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Critiques de Nadège Erika (63)
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Mon petit

📖 Naëlle est éduquée par ses deux « mamans », l’une habite à Belleville, l’autre à la porte de Montreuil. Sa Maman et sa Grand-Maman s’occupent d’elle, ainsi que de ses frères et sœurs (tous de pères différents et inexistants dans le quotidien des enfants).

Les enfants font la navette entre Paris et Montreuil.



Ces deux femmes sont complètement différentes.

Chez la grand-mère maternelle, les enfants sont suivis, il y a des règles et ils reçoivent une éducation. Chez leur mère, c’est la liberté totale et la débrouille, c’est là que les choses ont « déraillé » selon Naëlle.

Trois générations de femmes si différentes…



Naëlle est une enfant qui va grandir trop vite et la vie ne va vraiment pas l’épargner.



❤️ Mais que ce premier roman est beau, non en fait, il est Magnifique.

J’aurais tellement voulu être cette maison d’édition qui a découvert cette talentueuse écrivaine. Merci à Livres Agités d’avoir trouvé cette pépite et accompagné son autrice !

J’ai voyagé, dans Belleville (quartier dans lequel j’ai travaillé dans les années 90) et dans le Montreuil d’avant, auprès de cette gamine si touchante.

J’ai, jusqu’au bout de ma lecture, été happée par cette tranche de vie si poignante.



Tout ce qui constitue ce roman est un énorme coup de cœur pour moi, et je ne vous parle pas de la couv qui est incroyablement belle.


Lien : https://clairement-livre.com
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Mon petit

Un livre que je n'avais pas envie d'ouvrir. Cette couverture colorée ne me disait rien, mais il était dans la sélection des 68 premières fois. J'allais donc devoir le lire, forcément.



Une fois la première page lue, impossible de m'arrêter.

Prise à la gorge, au cœur, à l'émotion, en lisant ces lignes, en tournant les pages.



Nana a poussé entre Belleville et la porte de Montreuil. Entre la vie de bohème et sans le sous chez Jeanne, sa mère, et celle plus rigoureuse et joyeuse malgré tout chez sa grand mère. Avec sa fratrie, quatre enfants, une mère, mais aucun père connu, même si chacun a eu un géniteur différent.



Nana grandit et devient cette belle jeune femme attirée par Gustave, le beau blond, le beau gars que toutes aimeraient bien séduire. C'est elle qui remporte le gros lot, mais la fête n'aura qu'un temps.



Et à dix-neuf ans, l'école est finie et la voilà enceinte puis maman. Des jumeaux prématurés, un père totalement absent. Un drame et toute une vie chamboulée, un avenir éteint, l'espoir et la joie qui s'effacent.



Un premier roman magnifique qui dit l'enfance, les joies et les peines, la façon quasi irréelle qu'ont les enfants de s'adapter à tout ou presque

La difficulté qu'il y a d'être femme. A vivre parfois sans amour, sans soutien, ou si peu. À grandir et évoluer malgré tout, malgré les douleurs les épreuves le deuil impossible et l'absence du tout petit.



Je n'ai pas réussi à lâcher ce roman, émotion et surprise, tendresse et révolte, tant de sentiments diffus et intenses m'ont touchée au fur et à mesure de ma lecture.
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Mon petit

Naëlle doit grandir ballotée entre deux foyers à l’éducation opposée. Chez sa grand-mère le col claudine est de rigueur tandis que chez sa mère le dîner est composé de biscottes à la banane avec un chocolat chaud et le brossage de dents est optionnel. Par la force des choses Naëlle sera amenée à grandir trop vite et à s’émanciper pour survivre.

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Je n’ai lu que des avis dithyrambiques au sujet de ce roman et je les comprends tout à fait mais le mien sera un peu plus mitigée.

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Même si je me suis un peu sentie perdue au début de ma lecture, j’ai tout de suite été captivée par la singularité de la plume de l’autrice. Tout est abrupt, intense, incisif… peut-être même un peu trop, selon moi. Chaque mot employé a du sens, certaines phrases sonnent comme un poème malgré la noirceur et l’horreur.

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Ce roman c’est l’histoire de lieux chargés de souvenirs, d’une famille mais surtout de femmes ; d’une femme en particulier entourée de femmes car ici les hommes sont aux abonnés absents et les femmes se terrent dans le silence pour taire leur peine. Il y est question de transmission, d’amour, de désillusion et de résilience.

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Naëlle avait toutes les caractéristiques pour que je m’attache à elle, que je m’identifie même sur certains aspects vécus et pourtant je suis restée spectatrice de son destin et de ma lecture.

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Le roman a pris un tournant auquel je ne m’attendais pas. L’autrice a pris le parti de se focaliser sur un événement traumatique et de disséquer tout ce qui en découlait émotionnellement ; comme une mise à nue des entrailles de Naëlle, un accès au plus intime.

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J’ai eu l’impression d’être dans une ritournelle qui manquait de nuances même si je sais pertinemment que ce genre de situation existe. Je reconnais cependant l’ampleur du talent et la singularité de la plume de l’autrice. Je vous recommande donc ce roman et vous invite à découvrir l’avis d’autres lectrices.
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Mon petit

« J'écris pour emballer mes tourments dans un corps de papier et mettre des mots sur une histoire qui en a manqué. Au même titre que d'autres fluides corporels, l'écriture, chez moi, est une sécrétion. »



Naëlle, la narratrice, 45 ans, vient de quitter son travail de travailleuse sociale dans un foyer d'accueil pour enfants, besoin d'écrire, raconter sa vie pour la raconter en face. Dans une urgence maîtrisée qui joue avec la pudeur, elle se livre sans réserve : sa fratrie de toutes les couleurs, tous de pères différents, tous déserteurs ; ses aller-retours entre Belleville et Montreuil, entre une mère débordée par sa vie amoureuse et une grand-mère jouant la maman bis, « deux ventricules d'un même cœur » ; son premier amour, sa grossesse précoce sa première expérience conjugale et maternelle.



La première partie est remarquablement à hauteur de l'enfant et de la jeune fille qu'a été Naëlle. J'ai été immédiatement charmée par l'écriture affûtée et directe de Nadège Erika, son flow entre énergie et douceur, pleine d'humour aussi, enveloppe le récit d'une tonalité juste, un peu à la Renaud, qui dit à merveille l'insouciance désinvolte de la jeunesse. Les passages sur sa grand-maman compose un magnifique portrait de grand-mère, elle la bretonne rigide qui ne comprend pas sa fille toute blonde qui fait des gosses à la pelle dès ses seize ans avec des Noirs alors qu'il y a plein de Blancs disponibles, mais dont l'amour inouïe qu'elle porte à ses petits-enfants corrige naturellement son racisme initial.



« Même si je n'ai plus le désir d'y vivre, même si j'ai oublié certains lieux et certains repères, même si le quartier a changé et a subi une gentrification de plus en plus marquée, Belleville, ça reste chez moi. Belleville, c'est à moi. Je pourrais me coucher là, par terre, et ne plus en bouger. Je ne sais pas si c'est la proximité avec l'enfance qui me procure cette sensation, mais dans ce quartier, j'ignore toute notion de temporalité.



De Renaud, on passe à Modiano pour déambuler dans le Paris populaire de l'Est des années 1990 avant la gentrification. On parcourt les rues en pente de Belleville aux côtés de Naëlle, chaque lieu réveille un souvenir précis, géographie émouvante qui est au cœur du récit, un cœur palpitant. On a envie de parcourir toutes les rues décrites, mais en fermant les yeux pour faire disparaître les juice bars de bobos et leurs cheese-cakes au tofu, pour retrouver le pouls bellevillois et capter un peu de sa saveur d'antan.



Au mitan, le récit prend une tournure tragique que je n'avais pas vu venir. Avec l'irruption d'un terrible drame qui bouscule tout sur son passage, l'écriture évolue et se fait cri pour mettre des mots sur les silences, sur l'absence de mots pour dire une telle descente aux enfers. Assurément un rempart à la douleur et à l'injustice, une façon de dire, d'énoncer et de réguler les coups durs de la vie, pour survivre.



A chaque page, on sent l'engagement de l'autrice et l'intensité qui va avec. Mon petit est un roman politique qui parle l'air de rien de la France d'aujourd'hui et sur ce que c'est d'être une femme métisse née dans un milieu social populaire. Il est question de racisme, de mépris, domination et violence de classes avec la maltraitance institutionnelle qui peut en découler, de la précarité des vivants et des morts au confluent de ces luttes qui touchent les plus vulnérables de notre société. Jamais Nadège Erika, dont on sent qu'elle a mis beaucoup d'elle et de son intimité dans son texte, ne tombe dans un excès de larmoyant impudique.



Sa sincérité touche direct jusqu'au dernier chapitre, bouleversant par la pureté de son propos, point final qui conclut avec force ce premier roman très convaincant : il donne un sens au parcours de la narratrice en sublimant la porosité entre son activité professionnelle et sa vie personnelle.



Lu dans le cadre de la sélection 2024 des 68 Premières fois #3

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Mon petit

C'est la couverture qui m'a tout de suite attirée. J'avais ressenti la même attraction avec celle d'un livre de la même maison d'édition paru l'année dernière, Biche de Mona Messine, qui était dans des tons marron et orange. Je trouve celle de Mon petit très intéressante, pleine de couleurs, très lumineuse, avec cette personne plantée au milieu. Et en commençant le livre, on comprend très vite qu'il s'agit du personnage principal de ce livre, Naëlle. C'est le premier roman de Nadège Erika, et c'est une totale réussite. C'est aussi ce qui m'a attirée dans ce livre, j'aime beaucoup découvrir de primo romancières et surtout lire leurs premiers écrits. Vanessa Caffin, l'éditrice de Livres Agités, parle de ce roman comme d'un cri, celui des invisibles, et comme elle a raison, c'est exactement ça. 



J'ai fait donc la connaissance de la narratrice, Naëlle, une femme de quarante-cinq ans qui revient dans le quartier de son enfance, après avoir démissionné de son travail dans le domaine social. Elle ne supporte plus ce qu'il se passe dans les foyers où elle travaille. Elle décide donc de revenir sur les pas de son enfance et son adolescence, qui se sont passés dans deux rues distinctes de Belleville. La semaine, elle vivait chez sa grand-mère, au numéro 40 de la rue Piat. Et le week-end, elle était chez sa mère, porte de Montreuil. Celle-ci vit seule, Naëlle a un grand frère et deux petites sœurs, tous de couleurs et de pères différents. La vie est différente chez l'une ou l'autre des deux femmes. La semaine chez la grand-mère, c'est plus strict, plus sévère, et le week-end chez la mère, c'est beaucoup plus relax et fantasque. Naëlle aime les deux lieux, mais a toujours l'impression de ne pas se trouver au bon endroit. Quand elle est avec sa grand-mère, sa mère lui manque et inversement quand elle est avec sa mère. L'enfance de Naëlle va donc être menée par ces deux femmes opposées dans leur façon de voir la vie. La petite fille puis la jeune fille essaiera de vivre, ou plutôt survivre. On la suit donc pendant son enfance et adolescence, entre des petits vols, des fugues, et une instabilité qui mènera à sa déscolarisation. Puis, elle rencontrera Gustave, un jeune homme très beau, avec qui elle veut vivre pour la vie, comme on le rêve lorsque l'on est adolescente. 



Je ne dirais rien de plus. L'histoire de Naëlle ne s'arrête pas là, bien évidemment. Toute sa vie nous est retracée, et pas toujours de façon chronologique, et j'ai bien aimé ce fait. Car tout n'était pas révélé tout de suite, et il régnait donc un certain suspense. On comprend vite qu'un drame va arriver, qui va chambouler la vie de Naelle, et sa perception du bonheur, comme si le mauvais sort s'acharnait sur elle. Les révélations arrivent petit à petit, et sont de plus en plus bouleversantes à mesure qu'on les découvre. Je n'ai pas attendu de savoir quel était ce drame pour m'attacher à Naelle, ça je l'ai fait dès le début, dès les premiers mots. J'ai tout de suite eu envie d'aider cette petite fille, la réconforter, puis aider la jeune fille à passer le cap de l'adolescence, et enfin accompagner la jeune femme dans sa douleur. Les émotions montent crescendo. Au début, j'ai suivi la vie du personnage, avec sa grand-mère, sa mère, et plus le récit avance, et plus la tension augmente, plus j'ai ressenti de la douleur derrière les mots de la narratrice. Lorsque les mots sont mis sur le drame, le texte se transforme en un long cri de douleur et d'effroi. C'est en tout cas ce que j'ai ressenti. J'ai eu mal pour Naelle, j'ai pleuré avec elle, j'ai ressenti son vide. Toutes les explications autour du drame arrivent petit à petit, au fil des pages, et ça en devient encore plus glaçant. 



Je me suis énormément attachée à Naelle, je ne peux rien révéler, et ma vie personnelle n'a pas lieu d'être ici, mais je me suis beaucoup reconnue en elle, j'ai vécu des choses similaires, et j'ai trouvé que l'autrice mettait les bons mots sur ces événements de la vie. J'ai eu souvent l'impression que Nadège Erika racontait mon histoire et c'en était troublant parfois. Je pense aussi que c'est impossible de ne pas s'attacher au personnage de Naelle, ou alors il ne faut pas avoir de cœur. Un autre personnage que j'ai beaucoup aimé, c'est la grand-mère. Comme j'aurais aimé en avoir une comme ça, stricte, mais toujours bienveillante, qui peut paraitre sévère mais elle fait tout par amour et pour le bien de sa famille. C'est une femme qui en a surement vu dans sa vie, elle ne se plaint jamais et fait toujours face. La mère de Naelle n'est pas aussi attachante, même si elle n'a pas un fond méchant. Il y a un autre personnage très important dans ce récit, c'est le quartier de Belleville. Il prend beaucoup de place dans la vie de l'héroïne, il est riche en personnalités, en paysage. Je ne connais pas du tout cet endroit, mais l'autrice a tellement bien su le dépeindre que je suis arrivée aisément à l'imaginer. Cela crée une ambiance et il a beaucoup d'importance. 



L'écriture et le style de Nadège Erika sont très beaux, très sensibles. Elle relate très bien, sans jamais verser dans le pathos et pourtant cela pourrait, vu les événements. Elle dépeint cela très justement, avec les mots qu'il faut, avec une extrême délicatesse. L'écriture change selon le moment. Les phrases sont plus longues au début quand elle raconte son passé, puis quand le drame arrive, c'est plus haché, plus rapide, on sent comme une urgence. Une urgence de raconter, de ne pas s'appesantir car on sent bien que ça fait encore mal. Et ça se comprend, c'est le genre de douleur qui ne s'oublie pas et qui ne cicatrise jamais complètement. On la porte en nous à vie. Je ne veux pas vous révéler, je me suis doutée en lisant, en me disant que non, ce n'était pas ça, mais si, malheureusement. L'écriture et la façon dont c'est amené est pleine d'empathie et de compassion. Et pourtant, elle décrit très bien, c'est très précis, l'autrice n'épargne pas son lecteur, elle est honnête et c'est ce qui rend le texte encore plus touchant. 



C'est une histoire très forte, un récit très émouvant, troublant. Tout cela porté par une magnifique plume. C'est un premier roman, et quelle réussite, l'autrice frappe fort. C'est un livre qui s'adresse à un lectorat adulte, mais je trouve qu'il devrait aussi être lu par les jeunes, à partir des années collège. La vie de la jeune Naelle est très inspirante, et permettrait surement à d'autres jeunes filles de se dire que l'on peut se relever. C'est une histoire porteuse d'espoir. Il en dégage tellement de force, d'amour de la vie. La résilience est un mot qui prend tout son sens ici, la reconstruction après un tel drame est très compliquée et il faut surtout beaucoup de force. L'autrice parle également de plein de sujets sociétaux auxquels nous sommes souvent confrontés. Les problèmes d'adaptation, la gentrification, qui est la tendance à l'embourgeoisement d'un quartier populaire, cachant ainsi mieux les problèmes. Elle parle aussi des jeunes, de la violence à l'école, entre jeunes, avec les parents, dans les familles. Tout ce qui fait la vie de la société d'aujourd'hui. L'autrice décrit tout cela sans fard, sans se voiler la face, et c'est cette honnêteté que je retiendrais surtout d'elle. 



La lecture s'est faite facilement et rapidement. L'histoire est très immersive, une fois dedans, j'ai eu beaucoup de mal à la quitter. J'avais très envie de rester avec Naelle, de continuer à l'accompagner. J'ai été triste de la laisser, comme on laisse une amie. C'est un livre qui va rester dans mon cœur, j'ai ressenti une tonne d'émotions et, en écrivant cette chronique, je les ressens encore. J'espère être arrivée à vous les transmettre au travers de mes mots. En tout cas, ils sont encore bien présents en moi, et ce n'est pas facile de vous les raconter sans dévoiler de trop l'histoire. Le titre est beau, "Mon petit", c'est comme cela que sa grand-mère appelait Naelle...comme ma maman à moi m'appelait "Ma grande".... ces petits surnoms que les autres nous donnent et restent gravés dans notre mémoire à vie. 



Je suis très contente d'avoir découvert Nadège Erika. J'espère sincèrement qu'elle écrira un nouveau roman, je la lirai à nouveau avec grand plaisir. Je vous recommande vivement ce livre et cette autrice de talent. N'hésitez pas à partir à la rencontre de Naelle, une jeune femme tellement forte et belle. On sent que l'autrice a mis beaucoup d'elle dans le texte, elle travaille en tant qu'éducatrice dans le médico-social, elle a été plus d'une fois confrontée à la douleur, tout cela transparait dans ce livre, et c'est ce qui en fait toute sa beauté. Elle dit qu'elle a souvent eu que l'écriture pour se défendre, et ça aussi je le comprends tellement. Ecrire est une forme de thérapie pour beaucoup. Le fait de poser sur le papier nos peurs, nos doutes, nos joies, est un moyen de les faire exister autrement. Tout ça pour dire que je me sens vraiment très proche de Nadège Erika. Je vais arrêter là, je vous laisser découvrir par vous même l'autrice et Naelle. 



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Mon petit

Mon Petit, c'est tout doux, c'est une famille et plusieurs générations ; c'est le surnom que la grand-mère donne à Naëlle, la narratrice.

Mon Petit c'est aussi Paris, le quartier de Belleville et de Ménilmontant, des pérégrinations à travers des rues, des ambiances, le temps, des souvenirs et des jeux d'enfants.

Mon Petit c'est doux et c'est beau, mais c'est aussi de la colère, des injustices, des coups de pieds dans la fourmilière. La vie de Naëlle, ses rencontres, ses envies, sa vie de jeune fille puis de femme, les claques qu'elle se prend, les désillusions et les couperets. Et, bien sûr, "son" Petit à elle, auquel on s'attache tant.

Un roman qui parle de beauté mais qui sert aussi de coup de gueule, qu'on balance sur un coin de table pour hurler une bonne fois pour toutes. Mon Petit, c'est des violences, des tensions et des respirations qui racontent quelque chose de profondément vrai et criant.
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Mon petit

Paris. Belleville. Naëlle revient sur les traces de son enfance et de son adolescence. Dans ce quartier, elle se souvient. Elle remonte le fil de temps. Les années 90. Celui où elle naviguait ente l’appartement de sa grand-mère et celui de sa mère.



Si sa grand-mère est attentive et attentionnée, sa mère en revanche ne l’est pas. Enfant, la petite narratrice se trouve ballottée entre le monde strict et organisée de cette grand-mère face à une mère menant une vie de bohème. Elle déambule, se remémore la pauvreté, ses frères et sœurs.



Adolescente, elle tombe amoureuse. L’homme la violente. À 19 ans, elle devient mère. « Son petit », elle le perd. Vient le temps de l’après. Malheureusement, elle ne peut en parler à personne. L’écriture devient son exutoire pour se reconstruire.



Ce n’est pas seulement un livre. Ce roman est aussi « un cri des invisibles ». Bouleversant 🖤
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Mon petit

Le livre est de ceux qui vous apprennent la résilience malgré les épreuves. Malgré une mère absente et un homme violent. Malgré le deuil et la souffrance. Malgré l'incompréhension et le mépris. Ce roman est une plongée dans la vie de Naëlle qui voit son quotidien bouleversé par l’arrivée de jumeaux à seulement 19 ans. Aujourd’hui, elle en a 45, et elle déambule dans son quartier de Belleville qu’elle ne reconnaît plus.



Nadège Erika signe un premier roman bouleversant, où l’humanité nous transperce le cœur. L’histoire est dramatique, le destin tragique, mais jamais la plume ne le devient. L’héroïne fait preuve d’une force qu’elle puise dans sa rage de vivre.



Lorsque la vie s’acharne contre vous, qu’elle vous défie de résister, il faut saisir la chance d’être heureux, justement parce que vous n’en avez aucune.



@lecturesauhasard
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Mon petit

Mon petit ou Comment dans le Belleville des années 90, un jeune métis va devenir maman de jumeaux à 19 ans, et que la pression du système de domination social et économique va conduire à la mort d’un de ces nourrissons.



Mon Petit nous entraîne dans les rues de Belleville, dans les pas frénétiques d’une jeune décidée à vivre plus tôt que les autres.



Zéro pathos, jamais tire-larme, c’est le livre d’une femme forte, c’est même souvent drôle, toujours bien vu. L'écriture est impulsive, engagée,nourrie aussi à la culture hip-hop



Un livre à la fois drôle et touchant qui nous taquine pour mieux nous émouvoir au débusqué, tout au long de cette vie tragique décrite sans mélodrame
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Mon petit

A la lecture de « Mon petit », les souvenirs affluent. Ah ma folle jeunesse à Garges-lès-Gonesses, le foot sur le parking bétonné, dans le préau de l’immeuble, dans le parc, dans les terrains vagues… Les pentes des parcs dévalées en toute insécurité, la solidarité entre voisins…

Quand je repense à mon enfance, c’est bien cela qui me vient à l’esprit en premier. Puis les autres souvenirs… la cacophonie, l’insalubrité, la promiscuité, l’insécurité vu au travers de mes yeux d’adulte. Quand on est enfant, rien n’est dangereux, on est immortel, tout est normal…

~

Je retrouve tout cela dans ce récit

Je découvre bien plus

Les pensées de l’héroïne

Grandir

Avancer

Pas à pas

Grâce aux appuis de la famille

Bien que fragiles

La fragilité est préférable à l’absence

.

.

.

Puis le drame survient

Faisant voler en éclat l’innocence du récit

L’innocence d’une vie

Où malgré les difficultés

On ne retenait presque que le rire, le positif, la lumière

On écartait l’obscurité, la peur, la honte, la détresse

Le drame pour écarteler

Pour détruire la joie

Annihilant tout une existence

On devient bancal

On ne vit plus

On survit

Pourtant, par son écriture, sa force, son courage, sa vie, Nadège Erika nous offre la lumière

La lumière dans les moments les plus sombres

Les mots coulent, rayonnent, touchent, percutent, empoignent, marquent

« Mon petit » regorge de vie
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Mon petit

Comme l’écrit si justement Vanessa Caffin éditrice de Livres Agités, maison d'édition indépendante dédiée aux primo-romancières et qui publie Mon Petit de Nadège Erika, ce livre est « un cri, celui des invisibles ».

Nous entrons dans ce premier roman, directement dans Belleville sur les pas de la narratrice, une femme de quarante-cinq ans.

Elle vient de démissionner de la fonction publique. Si elle a plaqué la structure qui accueillait des mères adolescentes, des ados et des postados en danger ou en difficulté après avoir bossé dans un foyer d’accueil d’urgence pour enfants, c’est que « dans ce secteur, il se passe des choses que je ne veux plus voir ni savoir. »

Elle est donc revenue à Belleville sur les traces de son enfance et de sa jeune vie d’adulte pour écrire. Écrire pour mettre des mots sur ce qu’elle a vécu, « pour emballer ses tourments », une sorte de rempart à la douleur et à l’injustice.

Le récit de sa vie est en effet loin d’être anodin et elle vivra un drame sans nom, un drame qui n’a pas de fin.

Même si ce Belleville qu’elle retrouve a été gentrifié comme l’avait prédit sa grand-mère, s’il est tout autre, il est pour elle toujours comme avant.

Elle se retrouve bientôt dans la rue Piat devant l’appartement de sa grand-mère. Plantée devant le paillasson, Naëlle ferme les yeux, et entre comme dans un rêve, revient dans les années 90 et revoit…

C’est donc dans cette cité HLM, rue Piat, chez Grand-Maman, que Naëlle, son frère aîné et ses deux petites sœurs vivaient durant la semaine. Le week-end, ils allaient chez leur mère Porte de Montreuil.

C’est ainsi que Naëlle a navigué toute son enfance entre l’escalier E (rue Piat) et l’escalier 12 (Porte de Montreuil). Deux univers complètement différents, deux modes de vie diamétralement opposés, la rigidité du cadre chez la grand-mère la semaine, et la bohème chez Jeanne, la mère, le week-end, Jeanne et ses quatre mômes de quatre couleurs et quatre pères différents. « c’était ça ou la DDASS ».

Naëlle n’était jamais là où elle voulait, sa mère lui manquait tout le temps en semaine et elle ne pensait qu’à sa grand-mère le week-end…

Elle grandit et aux questions qu’elle pose, pas ou peu de réponses. Elle rencontre des hommes jamais comme il faut, puis tombe amoureuse de Gustave, le plus beau gars du quartier, de Belleville aussi, mais pas du même Belleville… Elle devient mère à dix-neuf ans.

La vie continue avec ses éclats de rire et ses silences mais le drame guette et sera d’une terrible férocité.

Le titre Mon Petit fait référence à cette enfant, Naëlle, propulsée dans la vie adulte bien trop tôt et qui adorait que sa grand-mère l’appelle ainsi parfois. Le « mon » voulait dire qu’elle était vraiment à elle et le « petit » qu’elle avait le droit de ne pas toujours être une grande sœur, une personne raisonnable devant montrer le bon exemple.

Avec ce premier roman, Nadège Erika nous offre un récit absolument bouleversant, poignant et tragique.

L’auteure nous conduit depuis l’innocence de l’enfance, jusque dans les pas effrénés d’une jeune fille décidée à vivre plus tôt que les autres, avec un appétit de vivre délirant, paralysé brutalement. Seule la force qu’elle a pu trouver en elle lui a permis de s’arranger avec la réalité, mais quelle force !

J’ai été captivée par ce roman, par l’écriture alerte, rythmée et imagée de Nadège Erika.

Il est une ode magnifique à ce quartier de Belleville et la description faite avec humour des Gentrificateurs et de la boboïsation du quartier très réaliste et savoureuse.

Ardéchoise et ne connaissant pas ce territoire, je n’ai sans doute pas saisi toutes les subtilités de cette vie parisienne et me suis parfois perdue dans certaines rues…

Mais j’ai avant tout été touchée et bouleversée par la douleur éprouvée par cette jeune maman, victime par ailleurs de violences conjugales, l’impossibilité et l’interdiction d’évoquer la mort de son bébé ayant encore aggravé cette douleur extrême.

J’ai été indignée et révulsée par l’attitude ignominieuse de ce médecin appelé en urgence, un comportement injustifiable.

Les séquelles psychologiques sont toujours là vingt-six ans plus tard, et elle éprouve encore régulièrement une forme de culpabilité et de la honte à ne pas avoir réussi à mener sa grossesse jusqu’à son terme. Terriblement poignant.

Plus que tout, j’ai admiré cette force, cette vitalité, cette énergie dont a fait preuve cette femme pour faire face à tous les évènements auxquels elle a été confrontée. Malgré toutes ces épreuves, elle est restée debout !

Dans ce roman, en partie autobiographique, Nadège Erika démontre les pouvoirs de l’écriture.

Avec des mots, elle crie la douleur de ses maux, elle écrit ses joies, ses peines, ses incompréhensions, ses peurs, sa douleur, sa colère. L’écriture, comme une sorte de thérapie, un moyen d’aller de l’avant et de refuser le statu quo.

Ce roman est également un moyen de s’intéresser à tous ces gens dont les histoires ressemblent peu ou prou à celle-ci. Dans son quotidien d’éducatrice spécialisée dans le médico-social, Nadège Erika en a croisé beaucoup...

Mon Petit de Nadège Erika, un roman contemporain, percutant, sombre mais enjoué, a été pour moi un véritable coup de cœur que je vous incite vivement à découvrir.

Tout comme pour Biche de Mona Messine aux mêmes éditions, une magnifique couverture augure déjà d’un contenu passionnant.

Un grand merci aux éditions Livres Agités pour leur confiance.


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Mon petit

Mon petit... Mais que peut-il se cacher derrière ce titre à la couverture si colorée du premier roman de Nadège Erika?



En refermant ce livre, il me reste comme un goût de sucrerie en bouche. La couverture lumineuse et acidulée s'est révélée être à l'image de ce texte où notre personnage se rappelle les souvenirs de son enfance et les drames rencontrés plus tard. J'ai trouvé également qu'une grande humanité se dégageait de ce récit que j'ai trouvé puissant et dont la force réside dans des personnages attachants que l'on peut facilement se représenter.



Premier roman que je trouve très abouti, j'ai beaucoup aimé l'atmosphère et les émotions s'en dégageant. J'ai vraiment eu l'impression d'être l'un des membres à part entière de cette famille du quartier de Belleville où les générations vivent ensemble.



J'espère que nous aurons le plaisir de découvrir dans les années à venir d'autres romans de notre jeune auteure dont je n'aurais pas entendu parler s'il n'avait pas été sélectionné par les 68premieresfois. Cela a été également l'occasion pour moi également une mise en lumière de Livres agités, une jeune maison d'édition que je ne connaissais pas "dédiée aux primo-romancières, indépendante, solidaire et engagée".



Merci encore les 68premièresfois pour toutes ces découvertes !

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Mon petit

Mon petit, c'est la réalité entre les classes sociales, la difficulté du regard des autres, la puissance des émotions de ne pas avoir cette chance d'être né dans la bonne famille, l'accès laborieux à l'éducation et à la culture mais c'est aussi une énorme prise de recul sur comment se sentir bien avec les gens qu'on aime, qu'importe notre environnement, les dettes, sans avoir besoin d'avoir grand chose à manger dans son assiette tant qu'ils sont là ❤️



Mon petit, c'est devoir faire face au deuil en ravalant ses émotions, sa souffrance, son envie de tout taper face à l'injustice, de vouloir rejoindre son enfant dans l'au-delà. C'est tout ce que personne ne comprend pas tant que tu ne l'as pas vécu, parce que la mort fait peur, dérange, parce personne ne veut y avoir affaire, parce que la grossesse c'est beau, c'est joyeux pour certains.



C'est devoir faire face à la morosité des hôpitaux, des condoléances dont on s'en fou tellement on a mal, c'est faire face à des funérailles auxquelles tu n'as jamais pensé, c'est taire ce drame familial au collectif, c'est rester vide et malade au fond en souriant pour faire bien 🤫 C'est ne jamais parler de ton enfant mort parce que c'est malaisant, parce que personne ne sait faire, parce que c'est plus facile de faire comme si rien ne s'était passé.. Tout simplement parce qu'on y est jamais prêts même si ça te tombe dessus de génération en génération 🤐



Mon petit, c'est un coup de cœur, une histoire bouleversante, qui prend aux tripes de chapitre en chapitre, je ne pourrais que vous le recommander !
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Mon petit

Un roman qui parle d'une cité HLM, de ses habitants, des huissiers, de l'injustice qui pèse sur les enfants de la cité.

Un roman qui parle de maternité douloureuse, de souffrance du quotidien.

Nadège Erika a su à travers sa plume transcrire les émotions des ados des cités HLM.

Bien qu'ayant une dizaine d'années d'écart avec Nana, le personnage principal, son vécu et ses ressentis de l'enfance m'ont plongé dans la mienne.

J'ai retrouvé une ambiance, des bruits, des odeurs, des objets, une façon de parler, une façon d'être, des signes de reconnaissance de la vie dans une cité.

Ici la cité c'est Belleville. Cité possédée d'une âme qui vous marque au point de vous appartenir.

Puis Nana grandit, s'émancipe un peu tôt... et devient maman.

Changement de sujet. L'autrice expose cette maternité et ses difficultés de mère et de couple.

Puis le drame.

Celui qui transpire dans le récit de Nana.

Cette mélancolie parsemée de regret et de tristesse qui nait en filigrane dans l'écriture direct , impulsive, réaliste.

Je me suis sentie moins concernée que par le 1er tiers du livre, mais j'avoue que la description des états d'âmes de cette maman est bouleversante.

Là aussi une situation qui met l'injustice de "mal-naitre" au coeur du roman.

Une lecture qui laisse place à l'émotion sur des sujets qui reflètent notre société et sur lequel l'autrice marque son engagement par sa plume.

A découvrir.

Merci à Babelio et les Editions Livres Agités pour ce roman de la rentrée littéraire dans le cadre de l'opération masse critique privilège.
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Mon petit



Sur les conseils de @delphinecardonne de la médiathèque, je me suis plongée dans ce roman qui s'est avéré une pépite!

Touchée plein coeur et bim!!



Un premier roman pour l'autrice, une si jolie écriture, j'ai adoré.



Naelle la quarantaine revient sur les pas de son enfance  à la Villette, le quartier où elle a vécu avec ses frères et sœurs dans les années 90. 



Elle se souvient de tout dans les moindres détails, des bruits, des odeurs, de l'appartement à  l'époque où Grand-maman les gardait et s'occupait d'eux  avec amour et respect des usages pour tenter de pallier à l'esprit bohème de leur maman qui avait une vision de l'éducation trop libérale et croulait sous les impayés et les visites des huissiers.



C'est ainsi qu'elle nous embarque  dans un quartier vivant et populaire où toutes les familles se côtoient quelque soit leurs origines. Ils se connaissent tous très solidaires les uns envers les autres pour former une immense famille bigarrée alors qu'ils voient se dessiner au fil des années un changement radical du quartier et de ses habitants dans lequel ils ne se reconnaîtront plus.



Naelle va grandir sans doute plus vite que les autres et lorsque adolescente elle tombe amoureuse de Gaspard le plus beau du quartier, sa vie va être merveilleuse, elle en est sûre.



Mais un drame  survient, l'impensable, l'indiscible et elle en sera à jamais détruite, cabossée et vidée de sa substance vitale.



Mon petit c'est le surnom que donne à Naelle sa grand-maman mais au fil de la lecture il a pris pour moi une autre signification.



Je vous encourage vivement à  lire cette très belle histoire si poignante et touchante pour garder dans votre cœur une petite place pour Naelle.



Chère Erika, j'ai hâte de lire votre prochain roman, merci pour ce cadeau.



#booksta #passionlivre #passionlecture #lirelirelire #lectricepassionnee #instabook #monpetit
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Mon petit

Je remercie Babelio qui m’a confié la lecture et la critique de ce livre.

Si je l’ai choisi parmi d’autres romans c’est à cause de Belleville. Belleville, tout comme Ménilmontant dont il est question dans ce récit étaient des quartiers très populaires, en partie réhabilités aujourd’hui. Dans les années 1970, je rendais visite à mes grands-parents qui vivaient dans un petit logement de la rue Lesage et qui avaient le sentiment d’appartenir à un village. C’était l’époque des petits commerces où les gens se croisent, se reconnaissent. Loin d’une image d’Epinal, ces quartiers étaient aussi limitrophes de la zone, ces terrains vagues entre Paris et la banlieue, lieux de rendez-vous du banditisme. Belleville et Ménilmontant c’est aussi pour moi deux auteurs qui racontent, à l’instar de Nadège Erika et sans aucune complaisance, la misère, la débrouille, le déterminisme et l’exclusion sociale : Romain Gary et La Vie devant soi, Nan Aurousseau avec son Quartier Charogne.

Alors que certaines personnes répètent à l’envi que « quand on veut on peut » les deux romans autobiographiques que je cite, comme Mon Petit, montrent des gens qui, malgré tous leurs efforts, ne parviendront jamais à se sortir d’une spirale néfaste. Quand on naît dans une famille de parents non diplômés et qui n'ont ni pas d’argent pour sortir leurs enfants au cinéma ou au théâtre ou qui n'ont tout simplement pas la présence d'esprit de le faire, qui pensent que les musées, les expositions ou les bibliothèques ne sont pas faits pour eux, l’éducation intellectuelle de l’enfant va être très limitée. Si, par chance, il s’en sort dans son travail scolaire, ses choix d’études seront restreints. Travaillant avec des jeunes, je vois beaucoup d’élèves de lycée choisir leurs études en fonction du niveau social et professionnel de leurs parents, de leur lieu d’habitation. Comme dans Mon Petit, la plupart ont aussi un besoin urgent de travailler pour aider leur famille. En général, ces jeunes choisissent un BTS et les filières proposées dans leur ancien lycée ou au plus près de chez eux car ils n’ont pas les moyens de se payer la location d’une chambre et des transports. Ainsi, ils embrassent les formations déterminées par leur région, en fonction du bassin d’emplois inhérents. Il est donc très difficile de sortir de ce cercle. A côté de cela, j’ai des amis qui payent des appartements à leurs enfants, qui cherchent avec eux la formation qui les intéressent le plus, en France ou à l’étranger et payent tout cela pour eux, sans parler des stages de langue à l’étranger et autres vacances culturelles. Dans certaines familles, il y a celles et ceux qui font des études et les autres, qui apprennent un métier et si c’était à 50 % le cas dans les années 80 avec des formations au niveau CAP ou BEP, aujourd’hui cette injustice se retrouve au niveau d’un diplôme sans réelle valeur, le baccalauréat. Cette impossibilité de choix, la narratrice en fait le point de départ de son roman : en fin de troisième, elle quitte le collège pour pouvoir travailler car les enfants de cette fratrie se retrouvent éduqués à la fois par la grand-mère et par la mère, ballottés dans deux logements sociaux où l’on compte sa menue monnaie pour manger. Et comme sa mère, la narratrice deviendra mère très jeune et vivra, après son mariage, en logement social ne partant jamais en vacances.

L’injustice sociale est aussi liée aux soins médicaux et la déconsidération de certains médecins pour les pauvres. Et à cause de l’un d’eux, la narratrice perd un enfant. Le roman évoque dans la deuxième partie, le tragique d’une destinée, par la mort et le chemin du deuil. Sans pathos et avec lucidité, ce roman rappelle que la misère n’appartient pas qu’aux banlieues et qu’elle est partout, parfois invisible et silencieuse et qu’elle finit par tuer tout espoir de progrès.

Ce roman est construit comme une tragédie en cinq actes : I – Lieu familial et environnement, cadre II – la rencontre amoureuse III – Amour et vie commune IV – délitement de la vie de couple V – Deuil.

Je recommande chaleureusement ce récit qui nous rappelle ou nous apprend, pour ceux qui n’en ont pas conscience, combien il est difficile de s’extraire de son milieu social défavorisé pour accéder à une liberté de penser, une liberté de choisir et surtout, d'acquérir le sentiment de légitimé, celui de ses actions et de sa place dans la société
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Mon petit

Accompagnant Naëlle faire un tour de Belleville, le quartier de son enfance, j'ai pendant les quelques premiers chapitres eu l'impression d'être perdue dans un roman pas pour moi. Un roman de parisien, un roman de Bellevillois même, endroit où je n'ai jamais mis les pieds et où je ne reconnaissais rien de ce qui m'était présenté. Et puis, peu à peu, je me suis attachée à cette femme qui nous présente, plus que son quartier, l'histoire de bien des familles, avec la tristesse parfois des familles perdues, mais les sursauts d'amour et d'envie qui font qu'on avance, toujours.



Et nous voilà à tourner les pages, à comprendre que ces quartiers sont l'appui d'un monde qu'on pourrait croire disparu, repris aux pauvres par les plus riches, mais qu'on croise quand même si on creuse un peu. Une histoire fascinante, des personnages attachants, et tellement émouvant. Accrochez vous sur ces premières pages si vous n'êtes pas du coin et découvrez ce monde inconnu... Et pourtant pas si éloigné de nous.
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Mon petit

Voilà un livre que je n'ai pas remarqué lors de la rentrée littéraire. Est ce moi qui ai été distraite ? ou est ce la presse qui n'a pas orienté ses projecteurs sur lui ? Je ne sais mais ce que je sais, c'est que voilà une pépite à ne pas laisser passer.



Je l'ai emprunté un peu par hasard. Je cherchais un livre à télécharger sur ma liseuse en attendant de me rendre à la médiathèque. C'est pratique, comme cela je rapporte la totalité de mes emprunts sans risquer de rester une journée sans livre à lire. Je cherchais donc cette fois un petit livre.

Celui ci m'a paru intéressant, la note babelio m'a confortée dans mon choix mais je ne savais pas trop à quoi m'attendre.



Ou plutôt, j'avais une idée du contexte, du milieu dans lequel les personnages évoluaient et des difficultés rencontrées. Je dois dire que l'autrice décrit avec beaucoup de tendresse l'enfance de Naëlle et des ses frères et soeurs, entre deux adresses dans le Belleville des années 90. Celle de sa grand mère qu'elle adore à la fois aimante et sachant fixer des règles et sa mère, plus fantaisiste.



J'ai aimé cette première partie qui raconte l'enfance puis l'adolescence de cette jeune fille...jeune fille qui verra sa vie basculer dans l'âge adulte trop rapidement.

Je peux dire que la suite m'a submergée. Je n'avais pas lu de critiques précises et la mère que je suis ne sort pas indemne de ce genre de sujet.



Mais quelle émotion, que de phrases coup de poing, un roman qui me hantera longtemps. A lire absolument.







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Mon petit

Tout d'abord merci à la "Masse critique" de m'avoir fait découvrir ce premier roman d'une auteure généreuse.



Pour nous dire le quotidien de Naëlle qui grandit entre les domiciles de sa grand-mère et de sa mère Jeanne, N.Erika nous fait profiter de son verbe nature.

Jeanne c'est la maman, l'infirmière foutraque et bohème, reine de l'impro, de la débrouille et du compte en banque à découvert. Elle peine à gérer seule sa smala, issue de quelques amours sincères mais provisoires (ou vice-versa, comme on voudra).

De l'amour, oui elle en donne.



Grand-maman c'est celle qui prend le relai quand Jeanne est au boulot ou en galère, c'est à dire souvent. Chez Grand-maman, pas de pagaille comme chez Jeanne. Son amour à elle est un repère plus stable, peut-être, comme l'autre face d'une pièce, un côté pile qui brille comme une balise.

La balise pile qui n'efface pas la balise face.



Vite grandie, vite amoureuse, Naëlle se retrouve jeune maman de jumeaux et encombrée d'un mari dont elle mesure d'abord combien il est peu fiable, et puis de moins en moins fiable, et enfin carrément un danger.

Tout ça fonctionne vaille que vaille et ça irait quand-même, si le destin ne s'en mêlait pas.

Car le destin frappe un des deux jumeaux, la maladie s'en mêle, un mauvais médecin s'en mêle...



Ça sent le vécu ce parcours, ça envoie des odeurs épicées et parfois aigres derrière lesquelles l'auteure écrit "je" pour nous dire la douleur d'une mère, et son cri sonne comme si c'était elle qui avait perdu un enfant.

De Nadège à Naelle il n'y a que deux consonnes et on comprend vite, bien sûr, que ce roman-cri est un cri du cœur autobiographique...



On peine parfois un peu à s'y retrouver dans son capharnaüm mais il faut encaisser son désordre jusqu'au bout, notamment jusqu'aux trois dernières pages du final qui m'ont fait oublier mes agacements d'un peu trop de foutoir.

Car ce final, qui claque sur une porte fermée, je l'ai trouvé très réussi.



Et d'ailleurs la vraie vie c'est souvent du bazar... 



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Mon petit

Naëlle grandit dans le Belleville des années 90 entre deux adresses et deux quartiers. Côté pile, Jeanne, sa mère fantasque qui a eu 4 enfants de plusieurs pères différents, chez qui c'est liberté à gogo, visites régulières des huissiers et vie cahotique. Côté face, sa grand mère adorée qui recueille les enfants de sa fille quand celle-ci n'arrive plus à gérer et tente vaille que vaille de leur inculquer bonnes manières et cadre de vie plus structuré. Mais Naëlle est pressée de grandir et de tomber amoureuse et avec toute l'insouciance de sa jeunesse va se trouver confrontée à la plus grande des épreuves.



Mon petit est un roman qui démarre fort avec un ton et une langue bien à lui, nous racontant une enfance pas comme les autres dans un quartier plein de vie et haut en couleurs avant la gentrification en cours. Certains passages, notamment sur la manière dont le quartier se normalise et devient petit à petit "branché" avec l'arrivée d'habitants plus riches, sont juste désopilants et on s'attache très vite à la jeune Naëlle qu'on aimerait protéger des coups durs qui l'attendent. L'auteure trouve les mots justes et le ton adéquat pour nous narrer cette histoire, qui m'a semblé être en partie autobiographique puisqu'il existe beaucoup de correspondances entre elles et son personnage principale, loin du misérabilisme ou de la fausse compassion pour cette enfance un peu cahotique. D'ailleurs de la compassion Naëlle n'en veut pas, elle est prête à croquer la vie à pleines dents et à affronter toutes les galères et son énergie traverse les pages du livre, rendant cette lecture très agréable.



Néanmoins il m'a manqué un petit quelque chose pour que ce livre soit un vrai coup de cœur. J'ai peut-être été mal influencée par la 4e de couverture qui me laissait attendre un récit sur l'enfance de Naëlle alors qu'en fait celle-ci n'occupe que le début du livre, l'auteure passant très vite à sa vie d'adulte et surtout consacrant l'essentiel du roman au drame qui l'a frappée et à ses conséquences. J'ai trouvé que ce livre souffrait parfois d'un manque de rythme et d'un certain déséquilibre, la première partie étant finalement très vite expédiée (alors que j'aurais aimé passé plus de temps avec l'extraordinaire grand-mère de Naëlle, dont on ressent tout l'amour et l'impuissance à protéger sa petite fille) alors qu'au contraire dans la seconde moitié du roman certains chapitres sont très détaillés et parfois un peu répétitifs. Encore une fois peut-être est-ce juste un malentendu parce que ce livre ne correspondait pas à ce que je m'étais imaginé mais malgré certains passages poignants sur le deuil impossible de la jeune femme et sa difficile reconstruction j'ai trouvé cette seconde partie un peu inégale. Il m'a semblé que le roman aurait pu trouver encore plus de force en étant un peu plus travaillé et construit.



Malgré ces petites réserves qui m'ont empêché de conclure ma lecture par un franc "waouh", Mon petit reste un livre que j'ai beaucoup apprécié avec un ton bien à lui, une vraie franchise dans le propos qui n'hésite pas à frapper fort loin de toute langue de bois ou politiquement correct et une liberté de penser qui fait du bien ! Une auteure que j'aurai plaisir à suivre en espérant qu'elle publie bientôt un second titre.



Merci beaucoup à Babelio pour cette Masse Critique privilégiée et aux éditions Livres Agités pour avoir publié ce titre et m'avoir donné l'occasion de le découvrir.
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