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Citations de Naomi Fontaine (109)


Combien il devait l’aimer, sa femme. Unis, toute une vie, toutes les misères du monde vécues. La pauvreté que l’on mange au petit déjeuner et les enfants mort-nés. Combien il devait l’aimer pour qu’un homme aussi fort que lui, solide devant toutes les adversités qui s’étaient dressées sur son chemin, soit incapable de voir mourir la femme de sa vie. Cet amour si fort, j’avais du mal à le saisir. Et pourtant, je sentais bien que c’était mon héritage.
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Je leur apprendrais le monde. Et comment on le regarde. Et comment on l’aime. Et comment on défait cette clôture désuète et immobile qu’est la réserve, que l’on appelle une communauté que pour s’adoucir le cœur.
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L'été refait ses premiers signes, l'enfant revient. Il a changé. il a vieilli. La mère prend dans ses bras le petit homme. Elle pleure de ne plus reconnaître sa voix et ses manières. C'est le changement de saison. Elle voudrait que l'été dure longtemps.
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Ou : la peau grise d'un homme trop jeune pour la boîte en bois vernis aux tracés or, aux poignées or. Ses yeux dorment et sa bouche aux lèvres fines a l’inexpressivité d'un visage éteint. Les fleurs posées sur la boîte entourent la prière transcrite sur un morceau de bois - je ne suis jamais loin...
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La reconnaissance d’une adolescente, lorsqu’un homme qu’elle ne connaît pas lui dit : Tu à les mêmes grands yeux noirs que ton père. Il est pareil à son grand-père, la peau brune d’un indien Elle répète sans arrêt : Uinipapeushu Nikuss. Les bébés aujourd’hui, ils sont pâles. C’est un vrai Innu, c'est certain
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- En plus je veux pas que ma fille, elle ait un père qui est criminel.
- Ce n'est pas parce qu'il n'est pas en prison qu'il n'en est pas un.
[extrait du film éponyme]
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La neige recouvre le lac et le ciel obscur se laisse percer par d’innombrables tisons lactés
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J’écris en français parce que c’est la seule langue dans laquelle je sais écrire. Ce n’est pas mon choix de ne pas écrire en innu. Cette décision a été prise bien avant ma naissance. Elle était inscrite dans toutes les mesures assi- milatrices que mes grands-parents, parents et moi avons subies. On m’a instruite en français. On m’a fait croire que ma langue était mourante. Qu’il ne fallait pas trop s’y atta- cher, un animal en captivité dans un abattoir. J’ai grandi en ne sachant lire ni écrire l’innu-aimun. J’ai grandi en croyant que de ne pas savoir lire ni écrire l’innu-aimun était acceptable. (p.38)
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Mais tu le sais tout comme moi, la souffrance n'appartient pas seulement au corps. Les blessures les plus réelles, les plus douloureuses, sont celles qui manquent l'âme.
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Parfois, les gens ne t'aimeront pas parce que tu es différent. Ils ne trouveront pas dans leur coeur assez d'espace pour ta différence. p. 87

Les mots empreints d'amour, de compréhension et d'affirmation peuvent également guérir. p.129

... nous nous souviendrons des erreurs du passé, pour ne pas les répéter. C'est ainsi nous honorerons la mémoire des nos ancêtres. p. 143
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« Ne pas avoir les mots, parfois, c'est cruel » (p. 126)
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Parce que je crois qu’avant d’aider qui que ce soit, avant de tenter de transformer des peines incomprises en joies, des drames pas racontés en allégresses, avant de leur parler de Jésus, il faut bien commencer par les connaître. Et leurs histoires, leurs identités, leurs idéaux, ce à quoi ils rêvent la nuit. Le quotidien de ces gens vers qui elle a choisi d’aller. J’ajouterais que j’ai du respect pour ceux, celles, qui s’aventurent sur les routes éloignées afin de travailler au sein de nos communautés. Comme Julie, j’admire leur courage et leur empathie. Je sais que l’intention est bonne. Mais je sais aussi que ce n’est pas suffisant.
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En son nom et au mien, je veux donner un conseil amical aux anthropologues et autres chercheurs spécialisés sur les cultures des Premières Nations.
Il n’y a pas plus détestable qu’un scientifique qui, au terme de plusieurs années de recherche, se permet d’intimider un membre du peuple qu’il a étudié en le contredisant, en lui faisant face avec des savoirs acquis. C’est un geste plein d’arrogance. Et aucune bonne intention ne le justifie.
D’un autre côté. Il n’y a pas plus honorable que celui qui se tait et qui écoute, même devenu vieux et connaisseur. Conscient qu’il ne sait pas tout sur une culture étrangère. Que c’est impossible.
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Quelques fois on m’a demandé de participer à des associations féministes, ou d’écrire un texte féministe. Je conçois qu’ailleurs les femmes aient dû se battre pour leurs droits et pour l’égalité. Dans les sociétés dominées par les hommes, forcément leur victoire a changé le monde. Mais Shuni, les choses sont bien différentes chez moi. Mon oncle m’a raconté que lorsque les hommes revenaient de plusieurs jours de chasse, bredouilles et affamés, affaiblis par les longs déplacements, ce sont les femmes qui les nourrissaient grâce à la chasse au petit gibier. Ces hommes savaient que leur survie dépendait d’elles. Ils les respectaient pour ça. Ils les aimaient.
Aujourd’hui encore, malgré la transformation du mode de vie, les femmes innues possèdent une force de caractère qu’aucune soumission religieuse n’est parvenue à éteindre. Je peux bien te l’avouer à toi, Shuni, je ne suis pas féministe. Je ne ressens pas le besoin de me défendre en tant que femme. Je n’ai jamais douté de ma valeur de femme. On ne m’a pas éduquée ainsi.
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C’est ainsi chez moi, le travail est fondateur. L’art est spirituel. Il est peu probable de songer à combiner le travail et l’art. Et il n’est recommandé à personne d’espérer vivre seulement de son talent.
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Il suffit d’une nuit dans une tente de prospecteur pour imaginer, pour peu qu’on ait de l’imagination, ce qu’était le vrai travail des nomades. Abattre les arbres, les ébrancher, des troncs de la bonne longueur, de la bonne solidité. La centaine de branches de sapins à cueillir. En faire un tapis. Et monter cette tente, qu’il faudra aussitôt démonter. Une nuit suffit. Pour le respect. Mes ancêtres, ceux qu’ils ont appelés Sauvages, n’ont jamais été contre le fait de faciliter leur mode de vie.
Ce n’est pas la modernité qui nous a presque tués. C’est l’idée impossible qu’une race puisse être supérieure à une autre. Ça, tu vois, même aujourd’hui, nous ne pouvons pas le concevoir.
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On m’a demandé quel était le plus beau mot de la langue française.
Le voici Liberté.
C’est un mot qui n’existe pourtant pas dans ma langue. La liberté est un concept intrinsèque à tout ce qui existe dans notre vision du monde. Nous sommes issus d’un espace sans clôtures, sans frontières. Des êtres libres dès l’enfance, dès que le petit devient autonome. Même les animaux, on ne les capturait pas pour en faire un élevage. C’est un état qui n’a jamais eu besoin d’être nommé.
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« Puis, à la fin de la rencontre, le micro est tendu aux auditeurs. Une femme se lève. Dans une certaine tradition française, commence par se présenter, relève les éléments qu’elle a entendus et les reformule, enfin, elle m’adresse une question qui n’en est pas une :
Donc, si je comprends bien, vous avez renié votre culture, tandis que l’Indien qui est à vos côtés, lui, est resté fidèle à la sienne.
Que répondre ? J’ai vingt-trois ans. Je suis vive comme ma mère et mon ton se durcit. La réponse est aussi ferme que l’accusation.
Je lui affirme qu’en fait non elle n’a rien compris. Qu’effectivement je ne porte pas des peaux tannées en guise de robe, que je n’ai pas fait le trajet de chez moi jusqu’à Paris en canot, que je suis instruite, enseignante de français de surcroît, que je vais à l’hôpital pour me faire soigner et que je mangerai des mets italiens pour le souper. Et malgré ça, non je n’ai pas renié ma culture. Parce que tout cela n’est pas une question de culture, mais plutôt de modernité. Et cette modernité, que les Lumières se sont appropriée, mais qui existe, de manières différentes, dans chacune[…] »
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Nomade : j'aime concevoir cette manière de vivre comme naturelle.
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Ce n’est si aisé de garder une langue vivante lorsqu’elle n’est pas la langue dominante.
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