Si l'on avait kidnappé Bernard, le ou les auteurs de son enlèvement n'étaient pas entrés par effraction. Aucune serrure ou vitre n'avait été forcée ou cassée. Je connaissais suffisamment le disparu pour savoir qu'il ne serait pas sorti sans ses papiers, son téléphone portable et un peu d'argent. Or, ces objets se trouvaient, devant moi, sur le guéridon de l'entrée. c'était très bizarre.
Je pensai aux trois tours de l’hippodrome de Saint-Cloud que je m’apprêtais à parcourir. Je soupirai et remis à un moment ultérieur mon footing, moment privilégié que je n’annulais que pour des raisons impérieuses. Je devais agir vite, l’urgence de la situation l’exigeait, car chaque minute qui passait diminuait la probabilité de récupérer Bernard vivant.
Cette femme, a priori mariée d’après sa lettre, devait se faire un sang d’encre. Pendant un instant, je ne pus m’empêcher de la plaindre. Je l’imaginai, effrayée par la violence de son mari qui surveillait ses faits et gestes.
Un soulagement profond les envahit lorsqu'ils eurent terminé leur sale besogne. L'incident - si on pouvait appeler cela comme ça - était clos, ils ne reviendraient plus dessus. Ils pouvaient donc considérer que rien n'était arrivé. Ils jurèrent de ne plus en reparler. Leur petite vie tranquille pouvait reprendre.