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EAN : 9782749178165
304 pages
Le Cherche midi (24/08/2023)
3.57/5   36 notes
Résumé :


Un Américain installé à Paris,
une façade aux motifs intrigants,
un chat énigmatique,
un voisin glaçant,
un cadavre et…

… la réalité qui soudain se fissure, laisse la voie libre à d’anciennes messes noires, à des rites occultes, à des textes mystiques dont on croit percevoir l’écho dans des nuits de sexe de plus en plus hard, entre backrooms et apps de rencontre.

Qui trop contemple l’abîme…>Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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°°° Rentrée littéraire 2023 # 36 °°°

Les premières pages amènent le lecteur au 6 ter rue de Paradis à Paris, devant une façade d'immeuble bourgeois tout ce qu'il y a de plus «normal ». Mais si on la regarde attentivement, par un surprenant effet d'anamorphose …

« … les arabesques des garde-corps, les volutes des chapiteaux ne se transforment-elles pas ici en tentacules vénéneux, là, en griffes crochues ? Les feuilles d'acanthe ne sont-elles pas plutôt des ronces épineuses dont les tiges enlacées forment, par un subtil jeu de symétrie, un masque inquiétant ? Les visages des mascarons, si nobles dans leur perfection antique, n'ont-ils pas des flammes à la place des yeux, des oreilles hérissées de pointes, des langues fourchues, des canines menaçantes ? Dans les méandres végétaux moulés dans la fonte du vantail, ne voit-on pas surgir en silence tout un bestiaire fantastique ; et, entre les crocs et les serres de ces créatures infernales, des scènes de sévices que seul le dark web aujourd'hui s'autoriserait à reproduire ? »

Nous voilà prévenus, d'autant que le narrateur ( anonyme ) est immédiatement conduit par un commissaire à la retraite dans un des appartements où le cadavre d'un américain a été retrouvé, baignant dans son sang, ligoté nu tête en bas, bras en croix, entrailles béantes. Un cold case laissant de nombreuses questions sans réponse ( suicide, meurtre, oeuvre du diable ? ). le vieux flic confie au narrateur le journal intime du mort.

L'Abîme est un roman furieusement érudit qui convoque une multitude de références cinématographiques et littéraires. C'est évident que je suis passée à côté de beaucoup, mais certaines sont flagrantes. Cela démarre comme un film horrifique de found footage ( les archives retrouvées permettant de remonter le temps et comprendre ce qui est arrivé au mort ) avant de basculer dans le Horla de Maupassant à mesure qu'on découvre comment l'Américain trucidé s'est enfoncé dans l'abîme et la folie. Il semble s'autodévorer tête baissée malgré des signes prémonitoires annonciateurs de la catastrophe à venir ( un chat au comportement énigmatique, la présence d'un voisin inquiétant voisin )

Nicolas Chemla excelle à manier les références ( le Locataire de Polanski, Lovecraft, Poe ) pour créer une oeuvre originale qui hypnotise le lecteur par la puissance tranchante d'une écriture qui ne craint pas de déployer des très longues phrases ( mais parfaitement lisibles ). L'utilisation du décor comme générateur d'oppression est impeccable, tout comme l'évolution du regard porté sur le personnage principal. Au départ, je l'ai imaginé vieux tellement il semblait en décalage avec le monde moderne, aigri, misanthrope.

« J'ose à peine sortir de chez moi. Dès que je mets le pied dehors, dans la rue, j'ai l'impression d'avancer tout au bord d'un tourbillon où le monde s'effondre, partout autour de moi je ne vois que bassesse et laideur et destruction, des hommes et des femmes, déjà morts ou presque, des cadavres décharnés, téléguidés, des charognes en état de lente décomposition, maintenues en mouvement et dans l'illusion du libre arbitre par des stimuli électroniques générés par des machines inaccessibles, et tous participent activement, dans la colère ou la joie, consciemment ou non, à la ruine à venir, les uns par nihilisme, les autres par excès de confiance, et tous ne font qu'accélérer la chute. »

Sans corps aussi. Et puis au fil du récit, on voit se dessiner un homme bien bâti, la quarantaine, homosexuel à la vie sexuelle très remplie. Et c'est là que l'auteur ose. Ose déranger. Ose se délecter de la transgression. Et avec une liberté totale aux antipodes des sensitive readers, plonge le lecteur dans un univers terrifiant, malsain de porno gay trash, de sexe extrême, de rites occultes luciféristes. La descente mystico-charnelle de l'Américain s'inscrit très nettement dans la littérature décadente du XIXème siècle. Ou comment Huysmans aurait écrit son Là-bas en 2023.

Est-ce que j'ai aimé ce roman ? Oui pour la qualité de l'écriture et la maestria de la conduite narrative sans frein qui crée de l'original à partir d'un kaléidoscope de références. Est-ce que j'ai pris du plaisir ? Non car j'ai beau aimé être dérangée dans mon confort de lectrice, les cinquante dernières pages sont vraiment très éprouvantes par les images qu'elles laissent imprimer dans la rétine, avec le dégoût au fond de la bouche. J'ai tendance à préférer la suggestion d'un Maupassant pour raconter un voyage fatal vers les abimes, quelles qu'elles soient.



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Avant de mettre cette petite chronique, ai attendu que le malaise et le dégoût de ce que je venais de lire passent.

Pourtant, l'auteur a su dès les premières pages m'intéresser pendant quasi les trois quart de son livre.

Les descriptions de cet immeuble, très spécial, à Paris, celles de son chat du hasard "Mouche" sont merveilleuses et que dire de ce tableau de Dürer "Melencolia" largement analysé et d'une richesse extrême.

Egalement, tous les phénomènes inexpliqués, commandés aux esprits de la nuit dans son sixième sous-pente.

"Le mystère n'en finit pas de redéployer ses ténèbres insondables".

- La zone brunante - La 4ème dimension, la zone du crépuscule -
brunante en québécois : c'est la fin du jour, l'heure magique entre le jour et la nuit.

Le chiffre 34 - Chiffre de Jupiter , l'astre de la joie
Saturne étant l'astre de la mélancolie.

Les Sciences Occultes et les descriptions de son chat tiennent une large place.
Quel livre intéressant par sa diversité qui m'a sorti de mon "ordinaire".

Mais, alors , tout change pour moi à partir de la page 244 .
Les Sociétés Secrètes du Mal basculent dans la Société Gay Sado-Maso au paroxysme de ses déviances.
Et, là, j'ai décroché.
Bien trop glauque avec ses pratiques déshumanisantes, cruelles et malsaines qu'il décrit avec moults détails.

J'ai donc survolé les cinquante dernières pages, dégoûtée, parce que, pourtant tout le reste m'avait bien plu !

"...est-il possible que moi, dans le regard de Mouche et dans ses mouvements graciles, dans ses yeux qui eux aussi contiennent le monde et dans leurs lueurs jaunes et diaphanes de crépuscules d'automne après l'orage, est ce que je peux, moi, dans ses prunelles qui pulsent comme un coeur, où le noir est lumineux et la lumière s'enténèbre et qui semblent aspirer le cosmos et le temps pour constamment les réengendrer, est ce que moi aussi, je peux, dans le trou noir, dans le fond sans fond de son regard, envisager que si l'infini est en nous, c'est de mon âme elle-même que je contemple l'abîme ?"


(PS - Merci à masse critique spéciale de m'avoir sélectionnée et m'avoir
permis de découvrir cet auteur)

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Nicolas Chemla excelle à parler des monstres, qu'ils aient les traits d'une créature body-buildée (Mr Amérique) ou du père de Nosferatu (Murnau des ténèbres).
Cette fois, le monstre, c'est lui, parce qu'il se sent étranger à la décadence d'un monde qui l'oppresse, qu'il s'enlise dans une misanthropie dont seul un animal aux neuf vies pourra le guérir (le chat « Mouche »), que la vieillesse de son voisin lui donne sa propre mort en miroir et qu'il entend des voix au-delà du bon sens. Il peut sombrer à chaque instant. L'abîme est proche. Dans un sursaut désespéré, il prend sa plume et raconte sa lente descente, faisant de l'écriture une thérapie de la dernière chance.
Résumé autrement, ce livre frise ma correctionnelle : un vieux garçon parisien priapique, gaga pour son chat, aigri et dépressif qui, par le truchement d'une autofiction maquillée, nous inflige ses états d'âme et ses plans cul.
Seulement voilà, Nicolas Chemla écrit remarquablement bien. Je me suis délectée de ses saillies contre les viragos du marketing (p30), le Paris déliquescent (p89), la jeunesse gay (p96) et ses fêtes débridées (p218).
Influencé par Lovecraft et Huysmans, L'auteur chérit l'inexplicable, l'occulte, le bizarre, le surnaturel, la magie trouble de la « brunante » (libre traduction québécoise de la « twilight zone) », parce que si l'IA va tout expliquer et tout prévoir (p158 et 179), il ne reste plus qu'à crever.
« Abîme » est un plaidoyer pour le doute et le mystère, un manifeste pour la déviance et l'inattendu, à une époque où les stéréotypes aplanissent, portés par les vrais cavaliers de l'apocalypse : les algorithmes.
Un livre écrit sans fard et sans freins à ne pas mettre entre toutes les mains.
Bilan : 🌹🌹
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Roman noir et spécial, hautement intelligent, pas toujours facile, mais la plume est tellement maîtrisée qu'elle rend les réflexions toujours compréhensibles. Drôle de présentation pour ce livre ? Faut dire qu'il n'est pas commun. Il y a du Horla de Maupassant, du presque E.A. Poe et/ou Sade. On croit ouvrir un poème noir de Baudelaire. Comme à la belle époque du fantastique obscure. Parce que ce jeune américain gay qui vit à Paris nous raconte sa descente vers l'Abîme. Sa transformation est sociale (s'enfermant dans son domicile, avec son chat, comme envoûté par le lieu, et l'animal) ; elle est physique aussi, son visage dévasté ; ou dans ses lectures, ésotérico-obscurantistes ; elle est sexuelle surtout, porno hardcore (des descriptions crues qui pourront déranger à coup sûr). Comme si d'ailleurs l'abandon de soi passait par une ouverture à toutes les sexualités, même les plus bestiales. La sexualité débridée, summum du non-être, de la servitude à la saleté, des mots aux actes. Tout ce chaos accompagné d'analyses froidement lucides sur le monde moderne. Un livre aussi spécial qu'il est subversif. Une perle noire qui rappelle que souvent sexualité et satanisme furent/sont liés.
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Un roman à l'atmosphère gothique digne de Lovecraft ou Edgar Allan Poe !
Âmes sensibles s'abstenir !

"L'Abîme", de l'auteur, essayiste et chroniqueur Nicolas Chemla, est un texte troublant, dérangeant et hypnotique qui s'apparente à un journal intime, écrit dans une langue qui se joue des genres, à la fois classique et survoltée. Ce style original n'est pas sans rappeler l'atmosphère gothique des grands auteurs décadents du XIXe siècle, en le confrontant au vertige de notre époque désespérément plate. Dans "L'Abîme", le mystère, l'inquiétante étrangeté, reprend brutalement ses droits !

Suite à un héritage de sa tante, un écrivain Américain raté s'installe à Paris dans un appartement au sixième étage d'un immeuble à la façade aux motifs gothiques intrigants. Un chat énigmatique, surgit de nulle part, prend possession de son appartement... et de l'esprit de son propriétaire ! Un voisin taciturne glaçant, vieillard âgé de 94 ans, au passé trouble. Un cadavre carbonisé dans un appartement dont la mort accidentelle est suspecte...

Dans cette atmosphère anxiogène, la réalité soudain se fissure, laisse la voie libre à d'anciennes messes noires, à des rites occultes, à des textes mystiques dont on croit percevoir l'écho dans des nuits de sexe de plus en plus hard, entre backrooms et apps de rencontre.

Peu à peu, cet Américain homosexuel âgé de 42 ans sombre dans la folie. Dans son appart, rue du Paradis, il va vivre l'Enfer. Un Horla le hante. Ce livre est le récit de sa chute. Qui trop contemple l'abîme


Je remercie les éditions @Cherchemidi et @NetGalleyFrance de m'avoir permis de découvrir ce roman et cet auteur que je connaissais pas encore.

Le style de l'auteur reflète la psychologie délirante de son narrateur : dès les premières lignes, le lecteur est oppressé en lisant des phrases interminables issues du journal intime du narrateur. C'est comme s'il était en apnée, incapable de reprendre sa respiration, en lisant la logorrhée du protagoniste qui traduit son angoisse viscérale, sa peur panique de sombrer dans l'abime de la folie.

J'avoue que j'ai trouvé certains passages d'une violence insoutenable, notamment ceux concernant ce gourou SM appelé PersianWolf que le protagoniste rencontre par le biais d'une app pour homosexuels. Mais, j'ai bien aimé l'humour noir qui est omniprésent dans ce roman atypique, ce qui permet de libérer le trop plein de tension ressenti en lisant ce journal intime sans aucun tabou. Une lecture très éprouvante qui ne peut laisser indifférent !
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critiques presse (5)
LeJournaldeQuebec
30 octobre 2023
Le résultat est troublant.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Marianne_
11 octobre 2023
Nicolas Chemla signe le très original roman « L'abîme », qui débute comme un roman policier et se développe comme un cousin non dénué d'humour du roman fin de siècle à la sauce Huysmans. Une descente aux enfers comme une demande expresse de réenchantement.
Lire la critique sur le site : Marianne_
SudOuestPresse
03 octobre 2023
L'auteur se délecte de la transgression. Aux antipodes des « sensitive readers », il use d’une liberté déconcertante pour créer une ambiance « malaisante ». Disons-le, Nicolas Chemla a un talent pour décrire l’horreur et… les chats.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
LeFigaro
28 septembre 2023
L’auteur raconte la descente aux enfers d’un homme. Cauchemardesque et putride.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
11 septembre 2023
"L’Abîme" jette toutes ses forces dans la bataille charnelle et mystique pour tenter d’atteindre ce mythique « au-delà du mal » indéfiniment reculé et dérobé.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Ce qui me sidère, c'est cette manière qu'elle a de rechercher "activement" les câlins - elle vient contre toi, elle te tourne autour, la queue à la verticale, dont la pointe ondule comme la main d'une danseuse balinaise, elle te montre le petit bouton de rose de son cul tout propre, elle se cambre et s'étire plus encore et creuse le dos et tu la repousses un peu parce que sa croupe est à deux doigts de ton nez (tu es assis à ton bureau et elle s'est posée devant toi, ou bien tu es en train de lire allongé et elle fait son manège juste à côté de toi, ou carrément sur ta poitrine) et c'est difficile de se convaincre que toute cette parade n'est pas sexuelle - en vrai, les chats te montrent leur cul pour signifier qu'ils sont en confiance, ça n'a rien à voir -, et puis elle vient te donner des petits coups avec son front, pour dégager ton livre et prendre sa place ; et hop, elle se met sur le dos, les pattes recroquevillées comme une peluche, elle tourne son cou qu'elle t'offre et te regarde en biais de ses yeux de miel, je veux des gratouilles, et honnêtement à ce stade-là plus personne ne résiste, alors tu la grattes, et elle tend le cou plus encore, elle plisse les yeux et elle en redemande et ça peut durer comme ça des minutes entières, elle change de position, parfois elle t'offre le dessus de son crâne, entre les deux oreilles, ou sa poitrine et son ventre tout doux, et puis d'un coup elle t'agrippe furieusement le bras et enfonce crocs et griffes acérées dans ta chair tendre, violemment, profondément, les oreilles tendues, plaquées en arrière, les yeux en feu, et elle part en courant et elle te laisse là, bras, poignets et mains ensanglantés. C'est d'une violence inouïe, et c'est une douleur intense, fulgurante, mais j'ai compris qu'en fait c'est une manière d'exprimer son excitation.
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... et l'on a ri et plus tard on s'y est remis, et tout cela, les heures de baise, d'études, de travail, de lecture, les nuits sans fins à discuter avec mes ex, jusqu'au point du jour, se découvrant des complicités inattendues, où l'on se caressait sous la lune et l'on comptait les étoiles à travers le vasistas, les petits déjeuners au lit pour me faire la surprise, les matins de stress et d'excitation avant l'entretien pour un job important, les enthousiasmes et les pop de champagne et les déceptions et les peines, tout cela s'est accumulé et superposé, une infinité de moi dans toutes les positions et sur chaque parcelle de la pièce, jusqu'à cet instant t où je suis à terre et je ne vaux plus rien, terrassé par un corps qui n'en veut plus, fragile et vulnérable et nu et effondré et tout près de disparaître, anonyme, oublié et sans gloire ni mémoire, effacé et noyé dans ma pisse, pour un vulgaire spasme du psoas.
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... et ses offices à rebours, où l'abbé Beccarelli distribuait aux assistants ses hippomanes, "des pastilles aphrodisiaques qui présentaient cette particularité qu'après les avoir avalées, les hommes se croyaient changés en femmes et les femmes en hommes", et d'autres concoctions encore, qui servaient aux envoûtements, vins de messe et corpus christi, préparées avec les sucs vénénifères de poissons toxiques ou le sang et les graisses de souris, de poulets et de foetus humains, et dont, disait-on, une seule goutte suffisait à rendre fou ; elles plongeaient les victimes dans des états tétanisés ou violemment dérèglés, assoiffés de sexe et brûlés de fièvres ... La cruauté aussi, la férocité sans fin et inimaginable et au sujet de laquelle Huysmans ne nous épargne rien, la cruauté de Gilles de Rais, Barbe bleue, le premier serial killer et le premier serial fucker à faire passer tous les serial killers et serial fuckers du XXè siècle et les pires monstres de Hollywood pour des petits joueurs - sans doute, justement, parce que sa démence et sa cruauté sont profondément mystiques, elles sont d'une âme damnée et déchirée et non d'un cerveau simplement malade ou chimiquement dérèglé -, et j'ai éprouvé à nouveau une terreur enfantine, comme la première fois, à la lecture de cette scène où ...
Commenter  J’apprécie          80
Au moment où j'allais éteindre la lumière, elle a bâillé, juste devant mes yeux, et la métamorphose opérée sur son visage, à chaque fois la même, si rapide et comme au ralenti, a là encore révélé sa double nature, angélique et vampirique : en s'étirant, son minois tout de douceur et d'amour s'est déformée en une gueule béante et hideuse de créature diabolique ; ses oreilles en s'aplatissant vers l'arrière, se sont recourbées, et leurs pointes ainsi affûtées ont pris des allures de cornes démoniaques ; les yeux, en se plissant, sont devenus deux entailles ardentes aux reflets tranchants ; et ses mâchoires se sont ouvertes sur un gouffre comme la porte des Enfers, gardée par la herse menaçante de ses canines acérées. Une vraie goule échappée des armées de Satan. Et puis sa gueule se referme, et elle redevient la plus adorable des bestioles de l'univers.
Commenter  J’apprécie          120
Donc voilà, je tombe sur ce type, nu comme un ver, un grand gars plutôt bien bâti, un corps d'athlète, les pieds liés, un oeil bouffé, les entrailles à l'air, la tête en bas et les bras en croix, et forcément , je vous l'ai dit déjà je ne suis pas expert mais je m'intéresse à l'art, notamment la peinture, forcément je pense à la crucifixion de saint Pierre, celle peinte par Ribera par exemple, et vraiment ce qui me frappe, c'est l'expression de son visage, malgré la plaie, malgré l'oeil à moitié bouffé, c'est une expression qui semble hésiter entre l'extase et la douleur extrême, entre la grâce et l'horreur ....
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Videos de Nicolas Chemla (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nicolas Chemla
À l'occasion de la 45ème édition du festival "Le livre sur la place" à Nancy, Nicolas Chemla vous présente son ouvrage "L'abîme" aux éditions le cherche midi. Rentrée littéraire automne 2023.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2886538/nicolas-chemla-l-abime
0:00 : Début
0:17': Pouvez-vous nous raconter ce qu'il se passe dans votre nouveau roman "L'Abîme"?
3:27': On plonge dès les premières pages, avec la description de la façade de cet immeuble, dans une ambiance gothique, un univers obscur qui affleure et qui ne va cesser de s'étendre. Via différents personnages, Doucet/ l'américain/ Persian Wolfe vous dressez un portrait d'un certain milieu homosexuel que vous mettez en rapport avec une sorte de tradition luciferienne. Qu'est-ce qui a motivé le choix de ces différentes thématiques?
6:28': le rapprochement entre l'univers satanique et la sexualité complètement libérée, et désir de faire un update de l'oeuvre "Là-bas" de Joris-Karl Huysmand, datant du 19ème siècle, livre de référence pour l'auteur.
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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