Natasha Knight

Quand une seule personne dans votre vie contrôle tous les aspects de celle-ci. Qui décide si on mange ou si on a faim. Si on doit vivre ou mourir. D’une certaine manière, on veut leur faire plaisir. On se sent plus en sécurité avec eux. C’est complètement idiot, je le sais. Syndrome de Stockholm. C’est peut-être parce que ce monstre, on le connaît, au moins.

Je suis nue en dessous, donc ça ne prend pas longtemps. Il tourne autour de moi et je sais qu’il inspecte sa marque. Il a choisi l’endroit pour que chaque personne qui me touche sache que j’avais été sienne. Sa propriété mise au rebut. Un bien d’occasion. Félix sera énervé quand il la verra. Il ne pourra pas me vendre. Pas pour un bon prix, en tout cas. C’est une bénédiction, n’est-ce pas ? D’une certaine manière ?
Au moins, il ne me touchera pas ce soir. Ce n’est pas arrivé depuis qu’il a découvert la vérité.

Mes yeux croisent ceux de Léonard. Il m’adresse un sourire en coin en ricanant. Qu’est-ce que je donnerais pour enfoncer mes ongles dans ses orbites et extraire ses yeux hors de sa tête. Qu’est-ce que je donnerais pour le blesser ne serait-ce qu’une seule fois. Parce que je n’ai aucun doute sur le fait qu’il va profiter des prochaines heures.

Ce n’est pas ma faute, je veux lui avouer. Mais cela n’a pas d’importance, pas pour lui. Et d’ailleurs, d’une certaine manière, c’est la vérité. J’ai parlé. On m’avait averti de ne pas le faire. Bon sang, on m’a battue pour que je me taise. Que j’oublie. Mais je n’y suis pas arrivée. Je n’ai jamais pu, bien que j’aie essayé.

Je n’ai pas l’intention de mourir ce soir. Pas avant d’avoir tué ce putain de connard de Petrov. Ni avant d’avoir enfoui mon couteau dans les tripes de Félix Pérez. Pas avant que j’aie leur sang et le sang de tous ceux qui l’ont touchée sur les mains.
Alors, je pourrais mourir.
Seulement à ce moment-là.

Je vérifie ma montre. Chaque action doit être réalisée dans les temps. Je me dirige vers les ascenseurs, suivi de mes hommes. Comme si elles nous obéissaient, les portes s’ouvrent au moment où nous y arrivons et nous entrons dans la cabine. Je déchire l’enveloppe, j’appuie sur la touche appartement terrasse et laisse les portes coulisser afin de se fermer. Matthias pose le sac de voyage noir sur le sol, le dézippe et remet à chacun des hommes un fusil automatique. Ils ont des silencieux en place, bien qu’il n’y ait vraiment aucun moyen d’étouffer ce son. Néanmoins si tout se passe comme prévu, cela n’aura pas d’importance.

A son cou, non ??

L’horloge de la cheminée égrène les secondes. Les heures s’écoulent et scellent peu à peu son destin.

C'est sûrement un effet secondaire de cette maladie familiale que nous appelons la «richesse». Les riches d'aujourd'hui ne peuvent imaginer à quel point notre lignée est grande, et notre fortune vaste. De l'or coule littéralement dans nos veines.

Parce que je ne veux pas la laisser partir. Et surtout, parce que je ne la laisserai pas partir.

- dernière page du chapitre 15 (kobo).

Elle a raison. Notre histoire ne fait que commencer.
Tout juste.

Quelque chose dans son regard me trouble. Ce sont ses yeux. Sa voix.
- Est-ce que je te connais ? demandé-je.
Il esquisse un demi-sourire et mon cœur s'emballe. si sa réponse est oui, ce sera un problème.

Le bal se déroule dans la propriété des Hollister. Bien que nous ne fassions pas affaire avec la famille, j'ai vu la liste des invités. Tout le gratin sera présent au gala de ce soir.

Dominic me déteste, ce n'est pas un secret, mais quand je lui ait dit de se mettre sur son trente-et-un parce qu'il allait venir avec moi ce soir, je ne m'attendais pas à ce qu'il m'écoute.

Je pense à ce qui se passe. A cette soirée. Au bal masqué. Ma belle robe. Et moi qui dois m'enfuir à minuit. Cet homme qui a volé à mon secours.

Ni Gabriela ni moi ne sommes plus les bienvenus ici.
Je le devine sur les visages qui se tournent dans notre direction lorsque je l’accompagne dans l’allée, vers un banc vide.
Il me suffit d’un regard vers elle pour comprendre qu’elle s’en rend compte, elle aussi.

Ce que je ressens pour elle est étrange. Ce n’est pas ce à quoi je m’attendais ni ce que je pensais. Est-ce pour cela que je me suis comporté comme un enfoiré à l’instant ? Que je lui ai donné la fessée pour obtenir la vérité et que je suis prêt à recommencer s’il le faut ? Jouer avec elle, cependant, l’allonger pour enfouir mon visage entre ses cuisses, je n’aurais pas dû. Je n’aurais pas dû la toucher comme ça. Je n’aurais pas dû faire ces commentaires sur la prisonnière et la bête, lui dire que nous n’allions pas jouer à papa et maman, tous les deux. Elle est jeune, sans expérience, et ce n’est pas loyal de ma part. Après ce qui s’est passé, il serait normal qu’elle ressente une sorte d’affection ou du moins d’attachement à mon égard. Je lui ai sauvé la vie, après tout. Je l’ai sauvée. La princesse dans sa tour. La princesse dans son puits. Je me suis moqué d’elle. Je l’ai remise à sa place après l’avoir déshabillée et lui avoir donné du plaisir. À moins que, si je redessinais les frontières entre nous, ce ne soit que pour mon propre plaisir ? Ce que je ressens avec elle, cette possessivité qui brûle en moi chaque fois que je la regarde, que je pense à elle, ce n’est pas ce qui était prévu.

Je ne me suis jamais senti particulièrement proche de mon oncle. Honnêtement, je ne l’ai jamais apprécié. Mais Rafa et moi sommes devenus les meilleurs amis du monde. Je pense que c’est parce que Gina passait le plus clair de son temps ici avec son fils que dans sa propre maison, à Taormina.
Ce que j’ai dit à Gabriela à propos de la frontière en constante évolution entre alliés et ennemis, je l’ai vu se jouer plusieurs fois au cours de ma vie. C’est exactement ce qui se produit en ce moment.
Rafa. Où est ta loyauté, cousin ?

Il n’a fait tout cela que pour me soutirer des aveux. Mais je ne comprends pas. La fessée, c’est plutôt clair. Me faire mal pour me pousser à parler. C’est ce que fait la mafia, non ? Mais pourquoi le reste ? Pourquoi me dire qu’il est capable de douceur ? Pourquoi m’a-t-il allongée sur cette ottomane et fait ce qu’il a fait ? Pourquoi m’a-t-il serrée dans ses bras juste après ?

C’est là que mon éducation prend tout son sens. Cela, j’en suis capable. Je ne suis plus hors de mon élément maintenant, pas tant que ça. Je suis parfaitement capable de haine.