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Citations de Nicolaï Lilin (23)


J'ai levé les yeux: le bois plongé dans le noir palpitait; les arbres ressemblaient à des êtres humains, les branches agitées par le vent exécutaient un étrange ballet, une danse continue et hypnotique... C'était sans aucun doute un lieu enchanteur. Dommage qu'on ait dû le regarder à travers le prisme de la guerre, qui parvenait à rendre laides les choses les plus extraordinaires de ce monde.
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Et tu sais pourquoi Dieu nous as donné une vie plus longue qu'aux animaux ?
- Non, je n'y ai jamais pensé...
- Parce que les animaux vivent en suivant leurs instincts et ne font pas d'erreurs. L'homme vit en suivant sa raison, il consacre donc une partie de sa vie à faire des erreurs, une autre à les comprendre, et une troisième à tenter de vivre sans se tromper.
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Les riches, chez nous, étaient appelés les oupiry, un vieux mot sibérien qui désigne des créatures de la mythologie païenne habitant dans les marais et au coeur des forêts et qui sucent le sang des vivants : de véritables vampires sibériens.
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Chez les Urkas sibériens, le tatouage est un processus qui se poursuit tout au long de la vie d'un criminel. Vers l'âge de douze ans, on commence à vous tatouer certains signes sur une partie du corps, mais ce n'est qu'après avoir traversé différentes épreuves et périodes de votre vie que ces expériences peuvent être racontées par des tatouages chiffrés et cachés dans un dessin qui, avec le temps, devient toujours plus complexe. C'est pour cette raison que, dans la communauté criminelle sibérienne, il n'existe aucun jeune qui ait de grands tatouages achevés, comme c'est le cas dans d'autres communautés. En Sibérie, le dos et la poitrine sont tatoués en dernier, quand le criminel a atteint l'âge de quarante-cinq ans, et le motif principal a l'aspect d'une spirale qui, en partant des extrémités, autrement dit des mains et des pieds, se prolonge jusqu'au milieu du corps.
Pour lire des corps ornés de motifs si complexes, il faut avoir beaucoup d'expérience et connaître parfaitement la tradition du tatouage. Voilà pourquoi la figure du tatoueur occupe une place si importante : le tatoueur est une sorte de prêtre qui est autorisé par tous les autres membres de la communauté à opérer en leur nom.
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Seul celui qui apprécie vraiment la vie et la liberté, et qui combat jusqu'au bout, mérite de vivre libre... Même si c'est une simple poule.
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Elle m'écoutait sans me regarder en face, ce qui m'inquiétait. Puis elle m'a tendu une feuille de papier où il était écrit qu'à compter de cet instant j'étais la propriété du gouvernement russe et que ma vie était protégée par la loi.
J'avais du mal à comprendre ce que ça voulait dire concrètement.
"Ça signifie que si tu essaies de te sauver, de te blesser ou de te suicider, tu seras condamné pour atteinte à la propriété du gouvernement", m'a t'elle répondu sur un ton glacial.
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Il y a ceux qui jouissent de la vie, ceux qui la subissent; nous, on la combat.
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Notre capitaine était immobile, cramponné à la tourelle du char d'assaut. Brusquement, il a dit à voix basse, comme se parlant à lui-même:
"Ou sur terre avec nous, ou sous terre contre nous..."
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j'ai entendu un de mes camarades, qui fumait à l'extérieur de la voiture, dire à son pote qu'il aurait mieux valu que quelqu'un me tire dessus pendant la guerre, car rendre à la société un individus dans mon genre, c'était un véritable crime.
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Je les ai trouvés assis à table. La Corde s'est levé et est venu vers moi en me regardant dans les yeux.
"Alors, tu es le célèbre "écrivain" ?"
Dans le jargon du Milieu, l'écrivain, c'est celui qui sait bien jouer du couteau. Et l'écriture, c'est un coup de couteau.
Comme je ne savais pas quoi dire ni si j'avais le droit de lui répondre, j'ai regardé la Poutre. Il a hoché la tête en signe d'encouragement.
"J'écris quand il faut écrire, quand la main m'inspire."
La Corde a esquissé un large sourire.
"Tu es un Pied-nu dégourdi."
Il m'avait appelé Pied-nu, c'était bon signe. Les choses étaient en train de tourner en ma faveur.
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Nous, les enfants de Nijni Dnestr, nous observions à la lettre les lois criminelles sibériennes ; élevés dans la foi orthodoxe, nous éprouvions un puissant sentiment religieux à forte influence païenne, et quand les autres habitants de la ville parlaient de nous, de nos manières, ils déclaraient que nous étions les purs produits de "l'éducation sibérienne". Nous ne disions pas de gros mots, nous n'offensions jamais le nom de Dieu, nous parlions toujours avec respect de notre mère, des personnes âgées, d'une femme enceinte, d'un enfant, d'un orphelin ou d'un handicapé. On était très encadrés ; de toute façon, contrairement aux jeunes des autres quartiers, on n'avait pas besoin de dire des gros mots pour avoir l'impression d'être des adultes : on était traités comme des membres à part entière de la communauté criminelle ; on formait une vraie bande, composée de mineurs, et structurée sur le modèle hiérarchique du crime organisé, avec les responsabilités que les adultes nous confiaient.
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Seul celui qui apprécie vraiment la vie et la liberté, et qui combat jusqu'au bout, mérite de vivre libre... Même si c'est une simple poule.
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Le plus difficile c'est d'attendre. Quand vous attendez quelque chose qui ne dépend pas de vous, chaque instant qui passe est une torture.
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Pour s'endurcir, on se forçait à manger avec ces cadavres sous les yeux. De temps en temps, pendant le trajet, quand le camion prenait un tournant, ils nous tombaient dessus. Au début ça me dérangeait, puis je m'y suis fait ; je les prenais et je les relançais dans le tas.
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Il y a une phrase intéressante quelque part, si je me souviens bien, celle-là :

Elles savent ce dont ils ont besoin.

(mais je n'ai plus le livre pour chercher la page exacte, et etc, bien que c'est dans le contexte où un homme laisse sa fille Bébé à une femme de ce genre avant de s'enfuir... il fut tué d'ailleurs)
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Pour l'achat de cinq plantes, Bossia nous faisait une petite ristourne ou nous offrait des petits sacs remplis de vieilles graines, tellement sèches qu'elles ne servaient plus à rien. Mais on les prenait quand même, parce qu'en chemin, on passait devant le commissariat. Si on apercevait les voitures des policiers garées devant la grille, on jetait les graines dans leurs réservoirs d'essence : les graines étaient si légères qu'elles ne tombaient pas immédiatement au fond, et si petites qu'elles parvenaient à passer à travers le filtre de la pompe à essence, ainsi, quand elles atteignaient le carburateur, le moteur s'arrêtait. Bref, nous faisions un excellent usage de ce qui, normalement, était destiné à finir à la poubelle.
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Dès qu'on était prêts à partir, on s'asseyait en cercle tous ensemble et on restait en silence pendant quelques minutes. C'est une vieille coutume russe, qui s'appelle "s'asseoir dans la rue": on dit qu'avant de partir en voyage ou d'entreprendre quelque chose, observer ce simple rituel vous porte chance.
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Quand j'ai eu fêté mes dix-huit ans, j'avais déjà une lourde histoire derrière moi. Mais le monde aussi avait une histoire, bien plus complexe que la mienne. Mon pays devenait une sorte de royaume de l'absurde. Le capitalisme auquel tous inspiraient n'arrivait jamais. La mentalité dominante était celle des voleurs, des gens qui couraient après l'argent facile, en jouant au plus malin avec Dieu. Comme disait grand-père, "tout le monde essayait d'arracher la barbe de Dieu pour voir si elle lui allait bien."
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Durant la guerre, je n'ai pas cessé un seul instant d'avoir peur ; je crois que c'est justement à cause de ça que je suis resté en vie et que je ne suis pas devenu fou.
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Je suis resté assis devant la télé casée toute la nuit, en pensant à nous qui, dociles comme des agneaux qu'on mène à l'abattoir, avions sacrifié nos vies au nom d'un idéal dont le reste du pays se fichait complètement.
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