Je suis trop en manque de toi. C’est une douleur émotionnelle, mais c’est aussi une douleur physique. J’ai perdu mon souffle.
Il avait fallu la colère des Dieux et une destruction sans précédent pour que je me retrouve à cet endroit, dans ce lit, contre ce corps, ma bouche scellée à celle de Cyprian. Il avait fallu un enfer et je n'arrivais pas à le regretter.
Croire … croire qu’il est possible qu’aucun de nous deux ne soit porteur du gène. C’est difficile parce que mon père et mon oncle étaient tous deux malades, qu’ils étaient les seuls enfants de ma grand-mère, avec des pères différents.
Croire … et ne pas se laisser aller au découragement.
Croire … et ne pas autoriser les doutes et la peur à prendre le dessus.
Je suis fait pour lui, comme il est fait pour moi. Nos différences s’unissent avec simplicité, nos connivences avec légèreté. Nous sommes les deux faces d’une même pièce, entiers ensemble.
Celui-là, il pourrait me faire souffrir, vraiment souffrir, j’en ai l’intuition. Il me fait trop d’effet. Je pense souvent à lui, avec envie. Je pourrais vraiment y laisser mon cœur.
Il est des battements de cœur qui parlent d’éternité, de pérennité et de bonheur. Ismaël a cette capacité de les rendre nombreux. Ils sont des souffles de vie, des respirations rapides et grisantes, des brises rassurantes et euphorisantes
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— Eh, salut ! Je vois que le geek est revenu ! Alors, p’tit gars, tu t’es remis de tes frayeurs ?
Le ton de Marco est sympathique, mais jusqu’à aujourd’hui, peu ont adressé la parole à Pierre, préférant l’ignorer et n’en tenir aucun compte. Nous ne sommes pas toujours très aimables avec les nouveaux, alors avec Pierre… Il s’est figé, regrettant, j’en suis sûr, de ne pas se trouver derrière la protection de ses ordinateurs. Il prend plus que son temps pour se retourner et répondre.
— Nan, pas vraiment, pas totalement. Il faut du temps à un p’tit informaticien comme moi. Je ne suis pas fait de nerfs d’acier et j’ai une queue de taille normale. Alors, forcément, ce n’est pas si simple.
Les yeux de Marco sont ronds comme des soucoupes, il est incrédule et déstabilisé. Je jette un rapide coup d’œil à Antoine. Il a la bouche crispée et le fou rire au bord des lèvres. Je lui fais un clin d’œil et me laisse happer par une crise de rire qui fait beaucoup de bruit. Putain ! Je l’adore, mon Geeky ! Il a un humour tantôt désopilant, tantôt faussement naïf et, parfois, franchement corrosif. C’est juste… jouissif !
— Euh… je venais juste prendre de tes nouvelles et te féliciter pour ton intervention de la semaine dernière. Je ne voulais pas me foutre de ta gueule.
— Ça tombe bien, moi non plus. J’ai juste profité de l’occasion pour dire quelques vérités… Vous avez des nerfs d’acier et, si vos queues sont proportionnelles à la taille de vos muscles, alors elles sont plus grosses que la mienne. C’est tout.
— P’tit malin. Tu as cru que je me moquais de toi et tu m’as renvoyé dans mes pénates.
— Ouais, c’est ça. — Bien joué, le geek . Tu vaux le déplacement, pas à dire, surtout avec tes…
— Mes ?
— Rien.
— Tu ne vas pas me faire croire que je te fais peur, tout de même ?
— Il manquerait plus que ça ! Tes fringues complètement décalées et loufoques.
— Ah ! Mes fringues ! Je les aime bien, moi. À chaque fois que je les enfile, je me rappelle qu’il y a quelqu’un qui m’aime. Et toi, quand t’enfiles les tiens, tu parfois. Chaque matin, je suis déjà en retard, alors si je faisais attention à ce que je porte, je te raconte même pas !
— En tout cas, quand ma nana me regarde, elle aime ce qu’elle voit.
— Humm… Il n’est pas impossible que ce que je cache sous mon pantalon plaise aussi à ta nana. Mes sous-vêtements ne sont pas tricotés par ma grand-mère.
Oh merde ! Il va me tuer. Je n’arrête plus de rire et mes yeux brûlent de larmes. Antoine ne vaut guère mieux et Marco se retient de peur de céder. C’est un duel à coup de piques et de réparties que Marco ne peut que perdre. Pierre aura toujours le dernier mot et, plus ils vont continuer, pire ce sera.
Il m’embrasse comme si la simple idée de me perdre pouvait le faire crever. Il m’embrasse avec une passion teintée de douceur et de tendresse. Il m’embrasse comme jamais je ne l’ai été.
— Tu veux travailler dans un placard à balais ?
— J’aurais préféré un endroit comme celui de l’informaticienne de NCIS, mais GC m’a dit que ce n’était pas possible. Apparemment, les séries télé et la réalité, ce n’est pas tout à fait pareil. Un placard ou un petit débarras, ça m’irait très bien. Je ne suis pas difficile.
— GC ?
— Euh… le Chef, le Grand Chef.
— Je vois… NCIS ?
— Une bonne série, à mon avis.
— Un débarras ?
— Un coin tranquille, sans avoir sous les yeux des mecs musclés, pour me rappeler que je suis une crevette qu’on peut facilement torturer.
Je pense que l’amour, le véritable amour, ne peut se satisfaire de tromperies. C’est peut être naïf et idéaliste, mais je ne crois pas. Je reste convaincu que celui qu’on aime doit nous suffire.