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Critiques de Mohammed Aïssaoui (126)
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Mon prof, ce héros

Samuel Paty est cet enseignant décapité en octobre dernier à Conflans-Sainte-Honorine, dans le cadre d’un attentat islamiste perpétré contre sa personne. L’occasion de revenir sur le rôle des professeurs et de se rendre compte de la difficulté d’exercer leur profession. Un engagement qui réclame de la compréhension, de la douceur, de l’exigence mais également de la fermeté. Chacun garde en lui le souvenir d’un homme ou d’une femme qui lui a servi de phare, qui l’a encouragé à poursuivre dans une voie ou qui l’a poussé à ne pas baisser les bras. Mieux, qui a suscité une passion, un zèle ou une vocation. Vingt auteurs racontent ici celle ou celui qui leur a servi de mentor ou de passerelle et qui a contribué à faire ce qu’ils sont devenus. Les années d’école restent souvent des moments d’intensité peu comparables à tout ce qu’on vit par la suite. Des textes courts, mais généralement forts, jamais empreints de nostalgie, qui rendent hommage à une profession de moins en moins respectée, en proie à des critiques venues de partout, et qui souffre globalement d’un manque de reconnaissance. Non, les profs ne sont pas ces empêcheurs de tourner en rond ni ceux qui profitent de vacances à rallonge ! Il faut voir en eux des personnes qui se veulent tour à tour des passeurs de savoir, mais également des acteurs de la démocratie. Une vingtaine d’auteurs ont trempé leur plume dans leur histoire pour effectuer un saut dans le passé et se dévoiler sans fard. Les bénéfices de ce recueil seront intégralement versés à la Fondation Egalité des Chances qui, depuis 2012, œuvre à réaliser le potentiel des élèves issus des zones urbaines et rurales les plus défavorisées.
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Les Funambules

Un excellent récit qui raconte des histoires qui ont été confiées au narrateur entre 2012 et 2018. Une plongée inédite dans le milieu associatif où nous rencontrons par exemple le personnage de Monique qui est bénévole chez les restos du cœur. La vie est un équilibre fragile et chacun peut tomber de haut et tout perdre. Cette magnifique oeuvre de Mohamed Aissaoui nous offre une traversée délicate de la charité contemporaine et nous montre ce qu'il y a de bon en l'humanité et ces gens bénévoles qui n'hésitent pas à venir en aide à leur prochain.

Un roman très poignant surtout que le sujet touche tout le monde en cette période difficile pour les plus démunis.
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Les Funambules

Ce roman démarre fort, voici l’incipit :

« Chez nous, il valait mieux avoir un père mort qu’un père absent. Un père mort, on pouvait lui inventer une légende, un accident du destin. Les familles les plus heureuses étaient celles dont le père n’était pas revenu de la guerre : un martyr rayonnait sur au moins trois générations. »

Dans « la hiérarchie des absents », la famille du narrateur arrive en dernière position, la moins souhaitable donc. Son père est parti faire fortune dans un autre pays. Il est revenu avec encore moins d’argent qu’avant, « un moins que rien », une véritable honte dans ce village algérien.

Mais il dit avoir eu une enfance heureuse. A l’âge de 9 ans, sa mère l’emmène en France. Elle se démènera pour qu’il puisse faire des études. Aujourd’hui il a 34 ans, il est biographe pour anonymes. Il décèle chez les personnes leur fêlure, cela reviendra souvent dans le roman. On apprendra son prénom qu’à la toute fin du roman car il a une signification particulière.

Les chapitres sont courts. Chaque chapitre évoque un sujet.

Il nous raconte par bribes son enfance, son adolescence dans une cité HLM, sa mère usée d’avoir trop travaillé, son métier et Nadia, son premier amour perdu de vue qu’il veut retrouver.

« Mais Nadia était une funambule, toujours sur le fil de la vie : aidait-elle ou était-elle aidée ? »

On lui propose un travail d’écriture avec des personnes démunies et « ceux au plus près des gens de la rue ». Ce sera l’occasion pour lui de partir à la recherche de Nadia. Aux dernières nouvelles, elle travaille pour une association, les Restos du cœur ou Les Petits frères des pauvres ou Les Morts de la rue (un collectif qui enterre les SDF).

« Nadia voulait mettre des paroles sur les maux des autres et de la beauté chez les plus démunis. Elle pensait : le livre, c’est aussi important que le pain, l’eau, l’électricité… »

Et il ne comprend que ces mots aujourd’hui en rencontrant toutes ces personnes, tous ces funambules, en faisant le parallèle avec sa propre vie.

« Moi, je suis né dans une famille où l’on n’affichait pas ses sentiments. […] Il fallait trouver une autre langue pour s’exprimer. […] Je me rends compte qu’on avait pas beaucoup de mots – la plupart tournaient autour des verbes “manger” ou “s’habiller”. »

Rencontrer avec lui toutes ces personnes engagées dans des associations comme Les Restos du cœur ou ATD-Quart monde est touchant. On réalise qu’il y a une véritable entreprise derrière, mais aussi une solidarité, un humanisme. Bref ça redonne foi en l’humain.

Mais tous ces témoignages m’ont aussi éloignée du roman. J’ai perdu le côté romanesque qui m’avait happée au début, ne le retrouvant qu’à la toute fin.

L’écriture est belle et fluide. J’ai bien aimé les discussions de philosophie lors de cafés offerts à un SDF. Ce roman va forcément plaire aux lecteurs qui, comme moi, aiment la littérature puisqu’elle est au cœur du roman. C’est d’ailleurs elle qui a permis au narrateur de s’en sortir.

Il ne parle pas la langue de sa mère. L’Algérie est un pays maudit pour elle, elle ne veut pas y retourner. « Elle est devenue analphabète bilingue ». Et ne pas (savoir) écrire est une souffrance pour elle, comme un handicap. Un roman qui aborde également le thème des différences.

Si le côté docu-fiction ne vous dérange pas, alors ce livre devrait vous plaire. J’ai noté de nombreuses très belles phrases.

« Je pense que les mots peuvent, peut-être pas guérir ni réparer, mais contribuer à ce que les personnes vulnérables se sentent véritablement exister. »
Lien : https://joellebooks.fr/2021/..
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Les Funambules

Alors je suis à des années lumières de Mohamed A. , je n'ai pas beaucoup de compassion je crois. Mais je reconnais là une grandeur d'âme. Après, il montre une fois enore qu'on ne fait pas de la grande littérature avec des bons sentiments. Le livre n'est certes pas mielleux mais il y a en sous-ligné l'envie de montrer qu'on est bon, qu'on pense aux autres, qu'on comprends les pauvres et leurs fêlures, etc.. Je crois. Donc des bons sentiments et des trajectoires de vie fracturées racontées par l'auteur dont c'est le métier (biographe des laisser pour comptes). Ça ne fait pas un roman, c'est certain, mais, on approche une autre vie que la sienne. Et cela c'est intéressant, on apprend un peu. Donc à lire pour ce qu'il est un témoignage avec l'envie de donner un sens à sa vie vis-à-vis des autres. Encore une fois, je suis très loin de cette vie et de cette envie.
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Les Funambules

Un roman très délicat, qui nous parle de ces funambules, toujours sur le fil, dont la vie peut basculer à tout moment.

L'auteur, un jeune homme de 34 ans, arrivé en France à 9 ans avec sa mère illettrée, est lui-même un funambule. Il écrit sur la vie des autres, cerne leurs failles, mais évite les siennes: La pauvreté de son enfance, l'absence de son père, la disparition de Nadia son amour de jeunesse. C'est en partant à sa recherche qu'il découvre en profondeur le monde associatif, en particulier les Restos du Cœur. Le roman se fait alors presque documentaire en mettant l'accent sur le parcours et l'activité des bénévoles.

Il s'agit bien sûr d'un hommage à toutes les associations caritatives, sans qui la misère serait encore plus grande. Mais aussi d'une quête personnelle de ses propres fêlures. Nous sommes tous des funambules.
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Petit éloge des souvenirs

Mohammed Aïssaoui propose dans ce petit éloge de partir en quête de ces souvenirs qui nous ont permis de devenir nous. On oublie beaucoup de chose mais c’est important de cultiver son jardin de la mémoire. Se rappeler son premier coup de cœur, son premier baiser, son premier gâteau… des petites choses qui peuvent faire de grande personne.



Le livre se structure en trois parties. La première La boîte à outil du souvenir où Mohammed Aïssaoui partage des moments qui l’ont marqué où qu’il aurait aimé se remémorer. Il adore les mots, leur sens alors c’est normal qu’il débute le verbe et le mot autour du souvenir, qu’est-ce que cela veut dire, comment est-il défini, quel sens peut-il avoir ? Puis il vient à l’album de famille. D’ailleurs, ce sujet est récurrent dans tous les livres. L’album qui permet d’avoir des traces de sa famille et de ces amis. Il en parle aussi à travers des romans qui parlent de quête d’identité et de quête de soi. Le souvenir serait ce qui reste de soi avec les interactions avec les autres. Il développe surtout cela dans la première partie qui se termine avec une nouvelle en lien avec Copains d’avant.



La deuxième partie, l’auteur parle de ces auteurs préférés, ce que leurs livres lui ont apporté, de ce qui font leur force avec une grosse préférence pour Patrick Modiano. D’ailleurs, il m’a donné envie de découvrir cet auteur que je ne connais que de nom. Cela m’a rappelé un coup de cœur à cet auteur dans « La femme au carnet rouge » d’Antoine Laurain, où le personnage principal découvre le prénom de la femme à qui appartient le sac grâce à dédicace de cet auteur dans un de ces livres. Un auteur timide et très discret nous raconte le libraire. Apparemment, c’est un auteur qui a touché plus d’une personne pour qu’on parle de lui en des termes si élogieux. L’auteur parle aussi avec beaucoup de tendresse d’Albert Camus ou de Marcel Pagnol. Il parle de l’apport de la littérature de 10 auteurs même si pense que le choix a dû être difficile à faire.



Et pour terminer ce petit livre, un petit questionnaire qui a pour nom Souvenez-vous de… ??? Je vous avoue n’avoir pu répondre à aucune question car soit je n’étais pas née ou soit j’étais trop petite pour me souvenir. Alors non, je ne me souviens pas de l’actrice qui jouait dans Diabolo menthe, car je n’ai jamais vu ce film. Je ne me souviens pas dans quel James Bond, le méchant était interprété par Michaël Lonsdale, car je ne regarde que les derniers 007. Je ne me souviens pas de la règle du jeu des osselets car je n’y ai jamais joué. Je crois d’ailleurs que cela ne se faisait plus. Je ne peux pas non plus me remémorer un calembour de Bruno Massure, je ne me souviens même pas l’avoir vu à la télévision. Il devrait y avoir un âge indiqué pour pouvoir répondre aux questions. En tout cas, j’ai lu les réponses et j’ai appris des choses. Cela m’a apporté quelque chose d’autant plus que les réponses étaient commentées par l’auteur.



Dans la collection des petits éloges chez Folio, j’avoue que celui-là est mon préféré. Cette déambulation à la rencontre d’un homme qui parle avec délicatesse et pudeur de ces souvenirs, de la tristesse de la perte de beaucoup suite à l’arrachement à sa terre natale à quelque chose de touchant. Les mots sont posés avec une grande élégance qui fait que les pages se tournent avec plaisir pour aller à la rencontre de petits moments qui sont partagés.



Un petit livre sympathique à lire et à offrir pour inciter chacun à se rappeler de ce qui a fait de lui une personne plus forte.
Lien : https://22h05ruedesdames.wor..
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Petit éloge des souvenirs

Cette déambulation au rayon des souvenirs garde tout au long son élégance discrète, drapée dans les plis de la grande littérature plutôt que dans les évocations communes d'émissions dites cultes ou d'icônes générationnelles. Proust et Pérec plutôt que Casimir et Platini. Dans ce genre d'exercice, la délicatesse d'un auteur se mesure à ces choses-là.
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
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L'étoile jaune et le croissant

La personnalité qui m'a le plus intéressé est Si Kaddour Benghabrit (c'est lui qui apparaît sur la couverture du roman), le chef de la Grande Mosquée de Paris de 1926 à 1954 qui aida plusieurs juifs à échapper à la Gestapo. Vu comme ça, on pourrait l'inscrire directement sur la liste des Juste parmi les Nations mais ce n'est pas aussi facile. L'auteur va en faire l'expérience. En France et en Israël, il va éplucher les archives de nombreuses institutions, cherchant des preuves tangibles de cette aide. Comme lui, on sent qu'il existe un papier, quelque part, qui permettrait de prouver clairement que Si Kaddour Benghabrit a aidé ses compatriotes juifs mais impossible de mettre la main dessus. On sort terriblement frustré de ce petit livre, se disant que certaines fois, les gens sont des idiots qui ne se rendent pas compte de la valeur de leurs possessions.

J'ai aussi aimé ce livre parce qu'il pose la question de la mémoire. Souvent, lorsque l'on perd un/une aïeul, on se rend compte qu'on ne sait pas grand-chose sur elle. C'est ce que fait remarquer l'auteur concernant la Shoah et l'Occupation allemande en général. Les survivants ont tellement voulu oublier, les enfants ont tellement eu peur d'en parler que maintenant, nous les petits-enfants, on se retrouve devant des murs infranchissables pour tenter de se souvenir. Les survivants meurent les uns après les autres, certains sans jamais avoir raconté leur histoire, leur horreur et si personne ne leur demande de parler, tout finira par s'oublier. Cette thématique est valable pour tous les conflits, toutes les horreurs du XXe siècle et ça m'effraie. L'auteur touche quelque chose de sensible et qu'on oublie trop facilement : quand il n'y aura plus personne pour nous « La dernière fois, ça a commencé comme ça. », qu'est-ce qui nous empêchera de refaire les mêmes erreurs ?



Un livre magnifique et terriblement frustrant qui pose une question importante pour les générations futures, celle de la mémoire.
Lien : http://leslecturesdeollie.bl..
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L'étoile jaune et le croissant

S’il y a bien une question que je ne me suis jamais posée, c’est de savoir si parmi les « justes parmi les nations » y figuraient des musulmans, des arabes, des japonais ou bien des inuits. A vrai dire, j’avoue que finalement jusqu’alors je ne savais pas exactement en quoi consistait cette distinction, hormis le fait qu’elle était décernée à des personnes agit de façon positive envers un ou des juifs durant la Seconde Guerre Mondiale. J’ignorais par exemple que la personne devait avoir agi au péril de sa vie. Mais là n’est pas le sujet principal de ce livre, même s’il a tout de même son importance.



Le sujet, c’est cette quête que va mener Mohammed Aïssaoui pour essayer de comprendre pourquoi aucun musulmans de France de fait partie des 23000 noms, alors que certains d’entre eux ont été d’une aide très précieuses pour des dizaines de juifs.



Cette enquête va prendre forme au cœur même de la Mosquée de Paris, qui fut dirigée à l’époque par Si Kaddour Benghabrit. De nombreux témoignages affirment que le recteur de la Mosquée aurait sauvé et protégé de nombreux juifs afin de leur éviter la déportation. Que ce soit en les cachant dans la mosquée même, en leur aidant à obtenir de faux papiers attestant qu’ils sont musulmans, ou par des actions plus… originales, pourrait-on dire.

Oui mais, quand aucun document écrit ne vient confirmer les dires, quand au cœur même de la mosquée les archives se font rares voir inexistantes, et que l’actuel Recteur hésite lui-même à parler du rôle de ce lieu en temps d’Occupation, comment corroborer tout cela ? Comment apporter un dossier afin de faire reconnaître Si Kaddour ou un autre musulman comme « juste parmi les nations » ?



Alors, Mohammed Aïssaoui va devoir chercher. Parmi les témoins encore vivants, ou plus souvent les fils ou filles de témoins. Et si certains ne se montrent pas avares en paroles, d’autres se montrent plus réticents à parler, ou tout simplement ne savent pas, car ils n’ont jamais osé ou voulu demander à leurs parents de raconter. Pour le journaliste, c’est une frustration qui va bien au-delà du simple cas de Si Kaddour, puisque ce sont autant de témoignages oubliés dans le futur. D’une certaine manière cela est vrai, mais comme il reconnait lui-même, il y a des choses qui ne peuvent pas se raconter, qu’ils n’ont pas voulu dire de peur de ne pas être compris, tant c’est douloureux. Le devoir de mémoire est une chose utile, quelque chose à cultiver, mais loin d’être aussi évident que ce que l’on pourrait croire.



L’auteur va également chercher des informations dans les archives, un peu partout en France. Entre les Renseignements généraux, les archives nationales, les bibliothèques… M. Aïssaoui n’a de cesse de dénicher la moindre petite information, le moindre billet, la moindre lettre pouvant l’aider à mettre en avant les actes commis par Si Kaddour, mais également par d’autres musulmans de France. Il va se trouver confronter à des documents mettant en avant les travers de ces hommes. On découvre ainsi que la vie de SI Kaddour n’a pas été exemplaire en tout point de vue et que certains de ses faits et gestes durant la Guerre ont été controversés, notamment dans les années d’après-Guerre. Le recteur s’est même vu qualifié de collabo. Or des musulmans collabo, il y en a eu quelques uns, tels que Amin Al Husseini, mufti de Jerusalem qui se serait bien vu en tant que grand instigateur de la solution finale envers les juifs au Moyen-Orient (je pense que cette simple phrase démontre parfaitement l’était d’esprit de l’homme). Il y a également eu cette légion SS constituée uniquement de musulmans. A travers ces exemples de collabo et de musulmans anti-juifs, le journaliste a à cœur de mettre en avant cet antagonisme entre ces deux peuples pourtant si proches l’un de l’autre, et qu’il juge tellement abscons.



De cette enquête, M. Aïssaoui en ressort frustré car pour le moment rien de concret en est ressorti. Et on peut le comprendre. Mais le dossier est loin d’être refermé, il a même ouvert de nouvelles voies qui méritent d’être explorées, et l’on peut penser qu’un jour où l’autre figurera parmi les « justes » un musulmans de France.



Je dois avouer qu’en entamant ce livre j’avais une crainte : celle de me retrouver face à un ouvrage qui se contente de dire « c’est pas juste, nous les musulmans on a été oubliés, pourtant on a tous été exemplaires ». J’ai donc été agréablement surprise par ce petit livre.

Parce que Mohammed Aïssaoui établit un vrai travail de recherches et qu’il n’hésite pas à pointer les actions positives comme les plus néfastes.

Et parce que sa réflexion va bien au-delà du fait d’être reconnu en tant que « juste », mais aborde des sujets complexes tels que Le devoir de mémoire ou encore la relation difficiles entre les peuples juifs et musulmans.

Enfin parce qu’il est instructif, tout simplement.
Lien : http://desliresdestoiles.wor..
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L'affaire de l'esclave Furcy

l histoire de l esclavage est une histoire sans archives

la citation de l universitaire hubert gerbeau resume la difficulte qu a eu l auteur pour raconter la vie de cette esclave nomme furcy.

un homme courageux qui s est battu tout au long de sa vie pour la liberte,il va en effet y parvenir, aidé par des hommes justes (gilbert bouchet, thereau)

un roman emouvant que j ai apprecié.

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L'étoile jaune et le croissant

La démonstration que Si Kaddour ben Ghabrit fut un "juste parmi les nations" n'est pas établie dans cet ouvrage.

J'en ai effectué une lecture attentive et une critique argumentée :



http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2012/11/07/25527218.html



Michel Renard

professeur d'histoire, chercheur

co-auteur de "L'histoire de l'islam et des musulmans en France", Albin Michel, 2006.
Lien : http://etudescoloniales.cana..
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L'affaire de l'esclave Furcy

Jorge Semprun, à propos de la littérature de la déportation, affirmait "Sans la fiction, le souvenir périt."







Même s'il ne s'agit pas ici de fiction, Mohammed Aïssaoui déclare en quatrième de couverture avoir "éprouvé le désir - le désir fort, impérieux- de retrouver et de comprendre Furcy. De l'imaginer aussi."







S'appuyant sur des documents récemment mis à la disposition du public ou des études sur des thèmes plus globaux, il s'est intéressé à cette histoire incroyable : en 1817, à l'ile de la Réunion encore nommée île Bourbon, un esclave d'origine indienne découvre que sa mère décédée était en réalité affranchie depuis des années et que lui, Furcy, devrait l'être aussi. Il se décide à intenter un procès à son maître., et c'est le début de vingt-sept années de lutte, d'espoirs différés, d'audiences et de plaidoiries.







Sachez tout d'abord que, "comme la loi l'exigeait, un esclave ne pouvait attaquer son maître (ou une autre personne) en justice sans passer par ... son maître. C'est le propriétaire qui portait la voix de l'esclave."







Et pourtant Furcy, calme, digne, en dépit de l'emprisonnement puis l'envoi dans l'ile de France toute proche (actuellement ile Maurice), dans le but de calmer l'effervescence née à la Réunion chez les propriétaires craignant une propagation de ces idées de liberté, malgré l'éloignement en France des magistrats qui lui ont accordé un fidèle soutien, tient bon; Mohammed Aïssaoui, avec l'émotion que l'on imagine, a retrouvé des lettres de Furcy. Et moi aussi je me le représente à ses procès, tenant dans la main gauche la Déclaration des droits de l'homme...







L'auteur a opté pour un style d'une grande sobriété; un tel sujet est dur et ne demande pas de l'enrobage. La documentation que l'on sent minutieuse se coule aisément dans le texte.







"Enfin, tout était moins monochrome qu'on veut bien le croire. Bien sûr, il y avait des noirs esclaves. Mais des noirs possédaient des esclaves, et nombre d'entre eux étaient farouchement opposés à toute idée d'abolition. Des noirs chassaient, jusqu'à les tuer, d'autres noirs. Des noirs asservissaient des métis... Et il arrivait souvent que, dès qu'un esclave devenait affranchi, il ambitionnait de posséder des esclaves, lui aussi. Des blancs aidaient des noirs, et vice versa...(...)



Il suffisait d'observer le système économique, et tout s'éclairait. (...) Si l'on regardait de plus près, tout était organisé pour maintenir le système en place: l'homme considéré comme une marchandise; l'interdiction pour les esclaves de posséder et donc de s'enrichir; l'interdiction de s'instruire."







Vous l'aurez compris, la lecture de L'affaire de l'esclave Furcy est absolument indispensable.







"C'est le problème pour tout un pan de l'histoire : les victimes ne laissent pas de traces. Quand je me suis penché sur cette affaire, je m'attendais à trouver des témoignages directs. Il n'y a rien, ou presque rien. Que des silences. Trop de silences. Et des morts anonymes. Une histoire sans archives." On ignore quand et où est mort Furcy...
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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Mon prof, ce héros

Un hommage vibrant aux professeurs qui ont changé leur vie à jamais, le plus bel hommage qui puisse être rendu par ces écrivains reconnus. Ils sont nombreux à être passionnés et pas suffisamment remerciés et reconnus. Lire ce livre m’a donné envie d’écrire à mes 3 professeurs qui m’ont le plus marquée.
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Les Funambules

Très belle surprise de lecture, tout en menant une réflexion sur le don de soi pour aider l'autre, des motivations qui font qu'un bénévole bien intentionné n'est pas toujours le bénévole, la quête que l'on met dans l'action est parfois plus motivée par des raisons personnelles que par l'altruisme.

Le personnage qui écrit des biographies pour les autres va entamer cette quête intérieure en cherchant son amour de jeunesse tout en écrivant sur ces gens qui donnent et de temps en temps reçoivent.

Une écriture d'une grande finesse d'où transpire pudeur et compassion.
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Les Funambules

Les funambules de Mohammed Aissaoui. L’impossible équilibre…

Kateb est un jeune immigré algérien, arrivé en France à l’âge de 9 ans. Il grandit dans une cité en périphérie parisienne. Le travail, la persévérance, le goût pour la littérature et l’infinie bienveillance de sa mère lui permettent de s’extraire de son milieu d’origine. Il devient « biographe des anonymes » en racontant ceux qui ne peuvent le faire, ceux que la vie a laissés au bord du chemin. Avec une quête amoureuse en filigrane, le lecteur suit Kateb à la rencontre des écorchés vifs.

Le roman est construit comme un documentaire. Mohammed Aissaoui est par ailleurs journaliste au Figaro Littéraire. D’enquêtes en témoignages, les rouages des associations caritatives comme les restos du Cœur sont décortiqués, le lecteur découvre divers champs d‘action qui vont bien au-delà de l’aide alimentaire. Le tissage de lien, ce long et fastidieux maillage, est toujours mis en avant, comme si le lien social était une bouée qui permettait de rattraper le rivage.

Mohammed Aissaoui écrit sur ces funambules, en équilibre précaire sur le fil de la vie. Son propos est inclusif et montre bien que personne n’est à l’abri ; une perte d’emploi, un divorce, une maladie… Tout un chacun peut vite basculer dans la rue. Et là, c’est la spirale infernale. Il met en exergue la grande difficulté à s’en sortir, l’ignorance des droits en matière d’aide sociale, la présence de nombreuses addictions... Dans la rue, l’espérance de vie n’excède pas 48 ans ! La claque !

Bien que cet ouvrage soit rangé dans l’onglet « roman », derrière le jeune Kateb, l’auteur n’est pas loin… Il conte son parcours pour montrer que tout n’est pas figé. A force de persévérance et de travail, il a pu gravir les échelons lui permettant aujourd’hui de tendre la main aux moins chanceux ; mais attention, nous avons tous une fêlure qui peut devenir un trou béant… la vie est un fil… l’équilibre impossible à trouver…

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Les Funambules

"Est ce que quelqu'un sait à quel point ne pas savoir écrire est une souffrance"?

C'est à partir de sa propre expérience, ou plus exactement celle de sa mère, que l'auteur décide de mettre sa plume au service des démunis, des maltraités, des exclus.

Lui-même a vécu dans une extrême pauvreté avec sa mère analphabète.

Il connaît les cités, les sans-abri, les chômeurs.

A l'adolescence déjà, il cherchait à aider, avec Nadia, une jeune fille dont il était amoureux.

Après ses études, il choisit de recueillir les mots pour aider des anonymes à écrire leur histoire. Il part à la rencontre des bénévoles et aussi à la recherche de Nadia.

Ce roman est plus une succession de rencontres, rencontres émouvantes sans aucun doute. Mais qui restent trop superficielles !
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Les Funambules

Vite touché par une écriture douce et précise, on s’attache au narrateur, sensible, qui n’a rien oublié d’une enfance difficile. Justement, il cherche en interrogeant les autres, ces bénévoles au creux de la détresse qui l’ont aidé enfant. Et aussi cet amour de jeunesse. Puis le rythme s’essouffle, les pages se ressemblent, l’émotion laisse place à la description. Heureusement la fin retrouve un peu l’intensité du début.
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Les Funambules

Kateb est arrivé en France à 9 ans avec sa mère, quittant leur village qui va être rasé. Devenu adulte, il est devenu biographe pour les anonymes, ceux qui ne trouvent pas les mots, mais qui veulent laisser une trace sur cette terre. Quand le célèbre neuropsychiatre JP Spak lui demande d'aider les gens précaires à exister par l'écriture, ce projet va être pour lui une vraie révélation. En découvrant la fêlure de ceux qui traversent la vie en funambules, il va aussi apprendre à se connaître et à s'accepter.



Quel beau texte ! de ses souvenirs d'enfance à ses rencontres (bénévoles dans des associations, marginaux, gens qui souffrent…), il est toujours question de fêlure. L'image du funambule est bien loin du cliché « le fil de la vie » et se nourrit de multiples références dans le livre (Jules Supervielle, la peur de tomber, rester droit…). Et la place accordée à l'écriture (un moyen d'exister, de partager, de comprendre... )a forcément convaincu la littéraire que je suis... J'ai été souvent touchée par les personnages et le texte contient des formules si justes que je n'ai pas pu m'empêcher de les prendre en note…Il a été sélectionné pour le Goncourt: il y a sa place !

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Les Funambules

Merci à Babelio et Gallimard de m’avoir présenté ce merveilleux roman.

Sous le prétexte de retrouver un amour de jeunesse, l’auteur, ancien gamin pauvre des cités ghettos, devenu écrivain public et parisien, grâce à la réussite de ses études et le soutien bienveillant de sa maman,

« analphabète bilingue », part à la rencontre des invisibles petites mains au grand cœur qui mettent de l’huile dans les rouages de notre société malade. Ces associatifs qui bénévolement apportent soutien aide et réconfort aux exclus et aux laissés-pour-compte de notre monde néolibéral. Un témoignage sensible et attachant de ce milieu souterrain qui permet d’éviter le naufrage définitif de toute une partie de nos voisins. Une galerie de portraits de gens bien.

Roman essentiel, à lire absolument.
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L'étoile jaune et le croissant

Une question très bien traitée, avec un style propre.Très intéressant.
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