Citations de Ocean Vuong (322)
The stories, at first, were folklore. My grandmother would tell a ghost story, then she would say: oh, that was after the napalm. So through cycles of these stories, that world started opening and as a child I would ask: what’s napalm? They ploughed on. It was almost intoxicating for them to create a mythology of their lives, because they were so powerless. They were all women. The men were gone; they did their harm and were gone. And they were empty hands, had no English, were powerless everywhere else. But when it was time to tell the story, they held everything.
Et souviens-toi
que la solitude est tout de même du temps passé
avec ce monde. Voici
la chambre où tous se trouvent.
Tes amis morts qui passent
à travers toi comme du vent
à travers un carillon.
J'avais envie de pleurer mais je ne savais pas encore le faire en anglais. Alors je n'ai rien fait.
Ce n’est pas juste que le mot mourir renferme un rire.
La mémoire est une seconde chance.
Et je le voulais, que son regard me raccroche à ce monde dans lequel j'avais le sentiment de n'avoir qu'un seul pied. (p. 120)
La pièce est silencieuse comme une photographie.
Pour rester tendre, le poids de votre vie ne doit pas reposer sur vos os.
Je repense à la liberté, et que le moment où le veau est le plus libre est celui où la cage s’ouvre, et où on le conduit au camion pour l’abattre. Toute liberté est relative – tu le sais trop bien – et parfois ce n’est pas de la liberté du tout, mais simplement la cage qui s’élargit et s’éloigne de toi, les barreaux rendus abstraits par la distance mais toujours présents, comme quand on « libère » des animaux sauvages dans des réserves naturelles juste pour les confiner une fois de plus derrière des frontières plus vastes. Mais j’étais quand même preneur de cet élargissement. Parce que, parfois, ne pas voir les barreaux suffit.
C’est dans ces moments-là, près de toi, que j’envie les mots de faire ce que nous ne pourrons jamais faire – leur capacité à tout dire d’eux en restant simplement immobiles, en se contentant d’être. Imagine que je puisse m’allonger à tes côtés et que tout mon corps, la moindre cellule, irradie un sens limpide et singulier : pas tant un écrivain qu’un mot, imprimé à tes côtés.
Dehors, le vrombissement du colibri ressemble presque au bruit d'une respiration humaine. Il donne des petits coups de bec dans le bassin d'eau sucrée à la base de la mangeoire. Quelle vie atroce, suis-je en train de me dire : devoir bouger si vite juste pour rester au même endroit.
Que lire est un privilège dont tu m'as offert la possibilité avec ce que tu as perdu. Je sais que tu crois en la réincarnation. Je ne sais pas si c'est mon cas, mais j'espère que ça existe. Parce qu'alors peut-être que tu reviendras ici la prochaine fois. Peut-être que tu seras une fille et peut-être que ton nom sera à nouveau Rose, et que tu auras une chambre pleine de livres avec des parents qui te liront des histoires pour t'endormir dans un pays épargné par la guerre.
(p. 279)
N’est-ce pas la chose la plus triste au monde, Maman ? Une virgule qu’on force à être un point ?
Cet endroit-là, cette boucle de cheveux, c'était ce qui le poussait à arrêter son pick-up en pleine circulation pour contempler un tournesol de deux mètres de haut sur le bord de la route, bouche bée. Le Trevor qui me disait que les tournesols étaient ses fleurs préférées parce qu'ils poussent plus haut que les gens. (p. 148)
Le juge, Roy Bean, invoqua le droit du Texas qui, s'il prohibait le meurtre des êtres humains, ne définissait ces derniers que comme blancs, afro-américains ou mexicains. Le corps jaune et sans nom n'était pas considéré comme humain parce qu'il ne tenait pas dans une case sur un morceau de papier. parfois, on vous efface avant de vous avoir laissé le choix d'affirmer qui vous êtes. (p. 83)
Quand ils te demandent
d'où tu viens,
dis-leur que ton nom
a pris forme dans la bouche édentée
d'une femme de guerre.
Que tu n'es pas né
que tu as plutôt rampé, tête première,
jusqu'au ventre des chiens affamés. Mon fils, dis-leur
que le corps est une lame qui s'aiguise
en coupant.
Qui finira perdu dans l’histoire que nous nous racontons ? Qui finira perdu en nous ? Une histoire, après tout, c’est une façon d’absorber. Ouvrir la bouche, pour raconter, c’est ne laisser que les os, qui demeurent non dits. C’est un beau pays, parce que tu respires encore.
Une fille qui quitte son mari fait pourrir la récolte.
"Salut", dit-il, sans tourner la tête. nous avions décidé, peu de temps après notre rencontre, parce que nos amis mouraient déjà d'overdoses, de ne jamais nous dire au revoir ni bonne nuit. (...)
Je descends sur Main Street et me dirige immédiatement vers la maison de Trevor. J'avance comme si j'étais en retard sur moi-même, comme pour me rattraper. Mais Trevor a cessé d'être une destination. (p. 200)
Et tu voulais être vrai, être avalé par ce qui te noie juste pour refaire surface, débordant par la bouche. C’est-à-dire un baiser.