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Critiques de Nathan Hill (177)
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Les fantômes du vieux pays

Fabuleux ! Voilà un riche et puissant roman américain comme je les aime, qui immerge profondément dans une fiction crédible, prend le temps de développer son propos et ses personnages tout en questionnant finement l'Amérique dans son époque et dans son histoire récente.



L'histoire en l'occurrence, c'est l'époque lourde de promesses et de violence de la fin des années 60 et d'un mouvement hippie que la génération actuelle n'a pas fini semble-t-il de revisiter en interrogeant les désillusions qu'il a engendrées.

Désillusions que l'on retrouve en ce début de 21ème siècle à travers une galerie de personnages plus ou moins largués, qui tentent chacun à sa manière de rester sur leurs jambes dans un monde désenchanté, d'une brutalité moins tangible mais tout aussi dangereuse. Au premier rang desquels Samuel, écrivain trentenaire en devenir pas encore ancré dans sa vie, qu'un avocat contacte pour aider Faye, sa mère disparue depuis vingt ans et accusée d'acte terroriste contre un présidentiable républicain ultra.

A partir de ce pitch improbable, Nathan Hill réussit un tour de force en assemblant patiemment, par une suite de longues scènes très travaillées, certaines sublimes, les pièces d'un tableau allant du fils à la mère, l'enfance abandonnée de l'un, l'adolescence frustrante de l'autre dans l'Iowa des années 60, la vie universitaire délétère de Samuel et sa fuite dans le virtuel du jeu en ligne, leurs retrouvailles, la brève et forte aventure de la mère dans le Chicago en ébullition de 1968.

J'ai particulièrement aimé le soin apporté aux personnages secondaires qui viennent amener dans le tableau des touches d'éclairage et de liant : le père de Faye, immigré norvégien échoué dans une maison de retraite aseptisée jusqu'à l'écoeurement, l'esprit toujours dans le village marin de son enfance ; l'ami d'enfance de Samuel, revêche et révolté qui ira jusqu'en Irak exorciser les démons de son enfance abusée ; le geek drogué de jeux, surpuissant par son avatar, aux limites du suicide ‘in real life' ; la nymphette qui veut y arriver, qui croit tenir en main les clés du monde par ses mensonges, sa self assurance imposée par sa mère et sa popularité sur les réseaux sociaux…

Et le roman prend de l'ampleur à mesure que toute cette construction hétéroclite peu à peu fait sens, éclaire les deux époques d'une lumière crue, les intentions avortées des uns, les influences des autres.

La plume est incisive, juste, immersive, c'est incroyable de mettre autant de talent dans un premier roman et d'y dépeindre avec autant de justesse l'âme profonde d'un pays.



Gros, long et durable coup de coeur, dont les images fortes restent collées à la rétine. Merci aux éditions Gallimard et à Babelio pour cette découverte.

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Les fantômes du vieux pays

Voici un livre très réussi.



Pour moi qui ne goûte guère la littérature américaine, je m'incline ici. Le produit est très bon, bien fabriqué tout en amalgamant tant d'ingrédients hétéroclites que je me suis dit au début que la pièce montée ne tiendrait pas, mais si, elle est de plus très savoureuse et on en redemande en lisant en continu, sans désemparer, pour connaître la fin.



Assurément une première belle découverte de cette rentrée littéraire. Ma libraire a eu raison d'insister pour me le faire lire.



C'est inénarrable au-delà du quatrième de couverture. Je dirais simplement : "entrez dans l'histoire et laissez-vous prendre par la main, cela tient jusqu'au bout !".



Bonne lecture !







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Les fantômes du vieux pays

En cette rentrée littéraire 2017, les éditions Gallimard nous présentent le premier roman d'un auteur prometteur mais inconnu, Nathan Hill. Ce pavé, "The Nix", a fait sensation aux Etats-Unis avant de s'exporter sur le vieux continent sous le titre "Les fantômes du vieux pays".

Le synopsis est prometteur, une femme s'attaque gentiment à un candidat à la présidence américaine en lui lançant des graviers au visage. Réputée activiste de gauche, elle est menacée de lourdes sanctions pour s'être attaqué à un extrémiste de droite. Pour la sauver, il faut recueillir des témoignages pour souligner son caractère dépolitisé et inoffensif, et qui de mieux que son fils, écrivain de son état, pour assurer se défense. Là où le bât blesse, c'est que ce même écrivain a été abandonné par cette femme à l'âge de onze ans. Sentiments contradictoires, oedipes, retrouvailles, coeurs brisés, gros câlins, sortez les violons...on sent déjà le mélodrame sirupeux dégouliner.



On a tout de même envie de se plonger dedans car s'invite à ce traquenard une intrigue terroriste (terroriste oui, bien qu'il ne s'agisse que d'une poignée de cailloux jetée au visage d'un gouverneur) qui fait penser à la trajectoire d'une "American Pastoral" de Philip Roth. Sur le papier, la même formule, une activiste soixante-huitarde et militante anti Vietnam passant à l'action, sous le regard incrédule de sa famille. Il y a une peu de ça, mais non finalement. On passe les pages et on s'engouffre dans le passé de cette hippie, des années soixante à 2010, évoquant bien entendu un roman choral à la Ken Follet. Pas vraiment non plus, juste un zest.



En vérité, la structure du roman est inédite. Par technique de flash back, l'auteur revient sur la jeunesse de cette mère indigne, sur son présent aussi. S'y incruste aussi le passé de son fils, et son présent bien entendu. Somme toute, Nathan Hill balaie toutes les décennies américaines des 60's, à 2010, sous le regard de protagonistes différents.



Il s'agit en vérité d'un roman historique, ultra critique de la politique américaine contemporaine, dénonçant six décennies d'erreurs sociales et sociétales. De la guerre du Vietnam aux extrémistes radicaux, de l'Irak aux scandales pédophiles, de l'ultra consumérisme à la digitalisation excessive etc. Le rapport « mère fils » ici, ainsi que l'élément provocateur de leurs retrouvailles, ne sont que des circonstances pour dénoncer ce passé.



Pour faire corps et donner plus d'impact, l'auteur ne tombe pas dans la facilité en tenant à jour son inventaire de erreurs de l'Amérique moderne. Non, pas du tout, il digresse. En effet, de digressions en digressions, l'auteur fait intervenir des personnages sans aucun rapport ni avec l'intrigue, ni avec les principaux protagonistes. Ils n'ont strictement aucun lien avec la construction de l'intrigue mais ont leur rôle à jouer dans le message que Nathan Hill veut transmettre. Ainsi, il entrera dans la peau d'une étudiante vulgaire et stupide pour dénoncer le système universitaire américain, il prendra les traits d'un joueur de jeux vidéos abruti et obèse pour mettre en garde contre les dangers de l'internet. Il s'imaginera encore responsable marketing d'une société de plats surgelés pour critiquer le consumérisme outrancier etc...



ça peut paraitre bizarre d'impliquer des rôles sans intérêt ni rapport, si ce n'est que l'auteur les rend chaleureux et terriblement drôles. Avec un humour caustique, voire sadique, il relate leur quotidien, non pas faire avancer le récit, mais pour vomir sa haine de cette forme de modernité. Que c'est drôle, vraiment. Et rafraichissant aussi.

Pour donner encore plus de corps à ce récit accusateur, Nathan Hill change de rythme et de style d'écriture en passant d'un chapitre à un autre. On commence à rentrer dans le roman choral là, mais non pas pour que les protagonistes servent à l'intrigue ou l'histoire, mais pour que chaque protagoniste lui serve à dénoncer les facettes de la société qu'il entend accuser. Inédit je vous dis.



L'écriture fluide et facile et l'excellente traduction servent le roman, restituant un comique efficace. On rit beaucoup, on s'insurge autant, et on dévore les pages sans les mâcher.



C'est un succès, et l'auteur le sait, il tombe malheureusement dans la facilité. Nathan Hill maitrise si bien son style, son oeuvre est si patiemment travaillée (presque dix ans), qu'il en oublie de se freiner par moments. Les chapitres sont parfois inégaux, absence totale de descriptions et de longues pages de discussions pour certains, absence totale d'échange et description complète de paysages pour d'autres, inventaire de mots et utilisation excessive de synonymes....On sent le génie qui surfe si facilement sur ses pages qu'il se laisse aller.



Autre point faible, mais l'auteur ne peut réunir toutes les qualités, les scènes d'actions. Elles demeurent lentes et peu maitrisées, trainant en longueur et manquant de clarté. Ces quelques inconvénients alourdissent le récit sur la fin, manquant de conclure cette oeuvre par un feu d'artifice. Nous sommes heureux qu'elle prenne fin, sans oublier le plaisir que l'on a pris à la parcourir pendant plusieurs jours.



Nathan Hill et son premier roman demeurent des incontournables de la rentrée littéraire. Ce style inédit, cet humour féroce, cette critique acerbe sont autant d'arguments pour vous laisser manger par ce pavé. Et s'il continue comme ça, l'auteur deviendra vite un des grands auteurs américains de la décennie. Il y a des chances pour que "les fantômes du vieux pays" deviennent un incontournable dans quelques années.



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Les fantômes du vieux pays

Premier -gros-roman de Nathan Hill et très attendu parmi les parutions de la rentrée 2017!

A quoi, justement, peut-on reconnaître un premier roman ou un premier album? En général, c'est celui dans lequel l'auteur a voulu tout mettre, tout ce qui le travaille depuis toujours, tout ce qu'il a glané, noté, mâché et fini par digérer au cours des ans, et Les Fantômes du vieux Pays en est un bel exemple.

Ce n'est pas forcément un défaut, il faut juste espérer, surtout quand c'est une réussite, qu'il en restera pour les romans suivants!

Honnêtement, Les Fantômes du vieux Pays part un peu dans tous les sens, mélange les styles, les époques, les vies, les événements, mais est suffisamment bien construit pour qu'on ne puisse pas s'y perdre. On y suit en parallèle l'enfance de Samuel et celle de sa mère qui l'a abandonné quand il avait 11 ans, et on les retrouve régulièrement en plein 2011 dans tout ce que les Etats-Unis ont d'artificiel, d'individualiste, procédurier, cynique: une nation en plein déclin qui s'auto-mutile par la malbouffe, le capitalisme, la perte des valeurs et les addictions aux jeux vidéos.

La trame du livre est bien ficelée et on ne s'ennuie pas une seconde -ou à peine - mais les ficelles sont grosses et parfois un peu maladroites, comme la manière d'amener le passé des protagonistes. Il y a quand même des passages très beaux, pour ne pas dire bouleversants, notamment dans les rencontres de Samuel avec Bishop et sa soeur Bethany lorsqu'ils sont enfants, des jumeaux qui bouleverseront sa vie, et les quelques mois que passent sa mère Faye à Chicago en pleine révolte étudiante en 1968, face à une autre facette d'elle-même et un choix cornélien.

Tout le livre tourne autour des raisons de la disparition de Faye en 1988, laissant fils et mari, et plus intimement, de ce fantôme domestique que le père de Faye a amené malgré lui de Norvège et qui a changé la vie de Faye pour toujours.

C'est un roman dense qui, dans son kaléidoscope des Etats-Unis, touche à tous les sujets actuels ainsi qu'à cette solitude moderne et sa mélancolie inhérente.

Pas un coup de coeur, mais un grand plaisir de lecture d'un livre passionnant.

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Les fantômes du vieux pays

« Quand Samuel était enfant et lisait une Histoire dont vous êtes le héros, il plaçait toujours un marque-page à l’endroit où il devait prendre une décision très difficile, de sorte que, si l’histoire tournait mal, il pouvait revenir en arrière et recommencer autrement. »



Malheureusement la vraie vie n’est pas ainsi faite. Pourtant, Samuel sait parfaitement où se trouvent les carrefours importants de sa vie : ce moment où sa mère a quitté le foyer, cet instant où il a perdu Bethany, la femme de sa vie, ce présent où il fuit une carrière de professeur désabusé pour se cacher dans le monde virtuel d’un jeu en ligne.



Jusqu’à ce qu’un avocat l’appelle au sujet de sa mère, Faye Andresen qu’il n’a pas vue depuis vingt cinq ans et qui est aujourd’hui accusée d’agression contre un candidat à la Présidentielle.

Voilà de quoi retourner dans le passé pour comprendre pourquoi sa mère en est arrivée là et surtout pourquoi elle l’a abandonné quand il était enfant.



Faye est la fille d’un norvégien qui a fui son pays pour des raisons mystérieuses mais en a gardé beaucoup de nostalgie et surtout la mémoire des légendes et fantômes de ce pays nordique. Une histoire de « nisse » et de porridge provoque chez la jeune Faye une première crise d’un mal qui ne la quittera plus.

« Il y a ce genre de moment dans toute une vie, un traumatisme qui vous fait voler en éclats, et vous transforme à jamais. »

Alors qu’elle devrait épouser Henry, le fils d’un fermier voisin, romantique et un peu niais, Faye part au Cercle, une université de Chicago. Chicago, une ville qui fait peur et qui va connaître à cette époque (1968) de graves émeutes dans lesquelles Faye se retrouvent embarquée.

Petit à petit, nous découvrons cette partie cachée de la vie de Faye.

Et en parallèle, nous suivons aussi le passé de Samuel. Sa rencontre avec Bethany et son frère Bishop.

Autant de personnages dont nous n’avons au départ qu’une parcelle d’identité, puis que nous saisissons au fur et à mesure dans leur ensemble.

« il n’y a pas une identité vraie cachée parmi de fausses identités. Mais plutôt une identité vraie cachée parmi de nombreuses autres identités vraies. »



Cette histoire romanesque des liens familiaux et amicaux prend forme dans une peinture assez caustique de l’Amérique des années 60 et de nos jours. D’un côté une révolte du milieu universitaire et hippie contre la guerre au Vietnam et de l’autre une jeunesse plongée dans le monde virtuel pour échapper aux routines du quotidien. Avec quelle que soit l’époque, la manipulation par les médias et politiques.

« Le danger de la télévision, c’est que les gens commencent à voir le monde à travers cette unique goutte d’eau. »







Les fantômes du vieux pays est un roman qui allie une histoire romanesque, une excellente analyse des rapports humains et une vision satirique du monde moderne. C’est un pavé qui ne prend toute sa puissance que dans son entièreté. Il faut donc s’accrocher sur les premières centaines de pages, passer au-delà des détails des vies et passions de chaque personnage pour extraire la substantifique moelle. Personnellement, si les personnages de Pwnage, geek très attachant, et de Laura, étudiante détestable, sont intéressants, leurs émois m’ont moins intéressée et éloignée de l’intrigue principale.

Même avec quelques longueurs, il faut tout de même reconnaître que ce premier roman est fort bien maîtrisé.
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Les fantômes du vieux pays

Un premier roman lors d'une rentrée littéraire qui en comporte plus de 580, comment le faire sortir du lot et prouver l'intérêt de ne pas passer à côté ? C'est certes le premier que je lis de la sélection mais il m'a été gentiment proposé par Babelio et Gallimard que je remercie énormément car j'ai vraiment passé de grandes heures à découvrir ces 700 pages magiques.

Sur la quatrième de couverture, John Irving est cité pour décréter que "Nathan Hill excelle dans l'art d'être génial".

Et la filiation est évidente dès que l'on rentre dans cette saga familiale qui retrace l'histoire contemporaine de l'Amérique. J'ai tout de suite pensé au Irving de ses débuts, celui de "Le monde selon Garp" ou "Une prière pour Owen" qui m'avait fait tant rire...

Nathan Hill a donc beaucoup d'humour et un sens de la narration remarquable. Les allers-retours dans le passé de la mère de son narrateur et dans son présent plutôt merdique nous attachent à Samuel Anderson.

Abandonné par sa mère à l'âge de 11 ans, Samuel est obligé de reprendre contact avec elle lorsqu'elle est accusée par les médias américains du post 11 septembre, de terrorisme pour avoir attaqué en public un candidat à la présidentielle avec des gravillons...

Prof à l'université et passionné d'un jeu en ligne ("le monde d'Elfscape") auquel il joue même sur son lieu de travail, Samuel doit honorer ses engagements auprès d'un éditeur à qui il a promis un roman depuis des années. La soudaine renommée de sa mère lui permet de promettre un roman scandale sur la vie de celle qui a été surnommée par les médias "Calamity Paker".

Ce prétexte permet à Nathan Hill de retracer l'histoire d'une famille d'immigrés passionnante, au point que les 700 pages passées, on en redemande...
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Les fantômes du vieux pays

Dans la famille Andersen, je demande le grand-père. Un type pas très causant parti de sa Norvège natale dans les années quarante. Est-ce qu’il a trouvé une vie meilleure en Amérique ? Pas vraiment, car il a ramené ses démons avec lui. Les fantômes du vieux Pays comme il les appelle.



Dans la famille Andersen, je voudrais aussi la mère. Une fille un peu névrosée née dans le Midwest des années cinquante. Elle rêve de poésie et d’art, une gamine brillante qui dénote un peu au milieu de l’Amérique profonde. Un signe particulier ? Elle abandonne sa famille et disparait alors que son fils peine à rentrer dans l’adolescence.



Enfin dans la famille Andersen, je voudrais le fils. Samuel, notre narrateur principal. Pas vraiment un héro, plutôt le genre à rater sa vie. Il a failli trouver le grand amour, il a failli devenir un écrivain célèbre. Il aura surtout failli.



Samuel ne s’est probablement jamais remis de la disparition de sa mère à 11 ans. Alors quand celle-ci réapparait soudainement au début du roman en agressant publiquement le futur candidat aux élections présidentielles, notre narrateur essaie d’ignorer l’évènement. Malheureusement pour lui, les évènements vont le rattraper et lui forcer la main. Ils sont rancuniers les fantômes scandinaves.





Avec les Fantômes du vieux pays, Nathan Hill nous dresse une saga familiale avec ses secrets, ses traumatismes et ses mensonges. L’Amérique, ce nouveau pays apporte aussi son lot de fantômes pour compléter la toile de fond. Des manifestations étudiantes pour la fin de la guerre au Vietnam réprimées dans le sang à la crise financière des subprimes en passant par la guerre du Golfe ou les conséquences du 11 septembre, le roman étale un demi siècle de l’histoire des Etats Unis.



Le livre est divisé en dix chapitres. Chacun de plonge dans l’une des trois périodes clefs de l’histoire.

• Tout d’abord le temps ‘présent’, 2011. Le narrateur devenu adulte vit une situation professionnelle compliquée et l’agression du sénateur Packer le forcera à se plonger dans son histoire.

• En 1988, le narrateur ne le sait pas encore mais il vit sa dernière année avec sa mère. Il quitte l’enfance fait des rencontres qui le marqueront à vie.

• Il y a enfin l’année 1968, la mère du narrateur termine son année au lycée et s’apprête à partir pour Chicago et rentrer à l’université.



En dehors de la famille Andersen, on trouve des personnages forts et marquants. Difficile d’en dire plus sur l’intrique sans gâcher le plaisir du lecteur.



Pour un premier roman, je n’ose parler de chef d’œuvre. La postérité donnera son jugement bien plus tard. Par contre Nathan Hill nous a pondu un véritable page-turner comme on les appelle. Ce livre est comme un bol de cacahouètes, à chaque fois on en reprend ‘juste pour quelques pages’. Et puis soudain, le Nix saute au dessus de la falaise vers les flots déchainés et les rochers. Les 700 pages n’étaient plus que souvenirs me laissant avec un furieux sentiment de manque.



Ce livre aura très bien marché pour moi. Car à quelques mois près, j’ai l’âge du narrateur et de l’auteur. Dans le deuxième chapitre, j’ai retrouvé un peu du souffle de Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, un récit de l’enfance. Les références, notamment aux années quatre vingt ont baigné ma propre adolescence.



Pour conclure, je dois remercier les éditions Gallimard et Babelio qui m’ont donné l’occasion de découvrir une histoire captivante et ambitieuse ainsi qu’un nouvel auteur à suivre.



PS : Puisque la critique est facile, je vais essayer de cracher un peu de venin.

Même si j’ai beaucoup aimé ce livre, il y a quelques faiblesses qui ont parfois gâché mon plaisir. La plus grosse critique que je pourrais formuler concerne le caractère du narrateur et de sa mère. Ce sont les victimes des évènements et des agissements des autres personnages. Ils sont si peu acteurs de leurs propre vie que l’on en vient à se dire qu’ils méritent leurs malheurs. Cela se ressent le plus dans les dialogues. Les autres parlent et agissent, le narrateur écoute et subit.

La fin aussi est perfectible, l’auteur conclu toutes ses intrigues de manière assez scolaire. Un peu comme s’il s’agissait de terminer pour terminer. Quel dommage que le dernier point soit si final…
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Les fantômes du vieux pays

Année 2011. Samuel Anderson apprend par l'avocat de sa mère que celle-ci a agressé, par jet de petits cailloux, un candidat à la présidentielle, le gouverneur Packer. Grand étonnement pour lui car celle-ci a quitté le domicile familial quand il avait onze ans. le roman commence à partir de ces faits, ces disparitions et agression. Il alterne passé et présent, remontant les différentes branches de cet arbre inversé. le présent montre le consumérisme américain, les réseaux sociaux envahissants, le monde sans-pitié des éditeurs… L'auteur remonte jusqu'aux évènements de 68 avec le mouvement des hippies et la répression de Chicago.

Les fantômes du vieux pays, ce sont les Nix (titre original) : une légende racontée à Faye, la mère de Samuel par son père qui la marquera longuement. La narration du roman est un peu complexe mais logique dans son déroulement, même si je me suis demandée au début sur le pourquoi de la présence de Pwnage et Laura Pottsdam dans le récit. Par contre, j'ai aimé leurs questionnements et je me suis régalée à suivre leurs vies racontées par la plume pleine d'humour de Nathan Hill (surtout l'ultime partie de Pwnage dans le monde d'Elfscape !). Certains moments m'ont paru plus longs que d'autres mais ce roman est tout simplement exquis. Je l'ai lu en savourant l'écriture de l'auteur, qui sait alterner entre les sujets aussi bien que le ton adopté pour en parler (j'ai pensé parfois à John Irving en le lisant mais je n'ai qu'une référence à sortir, l'oeuvre de Dieu, la part du Diable).

La couverture m'avait attiré et le contenu ne m'a pas déçue ! Merci à Gallimard et Babelio pour cette très belle découverte, c'est un auteur que je suivrai assurément (je crois que c'est son premier roman).

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Les fantômes du vieux pays

Sa mère l’a abandonné alors qu’il avait 11 ans. Elle a disparu et n’a jamais donné la moindre nouvelle. Vingt ans plus tard, Samuel est devenu prof d’anglais dans une petite université. Il reçoit un coup de téléphone d’un avocat lui annonçant que sa génitrice a été arrêtée pour avoir agressé en public un candidat à la présidentielle. L’avocat lui demande d’écrire une lettre de soutien pour plaider sa cause. Hors de question pour Samuel, qui voit au contraire dans cette affaire une occasion de prendre sa revanche. Devant honorer un contrat avec un éditeur sous peine de se voir traîner en justice, il décide d’écrire un livre à charge sur cette mère indigne dont l’histoire passionne les médias. Pour mener son projet à bien il va devoir remonter le fil d’une destinée familiale mouvementée où subsistent beaucoup de zones d’ombres, quitte à réveiller quelques fantômes depuis longtemps endormis.



Un premier roman américain de plus de 700 pages qui nous emmène du Chicago d’aujourd’hui au New-York post 11 septembre, des émeutes étudiantes des années 60 à la Norvège des années 40. L’enfance de Samuel, son amitié avec Bishop balayée par la guerre en Irak, son histoire d’amour impossible avec Bethany la violoncelliste, la jeunesse de sa mère étudiante, le passé mystérieux de son grand-père, des personnages secondaires sur lesquels on s’attarde longuement comme Pwnage l’accro aux jeux en ligne ou la vicieuse Laura Pottsdam. Les fils narratifs se croisent, s’éloignent, se coupent subitement ou se rejoignent définitivement avec une virtuosité qui force l’admiration.



Un roman fleuve hyper construit et hyper maîtrisé. C’est drôle, cynique, terriblement lucide et sans la moindre illusion pour l’Amérique actuelle. Quelques bémols tout de même. Certaines longueurs (logique), les passages sur la jeunesse de la mère que j’ai trouvés moins passionnants et une ficelle romanesque avec le personnage du juge un peu trop grosse pour être totalement crédible. Mais je pinaille. Tomber sur un auteur de 39 ans capable de trousser un premier roman aussi ambitieux et aussi abouti ça n’arrive pas tous les jours alors autant ne pas bouder son plaisir.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Les fantômes du vieux pays

J’ai pu lire ce roman grâce à Babelio et aux éditions Gallimard que je remercie grandement pour cette découverte de la rentrée littéraire.

Quand j’ai reçu le roman, j’avoue avoir été un peu effrayé dans un premier temps par le poids de ce livre et ses 720 pages. Mais j’ai commencé doucement ma lecture. Une fois passés les quatre premiers chapitres et la découverte des différents personnages que l’on va suivre tout au long du récit, j’étais alors plongée dans l’histoire. Avec une écriture fluide, drôle et parfois crue l’auteur nous dresse un parfait portrait des protagonistes. Certains moments avec le personnage de Samuel sont hilarants.

Mais des passages de cruauté et de drames quotidiens contrebalance les moments drôle qui font sourire le lecteurs. Nathan Hill sait jouer avec les émotions de son lecteur sur plusieurs registres. Et c’est tellement agréable à lire.

Le récit central se passe en 2011 quand Samuel fait les recherches sur sa mère, Faye, ayant agressé un gouverneur. Mais l’auteur nous offre quelques retours en arrière pour mieux appréhender et comprendre les personnages. Ainsi on découvre la jeunesse de Samuel avant le départ de sa mère. Et au fil des recherches de Samuel, des bribes de la vie de Faye en 1968. Une mise en perspectives qui nous permet de mieux comprendre les agissements des personnages dans le présent.

Les Fantômes du vieux pays est donc un coup de coeur de la rentrée littéraire pour moi. J’ai adoré l’écriture de Nathan Hill. Et bien sûr sa traduction par Mathilde Bach. C’est une très belle découverte d’un premier roman qui nous plonge dans le quotidien aux Etats-Unis de plusieurs générations.
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Les fantômes du vieux pays

Le roman de Nathan Hill est une somme, le résultat d'une addition improbable mais réussie. L'ensemble débute est une féroce critique des médias contemporains. Au Etats-Unis, en 2011, le Gouverneur Packer, candidat à la présidentielle, est victime d'un "attentat". Du moins est-ce ainsi que les journaux télévisés qualifient le fait qu'une femme âgée ait jeté des poignées de gravillons sur le politicien alors qu'il traversait un parc. Faute d'informations fiables, la machine médiatique s'emballe, des "experts" s'expriment ad nauseam, des schémas expliquent de façon scientifique la trajectoire des projectiles, le passé de la vieille dame est fébrilement recherché et très rapidement, de raccourci en raccourci, elle devient CALAMITY PACKER, UNE HIPPIE EXTREMISTE,PROSTITUEE ET ENSEIGNANTE.



Ce portrait à charge est une caricature grossière pour faire le buzz,nourrir d'un brouet faisandé un public toujours plus avide de sensationnalisme et de réponses immédiates et simplistes. Faye Andresen-Anderson est jetée en pâture aux Américains, sans que son fils Samuel soit au courant de la situation. Sa mère a quitté le domicile conjugal, lorsqu'il avait 11 ans, l'abandonnant ainsi que son père Henri. Elle est partie sur la pointe des pieds, en catimini, sans fournir la moindre explication. Depuis, le garçonnet est devenu une trentenaire assez solitaire, professeur de littérature à l'université et membre d'une guilde sur le jeu en ligne Elfscape.Il juge son métier tel qu'il doit le pratiquer débilitant, essaie depuis dix ans d'écrire un roman et éprouve le sentiment de passer à côté de son existence.



Un appel de l'avocat de sa mère va le sortir de la routine dans laquelle il s'est enlisé. Simon Rogers veut qu'il rédige une lettre en faveur de Faye. Comment accorder une faveur à celle qui a fui, la seule à savoir calmer ses innombrables chagrins d'enfant, ses crises de pleurs de catégories 1 à 4, sa sensibilité d'écorché vif ? Plutôt crever ! Ce non catégorique va être bouleversé par une donne inattendue. Samuel a perçu, dix ans auparavant, une très forte somme pour un roman jamais écrit. Guy Periwinkle, son éditeur, le menace de poursuites en justice s'il ne lui fournit pas le travail demandé. Pourquoi alors ne pas rédiger une biographie assassine de sa mère ? Solder en quelque sorte ses comptes, avec la maison d'édition et surtout avec Faye. Comme un saumon qui remonte la rivière, il va explorer le passé de sa mère et cette démarche l'amènera encore plus loin, sur les traces de son grand-père,qui a quitté sa Norvège natale durant la Seconde Guerre Mondiale. Et si les gravillons balancés à la face du Gouverneur Packer trouvaient leur explication dans cet exil, dans les fantômes qui l'ont suivi aux Etats-Unis ?



Nathan Hill nous raconte la vie des trois générations d'Andersen, la façon dont Frank ( avant Fridtjof) a influencé le cours de l'existence de Faye , qui à son tour, a imprimé sa marque sur celle de Samuel. Ce roman nous parle des liens entre parents et enfants, des chemins que l'on emprunte dans la vie en fonction des drames, des carences affectives, des malentendus survenus durant l'enfance. L'auteur ne néglige pas non plus le rôle déterminant de l'époque dans laquelle les personnages ont grandi avec pour chacun une date déterminante : 1940,1968, 2001.



Si la famille Andersen est au coeur du livre, les personnages qui gravitent autour d'elle sont aussi très intéressants. Représentatifs de notre époque, deux d'entre eux, incarnent, tout en restant crédibles, des dérives actuelles: Pwnage, l'accro au jeu en ligne ou Laura Pottsdam, étudiante et tricheuse invétérée. Cette dernière, sans avoir le QI d'Einstein, a compris toutes les failles du système et les exploite sans aucune vergogne, élevée par une mère pour laquelle la fin justifie tous les moyens. Ces portraits,extrêmement caustiques, ne sont les seuls à accrocher le lecteur. Nathan Hill fait exister un myriade d'individus, trouvent toujours les mots justes, les détails pour les rendre vivants.



Critique acerbe des Etats-Unis, roman initiatique, fresque historique, ce roman-somme cache encore un atout majeur. Non content de dresser le tableau d'une certaine Amérique, Nathan Hill parvient encore à donner une autre dimension à son histoire. Derrière les faits, les interactions entre les protagonistes, le lecteur devine la présence de très anciennes divinités nordiques. En coulisses, entre les lignes, elles tirent peut-être les ficelles et le roman se pare d'irrationnel.



Une merveille



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Les fantômes du vieux pays

Lecture JUBILATOIRE. J’ai tourné chacune des 700 pages en frémissant d’excitation, rien n’est creux dans ce roman, même la plus petite anecdote est utile, les personnages ont du caractère sans être caricaturaux, c’est du très grand travail, un roman extrêmement abouti, sociologique et transgénérationnel. Une grande lecture que l’on peut conseiller à tous !
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Les fantômes du vieux pays

Tout d'abord un grand merci à Gallimard et à Babelio pour m'avoir permis de découvrir Les fantômes du vieux pays. Une vraie merveille.



"Un psychodrame mère/fils avec des fantômes et de la politique mais aussi une tragicomédie sur la colère et la moralisation en Amérique." Ce résumé de Les fantômes du vieux pays (The Nix, en V.O), le premier roman de Nathan Hll, est signé de John Irving qui a adoré le livre. Il n'est pas le seul et il est vraisemblable que de nombreux lecteurs français vont tomber à leur tour en amour devant ce prodigieux tour de force, soit 700 pages gorgés d'aventures et de sentiments "larger than Life". Samuel est le pivot du roman, un professeur d'université qui passe ses nuits dans la peau virtuelle d'un elfe au coeur d'un jeu vidéo obsédant. Sa mère a abandonné le cocon familial quand il avait 11 ans et il ne s'en est jamais vraiment remis. Quant à l'amour de sa vie, rencontré à l'enfance, il l'a perdu. Et voici que sa mère fait les gros titres de l'actualité pour une "agression" contre un candidat potentiel à la présidence des Etats-Unis. Inutile d'en dire plus, Les fantômes du vieux pays est d'une telle opulence narrative qu'il serait criminel et stérile d'en dévoiler davantage. Il faut juste savoir qu'il s'agit du Grand Roman Américain dans toute sa splendeur, prodigieux par la richesse psychologique de ses nombreux personnages, ébouriffant pour ses changements de ton, époustouflant dans ses dialogues souvent hilarants, remarquable par sa construction et ses longues digressions, qui n'en sont pas vraiment puisque partie de cette fabuleuse mosaïque qui prend en compte 50 ans d'histoire américaine, avec en bonus une évocation de la Norvège de 1940. Equilibriste, Nathan Hill passe d'un personnage à l'autre, d'une époque à la suivante avec une agilité déconcertante. Il y a plus d'une scène marquante, l'acmé se trouvant dans le "reportage" sur la grande manifestation de Chicago en 1968. Des hippies de ces années-là aux geeks d'aujourd'hui, en passant par des étudiants, des flics, des publicitaires, etc, l'auteur cartographie socialement un pays et une société soumis à des convulsions récurrentes et dominés par une moralisation de la vie de ses citoyens de plus prégnante. le livre est éminemment politique, oui, militant d'une certaine façon contre des forces qui ont de tous temps, mais plus que jamais de nos jours, tenter de raboter les libertés individuelles et collectives à commencer par celle de penser. Dense, intense et d'une humanité fragile et fébrile, Les fantômes du vieux pays est digne de tous les éloges et, plus important, se doit d'être lu par tous les amoureux de la (grande) littérature. Celle qui enthousiasme et fait frissonner de bonheur.

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Les fantômes du vieux pays

Un grand merci à Babélio et aux éditions Gallimard pour m'avoir offert ce magnifique roman.

Il y a quelques jours, sur France-inter, une critique littéraire a conforté mon enthousiasme en comparant la lecture de cet ouvrage à "une bulle de bonheur".

les 700 pages de cet ouvrage ne peuvent se résumer. Elles débordent d'histoires d'amitié, d'amour, de bonheur, de mélancolie... de vie tout simplement. Elles nous baladent du présent au passé et du passé au présent dans une Amérique contemporaine. Nous y croisons de nombreux personnages sortis de l'imagination de l'auteur (les plus nombreux) ou réels notamment le poète Allan Ginsberg, le politique Hubert Humphrey, le journaliste Walter Cronkite.



- 1968 Faye est étudiante à Chicago. Après avoir participé, un peu involontairement, aux affrontements extrêmement violents entre les manifestants et les forces de l’ordre à l'occasion de la convention démocrate, elle revient chez ses parents et accepte d'épouser Henri, le père de Samuel.

- 1988, au moment où sa mère l'abandonne, Samuel noue une amitié, qui aura une influence sur sa vie, avec Bischop et sa sœur jumelle Bethany.

- 2011, professeur dans une université, il passe une partie de ses nuits à jouer en ligne au monde d'Elfscape sous le contrôle de Pwnage, expert en jeu vidéo.

- 2011 Faye lance des pierres sur un candidat à la présidentielle. Elle sera surnommée par la presse Calamity Packer. Samuel, qui rêve d'être écrivain, propose d'écrire un livre à charge sur sa mère.

Et nous, heureux lecteur, allons le suivre dans la reconstitution de sa vie. Il découvrira que sa mère est une personne très complexe. Son éditeur lui confiera "ta mère, c'est le genre de personne qui ne se sent nulle part chez elle, où qu'elle se trouve..... quitter chez elle, c'est une seconde nature".



Dans son ouvrage, outre l'amitié, l'amour et les relations familiales, l'auteur aborde d'autres questions. Graves comme la pédophilie, la mort des soldats américains pendant la guerre d'Irak, la très grande violence de la répression à Chicago en 1968 suite aux manifestations des hippies contre la guerre du Vietnam, le machisme de certains hommes notamment ceux dénommés "les oncles" pendant la retransmission des manifestations de Chicago, plus légers comme le comportement des joueurs de jeux de rôle en ligne, l'attitude de certains étudiant à l'encontre de leurs professeur sous prétexte que leurs parents paient cher les universités, amusant comme l'éducation donnée dans les années 1960 aux jeunes filles pour "répondre à l'attente des maris" sur l'hygiène féminine et la propreté domestique.



Le style de Nathan Hill , fluide avec alternance d' humour et de sérieux, a séduit et passionné la lectrice que je suis. Il en séduira, j’en suis sûre, beaucoup d'autres.

Babélio et Babéliote plongez-vous rapidement dans cette "bulle de bonheur".







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Les fantômes du vieux pays

Tout commence par un fait divers où un candidat, réactionnaire et populiste, à la présidentielle américaine, est agressé pendant un meeting par une femme de l’assistance. Le professeur et écrivain Samuel Anderson apprend qu’il s’agit de sa mère, Faye Andresen-Anderson, qu’il n’avait pas revue depuis l’âge de onze ans. L’avocat de sa mère lui propose d’écrire une lettre pour appuyer sa défense, mais l’éditeur de Samuel va avoir une idée quelque peu différente. Ils sont appelés, de toute façon, ce que le fils ne souhaite absolument pas, à se revoir. Les retrouvailles sont forcément lourdes de non-dits entre Samuel et Faye, les sentiments ambivalents de l’enfant abandonné se heurtant au silence de sa mère sur sa vie ponctuée de fuites.

Où le comportement de Faye trouve-t-il son origine ? Dans sa jeunesse auprès d’un père renfermé, dans ses origines scandinaves, dans la façon dont elle a vécu les événements de 68 à Chicago ? Samuel, de gré ou de force, se trouve obligé d’enquêter sur celle qui l’a abandonné.



Le style, assez original, est ponctué de dialogues vivants et crédibles, et d’énumérations chamarrées qui en disent plus que d’habiles descriptions. La traduction doit être à la hauteur du texte, car elle ne se fait pas remarquer. Quant à la forme du roman, elle peut sembler brouillonne, mais on sent que l’auteur sait où il va, qu’il se délecte à retarder au maximum certaines révélations pour pousser à tourner les pages. Les retours sur l’enfance et la jeunesse de Faye apportent progressivement des réponses, de même que des épisodes de l’enfance de Samuel, ces derniers étant plus « dispensables » à mon avis. Le point fort de ce roman réside dans les rapports mère-fils, vus par les deux protagonistes, mais d’autres thèmes s’y mêlent.



Il y aurait beaucoup à dire, j’en ai suffisamment dévoilé, mais il y a en quelque sorte plusieurs romans en un seul, et chacun en trouvera au moins un qui lui parle. Pour un premier roman, il est remarquable, et regorge de thématiques et de situations qui s’éloignent du déjà-vu, même pour qui a dévoré pas mal de romans américains. Le personnage de la mère est incontestablement intéressant, celui de Samuel plus habituel dans son rôle de professeur et d’écrivain qui se cherche. D’autres personnages ajoutent des touches d’humour, ou de romantisme, et permettent d’ausculter la société américaine contemporaine. Je ne crierai pas au chef-d’œuvre, il ne faut rien exagérer, mais un bon livre difficile à lâcher ne se croise finalement pas tous les jours, non ?

Ce roman foisonnant plaira aux amateurs de Jonathan Tropper, pour l’ironie douce-amère, Jonathan Franzen, pour la profusion, ou Steve Tesich pour le roman de formation, (j’ouvre une parenthèse pour m’étonner moi-même de le comparer à des romans que je n’ai pas adorés, bien au contraire… et je ne sais pas ce qu’il faut en déduire) mais je ne jetterai pas la pierre (le pavé) à ceux qui préféreront le lire en poche ou sur liseuse !
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Les fantômes du vieux pays

J'avais déjà repéré ce livre chez les anglo-saxons et j'étais déjà très tentée… Dès les premières pages, j'ai su que j'allais aimer ce roman, je ne savais pas pourquoi mais c'était une évidence. Il y a des romans qui vous embarquent tout de suite. Malgré ses 720 pages, ce fut une lecture fluide, jubilatoire, étonnante avec des personnages que l'on aime détester et que l'on déteste aimer et une intrigue qui entraîne le lecteur à travers les méandres de l'histoire et de la société américaine.



Les personnages sont particulièrement bien travaillés, l'auteur s'attache à mettre en place une évolution psychologique de chacun d'eux en fonction de l'avancée de l'histoire et de ses rebondissements. Samuel le personnage principal m'a vraiment intéressé, il traverse l'intrigue avec une sorte de nonchalance inquiète assez surprenante que j'ai beaucoup aimée.



J'apprécie beaucoup les romans qui semblent partir dans tous les sens pour finir par former un tout cohérent et pensé. Ce qui est le cas dans ce livre. Les premiers chapitres peuvent sembler déroutants, car l'on passe d'un personnage à un autre, sans trop comprendre où l'auteur veut en venir, mais le lecteur devine que chacun aura sa place et son rôle à jouer et par la suite on navigue d'une époque à une autre avec la même aisance. du passé au présent, de la grande à la petite histoire, du fait divers à la tragédie, l'auteur décrit de façon tendre et caustique la vie de Samuel, professeur désabusé qui s'échappe de son morne quotidien dans un jeu de fantasy en ligne jusqu'au jour où un coup de téléphone vient bouleverser sa routine et le ramène des années en arrière au milieu des souvenirs de son enfance, de ses premières amours et de Faye, cette mère qui semblait si détachée de tout....





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Les fantômes du vieux pays

Je souhaite tout d'abord remercier Babelio et les éditions Gallimard de m'avoir permis de découvrir cet ouvrage.

C'est le premier roman de cet auteur célébré aux Etats Unis lors de sa sortie, à juste titre.

J'ai adoré ce livre que j'ai complètement dévoré. Difficile de s'arrêter tellement la lecture en est addictive.

Nous sommes plongés tour à tour dans l'enfance de Samuel avant que sa mère ne les quitte, puis dans l'aventure de sa mère Faye à Chicago, le tout en passant du présent au passé.

L'écriture de l'auteur (et la traduction ensuite) est merveilleuse, c'est fluide tout en étant précis, percutant et amusant. Il nous embarque dans son récit, passe du présent au futur, d'un personnage à l'autre, sans jamais nous perdre. Ponctué de moments clés qui nous donnent envie de continuer pour avoir le fin mot de l'histoire, ce livre est un vrai plaisir de lecture, et une vraie réussite pour son auteur. Quel excellent premier roman!

Je suivrai dorénavant Nathan Hill avec intérêt!
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