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Critiques de Nathalie Heinich (81)
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L'art contemporain exposé aux rejets

Un livre très éclairant (une nouvelle fois) de Nathalie Heinich sous l'angle du rejet et des réactions violentes du public face à l'art contemporain.

Bon, bien heureusement, le rejet ne caractérise pas l'ensemble des réactions du public surtout que l'ouvrage commence à dater (1998 pour la première version) mais cela reste intéressant car cela permet de répondre à certains attentes dissimulées du public quand on construit une exposition, une visite guidée, une médiation autour de ce champs disciplinaire.
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L'art contemporain exposé aux rejets

Livre de sociologie particulièrement intéressant fondé sur les rejets de l'art contemporain. Nathalie Heinich établit des catégorisations du rejet en différents registres comme le registre économique, esthétique, esthésique, éthique, juridique, purificatoire, herméneutique,domestique, réputationnel

ou encore fonctionnel. L'auteur est neutre, n'applique aucuns jugements de valeurs. Néanmoins, l'auteur ne présente pas une démarche critique ni de solutions aux problèmes qu'elle évoque, elle ne fait que recueillir des critiques du public. Nathalie Heinich ne cherche pas à donner une explications aux œuvres, pour elle l'objet d'art ne compte pas.

De plus, elle se base très peu sur des sources sociales importantes.
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L'élite artiste : Excellence et singularité en ..

Heinich n'est pas sensible à l'art, elle n'y croit pas, d'ailleurs il est probable qu'elle ne crois en rien, et c'est la définition du cynisme. Malgrès son cynisme ce livre à quelques thèses et observation intéressantes, à lire avec distance donc.
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L'élite artiste : Excellence et singularité en ..

L'artiste, la démocratie et l'élite.



Avez-vous lu Nathalie Heinich ? Pas encore ? Précipitez-vous au plus tôt dans une librairie pour en repartir avec l’Elite artiste, qui vient de reparaître en folio.

Dès l’avant-propos, elle avertit : « Que ceux, donc, qui ne s’intéresseraient qu’aux œuvres d’art en soient prévenus : ce livre les décevra ». Quelque quatre cents pages plus loin, on ne peut que faire ce constat : au cours de la lecture, la déception n’aura jamais été au rendez-vous.

Sociologue, Nathalie Heinich conduit ses lecteurs dans les coulisses de l’histoire de l’art. On y a distribué les rôles, on y règle les entrées en scène. Sans doute la lecture des pages comme celles, par exemple, qui répondent à la question Qu’est-ce qu’une élite ? semblera-t-elle à certains plus ardue, pages qui passent au crible ce qu’ont pu être les conceptions et définitions de l’élite de Marx à Bourdieu en passant par Pareto et Norbert Elias, ou encore Thorstein. Elles sont un passage obligé – et dont on aurait tort de se priver – qui conduit à mieux comprendre comment « l’art en est donc venu à représenter la conjonction improbable de deux valeurs incompatibles : la valeur démocratique, en vertu de laquelle tout homme a le droit d’être un artiste, et la valeur aristocratique, en vertu de laquelle tout artiste est – au moins fantasmatiquement – au-dessus des normes et des lois. » Paradoxe que, page après page, Nathalie Heinich conduit à reconnaître avec rigueur et acuité, subtilité et pertinence.



Pascal Bonafoux _ Art Absolument juillet 2018

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La fabrique du patrimoine : De la cathédrale ..



Voilà un livre qui arrive à point nommé ! Paru il y a un an, – une vétille en regard de l'excellence d'un propos foisonnant, de l'étendue du champ d'investigation, de l'immuable actualité du sujet, de sa nécessaire et salutaire opportunité, et de la propension résolument didactique d'une étude très fouillée, à l'heure où tout est patrimoine – l'ouvrage de Nathalie Heinich, chercheure au CNRS et sociologue, nous invite à faire le point et tenter de voir plus clair face à la confusion, aux doutes et aux dérives générés par l'usage abusif voire intempestif de cette notion. Elle se propose de revisiter, de réexaminer la question fondamentale du patrimoine, le sens et les réalités qu'elle recouvre, son histoire, ses protocoles, ses méthodes et ses valeurs, ses fondations intellectuelles, la pérennité des valeurs constitutives de son identité et leur validité : " le bien commun", "l'héritage", le "conserver pour transmettre", et enfin de cerner les spéculations qu'alimente notre imaginaire moderne et vagabond. Serait-il, une fois encore, question de s'assurer de la légimité d'un des plus indispensables fondements de la mémoire et de l'histoire de nos sociétés ? Méthodique, Nathalie Heinich dresse un inventaire historique et technique complet, et finement commenté des façons dont s'élabore le patrimoine. La métaphore, l'image emblématique de la borne Michelin qui figure sur la couverture donne la mesure de la problématique et du postulat du livre qui nous intéresse.

La notion de patrimoine n'est pas le bloc monolithique, froid, figé, opaque et élitiste que le profane se plaît volontiers à imaginer. L'image austère et quelque peu rustique s'efface dès qu'on plonge dans ses arcanes et qu'on découvre qu'elle s'inscrit dans un processus en perpétuel mouvement, sujet aux doutes, aux questionnements et aux remises en question – un work in progress qui se pense en permanence et qui porte encore en lui les stigmates d'une histoire lourde de certitudes, de préjugés, d'antagonismes, de subjectivismes, d'avancées et de reculs, de tâtonnements erratiques, et de versatilités dogmatiques. La notion de patrimoine est tiraillée, contaminée par des considérations exogènes incertaines et douteuses : le "bon goût", les occurences historiques, l'environnement social, les considérations esthétiques, les enjeux politiques, les glissements sémantiques qui freinent, façonnent ou précipitent son évolution vers une spirale exponentielle, une ''inflation patrimoniale" effrénée, selon la remarquable formule de l'auteure. L'ordonnance calibrée des chapitres égraine dans le détail les travers des administrations de tutelle : l'inadéquation des expertises, la relativité des évaluations, le déroulé poussif des procédures, la réglementation intrusive et la déréglementation de convenance, le manque de diligence de l'action administrative, les conflits de compétences, le rôle prospectif et déstabilisant de l'Inventaire [général du patrimoine culturel], le sentiment déchirant d'infinitude et la rude expérience de l'inachevé éprouvés par les "patrimoniaux".

La quête de Nathalie Heinich s'appuye sur une enquête, une méthodologie pragmatique, qui s'inscrit dans la sociologie des valeurs que l'auteure construit en puisant dans la réalité concrète, à grand renfort de témoignages simples, voire crues Ses interlocuteurs sont les acteurs du quotidien et de terrain : agents du patrimoine, chercheurs de l'inventaire, propriétaires, élus, rumeurs. Elle réduit le périmètre de sa méthodologie à une formule lapidaire : "il s'agit non d'expliquer, mais de comprendre". Son approche est constamment émaillée de réfléxions et confidences en discordance avec la vulgate officielle, livrées sans retenue et gorgées d'informations plus que significatives.

Loin d'être un réquisitoire, l'ouvrage fourmille cependant d'observations critiques et évoque sans détour les limites de certains processus dans un effort continu pour contextualiser, illustrer, exemplariser. "Un fois de plus, contrairement à une idée reçue qui a profondément imprégné la politique culturelle, modernisation et démocratisation sont loin d'aller de pair".Pensée caustique où affleure l'indépendance d'esprit et la sagacité d'une sociologue aguerrie.

Alors faut-il repenser la fabrique du patrimoine ?

Nathalie Heinich laisse la question en suspens sans négliger pour autant son lecteur; elle ne nous abreuve pas de termes techniques et d'aphorismes verbeux. Plus le propos est savant, plus la lisibilité s'accroît. La langue est pure, déliée, châtiée. Enfin une écriture "audible"! La limpidité d'un argumentaire largement maîtrisé, l'intérêt de la méthode d' investigation, l'énoncé des idées et la progression de la pensée expriment la logique d'un raisonnement sans heurt, un cheminement intellectuel clair et parfait. Tout cela concourt à faire de ce livre une synthèse critique incontournable, un ouvrage de référence.
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La fabrique du patrimoine : De la cathédrale ..



Voilà un livre qui arrive à point nommé ! Paru il y a un an, – une vétille en regard de l'excellence d'un propos foisonnant, de l'étendue du champ d'investigation, de l'immuable actualité du sujet, de sa nécessaire et salutaire opportunité, et de la propension résolument didactique d'une étude très fouillée, à l'heure où tout est patrimoine – l'ouvrage de Nathalie Heinich, chercheure au CNRS et sociologue, nous invite à faire le point et tenter de voir plus clair face à la confusion, aux doutes et aux dérives générés par l'usage abusif voire intempestif de cette notion. Elle se propose de revisiter, de réexaminer la question fondamentale du patrimoine, le sens et les réalités qu'elle recouvre, son histoire, ses protocoles, ses méthodes et ses valeurs, ses fondations intellectuelles, la pérennité des valeurs constitutives de son identité et leur validité : " le bien commun", "l'héritage", le "conserver pour transmettre", et enfin de cerner les spéculations qu'alimente notre imaginaire moderne et vagabond. Serait-il, une fois encore, question de s'assurer de la légimité d'un des plus indispensables fondements de la mémoire et de l'histoire de nos sociétés ? Méthodique, Nathalie Heinich dresse un inventaire historique et technique complet, et finement commenté des façons dont s'élabore le patrimoine. La métaphore, l'image emblématique de la borne Michelin qui figure sur la couverture donne la mesure de la problématique et du postulat du livre qui nous intéresse.

La notion de patrimoine n'est pas le bloc monolithique, froid, figé, opaque et élitiste que le profane se plaît volontiers à imaginer. L'image austère et quelque peu rustique s'efface dès qu'on plonge dans ses arcanes et qu'on découvre qu'elle s'inscrit dans un processus en perpétuel mouvement, sujet aux doutes, aux questionnements et aux remises en question – un work in progress qui se pense en permanence et qui porte encore en lui les stigmates d'une histoire lourde de certitudes, de préjugés, d'antagonismes, de subjectivismes, d'avancées et de reculs, de tâtonnements erratiques, et de versatilités dogmatiques. La notion de patrimoine est tiraillée, contaminée par des considérations exogènes incertaines et douteuses : le "bon goût", les occurences historiques, l'environnement social, les considérations esthétiques, les enjeux politiques, les glissements sémantiques qui freinent, façonnent ou précipitent son évolution vers une spirale exponentielle, une ''inflation patrimoniale" effrénée, selon la remarquable formule de l'auteure. L'ordonnance calibrée des chapitres égraine dans le détail les travers des administrations de tutelle : l'inadéquation des expertises, la relativité des évaluations, le déroulé poussif des procédures, la réglementation intrusive et la déréglementation de convenance, le manque de diligence de l'action administrative, les conflits de compétences, le rôle prospectif et déstabilisant de l'Inventaire [général du patrimoine culturel], le sentiment déchirant d'infinitude et la rude expérience de l'inachevé éprouvés par les "patrimoniaux".

La quête de Nathalie Heinich s'appuye sur une enquête, une méthodologie pragmatique, qui s'inscrit dans la sociologie des valeurs que l'auteure construit en puisant dans la réalité concrète, à grand renfort de témoignages simples, voire crues Ses interlocuteurs sont les acteurs du quotidien et de terrain : agents du patrimoine, chercheurs de l'inventaire, propriétaires, élus, rumeurs. Elle réduit le périmètre de sa méthodologie à une formule lapidaire : "il s'agit non d'expliquer, mais de comprendre". Son approche est constamment émaillée de réfléxions et confidences en discordance avec la vulgate officielle, livrées sans retenue et gorgées d'informations plus que significatives.

Loin d'être un réquisitoire, l'ouvrage fourmille cependant d'observations critiques et évoque sans détour les limites de certains processus dans un effort continu pour contextualiser, illustrer, exemplariser. "Un fois de plus, contrairement à une idée reçue qui a profondément imprégné la politique culturelle, modernisation et démocratisation sont loin d'aller de pair".Pensée caustique où affleure l'indépendance d'esprit et la sagacité d'une sociologue aguerrie.

Alors faut-il repenser la fabrique du patrimoine ?

Nathalie Heinich laisse la question en suspens sans négliger pour autant son lecteur; elle ne nous abreuve pas de termes techniques et d'aphorismes verbeux. Plus le propos est savant, plus la lisibilité s'accroît. La langue est pure, déliée, châtiée. Enfin une écriture "audible"! La limpidité d'un argumentaire largement maîtrisé, l'intérêt de la méthode d' investigation, l'énoncé des idées et la progression de la pensée expriment la logique d'un raisonnement sans heurt, un cheminement intellectuel clair et parfait. Tout cela concourt à faire de ce livre une synthèse critique incontournable, un ouvrage de référence.

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La maison qui soigne

Je remercie tout d�ord chaleureusement les éditions Thierry Marchaisse et Babelio ainsi que l𠆚uteur Nathalie Heinich pour ce très bel objet qu𠆞st ce livre, la maison qui soigne, Histoire de « La retrouvée ». C𠆞st en effet un très joli papier, une jolie couverture, un format ni trop grand ni trop petit qui nous invite à rencontrer l’objet, le lieu et bien plus encore qu𠆞st la maison.

Lire La maison qui soigne, c𠆞st se laisser entrelacer par les murs et les objets, les atmosphères et les matières, l𠆞space et le lieu qui en disent long sur les êtres. En l’occurrence, en filigrane, c𠆞st le passé de Nathalie Heinich que nous lisons, ses peines et ses joies, ses refuges aussi au travers du soin accordé à la maison choisie. La maison comme vecteur pour se trouver soi, le temps d’un instant à la fenêtre, à regarder le paysage, lors d’un passage de quelques jours seule ou accompagnée. Une table achetée par son père pour elle dans sa jeunesse, qui se retrouve dans ce lieu des années après alors que son père n𠆞st plus. Ce sont toutes ces émotions qui nous traversent et qui nous démontrent à quel point la matière, les murs, les objets, le jardin, le soin qu’on y accorde sont les vaisseaux de nos refuges.

A lire. Très riche sur le plan psychanalytique et très poétique.
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La maison qui soigne

En résumé : Contemporain. Un recueil de textes autour de la maison, ce lieux de vie que l’on habite autant qu’il nous habite.



En détail :



“La maison qui soigne” livre à travers une série de textes courts, l’histoire qu’entretient l’autrice, Nathalie Heinich, avec sa maison de vacances. Le lecteur suit, de manière décousue et réorganisée en thématiques, l’achat de cette demeure, les déboires des travaux et l’entretien parfois compliqué d’un lieu restant souvent inhabité. Là se trouve l’entièreté de l’intrigue de ce roman, il s’agit d’une lecture calme et contemplative. Ces textes sont tour à tour des récits, des réflexions jetées sur le papier, des correspondances avec une amie, des extraits de carnets personnels. Tous autour du lien qui se crée entre nous et notre lieu d’habitation, ce lieu qui nous ressemble ou que nous désirons voir nous ressembler, qui doit être notre refuge mais aussi celui où nous invitons des personnes extérieures. C’est ce lien qu’explore la narratrice : comment une maison qu’elle trouvait même au départ un peu moche, finit par devenir son coin de paradis.



Le texte retranscrit le plaisir de l’autrice à aménager et emplir ce lieu qu’elle s’approprie. Les bibliothèques à remplir, les lampes à chiner, les plantes à installer dans le jardin. Le récit tourne parfois à l’inventaire, mais sans lourdeur : les textes restent courts et les descriptions de l’aménagement sont entrecoupées d'anecdotes et de réflexions. Cette maison sera la dernière et l’on sent la détermination de la narratrice à en faire son lieu de vie idéal, somme de tous ses désirs de décoration et de confort.



Nathalie Heinich est une sociologue qui a publié de nombreux ouvrages en lien avec son domaine de compétences (la sociologie de l’art et l’identité féminine notamment).“La maison qui soigne”, qui fait suite à “Maisons perdues”, est un texte plus personnel.



De la même autrice : Maisons perdues

Dans le même genre : Au coeur des maisons, de Donatella Caprioglio
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La maison qui soigne

Pourquoi ? Pourquoi ??? Qu'ai-je fait pour mériter ça ??? Pourquoi suis-je punie au point de me retrouver à lire régulièrement des daubes pseudo-culturelles ? Je pensais être tombée plus bas que terre avec Eva Bester, mais je me dois d'observer qu'on peut malheureusement toujours tomber plus bas, encore, encore, et encore. Ce calvaire prendra-t-il fin un jour ? Les éditeurs vont-ils enfin cesser de publier des livres uniquement parce que l'auteur fait partie de leur petit cercle, et s'intéresser au contenu ? Peut-être que c'est juste moi qui n'ai pas saisi le concept d'édition et qui croit bêtement qu'un livre se doit de posséder un minimum de qualités et d'intérêt, alors qu'en fait, pas du tout, un livre est juste fait pour être vendu et pour faire croire aux lecteurs qu'ils sont plus bêtes que l'auteur et doivent forcément le vénérer - surtout s'il est chercheur au CNRS, comme nous le fait bien remarquer l'éditeur de la maison qui soigne. On ne va quand même pas oser, nous, simples lecteurs, simples consommateurs sans cervelle, affirmer qu'un livre écrit par un chercheur du CNRS est nul ? Ben si. Si. Si si si. Oh que si ! Siiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!





Certes, c'est moi qui ai voulu lire un livre de Nathalie Heinich, même si je suis tombée sur ce titre par hasard lors d'une Masse critique de Babelio, quelques mois après avoir lu un de ses essais. J'avais d'ailleurs prévu de lire au moins deux autres essais d'elle - là, c'est curieux, je suis vachement moins enthousiaste. Un peu comme dans les moments où je me dis que je vais enfin lire un roman de le Clézio et que je me retrouve le nez dans une de ses interviews ou que je le vois cinq minutes à la télé : ma motivation en prend direct un gros coup. Ben là, pareil. Bon, j'avais bien capté que Heinich, dans son essai "Art brut : axiologie d'une artification", ne se prenait pas pour une crotte. Mais ses sujets d'étude me paraissaient suffisamment intéressants pour faire abstraction de la suffisance de l'auteure qui apparaissait en filigrane dans son texte. À ce jour, alors que je viens de lire La maison qui soigne, il va me falloir prendre sacrément du recul pour m'attaquer à ses essais : Heinich me semble odieuse, et représente à mes yeux le parfait cliché de la bourgeoise parisienne très aisée faisant montre d'une condescendance assez abjecte envers ses concitoyens non parisiens et d'une autre classe sociale que la sienne (donc la très grande majorité de la population française). Et ces traits de sa personnalité ne m'ont pas vaguement agacée, comme cela arrive avec d'autres auteurs, mais horripilée, parce qu'ils sont malheureusement au coeur du livre. Lorsqu'on clame à la page 24 (page à laquelle j'aurais refermé le livre si je ne m'étais pas engagée auprès de Babelio pour en écrire une critique)... donc, quand on clame à la page 24 de son livre en manière de blague qu'on a été assez désespérée pour avoir cherché une maison jusqu'en Bourgogne ou dans le Comtat Venaissin (j'imagine que c'est censé relever de la private joke), on se permet une blague raciste, au sens large - disons discriminatoire, afin d'être plus précis dans les termes, mais ce qui revient au même. Nathalie Heinich n'est pas un auteur du XIXème qui pouvait, sans que ça choque personne, se montrer misogyne, antisémite, raciste et j'en passe. Elle écrit aujourd'hui... et elle est quand même sociologue. Oui, oui, so-cio-lo-gue. Ce qui donne matière à réflexion sur un tel choix de carrière pour une personne autant imprégnée de préjugés désolants.





Et le fait que l'auteure soit sociologue, c'est d'ailleurs ce qui m'avait donné envie de lire en partie La maison qui soigne. Ca, et évidemment le sujet du lieu de vie qui n'est pas forcément celui qu'on comptait choisir, mais qu'on va s'approprier. Je n'avais pas compris en lisant le texte de la quatrième de couverture qu'il s'agissait d'un récit autobiographique ; j'aurais sans doute tiqué si j'avais saisi que le livre de Nathalie Heinich parlait de Nathalie Heinich, vu qu'elle faisait déjà un chouïa son propre panégyrique dans son essai déjà cité, "Art brut : Axiologie d'une artification" (avouez que vous vous délectez à lire et relire ce titre). Bref, j'ai choisi ce livre en me trompant sur ce qu'il était, en imaginant que le sujet du lieu de vie serait traité, sinon de manière exceptionnelle, au moins d'une façon originale - ce que laissait présager la quatrième de couverture. Et surtout, qu'il serait traité tout court.





Au lieu de quoi, je me retrouve avec le livre d'une femme qui se plaint d'avoir du mal à trouver une (grande) maison qui lui convienne alors qu'elle a de quoi la payer comptant en piochant dans son patrimoine personnel, qui se plaint qu'il faut constamment entretenir un logement et effectuer des réparations (la vache, il a quand même fallu qu'elle achète une résidence secondaire à 50-60 ans pour s'en rendre compte !), qui se réjouit que son voisin soit un menuisier au chômage vu qu'elle va pouvoir le payer en chèques emploi service, donc le payer une misère tout en bénéficiant d'un crédit d'impôts (la vache, la radinerie alliée au manque d'empathie !), qui se félicite de l'entraide que montrent les gens de la campagne (ah, c'est qu'ils sont gentils ces petits campagnards incultes !) parce qu'elle se fait aider tout le temps par ses voisins tout en ne les aidant jamais, qui nous fait la liste de ses bancs installés dans le jardin car, je cite, "Un jardin, ce sont des bancs entourés de végétation" (la vache, cette vision révolutionnaire des jardins !), qui fait semblant de s'inquiéter de la diminution du nombre d'oiseaux - c'est le paragraphe où elle fait tout simplement semblant de se soucier d'écologie et du mode de vie induit par le néo-libéralisme économique - mais qui ne prend pas une seconde pour s'interroger sur l'impact de son propre mode de vie sur l'environnement (la vache, faudrait quand même pas pousser, hein !)... Bon, là, on atteint le comble du ridicule, le paragraphe se terminant par "Ô les oiseaux... ! Ô les oiseaux, les oiseaux, les oiseaux ?!" Non, je ne divague pas, c'est ce qu'elle a écrit.





Ajoutez à cela la liste du linge de maison (une pièce offerte au Maroc par un amant de passage, un autre rapportée de Bali, une autre chinée lors d'une délicieuse braderie locale, etc., etc.), la mention des deux dressings qui semblent constituer l'aboutissement de toute une vie (ça vaut le coup d'être devenue chercheuse au CNRS, ma foi), la liste des vêtements qu'elle a rangé dans ses dressings, la liste des objets et des meubles achetés pour remplir la maison (toujours plus, c'est le credo de l'auteure ; on va quand même pas remettre en cause un mode de vie consumériste, on a déjà suffisamment donné avec le paragraphe sur les oiseaux), la liste des plantes qu'elle tente de faire pousser ou qu'elle arrache sans vergogne (parce que oui, elle arrache avec rage les pissenlits, les orties et j'en passe... Quelle connaissance admirable de la biodiversité !), la liste des horreurs qu'elle fait subir aux souris avant de penser à ranger la nourriture dans des récipients bien hermétiques, et, en fait, la liste de tout ce qui, personnellement, ne m'intéresse pas et n'amène aucune réflexion sur ce qui est censé constituer le sujet du livre. En sus, L'auteure fait sa maligne en utilisant les termes linguistiques "phonème" et "morphème", qu'elle ne maîtrise pas bien et confond avec les termes "signifiant" et "signifié". Était-ce bien la peine de se ridiculiser ainsi ? Je vous laisse juges. Et évidemment, c'est émaillé de citations d'une très haute volée culturelle, histoire de faire passer le vide abyssal du livre. Ca commence par Proust, ça finit par Edith Wharton, en passant entre autres par Bachelard. Et aussi par Bachelard. Ainsi que par Bachelard. Ce sont d'ailleurs les meilleurs moments du texte, au point que j'ai fini par me dire : "Pauvre idiote, pourquoi tu n'es pas plutôt en train de lire Bachelard ?"







Je vois bien ce qui peut intéresser les lecteurs de ce livre : c'est le sujet de départ. La maison moche qu'on va finir par aimer, les lieux où on a vécu, les liens qu'on tisse avec ses différents lieux de vie, la façon dont on s'approprie son lieu d'habitation. Un sujet qui interpelle pas mal de monde et qui pourrait se décliner à l'infini. Mais le sujet ne fait pas le livre, sinon ça se saurait. Et ce livre-là est creux, narcissique, consumériste, condescendant, méprisant. Entre autres. Nathalie Heinich fait mine de réfléchir à son sujet en nous jetant des citations et des clichés à la figure. Toute la pseudo-réflexion de l'auteure tient dans ces citations utilisées de manière égocentrique et bas-de-plafond. Et devinez un peu comment ça se termine... Avec Nathalie Heinich qui affirme qu'en écrivant ce livre elle est devenue alchimiste et a transformé grâce à son talent d'écrivain - c'est-à-dire en accumulant des petites notes qui parlent d'elle et de sa résidence secondaire sans jamais rien creuser - du plomb en or. Je vous assure que je n'invente rien, c'est écrit noir sur blanc. Oui, elle a osé.





Et moi qui trouvais que Bernard Werber avait les chevilles un peu enflées lorsqu'il se comparait à Jules Verne ! Désormais, je considèrerai Bernard Werber comme un parangon de modestie.









Masse critique Littératures
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La maison qui soigne

J'ai sélectionné ce livre lors de la dernière masse critique, attirée par son thème, le mot " maison" éveillant toujours en moi une idée de chaleur, de réconfort, d'intimité.



L'auteure est sociologue. On pourrait s'attendre, au regard du titre, à une sorte d'essai socio-psychologique. Mais il est précisé qu'il s'agit d'un récit autobiographique. Dans le prologue, Nathalie Heinich rappelle qu'elle a déjà écrit sur les maisons de son passé " Maisons perdues". Voilà donc un sujet qui lui est cher.



La Retrouvée, c'est le nom qu'elle a donné à cette maison acquise il y a quelques années, en Haute-Loire. Il lui a d'abord semblé plutot laid, ce gros chalet au crépi gris. Mais elle s'y est vite attachée, imaginant toutes les transformations qu'elle y ferait pour l'enjoliver.



le texte commence par une lettre à des amies, où elle raconte ses premiers moments dans sa nouvelle demeure, les soucis des travaux, le froid, mais sa joie aussi de s'y sentir bien. Ensuite, c'est une chronique des jours qu'elle y passe qu'elle offre au lecteur, entrecoupée de réflexions et de citations d'auteurs, notamment celles, très justes, poétiques, de Gaston Bachelard.



La lecture es à la fois introspective et universelle, car si l'auteure livre son expérience personnelle, elle émet des idées qui touchent tout le monde, à propos de l'espace, de l'appartenance à un lieu, de son aspect réparateur, des jardins, de leurs bienfaits. Néanmoins, j'y ai vu beaucoup d'évidences.



J'ai aimé par contre ce qu'elle écrit concernant notre lien à une maison:" J'habite la maison en même temps que j'en suis habitée", cela la rend aussi lieu de création, d'inspiration.



Cependant, premier point qui m'a agacée, c'est le fait que les aménagements, les transformations, même si elle se plaint de temps à autre de leurs coûts, paraissent se faire facilement, on devine un milieu très aisé, assez éloigné du commun des mortels, avec moult aides et jardiniers. Mais j'ai toujours plaisir à assister à l'embellissement d'une maison laissée jusque là un peu à l'abandon. D'autre part, et c'est assez lié à ce que je viens de dire, je trouve assez prétentieux tous ces différents jardins créés...



Mon ressenti reste globalement positif. Je conclurai par cette phrase de Philippe Simay, si vraie, si juste:" Habiter, c'est prendre soin du monde et de soi-même ". Merci pour cet envoi!







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La maison qui soigne

Personnellement, je ne me serais pas précipité sur ce livre. En feuilletant les pages, on croit vite comprendre qu'il n'y a pas d'histoire structurée, pas dialogues soutenus entre protagonistes, même pas de protagonistes en vérité. D'entrée on peut se dire que ça va être prise de tête et interprétations psychanalytiques à faire soi-même... et ce n'est vraiment pas mon truc... Mais, l'éditeur m'a fait parvenir un exemplaire en me demandant de le lire, alors quand je l'ai reçu, je ne l'ai pas directement rangé dans ma bibliothèque, je l'ai laissé sur la table de la salle à manger (ma salle à manger, pas celle de la "maison") puisque j'avais promis d'y jeter un oeil. Quelques jours plus tard, je l'ai ouvert à une page au hasard, et j'ai lu qu'il y avait sept jardins dans le jardin de l'auteure ou de la maison, j'ai tourné les pages au hasard et j'ai appris qu'il fallait remplir le poêle de bois quand il neige. Je me suis rappelé cette maison que j'ai habitée avec mes enfants, cette autre que j'avais louée pour les vacances. Je me suis dit "OK, ça change". Quelques jours plus tard, une fois de plus je suis passé devant le livre, et j'ai lu deux ou trois autres passages au hasard, et je me suis fait avoir... J'ai commencé à prendre plaisir, non pas à me prendre la tête en cherchant du sens, ce que certains pourront sans doute faire avec plaisir, mais à être dans cette intimité que propose le livre, l'intimité d'une personne, d'une histoire, d'une pensée. Alors, après l'avoir découvert sans vraiment y faire attention, j'ai décidé de le reprendre du début. A ce moment, j'ai compris qu'il y avait cette histoire, qu'il y avait ces dialogues, qu'il y avait des protagonistes. Enfin je crois, parce que je ne suis pas certain que ce n'est pas moi qui y ai apporté tout cela, car l'auteure s'amuse apparemment à juste en écrire assez pour qu'à la fin de chaque petits passages on lève les yeux au ciel pour imaginer sa propre histoire, son propre rôle, dans cette maison, ou dans une autre que l'on a connue, dans une autre que l'on voudrait connaître. Un livre qui fait appel à ce que vous êtes en un mélange savant avec ce qu'est l'auteure. Je l'ai refermé il y a quelques jours en me disant : "Bah oui, quand même...". Alors, franchement, si vous cherchez autre chose de temps en temps, passez quelque heures dans cette maison vous fera grand bien.
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La Petite Bédéthèque des Savoirs, tome 9 : L'ar..

Une explication sommaire et bien faite de l’industrie de l’art contemporain. La formule de La Petite Bédéthèque des Savoirs ne convainc cependant toujours pas parfaitement.
Lien : http://www.bdgest.com/chroni..
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La Petite Bédéthèque des Savoirs, tome 9 : L'ar..

C'est un livre didactique, très facile à comprendre sur ce qu'est un artiste contemporain. On ne va pas approfondir ce qu'est une œuvre d'Art contemporaine, mais c'est bien des artistes dont il est question. C'est présenté sous forme de BD, racontant l'histoire de 3 artistes sortis d'école d'Art, de leur évolution, de leur vie et d'un point de vue socio-économique. Ce livre à l'avantage de ne pas prendre parti sur les querelles des mouvements, il se contente de présenter les choses telles qu'elles sont. C'est avant tout de la sociologie de l'Art. Le dessin est simple et participe à la clarté du propos. Très complet et très bien fait et pourtant très court et très vite lu.
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La Petite Bédéthèque des Savoirs, tome 9 : L'ar..

Il s'agit d'une bande dessinée de 56 pages, en couleurs. Elle est initialement parue en 2016, écrite par Nathalie Heinich, dessinée Benoît Feroumont, et mise en couleurs par Sarah Marchand. Elle fait partie de la collection intitulée La petite bédéthèque des savoirs, éditée par Le Lombard. Cette collection s'est fixé comme but d'explorer le champ des sciences humaines et de la non-fiction. Elle regroupe donc des bandes dessinées didactiques, associant un spécialiste à un dessinateur, en proscrivant la forme du récit de fiction. Il s'agit donc d'une entreprise de vulgarisation sous une forme qui se veut ludique.



Comme la collection l'indique, ainsi que son objectif, il s'agit d'une bande dessinée qui présente et explique ce qu'est le métier d'artiste contemporain. Elle se présente sous une forme assez petite, 13,9cm*19,6cm. Elle commence par un avant-propos de David Vandermeulen de 5 pages, très en verve. Il commence par évoquer la représentation de l'art contemporain dans 2 épisodes de la série télévisuelle Columbo, l'un de 1971, l'autre de 1975, pour une caricature bas du front de l'art contemporain, incarnant son rejet par une partie significative du public, et même de quelques artistes. Ce phénomène est désigné par le terme : la querelle de l'art contemporain. Il situe la rupture dans les ready-made de Marcel Duchamp (1887-1968), et en particulier sa célèbre fontaine (un urinoir renversé). Il évoque le paradoxe de ce désamour, et de l'affluence record pour la rétrospective Jeff Koons (plasticien, né en 1965) au Grand Palais en 2014. Il souligne encore la défiance du milieu artistique vis-à-vis d'une approche sociologique de leur pratique. Enfin il introduit la bande dessinée en elle-même.



La bande dessinée s'ouvre avec la mise en scène de Nathalie Heinich donnant une conférence sur les artistes contemporains dans une école de beaux-arts en province. Elle commence par expliciter la rupture de l'art contemporain d'avec l'art moderne, en particulier l'abandon des supports traditionnels comme la peinture ou la sculpture. Elle indique qu'en une génération le nombre d'artistes inscrits à La Maison des Artistes a triplé en une génération. Elle évoque ensuite la carrière des jeunes gens fraîchement diplômés qui constituent son assistance, par le biais de la trajectoire professionnelle de 3 exemples : Anatole peintre moderne, Jules artiste contemporain porté par les institutions, Edmond artiste contemporain rencontrant un début de succès international.



La collection de la petite bédéthèque des savoirs a pris un parti risqué : développer un sujet de manière pédagogique, sans s'appuyer sur un récit. En ouvrant ce tome, le lecteur découvre l'introduction très riche de David Vandermeulen qui explicite les tenants et les aboutissants de la situation de l'art contemporain avec une concision remarquable et une franchise décoiffante. Le lecteur commence ensuite la bande dessinée proprement dite, et il se retrouve un peu décontenancé s'il est familier de cette collection. En effet, elle commence bien comme il s'y attend, c’est-à-dire par une mise en scène de l'auteur, dans une mise en abyme ingénieuse, s'adressant à un auditoire dans une classe en amphithéâtre, comme si le lecteur était lui-même assis dans les gradins. Mais au bout de 5 pages, le lecteur fait la connaissance de 3 personnages qui vont incarner 3 situations sociales et 3 carrières différentes d'artiste contemporain. En cela, l'auteur aménage à sa sauce le principe de la série qui veut qu'il ne s'agisse pas d'une fiction.



D'un autre côté, le caractère d'Anatole, Jules et Edmond n'est pas très développé. Le lecteur les retrouve à 6 occasions, alors qu'eux-mêmes se retrouvent ensemble pour des expositions des œuvres de l'un d'entre eux, après 1 an, puis 2 ans, puis 3 ans, puis 5 ans, puis 7 ans, puis 9 ans, dans différents endroits du globe. À la fois, Heinich et Feroumont utilisent le dispositif classique de se mettre en scène pour expliquer certains points au lecteur, à la fois ils trichent un peu en montrant la trajectoire de vie de ces 3 artistes fictifs, créés pour l'occasion. Cela rend la lecture beaucoup plus agréable et rapide. Le dessinateur réalise des dessins simplifiés, avec des contours de forme un peu arrondis, très agréables à l'œil, tout public. Il n'inclut pas beaucoup d'informations visuelles dans les cases, s'affranchissant de dessiner des arrière-plans dès que la séquence passe sur le mode discussion entre les 3 personnages.



Les différents personnages sont éminemment sympathiques, ne serait-ce que parce qu'ils sourient régulièrement et que leur langage corporel est très expressif. La scénariste insère un peu d'affect dans leur propos, ce qui finit par faire regretter au lecteur qu'ils n'existent pas plus, qu'il ne soit pas possible d'en apprendre plus sur leur vie privée, à commencer par leur relation avec leur conjointe (car il s'agit de 3 hommes). Benoît Feroumont leur affecte 3 styles vestimentaires (et capillaires) distincts. Il étoffe les décors quand la séquence le rend nécessaire, ne serait-ce que pour savoir où les 3 personnages se trouvent. Il sait transcrire l'apparence de personnages historiques comme Vincent van Gogh (19853-1890) pour qu'ils soient immédiatement identifiables. Le lecteur peut trouver que la mise en images du scénario est simplement fonctionnelle, toutefois elle présente plusieurs qualités. Elle est très claire, elle rend les personnages attachants, elle ne se met pas en avant au détriment du discours. Elle fait même plus cela puisque la narration visuelle donne l'impression d'un récit à ce qui reste bien dans le fond un exposé. En fait elle donne une fluidité et une facilité de lecture remarquable à une présentation que l'on aurait pu craindre austère, ou artificielle du fait de la fiction que sont ces 3 artistes. Benoît Feroumont est un auteur de bande dessiné accompli, ayant à son actif des œuvres comme Le Spirou de ... - tome 9 - Fantasio se marie (2016), Gisèle & Béatrice (2013), ou Le royaume (depuis 2009)



De la même manière que le ressenti des dessins peut paraître un peu léger, l'histoire peut aussi paraître superficielle. En fait il faut que le lecteur fasse un petit effort pour se distancier de cette impression de récit, et pour se rappeler qu'il s'agit bel et bien d'un exposé. Il n'y a pas à douter de la compétence de Nathalie Heinich sur le sujet, puisqu'elle est l'auteure Le paradigme de l'art contemporain : Structures d'une révolution artistique et que l'introduction de Vandermeulen établit ses références de sociologue professionnelle. À nouveau, l'impression de légèreté et de faible densité provient de la forme retenue, à savoir la mise en scène de 3 personnages (Anatole, Jules et Edmond). Lorsqu'ils sont mis en scène, les dialogues sont naturels, sur la base de courtes phrases, donnant une impression d'échanges entre individus. En fait, il faut que le lecteur feuillète à nouveau la bande dessinée pour prendre conscience que Nathalie Heinich est mise en scène à plusieurs reprises (au moins un quart de la pagination) et que ses phylactères sont alors beaucoup plus copieux, comme ceux d'un exposé oral. Elle répond également à quelques reprises aux questions posées par l'avatar de Benoît Feroumont.



En prenant un peu de recul, le lecteur se rend compte que cette bande dessinée à parfaitement rempli son objectif : expliquer ce qu'est la vie d'un artiste contemporain par l'exemple. Cette bande dessinée montre bel et bien ce qu'est un artiste contemporain d'un point de vue sociologique, comme il s'intègre dans la société française, mais aussi internationale, et quels sont ses choix de carrière. L'auteure ne porte pas de jugement de valeur sur les œuvres produites. Elles ne sont en effet que vaguement évoquées, sans précision sur le projet artistique de chacun des 3 personnages. Elle ne réalise pas une critique de leur démarche artistique, ou des réactions des différents publics. Il ne s'agit pas non plus d'une approche économique du marché de l'art contemporain. Du coup, le lecteur ressort de sa lecture un peu frustré, pas tout à fait rassasié par une présentation aussi simple. S'il avait dû répondre, avant de lire cet ouvrage, à la question de ce qu'est un artiste contemporain, d'où il vient et ce qu'il fait, il est vraisemblable qu'à moins de s'y être déjà intéressé, il en aurait été incapable. Alors qu'après sa lecture, il peut articuler plus de 3 phrases intelligibles pour y répondre. En outre, l'auteure explique de manière claire et concise ce qu'est l'art contemporain, et la différence d'avec l'art moderne.



En fait ce sentiment de trop peu ou de d'insatisfaction provient d'une autre origine. En y repensant, le lecteur se dit qu'il trouve sa source dans la dimension analytique de l'introduction. Le propos de David Vandermeulen ne se contente pas de passer les plats pour mettre en valeur la bande dessinée à suivre. Il réalise une mise en perspective pénétrante de la question de l'artiste contemporain, en se basant sur l'ouvrage de Nathalie Heinich. Par comparaison, sa remise en cause de la nature de l'art amène à une définition de l'art contemporain plus riche que celle contenue dans la bande dessinée. Ses remarques sur le rapport entre le monde de l'art et les sociologues établissent une dynamique d'affrontement qui ne se retrouve pas dans la bande dessinée. Enfin son observation sur les intermédiaires (galeristes, curateurs, commissaires-priseurs), également tirée de l'ouvrage d'Heinich, laisse supposer un développement ultérieur sur ce thème, mais qui ne vient pas dans la bande dessinée. Finalement le sentiment de manque, voire de frustration, provient d'une introduction très analytique qui donne à penser aux lecteurs que ces différents points bénéficieront d'un développement dans le corps de l'ouvrage, alors que ça n'en est pas le sujet, que ça ne relève pas d'un ouvrage de vulgarisation.



Dans un premier temps, cet ouvrage laisse un goût de trop peu au lecteur. Pourtant il accomplit bien la tâche assignée, à savoir de présenter ce qu'est un artiste contemporain d'un point de vue sociologique. L'élégance de la narration tant pour les images que pour l'exposé donne l'impression d'une facilité découlant d'un propos simpliste, alors que l'œuvre de vulgarisation est bel et bien accomplie. Peut-être que pour mieux savourer ce tome, il convient de lire l'avant-propos de Didier Vandermeulen, après la bande dessinée, comme un texte offrant un regard analytique pénétrant et constituant une ouverture faisant ressortir toute la richesse de ce thème.
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La Petite Bédéthèque des Savoirs, tome 9 : L'ar..

L'humour est fréquemment au rendez-vous et contribue à rendre cette découverte de l'Art contemporain et de ceux qui le créent aussi plaisante qu'intéressante.
Lien : http://www.auracan.com/album..
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La Petite Bédéthèque des Savoirs, tome 9 : L'ar..

Une explication sommaire et bien faite de l’industrie de l’art contemporain. La formule de La Petite Bédéthèque des Savoirs ne convainc cependant toujours pas parfaitement.
Lien : http://www.bdgest.com/chroni..
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La Petite Bédéthèque des Savoirs, tome 9 : L'ar..

Une très bonne entrée en matière pour mieux appréhender ce qu'est aujourd'hui un Artiste Contemporain.
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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La Petite Bédéthèque des Savoirs, tome 9 : L'ar..

En décrivant le parcours et les problématiques de trois artistes, cette bande dessinée pleine de pédagogie nous permet de comprendre les rouages du monde de l'art contemporain.



Nathalie Heinich, sociologue de l'art mondialement reconnue, s'applique en effet ici à expliquer, sans militantisme aucun et avec beaucoup de clarté, comment fonctionne cet univers souvent mal compris.



Qu'on aime ou qu'on n'aime pas l'art contemporain, peu importe ! Ce petit livre d'environ 70 pages, agréablement illustré par Benoît Feroumont, parvient à nous éclairer. Où l'on réalise notamment que l'art contemporain partage de très nombreuses caractéristiques avec les précédentes périodes de l'histoire de l'art : salons et expos, critiques d'art, réseaux, collectionneurs, atelier avec assistants pour les plus grands, etc.



L'ouvrage tord également le cou à quelques clichés. Par exemple, si cette galaxie est effectivement très restreinte sur le plan sociologique, on oublie souvent que la proportion d'artistes contemporains qui gagnent beaucoup d'argent grâce à leurs oeuvres est en réalité infime.
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La Petite Bédéthèque des Savoirs, tome 9 : L'ar..

Tout petit livre, mais très bien fait. Sociologue de l'art, Nathalie Heinich maitrise son sujet, les coulisses de l'art contemporain, à la perfection. Elle excelle à l'expliquer naturellement avec des mots simples. Une petite récréation qui vaut bien des ennuyeux pensums et donne même envie de se coller aux autres essais plus conséquents de l'auteur, ou aux suggestions de lecture "pour approfondir le sujet" proposées en fin d'ouvrage.
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La sociologie à l'épreuve de l'art

Il existe de grands livres d'entretien qui éclairent les travaux d'intellectuels de premier ordre. La confidence autobiographique n'est pas le fort des savants, ils se sont généralement très peu livrés préférant s'effacer derrière leurs oeuvres. Ils acceptent cependant, parfois, de se raconter, de faire le récit de leurs carrières, de leur vie intellectuelle. Ils donnent de nouveaux éclairages sur leurs travaux, et les conditions dans lesquelles ils se sont développés et imposés. Ils offrent ainsi un témoignage capital sur la vie des idées de leur temps. Ils n'hésitent pas à parler aussi de leurs amis, de leurs goûts littéraires, philosophiques et artistiques. Mais surtout, ils donnent à un large public de non-spécialistes une voie d'accès à leurs pensées, dont ils font comprendre la portée et les enjeux. Dans « La sociologie à l'épreuve de l'art » nous n'avons malheureusement absolument rien de tout cela.





Cet entretien avec Julien Ténédos donne l'impression, à tort ou à raison, d'un travail de Nathalie Heinich, sans aucun doute ponctuellement et pratiquement utile pour telle ou telle administration, mais sans véritable portée intellectuelle. Simple compilation, il semble rien nous apprendre que nous ne sachions par ailleurs et notamment en ce qui concerne le monde de l'art. Il y a passage du professionnel au vocationnel. Il existe une pluralité des cadres de perception, une opposition entre des registres de valeurs, des frontières entre le monde de l'art et le monde ordinaire. L'art moderne et contemporain transgressent les frontières générant des réactions négatives des non-spécialistes qui refusent la violation des lignes et tentent de les rétablir et des réactions positives des spécialistes qui au contraire les ouvrent afin d'intégrer les propositions nouvelles et problématiques. Les transgressions de l'art moderne sont formelles tandis que celles de l'art contemporain portent sur les frontières elles-mêmes. Nous assistons un jeu à trois : public, artistes mais aussi intermédiaires dont le rôle est essentiel mais reste voilé, etc. … Pas d'avantage de surprise en ce qui concerne l'identité et sa perception chez l'écrivain et l'artiste. L'identité est la mise en cohérence nécessaire de trois moments : l'auto perception, la représentation et la désignation par autrui, le lien communautaire est un moyen de gérer les problèmes d'identité. L'artiste a beaucoup de mal à se définir dans une catégorie très valorisée qui engendre des écarts de grandeurs (diversité des systèmes de valeurs) et où la limite entre amateurisme et professionnalisme est flou. L'artification représente l'ensemble des phénomènes par lesquels le producteur en vient à être considéré comme artiste. Encore moins de surprise en ce qui concerne la singularité et la capacité, néo religieuse, de construire des communautés autour d'elle. Ce qui est en jeu ainsi avec la reconnaissance de Van Gogh, c'est un déplacement de la sainteté dans le monde laïque.





Il faudrait reprendre, point par point, les considérations un peu à l'emporte-pièce de Nathalie Heinich sur les différents courants de la sociologie de son temps. Mais là aussi, avec le déplacement vers un certain conservatisme, depuis les années 70 et le début des années 80, du centre de gravité de la vie intellectuelle française, rien qui n'ait été répété ad nauseam et qui mériterait que l'on s'y attarde. Elle s'insurge contre la pensée critique de Bourdieu sans que l'on sache vraiment si c'est la pensée, la critique ou les deux à la fois qu'elle lui reproche. Bourdieu souffrirait énormément de sa pulsion normative. Rien en revanche de tel chez Nathalie Heinich. Elle est partisante d'une sociologie inductive, empirique, descriptive, pragmatique et compréhensive qu'elle a découverte, avec ses pourtant incontournables classiques, assez tardivement. Il semble qu'elle pratiquait avant cela cette forme de sociologie comme Monsieur Jourdain faisait de la prose. Son travail, à la lecture de ce pensum qui en reprend la trame, apparait comme une succession d'enquêtes, de commandes administratives diverses dont elle tire des conclusions d'une grande trivialité et des livres. Sans originalité, son travail s'emble s'apparenter à une sorte de taxinomie sociologique et de la sociologie.





Nathalie Heinich a publié un « Bêtisier du sociologue », ce qui est assez courageux. Nous lui proposons cependant d'y ajouter quelques notes plus personnelles prises au hasard parmi beaucoup d'autres dans « La sociologie à l'épreuve de l'art ». Page 9, première ligne de l'ouvrage, « (…) je ne viens pas d'une famille qui connaissait vraiment le monde intellectuel. Mais ma première approche de la sociologie de l'art s'est faite à travers un livre de Pierre Francastel trouvé dans la bibliothèque de mes parents, quand j'étais encore au lycée». Page 95, « Je me passionne pour cette autobiographie qui a l'avantage de n'être pas un matériau sollicité par le chercheur, comme c'est le cas d'un entretien, mais un témoignage spontané, ce qui a une garantie de pertinence ». Quelques lignes plus loin, « J'avais donc trois études de cas, que j'ai pu rédiger pour en faire le thème d'une communication à un colloque sur « la gloire » à l'été 1992, et un article – tout en me disant qu'un jour il faudrait que je pousse cette question ». Page 105, « D'ailleurs, j'oublie en général ce qu'il (mes livres) y a dedans et je dois m'y replonger pour m'en souvenir et pouvoir en parler, parce qu'une fois publié, c'est derrière moi … ». Page 127, « Je crois que de ce point de vue les sociologues ont – ou du moins peuvent avoir – une perspective diamétralement opposée à celle des historiens, qui ont plutôt tendance à s'étonner que les choses changent, et à s'interroger sur les raisons des variations. Alors que moi, en sociologue, je trouve que ce qui est normal c'est que tout bouge, ne serait-ce que parce que le temps passe ; ». Page 130, « Encore une fois, c'est une faute de raisonnement grossière, car si une chose est socialement construite, c'est que justement elle est nécessaire du point de vue de la collectivité humaine (…) ». Page 181, « J'aime beaucoup travailler avec la fiction, d'abord parce que c'est un matériau qui préexiste à l'enquête, qui n'est pas constitué par le chercheur, qui est donc forcément pertinent pour les acteurs ; ensuite parce que c'est un matériau collectif, dès lors qu'il est publié (…) ».





Les pages de « La sociologie à l'épreuve de l'art » sont pleines du ressentiment de l'auteure et, à la fermeture du livre, elles vous laissent une impression d'incontestable malaise. Nathalie Heinich vous fait penser à ces musiciens d'orchestre toujours insatisfaits parce qu'ils ne seront jamais solistes, du moins dans une formation prestigieuse (« je me suis vue marginalisée par Bourdieu » (page 30) ; « Boltanski élaborait ses « économies de la grandeur » en m'interdisant l'accès à son séminaire, et me demandait ensuite de venir y plancher devant ses étudiants, qui me prenaient pour une demeurée ! » (page 78) ; « Comme le Van Gogh, il (mon livre) a guère était lu par mes pairs, et mal ou peu lu par le public qui s'intéresse aux prix littéraires. Quant à mes collègues du GSPM, qui auraient dû en être les premiers lecteurs, j'avais renoncé, à l'époque où le livre est paru, à trouver en eux des interlocuteurs », etc.). Enfin, il faut également ajouter au bénéfice de la sociologue que le questionnement indigent et hagiographique de Julien Ténédos dessert grandement le livre.
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