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Citations de Nicolas Chemla (70)


Les Etats-Unis ont beau avoir poussé à l'extrême - certains diront même inventé - la notion de liberté individuelle, ils ne sont pas moins imprégnés du pouvoir normatif de la communauté.
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Il n’y a pas de principes, il n’y a que des circonstances.
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Nicolas Chemla
Comme l'écrivait Hesse, dont l'ombre du Demian semble planer sur les pages qui suivent, "son histoire n'est pas agréable à lire, elle n'est pas douce et harmonieuse comme les histoires inventées. Elle a un goût de non-sens, de folie, de confusion et de rêve, comme la vie de tout homme qui ne veut plus se mentir."
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Nicolas Chemla
(p. 197)
... et je suis au huitième cercle des Enfers et j'ai basculé dans la toile de Bosch, je suis perdu au milieu du Jardin des délices avec ses créatures qui ont des bites à la place de la tête et des fourches enfoncées dans le cul et qui aurait besoin d'une messe noire après cela, qui irait s'embarrasser de rituels secrets et de formules absconses alors que ça y est, ici au moins c'est clair, les voilà qui s'offrent tous au Grand Satan, le libérateur dans le noir et à sa gloire, même si c'est pour rire, évidemment que c'est pour rire, vous diront-ils, que les bigots ne viennent pas nous emmerder avec leurs bondieuseries rétrogrades et meurtrières, oui, meurtrières, le sang de combien de millions de morts sur les mains de l'Eglise conquérante, hein, et, combien de centaines de milliers d'enfants violés sous les soutanes de prêtres, une bite en bouche et le missel en main, alors quelques mecs qui s'enculent entre adultes consentants (mais totalement défoncés) sous les éclaires des projecteurs et les beats frénétiques de DJ machin, il est où, le problème ? Et qui a dit - Baudelaire, il me semble - que la plus grande ruse du diable est de faire croire qu'il n'existe plus ?
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Donc voilà, je tombe sur ce type, nu comme un ver, un grand gars plutôt bien bâti, un corps d'athlète, les pieds liés, un oeil bouffé, les entrailles à l'air, la tête en bas et les bras en croix, et forcément , je vous l'ai dit déjà je ne suis pas expert mais je m'intéresse à l'art, notamment la peinture, forcément je pense à la crucifixion de saint Pierre, celle peinte par Ribera par exemple, et vraiment ce qui me frappe, c'est l'expression de son visage, malgré la plaie, malgré l'oeil à moitié bouffé, c'est une expression qui semble hésiter entre l'extase et la douleur extrême, entre la grâce et l'horreur ....
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... et l'on a ri et plus tard on s'y est remis, et tout cela, les heures de baise, d'études, de travail, de lecture, les nuits sans fins à discuter avec mes ex, jusqu'au point du jour, se découvrant des complicités inattendues, où l'on se caressait sous la lune et l'on comptait les étoiles à travers le vasistas, les petits déjeuners au lit pour me faire la surprise, les matins de stress et d'excitation avant l'entretien pour un job important, les enthousiasmes et les pop de champagne et les déceptions et les peines, tout cela s'est accumulé et superposé, une infinité de moi dans toutes les positions et sur chaque parcelle de la pièce, jusqu'à cet instant t où je suis à terre et je ne vaux plus rien, terrassé par un corps qui n'en veut plus, fragile et vulnérable et nu et effondré et tout près de disparaître, anonyme, oublié et sans gloire ni mémoire, effacé et noyé dans ma pisse, pour un vulgaire spasme du psoas.
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Au moment où j'allais éteindre la lumière, elle a bâillé, juste devant mes yeux, et la métamorphose opérée sur son visage, à chaque fois la même, si rapide et comme au ralenti, a là encore révélé sa double nature, angélique et vampirique : en s'étirant, son minois tout de douceur et d'amour s'est déformée en une gueule béante et hideuse de créature diabolique ; ses oreilles en s'aplatissant vers l'arrière, se sont recourbées, et leurs pointes ainsi affûtées ont pris des allures de cornes démoniaques ; les yeux, en se plissant, sont devenus deux entailles ardentes aux reflets tranchants ; et ses mâchoires se sont ouvertes sur un gouffre comme la porte des Enfers, gardée par la herse menaçante de ses canines acérées. Une vraie goule échappée des armées de Satan. Et puis sa gueule se referme, et elle redevient la plus adorable des bestioles de l'univers.
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Alors me voilà encore une fois affalé sur mon canapé, plus de projets, plus d'amants, plus d'amis. Terrassé par le vide.
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" Arnold, une fois de plus, venait de s'assurer que personne ne pourrait prendre sa place. Ce n'était pas méchant, et n'avait rien de personnel. Il ne souffrait tout simplement d'aucune concurrence. Dans sa vision des choses, on passait d'un sommet à l'autre en restant justement au sommet."
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... et ses offices à rebours, où l'abbé Beccarelli distribuait aux assistants ses hippomanes, "des pastilles aphrodisiaques qui présentaient cette particularité qu'après les avoir avalées, les hommes se croyaient changés en femmes et les femmes en hommes", et d'autres concoctions encore, qui servaient aux envoûtements, vins de messe et corpus christi, préparées avec les sucs vénénifères de poissons toxiques ou le sang et les graisses de souris, de poulets et de foetus humains, et dont, disait-on, une seule goutte suffisait à rendre fou ; elles plongeaient les victimes dans des états tétanisés ou violemment dérèglés, assoiffés de sexe et brûlés de fièvres ... La cruauté aussi, la férocité sans fin et inimaginable et au sujet de laquelle Huysmans ne nous épargne rien, la cruauté de Gilles de Rais, Barbe bleue, le premier serial killer et le premier serial fucker à faire passer tous les serial killers et serial fuckers du XXè siècle et les pires monstres de Hollywood pour des petits joueurs - sans doute, justement, parce que sa démence et sa cruauté sont profondément mystiques, elles sont d'une âme damnée et déchirée et non d'un cerveau simplement malade ou chimiquement dérèglé -, et j'ai éprouvé à nouveau une terreur enfantine, comme la première fois, à la lecture de cette scène où ...
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... je retourne à mon appartement et je ferme la porte derrière moi et c'est là qu'il est apparu : assis sur le parquet, en plein soleil, sa queue tigrée s'enroule autour de son arrière-train, tandis que le long de son dos, rebondi comme l'épaule d'une amphore, les courbes se troublent par endroits sous l'effet de la lumière qui embrase le moire de son pelage, comme si s'effaçait la ligne qui le sépare du reste du monde ; et ses petites pattes avant, sagement alignées l'une contre l'autre, soutiennent son poitrail qui s'évase élégamment jusqu'à son minois penché vers moi ; il me dévore de ses yeux grands ouverts, comme une question à laquelle il y aurait des réponses infinies, ou aucune ... Sorti de nulle part, un chat se tient là, devant moi.
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Il sourit certes, du sourire inquiet, curieux, de celui qui doute. C'est ça qui est beau dans "Là-bas" : c'est un livre sans certitude. C'est le livre d'un homme qui doute. Et le doute, jeune homme, c'est la base de la foi. C'est ce qui la distingue de la bigoterie. On commence par douter, puis on parie. Alors on croit. On sent, dans "Là-bas", que Huysmans a envie de croire.
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Ce qui me sidère, c'est cette manière qu'elle a de rechercher "activement" les câlins - elle vient contre toi, elle te tourne autour, la queue à la verticale, dont la pointe ondule comme la main d'une danseuse balinaise, elle te montre le petit bouton de rose de son cul tout propre, elle se cambre et s'étire plus encore et creuse le dos et tu la repousses un peu parce que sa croupe est à deux doigts de ton nez (tu es assis à ton bureau et elle s'est posée devant toi, ou bien tu es en train de lire allongé et elle fait son manège juste à côté de toi, ou carrément sur ta poitrine) et c'est difficile de se convaincre que toute cette parade n'est pas sexuelle - en vrai, les chats te montrent leur cul pour signifier qu'ils sont en confiance, ça n'a rien à voir -, et puis elle vient te donner des petits coups avec son front, pour dégager ton livre et prendre sa place ; et hop, elle se met sur le dos, les pattes recroquevillées comme une peluche, elle tourne son cou qu'elle t'offre et te regarde en biais de ses yeux de miel, je veux des gratouilles, et honnêtement à ce stade-là plus personne ne résiste, alors tu la grattes, et elle tend le cou plus encore, elle plisse les yeux et elle en redemande et ça peut durer comme ça des minutes entières, elle change de position, parfois elle t'offre le dessus de son crâne, entre les deux oreilles, ou sa poitrine et son ventre tout doux, et puis d'un coup elle t'agrippe furieusement le bras et enfonce crocs et griffes acérées dans ta chair tendre, violemment, profondément, les oreilles tendues, plaquées en arrière, les yeux en feu, et elle part en courant et elle te laisse là, bras, poignets et mains ensanglantés. C'est d'une violence inouïe, et c'est une douleur intense, fulgurante, mais j'ai compris qu'en fait c'est une manière d'exprimer son excitation.
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"Vois tu homme aveugle, ouvre les yeux, et rends toi auprès d'un arbre, regarde le et réfléchis ... Tu ne trouveras pas un seul livre où la sagesse divine t'apparaîtra de façon plus intime que lorsque tu vas dans un pré en fleurs"

( p. 188 - Jakob Boehme)
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En navigant vers le crépuscule, m'annonça Murnau, alors qu'il rangeait ses livres dans sa cabine, " nous partons à la poursuite de nos livres comme à la poursuite de nos rêves". Et je me souviens d'avoir renchéri, afin que son regard s'enflammât plus encore:"
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Murnau exultait: il avait enfin la certitude qu'il parviendrait à ses fins - recréer le paradis. D'avant la corruption par les forces inéluctables de la civilisation.
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[...] de feu, de glace, sûr de son coup, cruel et doux, et impitoyable.
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Dans la rue, tout autour de nous, cette heure que les photographes disent magique étirait l'ombre des choses et couvrait leur surface de brumes dorées. Je l'écoutais en fumant clope sur clope, bercé par sa belle voix posée, comme s'il m'avait raconté une histoire fantastique, sans bien me rendre compte que c'était ma propre vie qui, à ses yeux, était potentiellement menacée.
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[...] et si parfois, par un dérèglement de notre imagination, on perçoit par accident un murmure étouffé, un souffle suspendu que l'on sent nous effleurer, il n'y a pas non plus forcément de quoi s'étonner, ni s'inquiéter outre mesure.
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L'encre noire, c'est la bile noire, l'autre nom de la mélancolie... L'encre, c'est autant la transmission de la connaissance que sa trahison, c'est la mélancolie du poète qui cherche en vain à fixer la beauté, toujours instable, toujours éphémère - l'encre, c'est la promesse de la mémoire éternelle, en même temps que la fin de la mémoire originelle, celle, orale, de l'esprit ; c'est aussi la mélancolie profonde de toute écriture, car on écrit toujours contre la disparition inévitable du monde, c'est une tentative désespérée de saisir une fois pour toutes ce que la mémoire inexorablement finira par oublier, et les ténèbres par engloutir - Rabelais raconte, d'ailleurs, que c'est en travaillant à l'invention de nouvelles encres qu'un moine inventa la poudre à canon : dans le même mouvement qui cherche à lutter contre la mort et l'oubli s'invente la possibilité de la destruction totale, à l'infini. L'encrier, voyez-vous, c'est toujours l'encrier du diable ...
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