Troisième et dernier volet de la saga de Transylvanie. Plus courts que les deux premiers (de près de la moitié),
Que le vent vous emporte propulse à une vitesse folle ses personnages vers une fin prévisible mais en même temps magistrale. Elle coïncide avec la Première guerre mondiale, l'éclatement de l'empire austro-hongrois et, par la même occasion, la fin d'une époque. Voire, de la Belle Époque. Mais moi aussi je vais trop vite.
Que le vent vous emporte se déroule environ un an après les événements relatés dans le deuxième tome. le comte Balint Abady continue son travail de député au parlement hongrois (ainsi, il est aux premières loges de toutes les ramifications politiques des événements qui bouleversent son pays, de même que le lecteur) et il essaie d'améliorer le sort des paysans de sa Transylvanie natale. Mais, ce qui attire surtout l'attention, c'est son histoire d'amour impossible avec la jolie Adrienne. On espère vraiment qu'elle trouvera un dénouement heureux.
D'autres personnages récurrents apparaissent ça et là (comme sa mère Roza ou son cousin Laszlo Gyeroffy) mais leur importance est moindre. On sent que la fin approche et, au fur et à mesure qu'on avance, on dit adieu à certains d'entre eux. C'est bien et terrible à la fois parce que, après trois tomes, on s'est attaché à la plupart d'entre eux, autant les mal-aimés que les lâches et les profiteurs.
Toutefois, l'essentiel de l'attention est mise sur Balint Abady et sur les événements historiques. Et il y en a, de ces événements, surtout terribles. Les années 1910 à 1914 défilent. L'annexion de la Bosnie est chose du passé mais la poudrière des Balkans est allumée : l'Albanie se rebelle, la Serbie, la Bulgarie et la Grèce en profitent, l'empire ottoman ne réussit pas à les contenir. Et puis, il y a d'autres enjeux ailleurs dans le monde qui attirent les grandes puissances, comme le contentieux du Maroc. Tout le monde se prépare à un conflit.
Puis, tout dérape. Pourtant, en tant que lecteur (quiconque se rappelle ses cours d'histoire), on sait que tout ce beau monde court à sa fin. 1914, l'assassinat de l'archiduc, les ultimatums… Inconscients, les aristocrates et bourgeois de Hongrie tiennent peu compte des nouvelles données. Ils pensent que ne sera qu'un conflit aux frontières de l'empire, qu'importe ! Ils continuent à faire comme si le monde resterait inchangé et concentrent leur énergie en débats futiles. Et ce qui devait arriver arrive : ils courent à leur perte.
Que le vent vous emporte est un long chant du cygne. Peut-être un peu trop long, j'avais un peu hâte d'en arriver à la fin tragique à laquelle je m'attendais. Dans l'ensemble, elle a répondu à mes attentes. Toutefois, j'aurais aimé savoir ce qui se passe après. En effet, le monde n'est plus le même mais il est toujours là.