En février 2019, revenant d'un énième voyage en Chine, je sentis que mon quota de déplacements était atteint. J'avais eu la chance insolente de parcourir le monde pendant près de trente ans, sans soucis particuliers, pour le plus grand bonheur de mes yeux. Le temps était venu de calmer le jeu (...) . En mars suivant, je commençai à me consacrer au jardin, motivé par l'objectif de répertorier tout ce qu'il contient. Après un mois de prospection, je pris conscience que le mouvement perpétuel de la nature et l'infini du minuscule rendent la tâche illusoire.
Je compris que mon jardin de trois cent mètres carrés, pour un observateur attentif, est aussi vaste que la Chine.
L'herbe de la pampa, avec ses plumeaux soyeux et ses longues feuilles coupantes, fut la star des pelouses de lotissements au début des années soixante-dix. Depuis, les autorités l'ont passée dans la catégorie des plantes indésirables pour sa faculté à se multiplier sans se tenir.
Les escargots m'ont toujours fasciné.
Si une simple fleur peut me ravir à ce point, je pressens qu’une infinité d’autres choses ordinaires sauront me consoler. Et s’il suffit de regarder pour éprouver un plaisir intense, alors je chercherai du regard partout dans le jardin, dans la rue, et plus loin s’il le faut.
Je n'ai pas encore vu une seule voiture sale ou même légèrement rayée. On dirait que ces sortes de ports de yaourt sur roues ont tous été achetés la veille. Sur un parking de supermarché, j'ai surpris un homme en train de nettoyer ses jantes avec des.. lingettes.