L'Absence - pour celles qui espèrent
En 1904, Natalie Barney, poétesse lesbienne connue pour avoir séduit de nombreuses femmes et avoir réuni dans son salon parisien des écrivaines telles que Radclyffe Hall, Gertrude Stein ou encore Colette, est abandonnée par Renée Vivien. Cette dernière l'aimait, mais souffrait de sa nature volage (cette souffrance et cet amour, elle en a rendu compte dans le recueil Une femme m'apparut (1904)).
L'Absence - pour celles qui espèrent
Pour la faire revenir, Natalie Barney passe par l'écriture et lui clame la douleur de son absence, espérant un retour auquel, au fond, elle ne croit pas. Renée Vivien est avec une autre femme et la mort ne lui laissera de toute manière pas le temps de retrouver son amante.
Dans la préface de Je me souviens..., réédité en ce début d'année 2023 par L'imaginaire Gallimard, Suzette Robichon, éditrice, essayiste et militante féministe et lesbienne, retrace l'histoire de ce petit livre, paru de manière anonyme, condensé d'amour, de souffrance et d'espoir. Dans une deuxième préface, Félicia Viti, réalisatrice et scénariste, propose une introduction plus intime en livrant au lecteur ces sentiments qu'elle a partagés avec la poétesse.
Natalie Barney écrit, pensant que l'écriture aura le pouvoir de faire revenir l'Aimée. En même temps, elle ne parvient pas à le croire. Le recueil en quatre parties raconte, sous forme de courts textes poétiques, la rencontre, puis l'absence. La dernière partie, "Le retour", dit plutôt l'espoir vain. Un interlude, à l'ambiance symboliste, nous conduit au cœur d'une forêt, dans une sorte de rêve.
L'esprit élégiaque, tout comme la poésie de Sapphô, souffle sur ce recueil, qui exprime au plus près les sentiments qu'éprouve l'abandonnée, attendant le retour de sa "Morte Vivante".
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