Dans la liste « Des jardins, des fleurs et des plantes », je viens de faire une belle décou-verte, l’album de Nicolas Jolivot, consacré à son jardin, héritage familial depuis six générations. Il en est l’auteur et l’illustrateur, une aventure minutieuse de deux ans avec un bilan carbone négatif, comme quoi les voyages de proximité peuvent procurer autant de bonheur et d’extase que les expéditions lointaines.
Le Sylvain Tesson des bords de Loire - après avoir fait de multiples fois le coq en Chine, l’amazone en Guyane, enfilé les bottes de sept lieues pour sauter d’île en île sur la Baltique - a décidé de poser ses valises dans la maison familiale et d’y cultiver son jardin.
En effet, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, il suffit d’ouvrir les yeux sur son propre terrain, bien aidé par le confinement, à en attraper le virus de l’observation.
Point de panthère des neiges dans cet environnement restreint, mais un hérisson, un crapaud, un papillon ou un rouge-gorge savent raviver les sens et la mémoire du lieu, chargé de souvenirs pour certains à jamais disparus.
Quelle judicieuse idée que de dérouler une année de découvertes sur la faune et la flore locale, tout en expliquant l’évolution du paysage et des activités humaines depuis 1821 sur un îlot concentré, empli de vie et de réminiscences du temps, une chronique humaine et naturaliste à la découverte de soi-même !
Les textes et les dessins alternent entre le passé et le présent, et nous font découvrir à la fois des outils et des animaux, des carnets et des plantes.
Bien que ne se considérant ni naturaliste, ni écrivain, l’auteur a su décrire l’atmosphère qui se dégage de ce lieu magique, petite goutte d’eau perdue dans l’océan, admirable témoignage des bienfaits de la nature, quand tous ses éléments sont mis en relation par l’observation, l’écoute et l’agencement d’un espace, pour le comprendre et le préserver.
« Un jour, quand le temps aura encore passé, ce jardin sera peut-être rasé en quelques heures de pelleteuse pour devenir un autre jardin.
Ce bout de terrain sera de nouveau le théâtre des joies et des peines de vies humaines. Il vivra le regain des symphonies florales, entendra le refrain du vol lourd des coléoptères, la chamaillerie des moineaux et des mésanges ».
Je retrouve dans cet hommage au proche lieu restreint ceux relatés par deux observateurs des siècles passés, Alphonse Karr dans « Voyage autour de mon jardin » et Hermann Hesse dans « Brèves nouvelles de mon jardin ».
Une promenade moderne au fil des saisons, où le visuel des dessins ajoute ici une touche apaisante, harmonieuse et poétique.
Un bien joli voyage à pas lents et délicats, toute la mesure du temps qui passe avec parcimonie et récurrence, à l’abri des regards indiscrets.
Ouvrons nos sens au monde, loin des réseaux sociaux, la beauté est là, à proximité, simple, gratuite et auto-suffisante.
A chacun de transmettre à son tour ce « carnet d’émerveillements ».
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J’avais adoré son Japon à pied sous les volcans, le charme est intact avec ce nouveau carnet de voyage : c’est super ! L’objet livre est tout aussi splendide que le premier et la découverte de la mentalité danoise un étonnement constant. Là-bas, personne ne s’occupe des affaires des autres, aussi vivent-ils sans rideaux par exemple. Des tas de choses sont vendues en étant simplement posées au bord de la route, qui achète laisse l’argent. La confiance est réelle et n’est pas abusée ! À (s’)offrir dès 13 ans.
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Magnifique carnet de voyage, grand format rectangulaire, orientation paysage qui met les dessins en valeur. Texte bien plus complet que dans la plupart des carnets de voyages. Nicolas Jolivot a acheté le matériel pour dessiner sur place, comme il le fait pour chacun de ses voyages. À découvrir absolument, une véritable invitation au voyage.
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🌊Citation : « Je suis subjugué par la beauté simple de cette corolle. Elle devient à cet instant mon premier choc esthétique et semble de surcroît vouloir me confier un secret à travers son pavillon en forme de bouche ouverte. »🧋
C'est un gros livre illustré. Il plaira beaucoupque je aux fans de jardinages, mais pas que. Moi il me plaît beaucoup et pourtant je n'y connais rien en jardinage j'ai à la limite une plante grasse dans mon appartement mais sinon…
Je l'ai trouvé très poétique, j'ai découvert des plantes et des insectes que je ne connaissais pas.
Les illustrations sont très agréables à regarder et il est parsemé d'une année d'anecdotes que l'évolution du jardin et des températures. On découvre aussi l'histoire de cette maison et du début de ce jardin.
On découvre que l'auteur et illustrateur du livre a prit le choix d'observer son jardin dans le détail pendant qu'il en prenais soin, il présente des insectes et des plantes qu'il voit à ce moment, même des oiseaux et des crapauds.
J'ai adoré découvrir ce jardin au grès des mais et des saisons, de découvrir qu'il ne faut pas qu'il soit propre et bien rangé, que les plantes s'installeront au grès de ses envies et là où elles se sentent bien. L'auteur partage son amour pour ce jardin et le fait qu'il aime en prendre soin.
C'est une ode à la nature et il est très reposant à lire. Je recommande fortement cette petite pépite. 🎏
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L'auteur, grand voyageur, a posé ses valises pour une année... dans son jardin ! Jardin qu'il a enrichi, au fil de ses voyages autour du monde, de plantes ramenées des quatre coins de la planète. Il se pose en observateur patient et minutieux, nous raconte mois après mois ce qui se passe. Les plantes qui grandissent, les insectes qui se multiplient, la vie d'un merle qui a élu domicile avec sa compagne... 🌱
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Aux informations paysagères se mêle une chronique de la vie à la campagne, puisqu'il se plaît à nous raconter la genèse de ce jardin, au fil des siècles. Et le tout est magnifiquement illustré, avec des croquis pleins de douceur, qui mettent en valeur aussi bien les plantes les plus impressionnantes que les insectes les plus petits. 🐜
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Un magnifique ouvrage, qui plaira à coup sûr aux amoureux de la nature !
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Un album remplit de générosité et de bons sentiments, aux illustrations sobres et délicates, avec une page complémentaire sur le célébrissime calligraphe Wang Xizhi, qui vécut au 4e siècle.
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J'ai d'abord été séduite par la beauté de ce gros livre, ses dessins naturalistes. Puis j'en ai lu une ou deux pages, pour me faire une idée, et j'ai apprécié le ton très personnel avec lequel l'auteur parle de son jardin : on y retrouve des informations sur les semis comme des souvenirs familiaux, de nombreuses plantes ont une histoire car Nicolas Jolivot les a rapportées de voyage, ou bien elles lui ont été offertes.
Le livre fait alterner la description du jardin au fil des saisons et l'histoire du jardin et de la famille de l'auteur au fil des époques, ce qui crée de l'attachement pour ce jardin que nous ne connaissons pas.
D'abord attirée par le fait que ce livre parlait de faune et de flore, j'en ai terminé la lecture en pensant qu'il parlait surtout de famille et de transmission. Il a déjà commencé son voyage dans ma famille, passionnée de jardin, et il continue à séduire.
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À la fin de ses études d’art, l’auteur réalise un tour de France à pied, sous les vents, pour dessiner les moulins rencontrés en chemin notamment. Ce n’est que 30 ans plus tard, avec une certaine pudeur et un respect touchant pour celui qu’il était, qu’il décide de reprendre le carnet entrepris lors de ce voyage initiatique afin de le conter au lecteur.
Dès lors, les vents sont personnifiés, et texte et image font voyager le lecteur au côté de ce « mendiant mystique », de ce « punk à [sa] façon ».
Marqué par la solitude et la faim, les aléas du temps et les contrôles policiers, l’auteur se rappelle malgré tout « la poésie des toponymies [qui] suffisait à son bonheur », en portant aux lieux l'attention qu’ils méritaient. Il se remémore les visages et l’hospitalité… Il écrit avec nostalgie que « plus personne ou presque ne prononce le nom de ce vent breton *[…]. À vrai dire, les gens ne font plus attention à ce genre de petits détails depuis qu’ils vivent dans l'anthropocène »**, aspirés par les contraintes de la vie quotidienne et où les vents ne sont que des mouvements de l’air sans âme et sans visage. Mais c’est aussi avec humour, que notre « homme aux semelles de vent », nous « parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre », où le franc et les pin's se côtoyaient au bistrot du village, où système D ne rimait pas toujours avec confort mais où l’on se satisfaisait des petits bonheurs éphémères que la vie déposait sur notre chemin. Un album qui nous rappelle la richesse de nos campagnes, de notre langue et de ses expressions ainsi que de ses légendes.
Un album qui, en filigrane, se transforme en une véritable invitation à observer et respecter la nature.
Un témoignage délicat et précieux, où poésie et questionnement existentiel se mêlent, pour raconter le monde tel qu'on peut le sentir et le ressentir pour peu qu’on laisse la brise du vent nous effleurer. Un album qui je l’espère, donnera envie à ses jeunes lecteurs d’observer le monde et de le consigner dans un carnet…
Alors si le cœur vous en dit et que le vent vous guide jusqu’à lui, lisez-le.
*le kornog.
** Jolivot, technocritique à sa manière ?
À noter, la couverture cartonnée effet toilé, le signet de soie ainsi que le papier Munken épais, du plus bel effet.
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Assise derrière son étal couvert d'éventails blancs, la vieille Laolao se lamente de n'en n'avoir vendu encore aucun. Le temps printanier n'est pas aux grandes chaleurs hélas et l'argent permettrait à la vieille marchande de nourrir petit-fils.
Ses seules rencontres sont celles du célèbre calligraphe WANG Xizhi et de son assistant, partis profiter d'un pique-nique champêtre agréable.
Les deux artistes font une offre bien étrange à la pauvre femme qui s'impatiente devant l'urgence de sa situation.
Achetant les éventails et les couvrant de poèmes, WANG Xizhi propose à la femme de les revendre vingt fois leur valeur initiale sur la place du marché.
Comment ses signes noirs pourraient la tirer d'affaire? La marchande ne le sait pas.
Et pourtant, à la grande surprise de la vieille dame, la réputation du calligraphe attire la clientèle et la bonne fortune.
Cet album de Chun-Liang Yeh adapte une célèbre anecdote concernant le légendaire calligraphe du IV ème siècle WANG Xizhi, immortalisé sur un tableau décoratif conservé dans une galerie du palais d'Eté de Pékin. Le calligraphe est connu et reconnu pour son art en Chine et a inspiré d'autres artistes dans l'art de la calligraphie.
L'histoire montre comment l'écriture et le talent de l'artiste viennent sauver cette pauvre femme, enrichir les éventails et promettre à ses détenteurs des moments de détente et d'évasion. Cette histoire est une ode à l'Art qui éblouit, sublime le réel et élargit notre perception du monde. L'histoire présente également comment des personnages de conditions radicalement différentes viennent à s'entraider. L'Art se met au service du pauvre. Désintéressé, WANG Xizhi lui fait don de sa calligraphie à la valeur inestimable sans en réclamer quoique ce soit en retour, bien au contraire.
L'esthétique de l'album à l'identique d'un petit carnet de dessin, les illustrations fines et délicates de Nicolas Jolivot rajoute à la douceur qui s'en dégage.
Un beau moment d'inspiration et de générosité.
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