont plus souvent plus tragiques qu’heureux. Mais je ne veux pas raconter les choses en détail, parce qu’il serait dommage de gâcher le plaisir de ceux qui voudraient lire ces romans à l’intrigue très romanesque.



En tous les cas, pendant que mariages, décès, drames ou moments heureux se déroulent, la tension monte en Europe, qui se dirige inéluctablement vers la première guerre mondiale. Bálint en est une sorte d’observateur privilégié et en même temps impuissant. Pendant que certains se dirigent sciemment vers le conflit armé, d’autres semblent totalement inconscients du danger, persuadés que rien ne va remettre en cause le monde qu’ils connaissent et qu’ils aiment. Il est pourtant très proche de la rupture.
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Vos jours sont comptés

Pas moyen de terminer ce pavé de plus de 700 pages. Pour être honnête, je n'ai même pas dépassé les 250 premières pages tant j'ai trouvé la lecture de ce roman ardue et ennuyeuse. J'ai eu beau chercher une raison de poursuivre, je n'en ai pas trouvé. Le style est pompeux, sauf à de rares occasions où l'élégance transperce brièvement. L'auteur passe quasiment les 100 premières pages à nous présenter tout un tas de personnages dont on n'arrive même pas à se souvenir le nom deux pages plus loin. Je serais bien incapable de vous résumer le début de l'histoire, puisque j'ai eu le sentiment que rien ne se passait justement... Je reconnais que le contexte historique de l'intrigue m'étant inconnu (chute de l'empire austro-hongrois), cela a sûrement contribué au fait que je n'ai pas apprécier ce roman.
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