C'est un récit de guerre. Il y a peu de lien avec Urkas, le 1er volet de la trilogie.
Durant une bonne partie du livre on sent un malaise de l'auteur vis à vis de ce qu'il a pu faire durant son service militaire, les atrocités auxquelles il a participé. le livre s'en ressent parce que, comme lui, on n'est pas vraiment dedans même si ce n'est jamais ennuyeux, bien au contraire. Il se justifie, on sent qu'il arrange la vérité, ment, occulte, essaye de se donner le beau rôle, ne raconte que ce qu'il peut mettre à son crédit.
Puis il s'abandonne. Il accepte ou il s'accepte et il se livre plus tel qu'il est, raconte l'horreur et, pire, le plaisir dans l'horreur. Ca devient plus sincère et passionnant.
La guerre c'est absurde, cruel, ignoble, ça tue et ça rend dingue, on le savait déjà. Mais dans la tête d'un sniper, durant une guerre d'aujourd'hui, ça nous remet un peu les yeux en face des trous. Ca existe, autant être au courant.
Son côté "poète" m'a parfois laissée pantoise : "sa mâchoire brisée, ses dents cassées, sa langue arrachée donnaient à son visage ensanglanté la beauté d'une fleur". Euh...
En tout cas difficile de rester indifférent, c'est très intense, existentiel, ce n'est pas un livre à mettre entre les mains de n'importe qui, mais il mérite vraiment d'être lu.
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Et s'il n'est pas "malade" après tout ça, c'est que c'est un mec merveilleux. Même "malade" d'ailleurs, c'est merveilleux que le ciel ait préservé sa petite vie dans de tels décors. Sûrement parce qu'il sait partager avec nous ce qu'il a à dire sur son expérience?
Je n'ai pas encore lu celui-là, j'ai déjà lu URKAS (que j'ai offert ensuite : il faut que les livres circulent), quand je le pourrai je lirai donc les autres livres.
Un peu dans la même veine : "Deep survival" de Laurence Gonzales (ISBN 9780393326154)(du point de vue : "epic survival stories")
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Un de mes livres préféré, je l'ai lu en bibliothèque et acheté ensuite...il m'a scotché !
Violant, immoral, autobiographique, la guerre de Tchétchénie vu de l'intérieur..
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J'ai levé les yeux: le bois plongé dans le noir palpitait; les arbres ressemblaient à des êtres humains, les branches agitées par le vent exécutaient un étrange ballet, une danse continue et hypnotique... C'était sans aucun doute un lieu enchanteur. Dommage qu'on ait dû le regarder à travers le prisme de la guerre, qui parvenait à rendre laides les choses les plus extraordinaires de ce monde.
Elle m'écoutait sans me regarder en face, ce qui m'inquiétait. Puis elle m'a tendu une feuille de papier où il était écrit qu'à compter de cet instant j'étais la propriété du gouvernement russe et que ma vie était protégée par la loi.
J'avais du mal à comprendre ce que ça voulait dire concrètement.
"Ça signifie que si tu essaies de te sauver, de te blesser ou de te suicider, tu seras condamné pour atteinte à la propriété du gouvernement", m'a t'elle répondu sur un ton glacial.
j'ai entendu un de mes camarades, qui fumait à l'extérieur de la voiture, dire à son pote qu'il aurait mieux valu que quelqu'un me tire dessus pendant la guerre, car rendre à la société un individus dans mon genre, c'était un véritable crime.
Notre capitaine était immobile, cramponné à la tourelle du char d'assaut. Brusquement, il a dit à voix basse, comme se parlant à lui-même:
"Ou sur terre avec nous, ou sous terre contre nous..."
Pour s'endurcir, on se forçait à manger avec ces cadavres sous les yeux. De temps en temps, pendant le trajet, quand le camion prenait un tournant, ils nous tombaient dessus. Au début ça me dérangeait, puis je m'y suis fait ; je les prenais et je les relançais dans le tas.