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EAN : 9782266327374
256 pages
Pocket (16/11/2023)
3.82/5   40 notes
Résumé :
En 1929, Friedrich Murnau, l’un des plus grands cinéastes au monde, abandonne le confort d’Hollywood pour rallier, à bord d’un petit voilier, les Marquises d’abord puis Tahiti et Bora-Bora. C’est là qu’il réalise Tabou, « le plus beau film du plus grand auteur de films », selon Éric Rohmer.
Mais ce chef-d’œuvre incomparable est maudit. Son tournage sera marqué par les drames et les catastrophes. Et Murnau, comme basculant dans son propre film, mourra tragique... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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"Ils parlent de la mort
Comme tu parles d'un fruit
Ils regardent la mer
Comme tu regardes un puits." Aux Marquises, Jacques Brel.


"Le Paradis en accostant dans l'île de Ua Pou",.. un spectacle enivrant avec ses couleurs irréelles, les fruits et les fleurs, les danses, les rires et les chants polynésiens...


En 1929, Fiedrich Murnau réalise son film "Tabou" aux Marquises en Polynésie, sans réaliser qu'il enfreint quelques "tapus":interdits liés au sacré.
Au réveil, un ciel complètement limpide, sans aucun nuage... le mont Otemanu se découpait sur le ciel bleu,..
Débarquant sur un "motu": un îlot de sable de corail, Murnau déplace une pierre et la jette à l'eau:
-"Tu as jeté cette pierre? Malheureux! Elles sont sacrées!"


"Une énorme vague surgie de nulle part, s'élève en une fraction de seconde et manque d'emporter Murnau. La vague balaie la caméra qui s'éclate conte les rochers. Les 2 canots sont projetés, avec une violence surnaturelle contre la paroi rocheuse, contre laquelle ils se brisent."


"Et par manque de brise
Le temps s'immobilise
Aux Marquises
Du soir montent des feux"


Murnau a voulu tout ignorer ( même si l'ombre de son "Nosferatu" plane autour de lui) défiant "Auhaituroa" ( à l'origine du feu.)
Les figurants polynésiens refusaient de sortir des cabanes, pendant à la nuit à cause des esprits, la mise en garde d''un vieux, et ce papillon noir dans la nuit apportant la mort ( Ascalapha Odorada).
-" ...le feu, la nuit, les ombres mouvantes, les flammes. Comment ne pas voir qu'on touche là, à l'essentiel?"


Action, le caméraman commence à tourner et... "Une explosion, un éclair de foudre...Une silhouette noire et chancelante, la peau carbonisée...Reese, l'assistant caméraman, complètement ravagé par les flammes...


"Tabou", le plus beau film du plus grand auteur de film". Selon Eric Rohmer.
Mais Murnau ne sera pas à la première de son film...
"Veux tu que je te dise
Gémir n'est pas de mise
Aux Marquises."
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Nicolas Chemla nous emmène dans les mers du sud. Il a pris pour guide le réalisateur de Nosferatu, Friedrich Murnau. On pourrait s'étonner d'un tel choix, on a tort car : « plus la lumière est intense, plus l'ombre est profonde ». D'ailleurs, « le cinéma est le langage des ombres ».
À l'exemple de pierre Loti (et sa Rarahu « Ces splendeurs et cette tristesse ont été créées pour d'autres imaginations que les nôtres »), d'Herman Melville (Taïpi), de Matisse, de Gauguin ou, plus près de nous, de Jacques Brel (Ils parlent de la mort / Comme tu parles d'un fruit / Ils regardent la mer / Comme tu regardes un puits), Murnau recherche une lumière plus intense, une terre encore plus vierge. « Murnau rêvait toujours d''un ailleurs, dans sa mélancolie »
Murnau est étranger à cet Hollywood balbutiant : « une bande de forains vulgaires qui avaient fait fortune sur la côte Est avec des machines à sous diffusant des images plus ou moins cochonnes ».
Murnau a le projet d'un film intime et ultime, Tabou, dans lequel il raconte comment la civilisation occidentale a tué l'innocence (p70, p82, p95, p110, p151) en inventant la pudeur, la culpabilité et la nécessité. La civilisation occidentale et son mauvais génie, la science : « Vaincre la mort, recréer la vie, abolir le temps : toutes les promesses de la modernité étaient les promesses de Satan ». D'ailleurs, Lucifer signifie « porteur lumière » en latin.
Le livre de Nicolas Chemla est envoûtant, érudit, intelligent, à la mesure de cette grande figure du cinéma mondial dont le seul tort a été de croire que son art était plus sacré que la nature des îles qu'il admirait. La légende veut qu'il ait payé de sa vie son impudence.
Bilan : 🌹🌹
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Ce roman situé à mi-chemin entre rêve et réalité, entre les forces de l'esprit et celles de la nature, s'appuie sur l'ultime tournage et le dernier épisode de la vie de Firedrich Wilhelm Murnau pour nous emmener dans un lointain voyage.
Lointain non seulement par la distance qui nous sépare de la Polynésie, mais aussi par la distance entre notre univers matérialiste et celui, bien plus spirituel des habitants des lieux.
L'auteur, parti sur les traces de Murnau, comme d'autres le firent à la recherche de Gauguin ou de Brel, rencontre un homme sans âge qui lui relate dans le détail l'arrivée de Murnau en 1929 pour le tournage de Tabou, qui fut à la fois un de ses chefs d'oeuvre, et aussi son dernier film dont il ne vit jamais la Première.
A travers des récits mêlés de réflexions philosophiques et de questionnements, on suit ainsi la dernière grande aventure du réalisateur de Nosferatu ou du Dernier des hommes jusqu'au tragique épilogue de 1931 où Murnau trouva la mort au détour d'un virage en Californie.
On apprend beaucoup, non seulement sur cette partie méconnue de l'oeuvre de Murnau, mais aussi sur sa faculté à visualiser les scènes à travers son "oeil caméra" et son extrême méticulosité en même temps que son intransigeance artistique.
Le roman, structuré à travers 3 secondes emporte très loin le lecteur et permet de discerner davantage de détails dans le film Tabou, un peu comme si on avait eu la chance d'assister au tournage.
Un excellent moment tant romanesque que cinématographique, à recommander aux amateurs d'expressionnisme.
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Qu'il est malaisé de rédiger un commentaire sur ce roman, finaliste d'un prix littéraire et, donc, apprécié dans les hautes sphères!
Il semble évident qu'un travail d'écriture monumental est derrière ces quelques 240 pages. Mais, je ressens, comme chez Mario Vargas Llosa, face à cette écriture chirurgicale, glacée, un ennui et même un malaise.
Malaise accentué par la personnalité particulière de F.W. Murnau.
A aucun moment, je n'ai pu "entrer" dans l'ouvrage: les descriptions -répétitives- d'endroits paradisiaques, tout comme le déroulé de l'histoire, banale au demeurant: un gars égoïste, doué, porte la jouissance de "sa" liberté absolue comme un étendard jusqu'à ce qu'il soit - naturellement- stoppé, non par une M.S.T. mais par des évènements peut-être naturels suite à une succession de violations de règles, notamment civilisationnelles dont il se prétend par ailleurs être l'ardent défenseur.
Car le rendu de ce document manque cruellement de souffle, de coeur et de magie. Ce ressenti personnel ne constitue, évidemment qu'une simple opinion.
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Le Murnau de Nicolas Chemla est un roman biographique d'une part importante dans la vie d'un cinéaste allemand des années 20 , sur ce qui lui tient le plus à coeur, le cinéma.

Voyage initiatique, onirique , voyage au paradis et en enfer que cette découverte des Iles Marquises qu'ont foulés d'autres avant F. Murnau et qui font référence pour lui en la personne de Pierre Loti, de Paul Gauguin, de Henri Matisse ou encore d'autres venus chercher la lumière et l'authenticité .

Les description tant des paysages que des personnages et histoires des îles nous donnent envie de suivre cette expédition (que j'ai eu la chance de parcourir dans les années 70) mais je reste un peu déçue car je pensais en découvrir plus sur la personne de Murnau, le tournage sulfureux de son oeuvre et sur l'ambiance qui régnait à cette époque dans le monde cinématographique.
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critiques presse (1)
LeMonde
10 janvier 2022
L’écrivain Nicolas Chemla bâtit des ponts entre cinéma, littérature et peinture pour escorter le cinéaste sur le tournage fou de « Tabou » (1931).
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Un visage aux traits encore juvéniles et déjà virils, comme rêvés par un peintre classique obsédé de rectitude: le front, large et droit, les sourcils marqués, le nez bien aligné, les narines rondes, en proportion de ses lèvres charnues, le menton volontaire, légèrement retroussé. Et, au-dessus de ses pommettes larges et hautes, des yeux de biche, rieurs et noirs, qui auraient pu être ceux d'une femme. Immédiatement, Murnau sut qu'il tenait là son premier rôle. Mehao, c'était son nom, embarqua avec nous quelques jours plus tard et ne nous quitta plus jusqu'à la fin... Murnau aimait les hommes, vous savez...
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Les jeunes hommes vigoureux, aux corps olympiens, plongeaient en virevoltant et ressortaient de l'eau en riant, tenant dans leurs mains des poissons étincelants, tandis que d'autres, comme si c'était un jeu, sautaient entre les vagues, d'une roche à l'autre, un harpon tendu au-dessus de la tête, comme les lanceurs de javelot des stades antiques, et pêchaient avec élégance et précision. L'un d'eux jaillit de l'écume en tenant un gigantesque poulpe ruisselant de lumière, qu'il brandit comme un trophée vers le soleil. A la force de ses bras noueux, il en arracha un des longs tentacules qu'il dévora cru, avec un sourire hilare et repu.
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En navigant vers le crépuscule, m'annonça Murnau, alors qu'il rangeait ses livres dans sa cabine, " nous partons à la poursuite de nos livres comme à la poursuite de nos rêves". Et je me souviens d'avoir renchéri, afin que son regard s'enflammât plus encore:"
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Le cinéma, c'est 24 images par seconde. Et entre chaque image, 24 fois une ligne d'ombre. Blanc, noir, lumière, ombre. 24 fois par seconde. C'est ce clignotement, ce scintillement dans le noir qui prend origine dans la camera oscura, la chambre noire, qui recrée l'illusion de la vie qui est proprement luciférien - lucifer, en latin, qui est porteur de lumière, n'est-ce pas une manière de décrire le projecteur, dans les salles obscures, d'où jaillit la lumière des simulacres- les fantômes diaboliques de nos rêves les plus inavouables?
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Nous ne pensons plus à nos livres et pourtant nous baignons dans l’écho lointain de leurs aventures. C’est que nous sommes désormais à la lisière du monde comme en son coeur, ni dans la fiction ni dans le réel familier, mais dans une zone frontalière où tout a l’épaisseur du rêve, et tout a la puissance du cosmos.
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Videos de Nicolas Chemla (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nicolas Chemla
À l'occasion de la 45ème édition du festival "Le livre sur la place" à Nancy, Nicolas Chemla vous présente son ouvrage "L'abîme" aux éditions le cherche midi. Rentrée littéraire automne 2023.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2886538/nicolas-chemla-l-abime
0:00 : Début
0:17': Pouvez-vous nous raconter ce qu'il se passe dans votre nouveau roman "L'Abîme"?
3:27': On plonge dès les premières pages, avec la description de la façade de cet immeuble, dans une ambiance gothique, un univers obscur qui affleure et qui ne va cesser de s'étendre. Via différents personnages, Doucet/ l'américain/ Persian Wolfe vous dressez un portrait d'un certain milieu homosexuel que vous mettez en rapport avec une sorte de tradition luciferienne. Qu'est-ce qui a motivé le choix de ces différentes thématiques?
6:28': le rapprochement entre l'univers satanique et la sexualité complètement libérée, et désir de faire un update de l'oeuvre "Là-bas" de Joris-Karl Huysmand, datant du 19ème siècle, livre de référence pour l'auteur.
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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