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Critiques de Nathan Hill (177)
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Les fantômes du vieux pays

Je viens à l'instant de terminer la lecture de ce roman de Nathan Hill et je suis pratiquement KO.

Je m'explique:ce bouquin,c'est tout de même un sacré pavé et bien il ne m'a pas vraiment paru long.Comme on dit,il se lit bien et ,loin d'être un handicap,sa longueur devient une vraie performance d'auteur.Alors,oui,il y a bien,sans doute ,quelques longueurs,mais c'est bien peu de choses par rapport à toutes ces idées,ces descriptions,ces tranches de vies présentées ici.

Et les ruptures temporelles,me direz vous?Et bien,elles s'articulent tellement bien,avec une telle finesse,que l'on ne se perd absolument pas dans l'intrigue et que notre attention reste toujours en éveil.

C'est le premier roman de Nathan Hill,il est remarquable et"la barre"est placée très haut".Plutôt habitués à lire des romans écrits en un an,fort bien souvent,faut-il nous étonner de la qualité d'un ouvrage qui a nécessité plus de dix ans de travail à son auteur?

Au delà de l'intrigue,c'est une partie de l'histoire,de la vie quotidienne américaines de l'époque qui défile sous nos yeux.Tout se tient,s'enchaîne,se structure avec bonheur.On vit avec ces personnages charismatiques,secrets,humains, troubles,violents et les quitter s'avère assez douloureux.

C'est vraiment une belle réussite qui mérite bien toutes ces critiques élogieuses. N'ayez pas peur et lancez vous à l'assaut des secrets de Samuel,Faye,Sebastian,Bethany,Bishop et bien d'autres.Il y a de l'amour,de la joie,des drames,des sourires,des rires,des pleurs,tout ce qui fait la richesse et les mystères de l'âme humaine.

Le seul conseil que je donnerais est d'avoir du temps pour ne pas trop "laisser trainer".Mais,ultime précision,vous serez tellement happé que vous ne pourrez pas laisser traîner.. ..

On m'avait vanté les qualités de ce roman,on ne m'avait pas menti.
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Les fantômes du vieux pays

Fresque familiale agréable à lire et à suivre.

L'histoire de Samuel, un professeur abandonné par sa mère Faye à l'âge de 11 ans, celle-ci réapparaît dans sa vie par le biais d'un fait divers : elle a agressé un homme politique. La vie de Samuel est soporifique au plus haut point.

Ce fait divers va l'obliger à se pencher sur sa propre histoire, celle de sa mère et par ricochet sur celle de son grand père maternel.

J'ai eu du mal avec Samuel car je le trouve faible, il passe longtemps à se plaindre, à subir tout ce qu'il vit. Une de ses étudiantes, Laura, va faire de sa vie de prof un enfer, à sa décharge, elle est d'une débrouillardise hors norme.

J'ai beaucoup plus accroché avec Faye, une femme que la vie n'a pas épargnée et qui malgré tout continue d'avancer et de faire au mieux. Malheureusement, le sort s'acharne sur elle à chaque étape de sa vie. Les rencontres de Faye permettent au roman d'être plus dynamique et intéressant.

Les personnages secondaires qui entourent Faye à la fac sont très bien travaillés et très intéressants et apportent beaucoup au roman.

Une petite mention pour le père de Faye, entouré de mystère et qui raconte des histoires de fantômes norvégiens à sa fille qui n'ont rien à envier à nos contes.

J'ai bien aimé la façon dont le roman nous amène vers sa fin, comment les événements se relient entre eux. Le passé et le présent des personnages principaux et secondaires, les conséquences de leurs actes et de leurs choix, la finalité et le destin de chacun, leur façon de trouver la paix et/ou les arrangements entres amis.
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Les fantômes du vieux pays

Ceux qui ont lu et apprécié Le monde selon Garp vont, en lisant ce roman, obligatoirement y penser. En tout cas, moi, j'y ai pensé!

Ce roman est dans la même ambiance d'écriture je trouve, à relater l'histoire de Samuel, jeune homme qui se voyait écrivain célèbre et qui se "contente" d'être un petit professeur d'université sans ambition sinon jouer le soir à Elfscape, jeu vidéo en réseau, qui a été abandonné par sa mère sans explications et qui ne s'en ai jamais remis, qui ne la revoit plus pendant 20 ans et qui, du jour au lendemain, se retrouve à devoir écrire une lettre pour la soutenir car elle est aux avants postes après avoir lancer des cailloux sur un candidat à la présidentielle d'un côté, et à devoir écrire un livre sur son histoire mais à charge, de l'autre, forcé par son éditeur qui le menace de poursuites judiciaires...

Bref, une histoire passionnante, très bien écrite, très bien racontée, qui nous plonge dans la période anti-Vietnam de 68 aux USA, et dans une histoire familiale complexe. Les personnages secondaires sont également fouillés et n'en que plus de charme à ce livre!

Je le recommande donc vraiment, très bon roman!
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Les fantômes du vieux pays

Des années 1960 aux années 2000, ce premier roman prodigieux passe avec aisance de la satire au tragique, et offre l’une de ces bulles de fiction où l’on voudrait pouvoir se lover pour toujours.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Les fantômes du vieux pays

Roman fleuve epoustouflant ,un pavé dont chaque page est passionnante ,rien à jeter ,ce qui est rare pour un (premier) roman aussi volumineux .

A lire sans hésiter ,il y a longtemps que je n avais lu un roman aussi divertissant ,actuel ,original et prodigieusement bien écrit .



Nous suivrons Samuel ,jeune professeur de littérature et écrivain ( à la carrière avortée ,au point mort) d’un seul petit roman décrivant son enfance ,ses liens avec Bethany dont il est éperdument amoureux et son frère jumeau l inquiétant Bishop

De nombreux personnages et époques se croisent mais cet opus reste très lisible et ultra divertissant .

L auteur ,devenu adulte végète dans une universite de seconde zone où il donne cours à des étudiants amporphes ,indifférents ,non motivés et non intéresssés par la littérature ,sujet de ses cours.(passages hilarants ou li est confronté à une étudiante manipulatrice))

Pour s évader et vaincre l ennui ,il joue , de façon compulsive ,en ligne et en réseau au grand jeu «  Elfscape »,il fait partie d une équipe poursuivant des dragons et chassant les orcs

Les pages décrivant les jeux vidéo et surtout son ami virtuel « Pwnage »(qu il recontrera dans la vraie vie ainsi qu « Axman »)l'as ,le chef d équipe ,meneur de ce jeu sont absolument géniales et feront date ,en particulier le chapitre ou Pwnage englué dans son addiction ,essaie d élaborer une stratégie pour retourner dans la vraie vie :ce chapitre est écrit d un trait en une seule longue phrase et est particulièrement réussi ,gageons qu il restera dans les annales..

Samuel Andersen Andersen retrouve sa mère qui a déserté le foyer familial sans laisser d adresse ni d explications, l’abandonnant à l âge de 11 ans ,dans des circonstances rocambolesques ,celle ci est arrêtée par la police après avoir agressé ,jeté du gravier à la tête d un candidat aux élections présidentielles ;cette femme ,Faye,sa maman refait donc surface après des décennies d absence totale,catapultée à la une des journaux télévisés et de l actualité à la stupéfaction de sonfils ,Samuel .

Il apprendra qu elle à participé aux manifestations anti guerre au Vietnam et antiestablishment des années 1968 à Chicago Et qu Elle a même été arrêtée pour prostitution ..

Samuel se retrouve écartelé entre

l avocat de sa mère -grassement payé par l opposition au candidat agressé-qui lui demande de défendre sa mère- qu il n a plus vue depuis plus de 20 ans -en versant au dossier une lettre de préférence flatteuse

et son éditeur « Perwinckle » qui le somme d honorer les avances qu il lui a versées pour un nouveau roman jamais écrit en écrivant rapidement un opus sulfureux et vendeur Sur sa mère

Des aller-retour entre passé et présent nous mènent sur les traces de Faye ,sa mère ,de son enfance à l ombre des torchères de l usine chimique Chem Star dans l Iowa ,à so, bref passage à l l’université de Chicago



Des secrets de famille seront révélés et finalement tout se tient !



Ce roman est un veritable tour de force : à une intrigue quasi policière s’ ajoutent des passages hilarants ‘ (les jeux vidéo ,les étudiants ,la relation trouble entre le futur juge Charlie Brown et une étudiante ,Alice,qui tente d éclaircir son orientation sexuelle ) une ecriture limpide et aussi qulques passages plus profonds ,plus sérieux ,Sur l identité,ité ,le destin ,le poids des erreurs des parents sur notre vie ,la façon cynique dont les médias manipulent les brebis bêlantes que nous sommes (oui tous )

Le titre en Anglais de ce roman est « the Nix » du nom d un spectre imaginaire et malveillant du folklore nordique (pourquoi ? Lisez le roman:)))

La couverture du roman en anglais est particulièrement réussie on retrouve la photo sépia lors dune manifestation  »flower power » anti -war de 1968 des principaux protagonistes ,Faye ,,Alice et Sebastian avec en surimpression le titre « THÉ NIX « en couleurs primaires

La couverture de Gallimard est nulle à chier :au secours engagez un communicant plus jeune et plus original svp .....
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Les fantômes du vieux pays

J'avais hâte de lire ce livre dont tout le monde parle, et c'est en effet une belle découverte.

L'auteur impose un rythme très intéressant, avec des chapitres habilement répartis entre passé/présent et entre les personnages.

Les personnages principaux attirent beaucoup d'empathie, respirent le "vrai" et les personnages secondaires sont tout aussi intéressants.

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Les fantômes du vieux pays

Samuel Anderson est professeur de littérature à l'Université de Chicago. Il ne le sait pas encore, mais les nuages s'amoncellent au-dessus de lui. Il s'ennuie et passe un maximum de temps sur un jeu en ligne particulièrement prenant. Par ailleurs, il avait touché il y a 10 ans un à-valoir important sur un roman qu'il devait écrire. Il s'en révèle incapable et l'éditeur lui demande de rembourser. Il n'en a absolument pas les moyens.



Samuel ne prête pas attention à une information évoquant une femme âgée qui a projeté des cailloux sur un sénateur américain républicain en campagne. Il ne va pourtant pas tarder à apprendre qu'il s'agit de sa mère, qui a quitté le foyer lorsqu'il avait 11 ans et dont il n'a plus jamais eu de nouvelles.



Sur cette trame se déploie un roman foisonnant et fascinant, qui nous fait retourner au Chicago des années 60 et particulièrement les émeutes de 1968. L'éditeur accepte de passer l'éponge sur la dette de Samuel, à condition qu'il écrive un livre sur sa mère, surnommée "Calamity Packer" par les medias. Ce qui suppose qu'il la rencontre. Il n'en n'a guère envie et encore moins de faire son éloge dans un livre. Il lui en veut toujours de son départ inexpliqué.



Il y a déjà eu de nombreux billets sur ce premier roman de 700 pages, je ne vais donc pas donner plus de détails sur l'intrigue, qui sont d'ailleurs très nombreux, les digressions ne manquent pas. Si j'ai eu un peu de mal au départ, trouvant un peu trop de longueurs, j'ai fini par ne plus le lâcher, avide d'en savoir plus et de voir se dénouer les fils reliant le passé au présent.



Au-delà de l'histoire de famille de Samuel, c'est un portrait de l'Amérique conservatrice et puritaine, des soubresauts racistes, misogynes et autres fléaux toujours bien présents, avec les manipulations et la violence qui vont avec.



L'ensemble est époustouflant, j'ai admiré avec quelle maestria ce jeune auteur a dépeint les personnages, y compris les secondaires comme cette étudiante, tricheuse patentée et imperméable aux remords, ou l'accro aux jeux vidéos, ayant perdu tout contact avec la réalité physique. Le ton est souvent drôle et moqueur, Samuel pratique un humour vachard qui fait mouche.
Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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Les fantômes du vieux pays

Qui a lu ce livre? Samuel , professeur de son état mais surtout grand joueur de jeux vidéos ignore 1 événement qui fait la une des journaux: sa mère a agressé un futur candidat aux élections présidentielles américaines.. lorsqu'il le découvre et pour se sauver d'un gros pb financier il décide de renouer avec cette mère absente depuis 20 ans pr écrire 1 livre sur elle..

Pavé de 700 pages j'en ai lu 210 ms je n'arrive pas à accrocher à cette histoire où je ne trouve pas d'intérêt. Il se traîne en longueur,est beaucoup trop narratif pour moi,en manque d'action... Je vais malheureusement m'arrêter là alors que d'habitude je lis jusqu'au bout...

Et vous ?
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Les fantômes du vieux pays

703 pages très denses. L'histoire de Samuel est captivante et se lit un peu comme un polar : pourquoi sa mère a quitté le foyer en 1988 alors qu'il avait 11 ans, pourquoi plus de 20 ans après, en 2011, sa mère apparaît aux nouvelles télévisées pour agression d'un politique ? qui est sa mère ?

C'est aussi l'histoire de son grand amour d'enfant pour Betthany, de son amitié avec Bishop, frère de Betthany, ses ennuis à l'université où il est professeur de littérature avec une étudiante en particulier très manipulatrice, ses jeux vidéos et ses relations avec les autres joueurs virtuels ou pas, ses engagements envers son éditeur Guy Perriwinkle qui attend toujours le livre pas encore écrit, mais aussi des origines mystérieuses de son grand-père norvégien et des histoires de fantômes et démons qui jettent des sorts (The Nix: titre du livre en anglais)....toutes ces facettes de sa vie et celles de sa mère se déroulent sur fond de la vie politique et sociale américaine de 1968 à 2011.

Captivant certes mais une critique : parfois trop de documentation, trop de détails, par exemple : toute la description du jeu vidéo .... toutes ces diversions alourdissent le roman et peuvent peut-être décourager certains lecteurs.
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Les fantômes du vieux pays

Roman mêlant plusieurs époques, ainsi que les récits de vie de plusieurs personnages, tous liés mais avec la prouesse d'utiliser un narrateur à la 3e personne ce qui permet de gagner grandement en fluidité.

histoire partant d'un fait divers monté en épingle pour s'élargir petit à petit sur une multitude d'événements primordiaux pour comprendre le fil conducteur de l'histoire ainsi que la psychologie des personnages, Nathan Hill nous fait voyager dans une Amérique chaotique, dramatique, schizophrène et qui finalement n'a pas changé. Le combat entre les mêmes idéaux, les mêmes luttes de classes, les mêmes thématiques tout ceci décrit avec une causticité puis une mélancolie installant une distance prudente avec les personnages et leurs turpitudes. Un vrai page-turner on ne s'ennuie pas et on ne s'arrête pas.



Ceci dit, il demeure des longueurs et le style de l'auteur est plat, le langage est commun et il n'y a pas d'identité particulière. Certaines fois j'ai même eu l'impression que le chapitre perdant fortement en intérêt cela ne pouvait pas être le même écrivain qui m'avait passionné le chapitre précédent. C'est le risque avec un roman si long mais je suis exigeant. Au final cet ouvrage réussit son ambition, nous faire passer un bon moment et nous faire partager un univers et des personnalités attachantes.



un très bon moment malgré tout et un merci à Masse critique.
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Les fantômes du vieux pays

Sur près de 30 ans d'histoire américaine contemporaine, du Flower Power au 11 septembre, Nathan Hill, à partir d'un faits divers banal, l'agression publique d'un homme politique par une femme, dresse surtout le portrait d'une mère et de son fils et de leurs difficultés à se connaître, à s'aimer. Une nouvelle fois, la grande histoire sert à comprendre l'histoire intime des individus. Ou plutôt, Nathan Hill nous montre, avec parfois beaucoup de causticité, comment toutes les histoires sont intimement mêlées, les grandes comme les petites.
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Les fantômes du vieux pays

En cette rentrée littéraire 2017, les éditions Gallimard nous présentent le premier roman d'un auteur prometteur mais inconnu, Nathan Hill. Ce pavé, "The Nix", a fait sensation aux Etats-Unis avant de s'exporter sur le vieux continent sous le titre "Les fantômes du vieux pays".

Le synopsis est prometteur, une femme s'attaque gentiment à un candidat à la présidence américaine en lui lançant des graviers au visage. Réputée activiste de gauche, elle est menacée de lourdes sanctions pour s'être attaqué à un extrémiste de droite. Pour la sauver, il faut recueillir des témoignages pour souligner son caractère dépolitisé et inoffensif, et qui de mieux que son fils, écrivain de son état, pour assurer se défense. Là où le bât blesse, c'est que ce même écrivain a été abandonné par cette femme à l'âge de onze ans. Sentiments contradictoires, oedipes, retrouvailles, coeurs brisés, gros câlins, sortez les violons...on sent déjà le mélodrame sirupeux dégouliner.



On a tout de même envie de se plonger dedans car s'invite à ce traquenard une intrigue terroriste (terroriste oui, bien qu'il ne s'agisse que d'une poignée de cailloux jetée au visage d'un gouverneur) qui fait penser à la trajectoire d'une "American Pastoral" de Philip Roth. Sur le papier, la même formule, une activiste soixante-huitarde et militante anti Vietnam passant à l'action, sous le regard incrédule de sa famille. Il y a une peu de ça, mais non finalement. On passe les pages et on s'engouffre dans le passé de cette hippie, des années soixante à 2010, évoquant bien entendu un roman choral à la Ken Follet. Pas vraiment non plus, juste un zest.



En vérité, la structure du roman est inédite. Par technique de flash back, l'auteur revient sur la jeunesse de cette mère indigne, sur son présent aussi. S'y incruste aussi le passé de son fils, et son présent bien entendu. Somme toute, Nathan Hill balaie toutes les décennies américaines des 60's, à 2010, sous le regard de protagonistes différents.



Il s'agit en vérité d'un roman historique, ultra critique de la politique américaine contemporaine, dénonçant six décennies d'erreurs sociales et sociétales. De la guerre du Vietnam aux extrémistes radicaux, de l'Irak aux scandales pédophiles, de l'ultra consumérisme à la digitalisation excessive etc. Le rapport « mère fils » ici, ainsi que l'élément provocateur de leurs retrouvailles, ne sont que des circonstances pour dénoncer ce passé.



Pour faire corps et donner plus d'impact, l'auteur ne tombe pas dans la facilité en tenant à jour son inventaire de erreurs de l'Amérique moderne. Non, pas du tout, il digresse. En effet, de digressions en digressions, l'auteur fait intervenir des personnages sans aucun rapport ni avec l'intrigue, ni avec les principaux protagonistes. Ils n'ont strictement aucun lien avec la construction de l'intrigue mais ont leur rôle à jouer dans le message que Nathan Hill veut transmettre. Ainsi, il entrera dans la peau d'une étudiante vulgaire et stupide pour dénoncer le système universitaire américain, il prendra les traits d'un joueur de jeux vidéos abruti et obèse pour mettre en garde contre les dangers de l'internet. Il s'imaginera encore responsable marketing d'une société de plats surgelés pour critiquer le consumérisme outrancier etc...



ça peut paraitre bizarre d'impliquer des rôles sans intérêt ni rapport, si ce n'est que l'auteur les rend chaleureux et terriblement drôles. Avec un humour caustique, voire sadique, il relate leur quotidien, non pas faire avancer le récit, mais pour vomir sa haine de cette forme de modernité. Que c'est drôle, vraiment. Et rafraichissant aussi.

Pour donner encore plus de corps à ce récit accusateur, Nathan Hill change de rythme et de style d'écriture en passant d'un chapitre à un autre. On commence à rentrer dans le roman choral là, mais non pas pour que les protagonistes servent à l'intrigue ou l'histoire, mais pour que chaque protagoniste lui serve à dénoncer les facettes de la société qu'il entend accuser. Inédit je vous dis.



L'écriture fluide et facile et l'excellente traduction servent le roman, restituant un comique efficace. On rit beaucoup, on s'insurge autant, et on dévore les pages sans les mâcher.



C'est un succès, et l'auteur le sait, il tombe malheureusement dans la facilité. Nathan Hill maitrise si bien son style, son oeuvre est si patiemment travaillée (presque dix ans), qu'il en oublie de se freiner par moments. Les chapitres sont parfois inégaux, absence totale de descriptions et de longues pages de discussions pour certains, absence totale d'échange et description complète de paysages pour d'autres, inventaire de mots et utilisation excessive de synonymes....On sent le génie qui surfe si facilement sur ses pages qu'il se laisse aller.



Autre point faible, mais l'auteur ne peut réunir toutes les qualités, les scènes d'actions. Elles demeurent lentes et peu maitrisées, trainant en longueur et manquant de clarté. Ces quelques inconvénients alourdissent le récit sur la fin, manquant de conclure cette oeuvre par un feu d'artifice. Nous sommes heureux qu'elle prenne fin, sans oublier le plaisir que l'on a pris à la parcourir pendant plusieurs jours.



Nathan Hill et son premier roman demeurent des incontournables de la rentrée littéraire. Ce style inédit, cet humour féroce, cette critique acerbe sont autant d'arguments pour vous laisser manger par ce pavé. Et s'il continue comme ça, l'auteur deviendra vite un des grands auteurs américains de la décennie. Il y a des chances pour que "les fantômes du vieux pays" deviennent un incontournable dans quelques années.



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Les fantômes du vieux pays

Un premier roman époustouflant. Oeuvre d'un nouveau venu nommé Nathan Hill, Les fantômes du vieux pays est une vaste fresque romanesque de sept cents pages, incroyablement audacieuse et complexe, proprement ancrée dans l'histoire des Etats-Unis des cinquante dernières années.



Un ouvrage ambitieux, très ambitieux… Trop ambitieux ?... Peut-être. J'y reviendrai.



À Chicago, une femme de soixante ans vient de lancer des cailloux sur un gouverneur républicain, un homme politique d'envergure présidentielle. Pourquoi a-t-elle commis ce geste, monté en épingle par les médias, interprété en tentative d'attentat terroriste par l'opinion, un geste susceptible de lui valoir une sanction pénale extrêmement lourde ?



Et pourquoi, il y a un peu plus de vingt ans, cette même femme avait-elle choisi de disparaître totalement, en abandonnant son mari et son fils Samuel, alors âgé de onze ans ?



Voilà ce que va s'efforcer de découvrir ce dernier, aujourd'hui modeste professeur de littérature et écrivain velléitaire, un homme solitaire à la personnalité mal affirmée.



A partir de ces données, l'auteur met en place ses personnages, déchiffre leurs états d'âme, dévoile leurs intentions et déroule leurs (més)aventures, en emballant l'ensemble dans l'actualité américaine du moment. Grandiose !



1968, année de contestation violente un peu partout dans le monde. Les Etats-Unis n'y échappent pas. Les assassinats de Martin Luther King et de Robert Kennedy bouleversent une partie de la population. La guerre du Vietnam est fortement rejetée par une jeunesse universitaire subvertie par les mouvements idéalistes hérités de la contre-culture hippie. Peace and love… And drugs !



Il apparaît que l'origine de l'intrigue se situe cette année-là, à Chicago, lors de la Convention nationale démocrate, un événement marqué par des confrontations extrêmement brutales entre la jeunesse contestataire et les forces de l'ordre. Que s'est-il vraiment passé au rez-de-chaussée du Conrad Hilton Hotel ? Lectrice, lecteur, il te faudra un peu de patience, que dis-je, beaucoup de patience, pour l'apprendre et pour tout comprendre. Accroche-toi ! Récompense garantie à la fin, car Les fantômes du vieux pays, en dépit de quelques longueurs, est un roman d'un souffle stupéfiant, qui m'a tenu en haleine jusqu'à la découverte des dernières pièces du puzzle magistral concocté par Nathan Hill.



De qui le livre raconte-t-il l'histoire, Samuel ou Faye ? Les générations avancent avec les mêmes illusions, celle des geeks addicts aux univers virtuels, succédant à celle des hippies et leurs paradis artificiels. La vraie vie ne permet pas de retour à zéro, mais elle peut offrir de nouvelles chances. le fils découvrira que le parcours de sa mère aura façonné le sien, celui d'un homme resté tardivement un petit garçon en recherche de reconnaissance, un homme ayant souvent pris de mauvaises décisions, un homme qui apprendra qu'il faut saisir sa chance avec la femme qu'on aime… Sans oublier que des fantômes légendaires diffusent parfois une influence impalpable… Et que des êtres de chair et de sang peuvent fausser les donnes, pour de bonnes ou de mauvaises raisons.



Le récit est de forme classique, avec l'auteur dans le rôle du narrateur, à l'exception d'un long chapitre où il interpelle directement Samuel – à moins que ce ne soit Samuel, en pleine mue, qui dialogue avec lui-même –. Tout au long du roman, l'auteur ne se prive pas de commenter, avec une sorte d'humour nihiliste désabusé, les dérives des politiques, des médias, de l'édition. Et celles des contre-cultures, hippies et geeks… A la fin, ce sont toujours les cyniques qui s'en tirent le mieux !



J'avais dit que j'y reviendrais. Trop ambitieux, ce premier roman très documenté auquel son auteur a consacré dix ans de travail ? Entre autres, ne pouvait-il faire l'économie de longs détails sur des personnages carrément secondaires, même s'il s'agit d'analyses très fines – et drôles ! – sur les mécanismes qui conduisent ces personnages à des perversions mentales ou comportementales ? A chacun de donner son avis.



Pour ma part, une fois le livre terminé, s'est effacé l'agacement ressenti lors de certaines longueurs. Ne reste que le souvenir de péripéties palpitantes, de rebondissements décoiffants, de dialogues hilarants et de relectures historiques passionnantes.


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Les fantômes du vieux pays

Critique longuement attendue par babelio qui m’avait adressé le livre. Mais sans trop de mauvaise foi, contrat rempli.

***

«Les fantômes du vieux pays» de Nattan Hill, un livre américain qui a du coffre (700 p) et un vrai souffle narratif. Et qui malgré la célébration de la presse pour un jeune auteur, ne remporte pas vraiment mon adhésion.

Le récit démarre avec un lancer de gravillons, très médiatisée, sur un gouverneur réactionnaire du Wyoming en campagne présidentielle, qui fait étrangement écho aux populisme de Donald Trump. D’un événement politique, anecdotique et sur-amplifié, l’auteur déroule, à travers l’errance d’une mère et de son fils, une fresque sans concession de l’Amérique, d’après guerre à nos jours



Un roman Américain. Certes par la mise en scène de l’establishment du fric, les révoltes étudiantes contre la guerre du Viêt Nam, la culture informatique et les addictions vidéo du « monde d’elfscap » , le consumérisme du quotidien, la manip médiatique et paranoïaque, où show rivalise avec cynisme et falk news, les caricatures procédurières, éditoriales, les pudeurs d’une gentrification et ce formidable melting-pot universitaire où le poète, Allen Ginsberg, telle une madone inspirée, tente d’apaiser la foule étudiante que réprime violemment la police de Chicago de 68. Beau morceau d’anthologie.



C’est un roman couleur muraille, avec la grisaille d’une manufacture sur les rives du Mississippi. C’est la solitude de deux êtres, l’errance d’une mère, aimante mais frappée par l’infortune d’une adolescence flouée, le désir d’identité comme un Graal, ce sont les «fantômes du vieux pays» des légendes norvégiennes qui nourrissent la quête du passé racinaire d’une société schizophrène, née de l’immigration.

Ce n’est plus l’épopée du cow-boy qui flingue avec sa bible et un six coups, un great America again, mais une longue et lente dévastation qui ronge et traverse un nouveau monde qui se découvre hors sol. Un Easy rider, mode famille, la traversée d’un désert durant sept cents pages.



Ce ne ne sera pas la paix des braves, qui revenus du Viet Nam, aspirent au repos du guerrier. Mais la caricature d’une société trop nourrie, aphasique et mythomane, ivre d’un espace qu’elle ne sait plus habiter et qu’elle finit par dévaster.

Ce nouveau bûcher des vanités bouscule nos rêves d’une Amérique flamboyante. Douloureux regard du personnage principal, Samuel prof de fac, lui même emberlificoté dans la recherche de sa mère qui l’abandonne sans laisser de traces, réduit à de douteux et pitoyables calculs de survie avec un roman alimentaire pour régler ses dettes et affecté par la sottise d’une administration qui n’a plus de repères éthiques et fait de la délation d’une étudiante un sport légitime.

Le racisme en est curieusement absent, peut-être pour ne pas charger un tableau déjà sombre.



l’histoire de Samuel et de sa mère a la vertu de mettre en scène un monde américain, qui puissant et dominateur, en est réduit à fouiller les ombres d’un passé, lui même fragile, fugace comme un troll, impropre à donner du sens à leurs vies.



On ne peut épuiser ce livre protéiforme, qui en mode visionnaire, répertorie sur des registres très divers, parfois un tantinet harassant par ses longueurs, l’Amérique de Trump. Je n’en retiens que l’impression première, sinon constante, celle d’une longue traversée incertaine qui interroge le pourquoi de nos vies. Étrange périple d’une mère et de son fils, dont chaque étape hésitante d’un mal être, annonce la suivante dont le ressort est déjà cassé. Quête existentielle d’une société américaine rongée par le non sens et la dette. Road movie inquiétant de deux solitudes attachantes en perte d’identité.
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Les fantômes du vieux pays

Roman un peu long mais très explicite sur la société americaine ,
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Les fantômes du vieux pays

J’évoquais il y a peu une frénésie de lecture favorisée par une météo pluvieuse m’imposant de longs et réguliers trajets en transports en commun. Pour réduire un peu le rythme (et ne pas me retrouver avec des dizaines de billets à rédiger), j’ai sorti de mes étagères ce pavé qui y dormait depuis plusieurs années, et auquel certains lecteurs avaient de mémoire reproché quelques longueurs…

Je l’ai dévoré…



Alors oui, c’est dense. Mais ça l’est délicieusement, à la manière de ces romans dans lesquels on s’installe, pris dans la richesse d’une trame dont la construction est parfaitement orchestrée, embarqué aux côtés de personnages à l’inverse imparfaits, ce qui les rend d’autant plus palpables et attachants.



Samuel Anderson est professeur littérature dans une petite université de Chicago. Sa vie est empreinte de l’insignifiante morosité qu’exsudent les discrets et les invisibles, de ceux qui se font passivement doubler dans les files d’attente et se sont construits sur leurs seuls regrets. Il n’a ainsi pas fait le deuil d’un amour adolescent qui ne s’est d’ailleurs jamais concrétisé, et s’il a eu un bref succès avec une nouvelle de jeunesse, il a laissé en friche le projet de roman que lui avait commandé un éditeur. Son métier même lui semble dépourvu de sens. A quoi bon faire lire Shakespeare à des étudiants à l’égo surdimensionné qui ne courent qu’après l’argent facile, à qui l’école n’a appris qu’à rester assis derrière un écran en faisant semblant de travailler, et qui préfèrent consacrer leur temps et leurs capacités intellectuelles à inventer de complexes subterfuges pour obtenir leur diplôme en trichant, plutôt que de les gaspiller à lire de vieux auteurs qu’ils jugent inutiles et ennuyeux ?



La réapparition inattendue de sa mère, partie un beau matin une valise à la main pour ne plus jamais donner de nouvelles à son époux et à son fils de dix ans, vient briser sa morne routine. En agressant, lors d’une réunion publique, un gouverneur candidat à la présidence des Etats-Unis, Faye s’est exposée à la vindicte médiatique, et par la même occasion au regard de ce fils abandonné trente ans auparavant. Alors qu’il avait enfin cessé de la chercher en permanence, Samuel se voit contraint de rencontrer celle qu’il était parvenu à réduire à l’état de souvenir endormi et silencieux. Non qu’il ait souhaité ces retrouvailles, mais sommé par son éditeur de rembourser l’avance touchée -et depuis longtemps dépensée- pour un roman inexistant, il lui propose d’écrire un récit sur cette mère défaillante qui fait le buzz.



A partir de cet épisode qui initie et charpente l’intrigue, cette dernière digresse, remonte le temps, traverse à l’occasion un océan, et nous familiarise avec d’autres personnages équitablement pourvus en densité. Il y a Pwnage, roi de la procrastination atteint d’une sévère addiction aux jeux vidéo, refuge qui lui évite affronter la dimension imprévisible et déceptive de la vie mais qui le rend peu à peu obèse et inadapté au monde réel ; il y a les jumeaux Bishop et Bethany, rejetons d’un père richissime dont le premier s’emploie dès son plus jeune âge à expérimenter toutes les insolences pendant que la seconde se consacre au violon ; il y a Laura Pottsdam, l’insupportable étudiante qui a juré de se venger de l’intransigeante intégrité de Samuel…



Et puis il y a Faye, énigme que Nathan Hill s’emploie à dévoiler très progressivement, en explorant les traumatismes a priori anodins et pourtant déterminants de l’enfance avant de nous immerger dans l’effervescence libertaire de l’année 1968.



L’ensemble est plombé de la mélancolie, voire de la souffrance, qui habite les héros, et fait écho au triste constat que dresse l’auteur de l’état de la société dans lequel ils évoluent. Car s’il étrille les faiblesses de ses protagonistes -leurs arrangements fallacieux avec leur conscience, la décorrélation entre leurs actes et leurs principes, leur propension à tomber amoureux de ce qui les rend malheureux…- et semble prendre un malin plaisir à n’évoquer que des relations familiales toxiques, sa plume se fait d’autant plus féroce qu’elle fustige l’iniquité et les absurdités d’un système menant à la déroute et à l’appauvrissement, qu’il soit matériel, moral ou intellectuel.



Il dépeint un monde moderne épuisant et spirituellement débilitant, peuplé d’individus engouffrés dans la course à l’argent, focalisés sur leur soif de possession, suivant les commandements répétitifs, infantilisants et paranoïaques, d’une Amérique hantée par la conviction que les autres sont des ennemis, et qui voudrait leur faire croire qu’il s’agit là d’un principe vital et galvanisant. Les médias participent pour beaucoup à alimenter cette mécanique en rabâchant des informations insipides, faisant du détail un événement et accumulant, dans leur quête de sensationnalisme et de manipulation de l’opinion, spéculations et hypothèses spécieuses. La littérature elle-même n’échappe pas au bulldozer de la marchandisation. Entre les mains de multinationales, l’édition est vouée au profit, à l’utilitaire.



Mais ne vous méprenez pas, "Les fantômes du vieux pays" est aussi et surtout un texte très drôle, par son sens de la formule, son ton grinçant et profondément cynique, mais également par le comique de situation qu’amène la dimension pathétique et subtilement caricaturale dont l’auteur dote ses personnages, insufflant à son texte, même quand le propos est dramatique, une cocasserie fort réjouissante.



J’ai adoré !
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Les fantômes du vieux pays

Été 2011 : Samuel Anderson est un jeune enseignant à l’université de Chicago et par ailleurs adepte d’un jeu vidéo, Elfscape, qui occupe tout son temps libre. À tel point qu’il est passé à côté d’un évènement qui fait la une des médias et du Web : sa mère, Faye Andresen-Anderson, qu’il n’a pas revu depuis qu’il a onze ans, a agressé à coup de gravillons le gouverneur Paker, candidat à l’investiture présidentielle. Elle est devenue quasiment l’ennemi public numéro un, surnommée Calamity Packer et transformée par la rumeur en une HIPPIE EXTRÉMISTE, PROSTITUÉE ET ENSEIGNANTE AYANT CREVÉ LES YEUX DU GOUVERNEUR.

Contacté par l’avocat de Faye qui lui demande d’écrire une lettre en faveur de sa mère afin d’amadouer le juge, Samuel commence par refuser, se sentant incapable d’écrire quoi que ce soit à propos de cette femme qui l’a abandonné et dont il ne sait rien, et n’ayant surtout pas envie de le faire. Mais un rendez-vous avec son éditeur l’oblige à reconsidérer sa position. En effet, suite à la publication d’une nouvelle qui avait rencontré un certain succès, Samuel a perçu, plusieurs années auparavant, un à-valoir conséquent contre la promesse d’écrire un livre, dont il n’a, dix ans plus tard, pas écrit le premier mot. En revanche, il a bien sûr dépensé l’argent pour acheter sa maison, qui entretemps a vu sa valeur divisée par trois ou quatre. Incapable de rembourser l’à-valoir, Samuel, pris à la gorge, propose alors d’écrire un livre-confession sur sa mère, la célèbre Calamity Packer. L’écriture de la lettre de louanges devient alors le prétexte bienvenu pour une première rencontre avec celle qu’il n’a plus vue depuis vingt ans.



Voilà le résumé d'une petite partie de ce gros roman de 700 pages, le fil conducteur d'une histoire qui va beaucoup s’en éloigner.

D’abord dans le temps, en remontant à différentes périodes : l’enfance de Samuel et plus particulièrement en 1988, lorsque Faye a déserté le foyer. Puis, ensuite, en 1968, lorsque Samuel va découvrir les raisons qui ont poussé sa mère à quitter son Iowa natal pour aller étudier à Chicago, où se déroulaient de nombreuses manifestations contre la guerre au Vietnam, et celles qui l’ont ramenée dans l’Iowa à peine un mois plus tard pour épouser le père de Samuel. Il y aura même une incursion dans les années 1940 lorsque Faye s’interrogera sur la jeunesse de son père, qui lui aussi a tout laissé derrière lui en Norvège, son pays de naissance.

Ensuite la narration prend également des libertés avec l’intrigue principale, en s’intéressant à des personnages à première vue secondaires, comme Laura, une étudiante de Samuel, experte dans l’art de la triche et de la manipulation, ou bien Pwnage, grand maître d’Elfscape et symbole particulièrement poignant de l’addiction aux jeux. En 1988, c’est Bishop Fall, un copain de classe de Samuel et sa sœur Bethany qui amènent quelques digressions tout à fait bienvenues. En 1968, à Chicago, la rencontre d’Alice, très impliquée dans le mouvement protestataire, et de Sebastian, responsable d’un journal militant, sera fondamentale dans l’évolution de Faye.



Finalement, ces digressions contribuent à élaborer un roman très bien construit, où les mystères s’éclaircissent les uns après les autres, alors qu’au départ, on avance complètement dans le flou, aux côtés de personnages qui paraissent assez déjantés et soumis à des angoisses qu’ils ne comprennent pas eux-mêmes, comme Samuel et Faye. La recherche des origines va permettre à l’un comme à l’autre de comprendre l’influence de l’histoire familiale et des vieilles légendes scandinaves. C’est aussi un roman sur l’importance des choix que l’on fait à des moments critiques de la vie et sur les conséquences de ces choix. Et dans la vraie vie, il est hors de question de revenir sur ses pas et d’explorer un autre chemin, comme on peut le faire dans les livres dont vous êtes le héros.



Après un début de lecture qui m’a laissée perplexe - les deuxième et troisième chapitres sont consacrés aux expériences de jeu de Samuel et de Pwnage dans l’univers d’Elfscape et je ne suis pas du tout fan de ce type de jeux – j’ai été embarquée dans ce roman multiforme, plein d’humour et de dérision, qui pointe les contradictions de la société américaine qui font peur quelquefois. Une belle expérience que je recommande vivement, et ce n’est pas seulement parce que j’ai reçu ce livre gracieusement que je le fais !
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Les fantômes du vieux pays

Extraordinairement inventif et à l’écriture limpide - il faut d’ailleurs féliciter ici le travail de la traductrice - LES FANTÔMES DU VIEUX PAYS est un grand roman américain, profond et sentimental. Une découverte extraordinaire que je ne suis pas prêt d’oublier.
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Les fantômes du vieux pays

« Quand Samuel était enfant et lisait une Histoire dont vous êtes le héros, il plaçait toujours un marque-page à l’endroit où il devait prendre une décision très difficile, de sorte que, si l’histoire tournait mal, il pouvait revenir en arrière et recommencer autrement. »



Malheureusement la vraie vie n’est pas ainsi faite. Pourtant, Samuel sait parfaitement où se trouvent les carrefours importants de sa vie : ce moment où sa mère a quitté le foyer, cet instant où il a perdu Bethany, la femme de sa vie, ce présent où il fuit une carrière de professeur désabusé pour se cacher dans le monde virtuel d’un jeu en ligne.



Jusqu’à ce qu’un avocat l’appelle au sujet de sa mère, Faye Andresen qu’il n’a pas vue depuis vingt cinq ans et qui est aujourd’hui accusée d’agression contre un candidat à la Présidentielle.

Voilà de quoi retourner dans le passé pour comprendre pourquoi sa mère en est arrivée là et surtout pourquoi elle l’a abandonné quand il était enfant.



Faye est la fille d’un norvégien qui a fui son pays pour des raisons mystérieuses mais en a gardé beaucoup de nostalgie et surtout la mémoire des légendes et fantômes de ce pays nordique. Une histoire de « nisse » et de porridge provoque chez la jeune Faye une première crise d’un mal qui ne la quittera plus.

« Il y a ce genre de moment dans toute une vie, un traumatisme qui vous fait voler en éclats, et vous transforme à jamais. »

Alors qu’elle devrait épouser Henry, le fils d’un fermier voisin, romantique et un peu niais, Faye part au Cercle, une université de Chicago. Chicago, une ville qui fait peur et qui va connaître à cette époque (1968) de graves émeutes dans lesquelles Faye se retrouvent embarquée.

Petit à petit, nous découvrons cette partie cachée de la vie de Faye.

Et en parallèle, nous suivons aussi le passé de Samuel. Sa rencontre avec Bethany et son frère Bishop.

Autant de personnages dont nous n’avons au départ qu’une parcelle d’identité, puis que nous saisissons au fur et à mesure dans leur ensemble.

« il n’y a pas une identité vraie cachée parmi de fausses identités. Mais plutôt une identité vraie cachée parmi de nombreuses autres identités vraies. »



Cette histoire romanesque des liens familiaux et amicaux prend forme dans une peinture assez caustique de l’Amérique des années 60 et de nos jours. D’un côté une révolte du milieu universitaire et hippie contre la guerre au Vietnam et de l’autre une jeunesse plongée dans le monde virtuel pour échapper aux routines du quotidien. Avec quelle que soit l’époque, la manipulation par les médias et politiques.

« Le danger de la télévision, c’est que les gens commencent à voir le monde à travers cette unique goutte d’eau. »







Les fantômes du vieux pays est un roman qui allie une histoire romanesque, une excellente analyse des rapports humains et une vision satirique du monde moderne. C’est un pavé qui ne prend toute sa puissance que dans son entièreté. Il faut donc s’accrocher sur les premières centaines de pages, passer au-delà des détails des vies et passions de chaque personnage pour extraire la substantifique moelle. Personnellement, si les personnages de Pwnage, geek très attachant, et de Laura, étudiante détestable, sont intéressants, leurs émois m’ont moins intéressée et éloignée de l’intrigue principale.

Même avec quelques longueurs, il faut tout de même reconnaître que ce premier roman est fort bien maîtrisé.
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Les fantômes du vieux pays

Avec ce brillant premier roman, l’Américain Nathan Hill signe l’une des histoires les plus riches de la rentrée.
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