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Critiques de Mireille Gagné (136)
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Le lièvre d'Amérique

Un roman comme un lièvre qui bondit et change constamment de trajectoire pour égarer les poursuivants.



Il y a la magnifique couverture du livre qui incite à l’ouvrir. Il y a le lièvre d’Amérique, petite bête pacifique (qui vient brouter le trèfle dans ma cour). Il y a Diane, en convalescence d’une mystérieuse opération et qui ne reconnaît plus son corps. Il y a Diane, l’obsessive et asociale, qui croule sous la pression dans un bureau, qui ne vit que pour son travail et a toujours peur de ne pas en faire assez. Il y a aussi une adolescence sur L’Isle-aux-Grues, qui rencontre un garçon. Il y aura même la légende ancienne du lièvre qui apparait à ceux qui se sont égarés.



Pas facile à suivre, il faut savoir que les J+5 ou les J-34 en tête de chapitre situent le temps après et avant l’opération. En fait, c’est une caractéristique de ce court de roman de tenter de nous égarer, en mêlant la chronologie de l’histoire de Diane adulte, les chapitres d’enfance où elle devient la narratrice et ces textes d’information sur le lièvre d’Amérique.



La beauté de la nature, une belle imagination et une écriture qui suggère encore plus qu’elle ne décrit.
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Le lièvre d'Amérique

Le lièvre d’Amérique était court, c’était un conte et je suis passée à cent lieues de lui, le lisant, sans jamais accrocher vraiment.



C’est un roman atypique, surprenant à plus d’un titre, captivant par certains moments, qui dénonce les conditions de travail dans certains bureaux où les employés bossent au-delà des heures et qui met en scène d’une manière originale le mythe algonquien du lièvre Nanabozho, mais voilà, la rencontre n’a pas eu lieu entre lui et moi.



Dommage.
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Le lièvre d'Amérique

Diane vit pour et par son travail. Elle veut être la meilleure, la plus performante, la dernière à partir le soir. Lorsqu’une employée commence à la concurrencer, Diane ne le supporte pas. Il lui faut réagir rapidement. Elle prend une décision radicale : elle va se faire opérer pour améliorer ses performances. Mais cette modification génétique va avoir des effets surprenants et inattendus.



« Le lièvre d’Amérique » de Mireille Gagné est un texte court à la construction très structurée. L’auteure organise son roman par sections dans lesquelles on retrouve : les caractéristiques du lièvre d’Amérique, Diane après l’opération, Diane quinze ans plus tôt sur l’Isle-aux-Grues, Diane avant l’opération. Ce dispositif est vraiment intéressant et pertinent. Chaque chapitre a un ton et un style différents. La Diane d’avant et d’après l’opération nous est présentée à la troisième personne alors que celle de l’Isle-aux-Grues s’exprime à la première personne. On sent alors très bien que Diane s’est perdue, s’est oubliée. Les pages sur son quotidien avant l’opération sont également formidables. Il s’agit d’une succession d’actions, de ressentis sans ponctuation. Là aussi, la forme du texte exprime parfaitement le fait que Diane est une workaholic qui court à sa perte en se noyant dans le travail.



Mais « Le lièvre d’Amérique » n’est pas qu’une brillante construction narrative. Le fond de l’histoire est également réussi. Le roman de Mireille Gagné est une fable animalière, une ode magnifique à la nature. Le cheminement psychologique et physique de Diane va la ramener à l’Isle-aux-Grues. Les paysages y sont sauvages, les éléments s’y déchaînent. La beauté de l’endroit éblouit Eugène, nouvellement arrivé alors que Diane, adolescente, ne rêve que de s’en évader. Mais l’appel de la nature, du lièvre d’Amérique sonne toujours à l’oreille de ceux qui se sont égarés, qui ont nié leurs origines.



Conte humaniste, « Le lièvre d’Amérique » nous offre une lecture singulière de part sa construction inventive et qui varie les styles. Mireille Gagné nous plonge avec délice dans un univers magique et merveilleux. Etes-vous prêt à suivre le lièvre d’Amérique ?
Lien : https://plaisirsacultiver.co..
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Le lièvre d'Amérique

Une belle couverture avec un lièvre d'Amérique m'a attiré pour lire ce court texte.

C'est un livre étrange, avec des chapitres qui semblent dissociés mais vont faire une histoire globale.

La vie du lièvre d'Amérique nous est décrit avec ses caractéristiques. Une femme est en convalescence après avoir subi une étrange opération génétique pour devenir super performante, puis un souvenir d'enfance de cette même Diane et d'un drame vécue pendant son enfance, la disparition d'un ami d'enfance.

Avec une belle plume, l'auteure nous entraîne dans ces questionnements, une fable sur la nature, sur la vie professionnelle et la recherche perpétuelle de la performance, le burn out, puis les souvenirs d'adolescence, les drames vécus et qui continuent toute la vie à nous hanter.

Très contemporain sur les thèmes de la vie professionnelle, la performances mais aussi une fable sur la nature.

Ce texte se lit d'une traite, même si on peut se perdre dans les différents chapitres, on s'attache à Diane, ce personnage.

Seulement 138 pages, pour nous interpeller, interroger, flâner dans les forêts et découvrir une belle fable algonquienne et tenter de se poser dans un monde où tout va trop vite.



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Le lièvre d'Amérique

Dans cette histoire, chaque partie est introduite par une description sur la vie et les moeurs du lièvre. Puis nous suivons Diane une femme comme vous et moi, sur deux époques.

De nos jours Diane est obsédée par le travail et la performance. Pour aller toujours plus loin elle subit une modification génétique mais les effets secondaires vont s'avérer plus que bizarres et vont changer sa perception de la vie.

Diane, il y a 15 ans, vit sur une ile isolée qui la désole jusqu'au jour où débarque Eugène, un garçon de la ville qui la marquera pour toujours.



Autant vous dire que l'idée de base est géniale, la construction est plus qu'originale, c'est extrêmement bien écrit et c'est totalement surréaliste, genre que j'apprécie particulièrement.



Mais la fin me laisse sur un sentiment mitigé car on ne sait pas en définitive où l'auteur voulait en venir.



Mais cela n'a absolument pas gâché ma lecture loin de là, j'ai passé un très bon moment et cela m'a surtout rappelé qu'il faut savoir ralentir, savoir profiter et arrêter de vivre en permanence dans l'urgence.



Trouver sa place et son tempo...

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Le lièvre d'Amérique

Nous découvrons dans cette fable , Diane employée workaholic qui vient de subir une opération transgénique expérimentale permettant d'accroitre encore plus ses capacités.

Le livre s'articule alternativement sur : - des retours sur son adolescence où une rencontre avec un jeune citadin nouvellement arrivé va chambouler sa vie morne sur une île âpre,

- sur son présent étrange et ses transformations physiologiques,

- et sur des informations concernant le lièvre et sa vie.

Mais l'opération a des effets secondaires et le comportement de Diane prend un tour étrange, éloigné de ce que l'on attendait...

On voulait d'elle qu'elle devienne servile, performante jusqu'à plus soif, automate sans âme, esclave d'une économie déshumanisée. Mais on ne joue pas avec Dame Nature et ses gènes...Elle restera toujours la plus forte et Diane en est l'exemple par son choix ...Qu'il faudra découvrir dans les dernières pages de cette fable moderne que vous pouvez lire d'une seule traite : juste 160 pages d'une écriture simple mais incisive sans compromis !!

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Le lièvre d'Amérique

Surmenée par son travail dans un milieu extrêmement compétitif et frustrée par les limites de son corps, Diane décide de subir une opération pour le moins mystérieuse censée décupler ses capacités cognitives et physiques. Une opération qui va peu peu la transformer de manière insoupçonnée et incontrôlable…



Ce petit bijou est une fable animalière qui porte un regard acéré sur notre vie contemporaine. A la croisée du documentaire animalier, du conte philosophique, du fantastique et du Nature writing , ce récit puise dans un matériau mythologique, une vieille légende algondienne. La figure du lièvre est comme un parallèle entre la condition de l’humain et de l’animal.



Par sa forme découpée en chapitres qui gravitent entre différentes temporalités de l’histoire, on alterne sagesse des mythes, de la nature ancestrale et ses rythmes avec le monde ultralibéral moderne, ce qui rend palpable la déconnexion entre le naturel et l’artificiel, l’opposition entre la vie sauvage et la vie urbaine. La jungle n’est pas forcément là où on le croit…



Mireille Gagné décrit également sublimement la vie insulaire, où le vivant, l’organique dicte son temps. Je ne voudrais pas vous en dire plus pour ne pas déflorer cette belle intrigue, et vous conseille plus que vivement de lire cette réflexion sur les notions de civilisation, de nature, de culture…Qui le fait non sans une bonne dose de second degré bien savoureux.
Lien : https://lesmauxdits.fr/2020/..
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Le lièvre d'Amérique

Original et marquant ! 4 récits se succèdent et s'entrecroisent , écrits chacun d'une manière différente (avec ou sans ponctuation, à la première personne ou à la troisième). Tous tournent autour du lièvre d'Amérique et de Diane, de son adolescence marquée par la perte d'un proche, de l'avant et l'après une opération. Opération qui accroît sa concentration, diminue son temps de sommeil, la rend plus performante mais cause aussi des changements qui la perturbent. Une fable animalière inspirée d'une histoire algonquienne (Québec) pour ceux qui se sont égarés dans un monde qui va trop vite
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Le lièvre d'Amérique

De nombreuses chroniques louangeuses vues depuis quelques mois, un éditeur québécois déjà apprécié par le passé, un livre gentiment poussé jusqu’à moi et une proposition de lecture commune : cela faisait au moins quatre bonnes raisons de ne pas repousser davantage la lecture de Le Lièvre d’Amérique de Mireille Gagné.



Un petit – trop petit ? – livre atypique, un conte, une fable, un songe un brin dystopique sur la métamorphose choisie de Diane, salariée exemplaire des temps modernes, adepte du toujours plus jusqu’à vouloir augmenter ses propres capacités. Ce qui n’est pas sans risque…



Car comme tant d’autres, Diane s’est égarée, s’est déréglée, au point désormais de se faire peur. Et de vouloir renouer avec ses origines, son identité, ce qui l’a construite autrefois : l’Isles-aux-Grues, la nature, l’amitié avec Eugène, et puis le drame… La tentation est forte du retour aux sources, de redevenir un de ces lièvres d’Amérique, espèce qui sait si bien s’adapter et se transformer pour faire corps avec son environnement naturel.



Généralement peu adepte de ce genre littéraire, j’ai bien aimé les variations de styles de l’auteure, sa façon de jouer avec la ponctuation, les époques et les différences de longueur pour « égarer » à son tour son lecteur, comme le figurent si bien les sombres illustrations double page qui séquencent les groupes de chapitres.



Mais un regret subsiste : c’est trop court, beaucoup trop court ! Le personnage de Diane comme la réflexion de fond sur la course à la performance ou le transhumanisme auraient gagné à s’étaler sur davantage de pages. Une petite frustration personnelle qui ne m’empêche pas d’avoir apprécié cette lecture si apaisante.
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Le lièvre d'Amérique

J'ai suivi les conseils de ma libraire concernant ce livre, et j'ai rudement bien fait ! Je crois que j'y ai tout aimé !

L'alternance des chapitres d'abord. Un chapitre animalier sur le lièvre d'Amérique. Un chapitre sur l'enfance de Diane. Un sur sa convalescence post-opératoire. Et un sur ces pensées en vrac, en pseudo sommeil il me semble. Chaque chapitre a son style d'écriture, qui lui correspond particulièrement bien.

L'histoire principale ensuite. Diane qui décide de subir une opération incroyable pour booster ses performances, dépasser les limites humaines. C'est totalement flippant, dérangeant et en même temps crédible. C'est d'ailleurs peut-être ça le plus flippant.

Le roman est court, mais c'est intense ! L'avancée technologique, une mise à mal de la bio-éthique, mais pour un retour à la nature...
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Le lièvre d'Amérique



Diane est totalement accro à son travail, la performance à tout prix est son credo. Mais cela ne lui suffit pas, elle veut encore plus. Elle subit une opération pour améliorer encore son efficacité, dormir moins, travailler toujours plus.



Voilà un livre totalement original, particulier et intrigant.

Des chapitres courts alternant entre le passé, aux plaies encore ouvertes, et le présent de Diane. On enchaine de courts extraits documentaires sur le lièvre d’Amérique avec des passages sans ponctuation, sur le ressenti et l’effervescence de Diane.

C’est très bien construit et peu à peu on devine, en apnée, le destin de Diane.



Une fable étrange et poétique qui montre les dérives de l’Homme, toujours à la recherche de l’amélioration jusqu’à en oublier les règles de la nature.



Une expérience littéraire qui m’a conquise.


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Le lièvre d'Amérique

Saluons d'abord l'objet littéraire, très belle présentation avec sa couverture et ses illustrations qui donnent envie d'entrer dans cette histoire originale.

La "Peuplade" est une maison d'éditions québécoise fondée en 2006.

L'autrice Mireille Gagné, québécoise aussi a écrit de la poésie, ce livre est son premier roman, très apprécié dans son pays.

L'éditeur nous promet une fable animalière et c'est bien la réussite de ce bijou littéraire.

Ne dévoilons pas trop l'intrigue.

Sachez que ce livre s'adresse aux gens surmenés, fatigués par ce monde économique sans concessions ni regard humain, aux désespérés, aspirés par le système qui peut rendre fou les plus courageux.

Et aussi aux perdants, aux invisibles, aux égarés d'une spirale infernale de la compétitivité et de la performance.

Mais M.Gagné avec son héroïne, Diane, nous propose une autre dimension, une intéressante réflexion sur une métamorphose génétique qui pourrait nous aider à nous adapter à cette folie consumériste .

Et c'est ici que le lièvre intervient.

Les effets secondaires de cette opération nous transportent vers un autre monde.

Celui de la nature et de la sagesse, deux termes qui s'additionnent.

Belle histoire de prédateur et de proie.

Le désir de l'auteure est une connexion avec les lecteurs pour qu'ils trouvent leur voie avec cette oeuvre poétique.



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Le lièvre d'Amérique

Mon billet ne sera pas long, histoire de ne pas trop en dire sur ce premier roman de Mireille Gagné. Et je vous conseille de ne pas trop lire la quatrième de couverture.



Cela commence par une description du comportement du lièvre d’Amérique. Puis nous faisons connaissance de Diane, qui se réveille d’une mystérieuse opération. Nous retournons ensuite dans le passé de la jeune femme, à l’Ile-aux-Grues, là ou elle a connu Eugène, un ado proche de la nature et de la mer. Nous revenons ensuite dans le monde du travail de Diane.



Chaque partie du roman, séparée par une double page illustrée que vous découvrirez si vous décidez de le lire, est ainsi constituée de quatre éléments qui sont comme des pièces de puzzle qui nous permettront de comprendre ce qu’ont vécu Eugène et Diane (le choix de ce prénom n’est pas indifférent, il m’a fait penser à Diane chasseresse) et quelle est la mystérieuse opération subie par la jeune femme. J’ai été touchée par ce qui est arrivé aux deux adolescents sur l’île, comment les blessures de jeunesse peuvent influer profondément sur les vies adultes. Un joli lexique à la fin du roman nous permet de saisir la beauté de l’Ile-aux-Grues. Et à la fin aussi, l’autrice nous livre une légende algonquienne qui donne un autre éclairage au récit. Le tout forme un objet littéraire intelligent et sensible, un premier roman original et réussi caché derrière une bien jolie couverture.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Le lièvre d'Amérique

Les chapitres alternent entre l’histoire de Diane après l’opération, sa rencontre avec Eugène pendant son enfance, et des considérations sur le lièvre d’Amérique.



Une lecture étonnante à plus d’un titre, car si l’autrice reste floue sur l’amitié entre Diane et Eugène, en refermant ce livre, nous saurons out (ou presque) sur le lièvre d’Amérique.



J’ai aimé que l’autrice me décrive une nature sauvage qui reprend le dessus sur la quête de perfectionnement de l’être humain.



Un lièvre qui me restera en mémoire longtemps.



L’image que je retiendrai :



Je sais maintenant comment faire pour avoir une patte de lièvre porte bonheur (la cuisson et les différentes étapes).
Lien : https://alexmotamots.fr/le-l..
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Le lièvre d'Amérique

Un premier roman saisissant, découvert sur Bookstagram et que j'ai beaucoup aimé.

La couverture m'a fait penser à une partie de cache-cache que ma petite famille et moi avons faite avec un lièvre d'Amérique à Mono Lake (photo en fond ci-contre), lors d'un voyage sur la côté Ouest américaine et je suis ravie d'en avoir appris un peu plus sur ce charmant animal aux grands oreilles ! Ses sens sont par exemple toujours en éveil, il n'a besoin que de très peu de sommeil.

Ses performances ont un lien direct avec celles que cherche à atteindre Diane, le personnage principal de ce roman. Être toujours plus performante, travailler, travailler toujours dans notre société. Capitaliste. Profitable. À outrance. L'humain au début, en milieu, en bout de chaîne, peu importe, s'associe au toujours plus. Toujours plus au risque de sombrer, d'oublier certaines recommandations, de s'oublier et de rentrer dans la spirale infernale du surmenage. Aux prémices de cet engrenage, il y a fort souvent un vide à combler.

Je m'arrête là? Il serait dommage d'en dévoiler davantage.

La plume : imaginative et créative, poétique et tonique.

In fine : une très belle surprise de la Rentrée Littéraire 2020. Une satire sociale qui interroge notre rapport au travail et à la nature et qui m'a profondément parlée.

MERCI Mireille Gagné. Quel plaisir de vous lire et de vous écouter aussi.

MERCI les éditions La Peuplade ; les parutions lues chez vous ont toujours été de belles rencontres pour moi.

En quatrième de couverture, l'éditeur écrit : « Ce roman, une fable animalière néolibérale, s’adresse à celles et ceux qui se sont égarés. » Tout est dit.

Une lecture que je recommande vivement !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Le lièvre d'Amérique

Ce roman, ou plutôt cette fable, se déploie lentement en trois volets mettant en parallèle : la vie adulte de Diane, une workolique sur le point de craquer, sa jeunesse insulaire entourée du fleuve et des grands espaces, et des fiches animalières relatant les habitudes de vie du lièvre d'Amérique. Diane, chasseresse sur les terres sauvages de son enfance, devient gibier dans la grand-ville, soumise au stress et à l'angoisse de performance que lui impose son mode de vie.



Le procédé est ingénieux et efficace. J'ai tout de même eu un peu de mal, par moments, à rattacher la vie présente du personnage à son passé. Il aurait pu y avoir une plus grande cohésion entre les différentes parties, selon moi. Peut-être que je suis passée à côté de quelque chose, aussi, puisque le roman est truffé d'analogies et de symboles.



J'ai aimé la critique de nos rythmes de vie insoutenables, qui nous éloignent de la nature et de notre nature. Comme un ciel traversé par un vol d'outardes, ce court roman suggère la fin salutaire de nos fuites vers l'avant et le retour aux sources dont nous avons tous besoin. C'est une lecture sympathique qui fait réfléchir.
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Le lièvre d'Amérique

Voici un roman singulier de cette rentrée littéraire. Le personnage principal s’appelle Diane. On fait des allers-retours dans le temps et donc dans la vie de Diane. Les chapitres sont entrecoupés de pages explicatives sur le lièvre d’Amérique : son comportement, son alimentation, ses prédateurs, sa reproduction, son territoire.

Elle a grandi sur l’Îsle-aux-Grues, un archipel d’îles au Canada. De son enfance, elle nous parle surtout de son ami Eugène, un fervent défenseur des animaux chassés. A l’âge de 15 ans, il disparait mystérieusement. Elle nous parle de la mer et de ses dangers (marées).

Aujourd’hui, elle vit seule, dans un appartement aseptisé en ville. Diane est une travailleuse acharnée, une employée modèle qui arrive tôt et part après tous ses collègues. Mais Diane est jalouse de l’une ses collègues. Son unique objectif est de la surpasser. Alors elle a pris rendez-vous pour une opération qui lui permettra de dormir moins et de travailler davantage.

Le roman s’ouvre à J+1 de l’opération et nous observons avec Diane ses effets sur son corps et son mental. Des effets surprenants, on dirait bien que ses yeux s’agrandissent, que son rythme cardiaque s’accélère, qu’elle devient rousse avec des taches de rousseur de plus en plus nombreuses…

Ce roman est très court et il m’a captivée. Je voulais découvrir en quoi allait se transformer Diane à la suite de cette opération mystérieuse. Je dois dire que la couverture a également attiré mon attention. Une très belle illustration colorée de Stéphane Poirier recouvre la totalité de la couverture. C’est un bel objet, une illustration en noir et blanc est insérée régulièrement entre les chapitres tels des intercalaires. La mise en page est soignée (design graphique et mise en page par l’Atelier Mille Mille). A la fin l’auteure a glissé un lexique de vocabulaire maritime, parler rural de l’île-aux-Grues. Vous trouverez par exemple la définition de « grignons » : « des mottes de terre ou de glaces durcies par la gelée ». J’ai adoré tous ces mots, une véritable invitation au voyage sur cette île que je ne connaissais pas. Une belle découverte !

L’éditeur décrit ce roman comme « une fable animalière néolibérale, [qui] s’adresse à celles et ceux qui se sont égarés ». Ainsi on nous dit que le roman est une adaptation libre d’une histoire algonquienne racontée par Alanis Obomsawin sur les ondes de la radio CBC en 1970, une légende indienne ! Elle relate les origines de Nanabozo, « une figure mythologique issue des traditions cosmologiques des peuples algonquiens ».

Si vous voulez en savoir plus sur Nanabozo : « Polymorphe et sans sexe défini, il ou elle apparaît le plus souvent sous la forme d’un lièvre. Envoyé sur la terre par le Grand Esprit Manitou et parfois lié à la création du Monde, Nanabozo est tantôt enseignant et bienfaiteur des humains, tantôt farceur. »

https://www.cbc.ca/player/play/1527775827
Lien : https://joellebooks.fr/2020/..
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Le ciel en blocs

Des blocs de poésie carrés, droits; rien qui dépasse. Des blocs qu'on empile pour se bâtir une vie préfabriquée; un décor synthétique, stérile, fait de routine et de banalité. Pour devenir des figurines de plastique usinées, génériques et vide en dedans. Un monde aseptisé duquel on cherchera toujours à s'évader, pour retrouver la nature et notre humanité, mais sans jamais vraiment y parvenir.



Un calligramme subtil et ingénieux, bien construit – c'est le mot juste! –, qui frappe l'imaginaire et fait réfléchir.

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Le lièvre d'Amérique

Voici un roman étrange et captivant aux accents très contemporains. Que faire pour être toujours plus performant, plus compétitif ? Avoir recours à la science semble être la solution pour devenir un Humain+ à l’organisme génétiquement modifié et pouvoir travailler à un rythme infernal. Mais jusqu’où peut-on supporter de devenir «workaholic» à l’extrême ?



Diane se retrouve piégée dans cet engrenage. Elle a quitté l’Île aux grues où la beauté de la nature fascine autant que le déchainement des éléments effraie. L’île de son enfance emplie de souvenirs faits de « dépouilles de vents » et du mouvement des marées, de jours heureux, d’un amour fugace et de drame aussi. Son départ pour la ville est le début d’un long égarement où son âme va se perdre dans les méandres du burn out. Elle subit une opération mystérieuse pour booster ses capacités physiques et intellectuelles, devenir l’employée modèle infatigable d’une société qui prône un idéal fait de perfection et de productivité. Mais que va-t-elle faire de ses facultés accrues ? Pourra-t-elle calmer «son anxiété de performance» ? Pourra-t-elle redonner un sens à sa vie, devenir, redevenir audacieuse ?



Pour Diane, c’est une bataille à livrer. Et quelle bataille ! Magnifiquement racontée par Mireille Gagné dans ce roman à la construction très originale. La narration entremêle habilement récit réaliste, pages documentaires et récit introspectif. Récit de vie pour évoquer l’enfer de la vie professionnelle et les souvenirs d’enfance. Chapitres documentaires qui révèlent les particularités du lièvre d’Amérique. Récit sans ponctuation pour dire les pensées de Diane comme une spirale d’émotions de plus en plus fortes jusqu’au point de bascule. Et ces pages encrées de noir comme une plongée dans son subconscient.



L’écriture est belle et s’adapte au contexte, parfois poétique, parfois moins lyrique, ponctuée d’expressions canadiennes dépaysantes. Un épilogue qui évoque une légende algonquine met en lumière certains événements du récit et donne une dimension universelle au récit.



Ce roman en forme de fable pour dire les névroses modernes, la solitude, la dépendance et la souffrance au travail interroge subtilement notre rapport au monde, pointe la nécessaire connexion à la nature pour retrouver une forme de liberté, pour réparer « le temps qui se morfond ». Le réel et l’imaginaire cohabitent, la philosophie vagabonde et la nature réveille l’état sauvage qui sommeille en Diane. La métamorphose devient symbole de renaissance. Le lièvre d’Amérique se fait le guide d’un retour aux sources, lui qui veille sur «celles et ceux qui se sont égarés».



Un premier roman atypique et envoûtant à découvrir absolument !

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Le lièvre d'Amérique

Voilà un premier roman québécois captivant, intriguant, poétique. Mireille Gagné a écrit une fable. Une fable dont seuls les québécois ont le secret. Une fable dont les mots percutent, dont la ponctuation s’efface, dont le rythme est dense. Mais attention, ici, ce n’est pas une fable comme nous connaissons. « Le lièvre d’Amérique » est une fable qui parle des travers de notre société, ce travers de la compétence, du toujours mieux et plus vite. Et quelle idée incroyable qu’a eu l’auteure de s’appuyer sur la légende de Nanabozo, légende que je vous laisse découvrir à la fin de ce court mais puissant roman.



Dans « Le lièvre d’Amérique », Mireille Gagné explore la métamorphose de Diane par le biais d’une opération. Une métamorphose afin d’être plus productive, plus rapide, plus plus plus. Le lecteur assiste à ce changement, découvre avec Diane tout le bouleversement que subit son corps et je ne peux que penser à « La métamorphose » de Kafka (et cela me ravit). Avec en parallèle, la découverte du lièvre d’Amérique, l’animal puissant et rapide. Le lecteur en apprend beaucoup sur cet animal. Et fait forcément le lien avec ce que vit Diane. Le parallèle est posé. Évidemment, l’auteure veut nous faire comprendre Diane et sa vie de maintenant, à ce qu’il lui arrive en nous parlant de son adolescence et de ce qu’elle a vécu. Trois parties dans un court roman. Cela est ambitieux, audacieux et surtout cela fonctionne. L’auteure a un réel don pour raconter une histoire captivante, un don pour nous apprendre des choses, un don pour nous captiver pendant 138 pages!
Lien : https://unbrindesyboulette.w..
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