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Citations de Morgan Sportès (124)


Nombre de jeunes mannequins, apprentis mannequins et autres jolies filles ont leurs entrées gratis dans les boîtes. Ça attire le client.

« Ça peut coûter cher de draguer ce type de filles, raconte un habitué. On leur paie le resto, des petits cadeaux, des pots. Pour peu qu’il y ait des copains et des copines, on multiplie les tournées. À 150 balles le verre, ça peut chiffrer dur en fin de soirée. C’est souvent plus cher que de s’envoyer une call-girl. Mais c’est plus excitant. Il y a le plaisir de la chasse, même si le gibier, à la fin, peut vous échapper. »
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Anna semble connaître beaucoup de gens. Elle est une amie, dit-elle, du chanteur Jean-Luc Lahaye. Ses propos sont régulièrement ponctués de noms de chanteurs célèbres et autres mots magiques : « casting », « tournage », « première », « top model », « show-room », « clips ». Valérie est captivée. Ce ne sont pas les spots rouges, jaunes et verts clignotant sans cesse au rythme du dernier tube à la mode qui font briller ses yeux. C’est cette idée, peut-être, qu’Anna détient la clef du monde auquel elle aspire : un monde sur lequel le soleil des « projos » ne se couche jamais : le show-biz. C’est Alice au pays des mirages.
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Elle était comme une gosse qui ne sait pas s’arrêter. Au fond, elle était malheureuse, elle se détruisait elle-même. Elle souffrait du divorce de sa mère. Ses “provocs”, c’était pour faire sortir Maman de ses gonds. Elle avait besoin d’amour, d’être reconnue, désirée. Les conneries, ça servait à ça. Peut-être a-t-elle voulu trop jouer. Elle sera devenue méchante, perverse ? Le jeu sera passé au deuxième plan, le “reste” aura fait surface ? »
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« Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. » Elle ne voit que les bons côtés de la vie. Mais pas sa face cachée : le mal. Peut-être aime-t-elle aussi « jouer avec le feu » ? À la maison, elle parle comme une sage petite fille. En boîte, elle singe le langage des « demi-sel ». Cependant sa mère s’inquiète : « Valérie, fais attention. » Mais Valérie ne répond pas. Ou d’un haussement d’épaules. « Devant sa mère, dit son amie M., elle ne montrait que son côté positif. Elle jouait les gamines. »
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Parmi les Dix Commandements de la réussite, on peut signaler qu’il « faut » passer le week-end à Deauville, qu’il « faut » passer l’été à Juan-les-Pins, qu’il « faut » être bronzé toute l’année, quitte à faire des séances d’UV, qu’il « faut » avoir une grosse bagnole, au risque de collectionner les PV parce qu’on ne peut pas se garer, qu’il « faut » habiter le XVIe, le XVIIe ou Neuilly. Ascension suprême, réservée au nec plus ultra : s’installer un jour en Californie.
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macho. À l’époque la clientèle est avant tout pied-noir : gens du prêt-à-porter, patrons et employés. On arbore chaîne en or (ou en plaqué or, pour les moins fortunés), gourmette, Rollex. La plus grosse chaîne n’implique pas toujours le plus gros compte en banque. N’est pas Naf-Naf qui veut et faute de fric on frime.
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Les mecs sont charmés par les nymphettes, ils offrent une autre tournée. On trinque, on blague, on s’attendrit, on flirte. Tout d’un coup (suivant le scénario qu’elles ont toutes deux mis au point à l’avance), elles s’écartent un peu de leurs « séducteurs », se penchent l’une vers l’autre au-dessus de la table et des coupes pétillantes et, à voix assez haute pour être entendue, elles se disent : « Et si on changeait de mec ? » Sans consulter leur partenaire tout à fait abasourdi, elles changent de place, et de cavalier à la fois, se remettant aussi sec à flirter : « On est comme ça, expliquent-elles, on aime changer. » Les « mecs » se laissent faire, un peu dépassés à vrai dire.
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Ne dites pas une peau « couperosée », mais « vascularisée » ; ne dites pas qu’elle est « sèche », mais « déshydratée » ; on ne parle pas de taches de rousseur, mais d’éphélides ; non de grains de beauté, mais de lentigos. Ce vocabulaire, paraît-il, impressionne les Trissotin des jurys d’examen :

— Et là, sur la tempe, qu’est-ce qu’elle a ? demande le prof en désignant sur le visage de la cobaye deux taches noires vaguement poilues.
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Valérie joue avec les mecs : comme la souris… avec le chat. Mais parfois, patatras, c’est la déprime. Elle met son visage entre ses mains et, à sa confidente de l’heure, elle murmure : « Qu’est-ce que je suis ? Je ne suis pas aimée. Je suis inculte. Je ne suis rien ! »
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Elle aimait tout ce qui touche à la magie, à la science-fiction : les films de sorcellerie, par exemple, comme Vendredi 13. Mais la vue du sang l’effrayait. On s’est passé chez elle la vidéo du Triangle des Bermudes. Elle n’a pas pu regarder ça jusqu’à la fin : il y avait là-dedans, si je me souviens, une poupée qui saignait !… Les mecs, elle aimait les faire marronner, avoir sa cour, son harem. Elle jouait les filles faciles, mais elle ne l’était pas. Ce qu’elle aimait, c’était simplement séduire. Mais, quand elle voulait un mec, elle faisait tout pour l’avoir… 
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Elle a 16 et bientôt 17 ans. On la décrit comme jalouse, possessive, aimant à exercer son pouvoir sur autrui. Avec elle, c’est « comme je veux, quand je veux ». Mais quand ça ne marche pas, c’est la crise, colère. Ou bien elle fait la gueule, s’emmure dans le silence. Une camarade, en classe, lui raconte une sortie avec telle amie. Valérie ne le supporte pas, c’est pour ainsi dire une infidélité qu’on lui fait (« Elle voulait même choisir les amis de ses amis. »). Elle jette ses cahiers par terre, quitte la classe, furieuse.
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Sa vision de la réalité était faussée par ses rêves. Pour faire râler les copines, une fois, elle est venue se faire chercher au lycée par un mec en Rolls : elle avait dû le pêcher un dimanche après-midi à la Scala ! Pourtant elle était pas sotte, il suffisait qu’elle bosse et elle avait 20. Mais elle foutait rien ! Les études, ça l’intéressait pas ! Elle voulait être actrice, ou mannequin. Pourtant elle était plutôt petite et ronde.
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La préoccupation essentielle de Valérie, c’était les fringues. Et son acné ! Elle se mettait des pots de crème sur la gueule pour cacher ses boutons. Elle allait chez l’esthéticienne. Un jour j’lui ai balancé : “Eh, tu f'rais mieux d’aller chez l’dermato pauv’conne !” Au lycée, y avait des mecs assez BCBG. Elle n’arrivait pas à les aguicher, ça la faisait enrager.
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Faire une perquisition, cela ressemble un peu à ce jeu d’enfant « chaud ou froid » : quand on se rapproche de l’objet caché, on dit « chaud ». Et il semble que ça commence en effet à chauffer : sous le lit une boîte en carton blanc LES MUST DE CHEZ CARTIER. Dedans un stylo Dupont, un agenda 1985 Cartier, une ceinture Cartier marron…
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Beau, riche, en pleine santé, il jouit de la vie. Et l’argent, en l’occurrence, ça aide. Ses nuits, il les passe souvent en boîte. Il se réveille tard. Vers midi, il vaque à ses affaires : son bureau se trouve dans sa boutique, rue d’Aboukir.

À son cou il porte une chaîne en or. À sa main gauche une alliance Cartier à trois anneaux (« Il y tenait beaucoup, dira plus tard Béatrice T., jamais il ne s’en séparait. Quant à sa montre en or, il se l’était payée un jour où il avait fait une très bonne affaire. Moi je ne l’aimais pas, cette montre, je lui avais dit : “Tu aurais mieux fait de t’acheter un beau tapis.” Prémonition ? C’est peut-être à cause de cette montre qu’il est mort… Pourtant, c’était un garçon très simple dans son apparence. Les apparences, il s’en moquait. Sa voiture, c’était une R5. 
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Le téléphone arabe (sinon nord-africain : la plupart des commerçants installés là sont originaires d’Afrique du Nord, et juifs sépharades en majorité) fonctionne à tout va.
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On peut tout de même imaginer un scénario purement crapuleux, les tortures ayant eu pour seul but de faire avouer une cache dans laquelle l’avocat aurait pu garder des richesses. Cette hypothèse n’est pas écartée par les enquêteurs de la brigade criminelle. Elle n’a cependant pas leur préférence car les sévices auraient pu avoir pour objectif de localiser un objet ou un dossier compromettants… 
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Bien que son cœur eût cessé de battre, la persistance de son existence charnelle, de ce corps froid pesant toujours sur la surface du globe, me la rendait dans une certaine mesure, et mystérieusement, encore « présente ». Quelqu'un, me dit-on, viendrait me trouver dans la chambre pour « régler » les problèmes d'ordre administratif concernant sa « dés-hospitalisation » (sur un formulaire, à la question « raisons de la dés-hospitalisation », on avait coché pour moi le mot « décès »). Je devrais me rendre ensuite « à la caisse » et payer, comme au restaurant, « l'addition ».
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Une sorte de machination, ourdie dans mon dos, avec de bonnes intentions sans doute, avait donc tout mis en place pour que s’organisassent mes épousailles… Notaire, mariage, testament, dossier à clôre à la Sécurité sociale… tout ça, comme les vagues rabattant le nageur vers la plage (la « terre » !), me renvoyait implacablement aux inéluctables bassesses de l’Humaine Condition. À ce que toute ma vie j’avais voulu fuir ! Par la Littérature, entre autres.
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Lorsque j’étais étudiant, j’avais esquissé sur notre relation un court récit dont le titre, emprunté à Baudelaire, résumait de façon fulgurante la situation : Duellum. Un duel, un combat amoureux fratricide. Make love not war, clamait-on à l’époque (c’étaient les sixties). Mais l’amour n’est-il pas une sorte de guerre ? Plus encore, c’étaient les vers de l’Héautontimorouménos, du même Baudelaire, qui, à mes yeux, alors, exprimaient le mieux cet amour délétère qui fut le nôtre : « Elle est dans ma voix la criarde/ C’est tout mon sang ce poison noir/Je suis le sinistre miroir/ Où la mégère se regarde/ Je suis la plaie et le couteau… / Et la victime et le bourreau. »
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