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Critiques de Nathan Hill (177)
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Les fantômes du vieux pays

J’évoquais il y a peu une frénésie de lecture favorisée par une météo pluvieuse m’imposant de longs et réguliers trajets en transports en commun. Pour réduire un peu le rythme (et ne pas me retrouver avec des dizaines de billets à rédiger), j’ai sorti de mes étagères ce pavé qui y dormait depuis plusieurs années, et auquel certains lecteurs avaient de mémoire reproché quelques longueurs…

Je l’ai dévoré…



Alors oui, c’est dense. Mais ça l’est délicieusement, à la manière de ces romans dans lesquels on s’installe, pris dans la richesse d’une trame dont la construction est parfaitement orchestrée, embarqué aux côtés de personnages à l’inverse imparfaits, ce qui les rend d’autant plus palpables et attachants.



Samuel Anderson est professeur littérature dans une petite université de Chicago. Sa vie est empreinte de l’insignifiante morosité qu’exsudent les discrets et les invisibles, de ceux qui se font passivement doubler dans les files d’attente et se sont construits sur leurs seuls regrets. Il n’a ainsi pas fait le deuil d’un amour adolescent qui ne s’est d’ailleurs jamais concrétisé, et s’il a eu un bref succès avec une nouvelle de jeunesse, il a laissé en friche le projet de roman que lui avait commandé un éditeur. Son métier même lui semble dépourvu de sens. A quoi bon faire lire Shakespeare à des étudiants à l’égo surdimensionné qui ne courent qu’après l’argent facile, à qui l’école n’a appris qu’à rester assis derrière un écran en faisant semblant de travailler, et qui préfèrent consacrer leur temps et leurs capacités intellectuelles à inventer de complexes subterfuges pour obtenir leur diplôme en trichant, plutôt que de les gaspiller à lire de vieux auteurs qu’ils jugent inutiles et ennuyeux ?



La réapparition inattendue de sa mère, partie un beau matin une valise à la main pour ne plus jamais donner de nouvelles à son époux et à son fils de dix ans, vient briser sa morne routine. En agressant, lors d’une réunion publique, un gouverneur candidat à la présidence des Etats-Unis, Faye s’est exposée à la vindicte médiatique, et par la même occasion au regard de ce fils abandonné trente ans auparavant. Alors qu’il avait enfin cessé de la chercher en permanence, Samuel se voit contraint de rencontrer celle qu’il était parvenu à réduire à l’état de souvenir endormi et silencieux. Non qu’il ait souhaité ces retrouvailles, mais sommé par son éditeur de rembourser l’avance touchée -et depuis longtemps dépensée- pour un roman inexistant, il lui propose d’écrire un récit sur cette mère défaillante qui fait le buzz.



A partir de cet épisode qui initie et charpente l’intrigue, cette dernière digresse, remonte le temps, traverse à l’occasion un océan, et nous familiarise avec d’autres personnages équitablement pourvus en densité. Il y a Pwnage, roi de la procrastination atteint d’une sévère addiction aux jeux vidéo, refuge qui lui évite affronter la dimension imprévisible et déceptive de la vie mais qui le rend peu à peu obèse et inadapté au monde réel ; il y a les jumeaux Bishop et Bethany, rejetons d’un père richissime dont le premier s’emploie dès son plus jeune âge à expérimenter toutes les insolences pendant que la seconde se consacre au violon ; il y a Laura Pottsdam, l’insupportable étudiante qui a juré de se venger de l’intransigeante intégrité de Samuel…



Et puis il y a Faye, énigme que Nathan Hill s’emploie à dévoiler très progressivement, en explorant les traumatismes a priori anodins et pourtant déterminants de l’enfance avant de nous immerger dans l’effervescence libertaire de l’année 1968.



L’ensemble est plombé de la mélancolie, voire de la souffrance, qui habite les héros, et fait écho au triste constat que dresse l’auteur de l’état de la société dans lequel ils évoluent. Car s’il étrille les faiblesses de ses protagonistes -leurs arrangements fallacieux avec leur conscience, la décorrélation entre leurs actes et leurs principes, leur propension à tomber amoureux de ce qui les rend malheureux…- et semble prendre un malin plaisir à n’évoquer que des relations familiales toxiques, sa plume se fait d’autant plus féroce qu’elle fustige l’iniquité et les absurdités d’un système menant à la déroute et à l’appauvrissement, qu’il soit matériel, moral ou intellectuel.



Il dépeint un monde moderne épuisant et spirituellement débilitant, peuplé d’individus engouffrés dans la course à l’argent, focalisés sur leur soif de possession, suivant les commandements répétitifs, infantilisants et paranoïaques, d’une Amérique hantée par la conviction que les autres sont des ennemis, et qui voudrait leur faire croire qu’il s’agit là d’un principe vital et galvanisant. Les médias participent pour beaucoup à alimenter cette mécanique en rabâchant des informations insipides, faisant du détail un événement et accumulant, dans leur quête de sensationnalisme et de manipulation de l’opinion, spéculations et hypothèses spécieuses. La littérature elle-même n’échappe pas au bulldozer de la marchandisation. Entre les mains de multinationales, l’édition est vouée au profit, à l’utilitaire.



Mais ne vous méprenez pas, "Les fantômes du vieux pays" est aussi et surtout un texte très drôle, par son sens de la formule, son ton grinçant et profondément cynique, mais également par le comique de situation qu’amène la dimension pathétique et subtilement caricaturale dont l’auteur dote ses personnages, insufflant à son texte, même quand le propos est dramatique, une cocasserie fort réjouissante.



J’ai adoré !
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Les fantômes du vieux pays

Extraordinaire récit d'un abandon filial. A travers le parcours de Samuel et de ses névroses, s'écrit petit à petit l'histoire de sa mère Faye, tragique, épique et finalement cathartique. Un portrait époustouflant des fragilités, des travers et des quêtes de chacun, entre abandon, fuite, acceptation et résilience. Bouleversant !
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Les fantômes du vieux pays

Ce roman fait parti de ceux que l'on adore ou qui nous laisse sur notre faim.

Tout était pourtant réuni pour une belle réussite. L'intrigue est bonne. Particulièrement bien amenée dès le début du roman. Le personnage de Samuel est très drôle. J'ai ri des le début. La lecture était très agréable jusqu'au milieu du roman ou j'ai eu envie d'en venir au fait et de comprendre l'histoire de Faye.

Au lieu de cela l'auteur se perd dans des détails dès plus ennuyeux...que j'ai passé à coup de dizaines de pages..Alice m'a réveillé dans cette lecture. Son personnage est la clé de cette histoire. On enchaîne les clichés américains, les manifestations, les protestations contre la guerre au Vietnam et les conspirations politique dans une chronologie certes intéressante.

La révélation de fin aurait également puis être un chef d'œuvre s'il ne tombait pas dans le pathos dramatique de l'américain en quête de sens.

Une grande déception donc.



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Les fantômes du vieux pays

Les fantômes du vieux pays est une critique plutôt classique mais cinglante des US. Tout le monde en prend pour son grade : la guerre en Irak, les banlieusards, les nerds et l'inventeur des surgelés. Malheureusement, j'ai trouvé le divertissement inégalement réparti, certains passages paraissent tristement ennuyeux mais seulement par contraste avec ceux qui sont pertinents et mordants. En globalité le style est réjouissant et j'ai corné des pages, signe que j'ai vraiment été touchée.
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Les fantômes du vieux pays

Voyage au cœur de l’Amérique

Ce gros pavé (960 pages !) trainait dans ma bibliothèque depuis un bon bout de temps ! Je suis enchantée de l’en avoir enfin sorti car c’est un sacré bon bouquin ! Je peux même dire que cela faisait bien longtemps que je n’en avais pas lu un aussi réussi sur la société américaine, des années 60 à 2011…

Tout commence en 2011 lorsqu’une femme d’une cinquantaine d’années jette des cailloux sur le gouverneur Packer, futur candidat à la présidence des Etats-Unis, dans un parc de Chicago, le blessant sérieusement à un œil. Pourquoi un tel acte ? Et qui est cette femme, Faye Andresen-Anderson, bientôt surnommée Calamity Packer par les médias qui s’emparent de cette affaire à fort potentiel ? Tout le monde est passionné par cette histoire montée en épingle, tout le monde ou presque car Samuel Anderson, fils de Faye, est passé complètement à côté de cette information qui pourtant, tourne en boucle sur toutes les chaînes de télévision. Et pour cause ! Samuel professeur de lettres dans une petite université de l’Illinois passe tous ses loisirs sur son ordinateur (au moins quarante heures par semaine) où il joue au Monde d’Elfscape, devenant « Dodger le voleur Elfique », se livrant à des raids pour tuer un ennemi hautement dangereux, avec une guilde de gamers anonymes. Il faut dire que Samuel s’ennuie ferme dans son boulot de prof sous-payé, tentant d’enseigner Shakespeare à des étudiants au mieux apathiques, au pire abrutis, qui n’assistent à ses cours que pour valider certaines options de leur cursus, et qui trichent de manière éhontée… Samuel a une autre passion : la littérature. Il est écrivain, ou du moins, il aime à penser qu’il l’est : l’une de ses nouvelles a été publiée dans un grand magasine, un éditeur l’a remarqué et lui a fait signer un contrat avec un énorme à-valoir dans l’attente de son prochain roman… Roman qu’il n’a toujours pas écrit… Alors, quand l’éditeur en question lui propose d’écrire un livre sur Calamity Packer, Samuel n’hésite pas longtemps. Sauf qu’il n’a pas vu sa mère depuis plus de vingt ans, lorsqu’elle l’a abandonné, lui et son père, comme ça, du jour au lendemain. Samuel avait onze ans, et il ne s’en est jamais tout à fait remis… Pour écrire ce livre, il devra partir sur les traces de Faye Andresen, adolescente dans une petite ville d’Iowa, étudiante à Chicago en 1968… Découvrir qui était sa mère pourrait même l’aider à renouer le contact avec elle, et qui sait, l’aider lui-même ?

Ce roman est un voyage en forme de puzzle au cœur de l’Amérique des années 60, une fresque qui revient sur les évènements survenus en 1968 aux Etats-Unis, et notamment à Chicago, les grandes manifestations contre la guerre du Viet-Nam, l’émancipation des femmes notamment et qui met en pleine lumière toutes les contradictions et les ambigüités de la société américaine (bien-pensant et conservateur, puritanisme, religiosité –préfigurant parfaitement l’Amérique de Trump-, les racines européennes –ici la Norvège- mais aussi le côté protestataire et libertaire des années hippies, en fait tout ce qui a construit les Etats-Unis).

Au-delà de l’histoire de Faye et de Samuel, j’ai beaucoup aimé les personnages « annexes » : Bishop l’ami d’enfance de Samuel, Pwnage le chef de la guilde des Elfes sur Elfscape, Laura l’étudiante de Samuel (personnage très stéréotypé mais ô combien représentatif de notre société que j’ai adoré détester !) le père de Faye, arrivé de Norvège au début des années 40 avec tout un tas de fantômes, Alice que Faye va rencontrer sur le campus en 1968, Charlie Brown (non, pas celui auquel vous pensez !) et Sebastian… L’auteur leur donne une vraie consistance, et tous auront une importance cruciale.

Nathan Hill a parfaitement su mêler la fiction à l’Histoire, et son roman (son premier !) se lit presque compulsivement…

960 pages ? vraiment ?

Magistral.

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Les fantômes du vieux pays

Une lectrice dont j'apprécie fort les avis m'a conseillé Nathan Hill les fantômes du vieux pays. J'ai commencé avec entrain les 953 pages de l'édition de poche un jour de panne d'électricité (à la lampe frontale) et avec d'autant plus d'appétit que je devais le rendre rapidement.

Les travers de la société américaine, les années 68 vues par le fils d'une étudiante soixante-huitarde, la vie des hyper-riches ou hyper-doués, les dérives pédophiles de certains éducateurs, l'habileté du fil narratif (cousu de fil blanc), tout cela m'a laissée dans le profond ennui de visions stéréotypées sans aucun intérêt (malgré l'abondante documentation que l'auteur cite dans ses remerciements).

Il n'y a qu'un personnage digne d'intérêt, c'est l'étudiante menteuse, paresseuse et perverse qui réussit à faire virer son prof.

Faîtes comme vous voulez, si vous n'avez rien d'autre à faire.
Lien : https://www.lesmotsjustes.org
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Les fantômes du vieux pays

Ouf, je l’ai enfin fini. Je suis très mitigée par cette lecture.

Ce roman est troublant. On passe d’un chapitre passionnant à un chapitre descriptif d’une longueur inutile avec des répétitions bien lassantes.

J’ai accroché à cette histoire rocambolesque surtout pour savoir comment l’auteur s’en sortait.

En fait, j’étais tellement lassée que j’ai survolé cette conclusion en pensant que cette surenchère de situations problématiques étaient vraiment inutile.

En tout cas OUF ! et au suivant !







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Les fantômes du vieux pays

Les fantômes du vieux pays de Nathan Hill (titre original : The Nix) a reçu le prix de la révélation étrangère 2017 par la magazine Lire ainsi que le prix Art Seidenbaum pour la première oeuvre de fiction 2016. C'est amplement mérité !



Très bien écrit, les chapitres sont parfaitement construits, on suit une construction littéraire classique : deux personnages principaux et des sauts dans le passé de chacun nous permettant, peu à peu, de comprendre l'histoire personnelle et nous rapprochant de la quête de notre protagoniste.



Tout débute par un scandale : une femme âgée d'une soixantaine d'années attaque un gouverneur, en passe de se présenter à la campagne présidentielle. Or, cet incident qui aurait pu passer inaperçu a été filmé et est largement diffusé et fait le buzz dans les médias.

Puis nous découvrons Samuel Anderson, un professeur d'université, certainement trentenaire (peut être quadra), un peu quelconque, ne baignant pas dans la réussite mais bien installé dans sa vie, se posant des questions sur son métier, les jeunes très peu intéressés par ses cours et lui-même, jouant tous les soirs à un jeu en réseau. Ce n'est pas un loser, c'est un personnage quelconque, on s'y attache car forcément, il ressemble à chacun d'entre nous. Nous apprenons ainsi qu'il a été abandonné par sa mère à l'âge de onze ans. Puis une révélation surgit (et non, je ne vous spoilerai pas) et le voilà embarqué dans une enquête sur sa propre mère, pour chercher à comprendre, avec en toile de fond l'Amérique des années 60, les manifestations de 68 et l'atmosphère qui s'y rattache.



Comme vous vous en doutez, le second protagoniste est sa mère que nous découvrirons plus tard et je préfère vous garder la surprise... Mais voilà le centre du sujet du livre : la rencontre d'un fils et de sa mère, vingt ans après qu'elle soit partie. Que s'est-il passé ? Pourquoi est-elle partie ? Va-t-on réellement avoir une réponse à cette question ? Les questions autour de la parentalité, des relations mère-enfant, sujet si tabou dans la société actuelle en soulèvent de nombreuses autres.



Le suspens est donc bien au rendez-vous !





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Les fantômes du vieux pays

Samuel Anderson, professeur de littérature est dans une mauvaise posture au sein de son université, face à une étudiante bien décidée à se défendre face à ses accusations de tricherie.

Perdu dans sa vie professionnelle, mais aussi personnelle, il découvre pourtant avec stupeur que sa mère a agressé en public un homme politique candidat à la présidentielle.

Or, sa mère l'a abandonné lorsqu'il avait 11 ans. C'est donc sans vergogne qu'il propose à son éditeur, en passe de l'assigner au tribunal pour non respect de contrat, d'écrire sur elle et peut-être régler son solde de tout compte.

Le voilà donc plongé dans son histoire familiale et celle de sa mère afin de comprendre son geste public - l'agression - mais aussi son geste privé - l'abandon de son fils.



Ce livre est en tout simplement brillant. Brillant dans le jeu des personnages. Brillant dans l'écriture. Brillant dans la construction. Brillant dans la narration.



Nathan Hill réussit avec brio les transitions : de l'insurrection étudiante des années soixante à la description des effets de réseaux sociaux, en passant par l'évocation d'une vie de looser ayant pourtant coché toutes les cases de l'apprentissage.



Ce n'est pas un "roman chorale" et cependant, chaque personnage, même secondaire, est réellement traité. Et chacun de ces personnages apporte une pièce au puzzle. Alors, certes, le puzzle est un peu dense, mais quel plaisir d'aller au bout.



Un coup de coeur absolu pour un roman magistral. Oui. N'ayons pas peur des superlatifs.
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Les fantômes du vieux pays

J'ai énormément apprécié cet ouvrage pour trois raisons : la plume de l'auteur qui est très agréable, l'histoire qui se déroule entre la fin des années 60 et les années 2010. Les personnages qui sont absolument incroyables. je vais revenir plus en détail sur ces trois éléments.



La plume de l'auteur : elle est très fluide. Il alterne avec beaucoup de réussite les passages dans le présent (année 2011) et le passé. Il alterne également les moments poignants tout en émotion, et les moments plein d'humour. Il y a des passages qui sont extraordinaires, à se tordre de rire (l'étudiante qui explique à Samuel pourquoi elle a triché à un devoir est à mourir de rire). Il y a des passages plus poignants où l'on a la larme à l’œil.



Le récit qui se déroule sur une double temporalité est passionnant. Samuel, écrivain et enseignant dans une université, part à la recherche de sa mère qui l'a abandonnée jeune et de son passé pour comprendre cet abandon. Tout cela est amené avec cette double temporalité, et des retours dans le passé qui se raccroche souvent à des éléments historiques. Les allers et retours s'enchaînent parfaitement, c'est fluide et on sait toujours parfaitement où on en est.



Les personnages sont très attachants, que ce soit les personnages principaux : Samuel et sa mère, aux personnages secondaires. Aucun ne peut nous laisser indifférent. C'est un roman très immersif avec des personnages hyper attachants.



Ces trois éléments réunis et mélangés donnent un roman qui se lit très bien malgré sa longueur (950 pages en version poche). La lecture est hyper addictive et on a du mal à le poser, je l'ai lu en 10 jours, ce qui pour moi est du jamais vu.



Vous l'aurez sans doute compris, on est dans une saga familiale qui se passe au États-Unis entre les années 1968 et 2011. Dans la quête du passé de sa mère et de la compréhension de son abandon, Samuel va devoir faire face à beaucoup de secrets de famille qu'il va découvrir petit à petit, ce qui va bouleverser sa propre vie et amener une remise en question extrêmement profonde.



On va également revivre l'histoire des Etats-Unis de la période hippies à la fion des années 60 jusqu'au monde de la finance à outrance du début des années 2000. C'est extrêmement intéressant. Et ce récit s'appuie sur de éléments historiques qui se sont réellement déroulé même si tout ça reste un roman. On retrouve également des personnages qui ont réellement existé tel Allen Ginsberg, célèbre poète de la Beat Generation même si l'auteur a pris là aussi quelques liberté avec la réalité.

On ressent bien aussi à travers ce récit une critique de l'évolution de la société américaine. C'est très bien amené et très bien fait.



C'est, sauf erreur de ma part, le premier roman et seul roman à ce jour de l'auteur. C'est réellement un coup de maître et j'espère qu'il va récidiver. Et croyez moi je serai de ceux qui se précipiteront dessus.

C'est un ouvrage à lire sans réserve et à la portée de tout le monde. Sa longueur ne doit surtout pas vous arrêter tellement sa lecture est fluide et addictive, vous ne verrez plus le temps passer.
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Les fantômes du vieux pays

Très longtemps que je n’avais pas lu un si gros pavé ! que j’ai dévoré.

Pourtant, ça n’était pas gagné dès le début, un style assez banal, de très longues tirades sur des sujets qui semblent annexes (la discussion prof/élève, le description minutieuse d’un jeu en ligne…).

Pourtant assez vite tout se met en place, on passe d’une époque à l’autre, d’un personnage à l’autre, et l’ouvrage se révèle finalement être un immense puzzle qui s’assemble petit à petit pour ne former qu’une seule et même histoire.

En filigrane une réflexion sur l’importance des choix que nous faisons à certains moments et influencent le reste de notre vie (doit-on céder à la passion ou à la raison ?).

Un seul petit bémol : j’ai trouvé la description de la manif de 68 très longue.

Au final, un livre très attachant par l’intelligence de sa construction, au style qui se laisse oublier.
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Les fantômes du vieux pays

L'entame du match s'avère plutôt accrocheuse avec ce prof adepte de jeux en ligne et sa mordante confrontation générationnelle avec une de ses élèves.

La suite se laisse lire avec des hauts et des bas mais surtout pas mal de longueurs.

Dans la pure tradition de l'école américaine du roman, l'auteur utilise un drame familial capillotracté pour nous servir une autoflagellation nationale aussi molasse que convenue.

Qui trop embrasse mal étreint, Hill multiplie les sujets, il s'éparpille et nous lasse.

Sur plus de 900 pages!

Je rassure John Irving, Nathan Hill braconne ici un peu sur ses terres sans le mettre en danger.



Fait très rare après une lecture, Hill m'a laissé avec l'impression d'avoir perdu mon temps.

Pour couper court à ce spleen soudain, son regretté homonyme, le bien nommé Dusty Hill, bassiste et épisodiquement chanteur de ZZ Top m'a opportunément ragaillardi au son du croustillant "Party on the Patio".





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Les fantômes du vieux pays

Samuel est professeur d'université, écrivain raté et joueur compulsif sur une plateforme en ligne. Son éditeur menace de le poursuivre pour non remise de manuscrit, mais Samuel lui propose une nouvelle idée : un livre à charge contre sa propre mère. Faye Andresen-Anderson a en effet agressé le gouverneur républicain Sheldon Packer, passant en un jet de cailloux d'une parfaite inconnue à une pasionaria pacifiste, ou à une terroriste au passé trouble, selon les points de vue. Plus que tout autre, Samuel a des reproches à adresser à cette mère qui l'a abandonné quand il était enfant. « Un assassinat de papier, intimité, vie publique, tout y passe. [...] En fait, c'est comme si deux longues décennies de ressentiment et de douleur avaient enfin trouvé, pour la première fois, un exutoire. » (p. 83) Mais à mesure que Samuel creuse dans le passé de Faye pour comprendre qui est cette femme arrêtée pour prostitution et émeute en 1968 à Chicago, il découvre une personne complexe et fragile, victime impuissante d'injustices et de malentendus. « Il y a des choses que peut-être tu préférerais ne pas savoir. Les enfants ne sont pas obligés de tout savoir sur leurs parents. » (p. 251)



La construction de ce premier roman est magistrale. Les parties alternent entre l'été 1968 avec la jeunesse de Faye et son entrée à l'université, l'été 2011 durant lequel se déroule l'intrigue principale et l'année 1988 qui a vu l'abandon de Samuel par sa mère. En parallèle de l'histoire centrale se tendent deux intrigues qui se relâcheront au moment idoine : le désaccord profond entre Samuel et Laura, une étudiante menteuse et tricheuse, et l'amitié étrange entre Samuel et Pwnage, joueur en ligne complètement accro. La mécanique mise en place par l'auteur est digne du drame antique : tout concourt au final, sans que les personnages aient une chance d'échapper à l'enchaînement des événements. Les fils de la trame se rejoignent de manière un peu forcée à mon goût à la fin du roman, mais cela donne au texte l'ampleur des romans rocambolesques du 19e siècle. Et il ne faut pas oublier l'humour féroce que l'auteur distille dans ses pages : sa critique du capitalisme en la personne de l'éditeur de Samuel est savoureuse !



Le vieux pays est la Norvège d'où est originaire le père de Faye. Cet homme mutique au regard souvent perdu dans le lointain a pris avec lui des mythes et des histoires qu'il a presque rendus réels pour sa fille. Et il faut des décennies à celle-ci pour se libérer des fantômes qui pèsent sur son existence, tout comme il faut longtemps à Samuel pour comprendre les décisions de sa mère. « Si le temps guérit tant de choses, c'est qu'il nous dévie en des lieux où le passé semble impossible. » (p. 232) Ce roman parle du pardon que l'on peut accorder aux siens, mais aussi de résilience. La vie n'étant pas une histoire dont vous êtes le héros, il est impossible de revenir en arrière pour changer ses choix. En revanche, il appartient à chacun de tirer le meilleur de chaque situation. « Tu n'es pas le héros de cette histoire, c'est l'histoire qui décide pour toi. [...] Tu n'as jamais décidé que ta vie ressemblerait à cela – elle est juste devenue ainsi. Ce qui t'est arrivé t'a forgé. Tout comme le canyon ne choisit pas comment la rivière le sculpte. Il laisse l'eau dessiner ses contours. » (p. 365)



Cet énorme premier roman (700 pages !) de Nathan Hill est une plongée fabuleuse dans l'histoire des États-Unis, entre immigration et émeutes, industrialisation meurtrière et guerre sanglante, rêve américain et déception. Une grande lecture !!!
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Les fantômes du vieux pays

Un livre facile à lire, une histoire qui tient en haleine tout au long des 950 pages !! Une image de la société à des instants précis qui nous évoque systémiquement quelquechose. L'auteur pointe avec tendresse et humour les travers de chaque individu, ce qui le fait avancer ou au contraire le bloque totalement. La vie, quoi.
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Les fantômes du vieux pays

Quelle difficulté j’ai eu à entrer dans ce roman. Plus d’un mois pour passer un bon tiers du roman, et finalement… je ne regrette pas d’avoir persévéré ! J’ai lu en seulement trois jours les pages restantes. J’ai particulièrement apprécié l’histoire de Faye, la mère, en 1968 et l’épisode de la fameuse manifestation de Chicago. L’auteur y accélère le rythme en lien avec les événements décrits, avec des chapitres de plus en plus courts, de seulement quelques pages, qui donnent une bonne dynamique au roman. Ayant vu il y a peu de temps l’excellent film “Les sept de Chicago”, ce livre offre un beau point de vue complémentaire sur cet événement marquant.

C’est un bon roman pour qui aime la littérature américaine, même si le début est difficile à passer.
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Les fantômes du vieux pays

« Comment s’est-elle retrouvée sur la trajectoire de cette vie stupide ? ».

Samuel, un américain moyen et solitaire, prof de littérature entre deux parties de jeux vidéo, semble passer à côté de sa vie. Jusqu’à ce que sa mère, partie lorsqu’il était enfant, soit accusée de terrorisme pour avoir lancé de petits cailloux sur un candidat à la Maison Blanche...

Les retrouvailles seront l’occasion de naviguer entre les époques d’une Amérique de plus en plus blafarde. Et surtout de se demander, à l’instar de tous les personnages, ce que sont les rêves de jeunesse devenus.

Quels événements, quelles décisions ont fait de nos vies ce qu’elles sont ? Et quelles forces nous dépassant ont pu influer nos destins ?

Le clin d’œil aux « livres dont vous êtes le héros » (j’étais fan !) est une parfaite allégorie de ces choix qui n’en sont pas toujours. Pas de retour en arrière possible. À moins que.

Mais il m’a fallu les derniers chapitres de folie pour mesurer la qualité de ce roman. Car même si sa lecture était globalement agréable, je trouvais jusqu’ici l’approche bavarde et parfois pataude.

Un final qui boucle la boucle et qui m’a réconcilié avec cette fresque chargée de sens.
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Les fantômes du vieux pays

C'est un roman phénoménal, foisonnant de rebondissements, avec une multitude de destins qui s'entrecroisent. Un panel de personnages majoritairement attachants, mais également parfois détestables. A travers ces 950 pages, Nathan Hill traite dans cette fiction d'un grand nombre de sujets qui ont marqués l'Amérique depuis 1968 jusqu'à l'année 2011. C'est fascinant par la richesse de la documentation, des sentiments, des émotions.

A Chicago, en 2011, une femme jette quelques gravillons sur le gouverneur Sheldon Packer, en campagne électorale pour élection présidentielle. Immédiatement les médias, s'empare de l'affaire, et révèlent que l'auteur de ce pseudo-attentat est une femme Faye Andressen-Anderson. Parallèlement, dans une université de Chicago, un professeur accroc pendant ses loisirs, au jeu vidéo en ligne Elfscape, rencontre des difficultés avec une de ses élèves, Laura Pottsdam à qui il reproche d'avoir copié un devoir sur Hamlet sur Internet.. Cet enseignant se nomme Samuel Anderson, et rapidement il découvre que celle que toutes les télés nomment Calamity Packer n'est autre que sa mère qui l'a abandonné depuis 1988 et dont il n'avait aucune nouvelle. Dans les révélations diffusées concernant sa mère, elle est décrite comme une prostituée, mais également comme une activiste des événements de 1968 à Chicago, manifestations étudiantes contre la guerre du Vietnam, manifestations féministes, qui ont fait l'objet de répressions violentes de la part de la police et de la Garde Nationale. Samuel va rencontrer sa mère, et entreprendre une enquête sur son histoire, en 1988 au moment de leur séparation, puis en 1968 sur la période des manifs et sur le vrai rôle de sa mère, et au delà sur l'arrivée aux USA de son grand père, émigrant du nord de la Norvège. Il faut ajouter que Samuel a également l'espoir de devenir écrivain, il doit fournir un roman à l'éditeur Periwinkle dont il découvrira le passé et le lien qu'il a avec sa mère. Sa quête sur le passé de sa mère est entrecoupé de plongées dans la vie virtuelle du jeu vidéo dans lequel il s'est fait un ami en la personne d'un des leaders du jeu, « pseudo. Pwnage ». Cette relation montre la détérioration de la santé des individus qui sont victimes d'addiction à ces jeux en ligne. Au cours de ses recherches sur son enfance , Samuel révèle son amitié avec Bishop dont il apprend le destin tragique par une longue lettre terriblement émouvante, et sur l'amour qu'il éprouvait pour Bethany, la sœur jumelle de Bishop. Au cours de ses investigations il rencontre Alice, une amie de manifs de sa mère, qui lui révèle le rôle trouble de l'agent de police Brown.

Lorsque l'on referme ces 950 pages on est un peu sonné, tant l'intrigue est forte. On a le souffle coupé par le croisement entre les personnages. Le nombre de événements traités à travers cette fiction est incroyable.
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Les fantômes du vieux pays

C’est un gros livre (700 pages), mais qui se lit très facilement.



Il y a une intrigue et du suspense, mais l’essentiel n’est pas là. Pour découvrir pourquoi la mère de Samuel a agressé un candidat à la présidence des Etats-Unis, il faut explorer son enfance et adolescence (1968), ainsi que l’enfance de Samuel (1988). C’est l’occasion de découvrir les familles, les blessures et les non-dits, mais aussi, en ce qui concerne 1968, de découvrir les émeutes à Chicago, et le mouvement hippie.



Il y a aussi des personnages secondaires très intéressants : notamment, Pwnage l’acro aux jeux video, et Sebastian-Guy Periwinkle l’opportuniste-cynique.

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Les fantômes du vieux pays

Ce roman aurait pu s'intitulé "Histoire (un peu trop longue) de la famille Andresen-Andreson". Les fragments de la vie de ses protagonistes sont peu à peu dévoilés sans avoir parfois grand rapport entre eux, comme si l'auteur voulait raconter plusieurs histoires et les avaient ensuite rassemblées en un patchwork cohérents.
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Les fantômes du vieux pays

Prix littéraire 2017 du roman étranger du magazine Lire, Les Fantômes du vieux pays est le premier roman de Nathan Hill. Aucun doute qu’il impose dès ce premier ouvrage un style maîtrisé, tant dans cette narration descriptive que dans son approche historique et social de son pays à travers les décennies. Avec ce livre, mieux vaut ne pas s’arrêter à la quatrième de couverture ; composé de 960 pages, évidemment que Les Fantômes du vieux pays est dense et prend son temps pour raconter son histoire.



Avec un roman aussi dense, l’auteur prend le temps d’installer ses décors à travers les décennies et le passé de ses deux personnages principaux, d’inscrire ses protagonistes dans leur environnement, dans leur époque. Avec Nathan Hill, mieux vaut ne pas être récalcitrant face aux longues descriptions qui jalonnent son récit, l’auteur mettant un point d’honneur à donner tous les détails possibles afin de bien visualiser un personnage, un cadre, une anecdote, une pensée, etc… Certaines parties sont donc plus dures à lire que d’autres, suivant l’intérêt que l’on porte pour les sujets abordés.



Et ce roman n’en manque pas, tout est fait pour représenter toute la désillusion de la classe moyenne face à cette époque contemporaine dans laquelle on n’est pas obligé de se surpasser pour survivre. Alors on passe le temps avec les jeux vidéos, la mal-bouffe, les réseaux sociaux, etc… Si ce texte peut sembler aller un peu dans tous les sens, c’est qu’il tente de représenter l’état général de cette société actuelle et ce qui l’a amenée à être ainsi en revenant sur les dernières décennies et ses bouleversements. Certaines parties sont donc longues, trop dans le détail et sans que l’on comprenne si elles ont une réelle utilité dans la quête de vérité de Samuel.
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