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Citations de Odile Baltar (73)


Odile Baltar
Avec quoi mon François avait-il ouvert son joli cou à bisous? Un couteau, un rasoir, un cutter? Sûrement un cutter. Jaune alors? Sûrement jaune. Mais le cutter était-il tombé dans la baignoire ou était-il resté sur le côté? Et la main de François? L'avait-il posée sur la faïence, avait-elle flotté dans l'eau rouge, ou l'avait-il serrée sur son cou dans un ultime regret?
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Odile Baltar
Pascal a un peu attendu, puis il a dit: il s'est tranché la gorge.
J'ai dit: oh.
Il a dit: dans son bain.
J'ai dit: ah.
Il a dit: hier soir.
J'ai dit: mmm.
Il a dit: c'est sa mère qui l'a trouvé ce matin.
Je n'ai plus rien dit.
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J’ai menti comme une déesse. Son importance, mon désarroi. J’ai dit la vérité comme une traîtresse. Son efficacité, ma pusillanimité. Souvent, le meilleur mensonge, c’est la sincérité nue : j’avais besoin de faire face seule.
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Pimpante, fringante. Accaparante, chiante. Planquée sous le drap, je cherchais d’autres mots en… fiente, pompante, gonflante. Il fallait que je m’en débarrasse au plus vite, avilissante. J’avais atteint les limites, amiante.
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Ce n’était quand même pas parce que j’avais une mère pétasse et un père dépressif que j’étais forcée de devenir dingue. Ou si ?
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Je contemplais ma mère et avais envie de pouffer. Elle ressemblait tant à une caricature. Quelque part, je l’admirais, elle était imperturbable : elle parvenait à être dépensière, cynique et hautaine avec une assurance inégalée. Elle n’était pourtant pas idiote, elle simulait. C’était une vraie belle femme, pleine de la superbe de celles qui n’ont jamais manqué de rien et ne peuvent même pas concevoir ce qu’est le manque. Ma mère était la fille unique de richissimes industriels et dépensait la fortune héritée de ses parents comme s’il s’agissait d’argent de poche.
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C’était dingue : à partir de là, je ne me rappelais plus rien. Rien. Un trou de mémoire aussi phénoménal ne m’était arrivé qu’une seule fois, lors de ma toute première cuite, le soir après la mort de papa. J’avais bu de la vodka-orange à la paille avec François. Encore et déjà François.
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Quand je me suis réveillée, il faisait jour. J’étais moi, encore et toujours moi, et à part ça, le doute complet. Les pronoms interrogatifs se bousculaient : où, avec qui, pourquoi, comment, depuis quand ? C’était désormais très compliqué de penser.
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J’avais l’oreille scindeuse : le mot « auto-psy » m’effrayait un peu, une voiture thérapeute ! Faudrait s’en méfier. Méfier et Vérifier sont sur un bateau… Je savais que je battais la breloque, on bat ce qu’on peut, j’avais battu Pascal à midi et la breloque le soir. Chut ! Concentration. Ce policier me disait donc que mon mec à moi était hier soir chez mon amant à moi ! Et il souhaitait savoir si j’étais au courant.
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Je m’imaginais nue dans ses bras. J’étais une truie assassine qui avait envie de pleurer et d’être caressée. Chouette, j’étais encore à côté de la plaque et capable de me blâmer. Ne lisait-on pas dans tous les magazines que c’était normal de se poser des questions à chaque rencontre ? « Serait-ce possible alors ? », comme chantait la femme de l’autre.
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Pour moi, la baise, la bonne, ce n’était que l’engouffrement dans l’instant. C’était uniquement ça que j’aimais dans l’amour : cette intensité du présent. Je pensais au cliché de l’épouse blasée qui réussit à dresser sa liste de courses quand son mari la besogne. Ce n’était pas mon cas, tant mieux.
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J’avais des émotions ridicules : j’étais jalouse de l’attention qu’une infirmière accordait à un vieux bonhomme alors que j’avais peut-être tué Pascal. Désormais, ma propre honte m’indifférait.
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J’ai illico repris mon rôle d’amoureuse courageuse et digne, comme une actrice aguerrie. J’attendrais la médecin-cheffe sans faire d’esclandre, bien droite sur la banquette trop dure, docile et résignée, un sourire triste et inquiet sur la gueule.
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On se disputait immanquablement. Et voilà que l’unique souvenir du chemin de l’hôpital jusqu’à l’Hôtel de la Gare était ce M jaune flottant en l’air. J’aurais pourtant pu remarquer les trois nids d’hirondelles au-dessus de l’auvent vert de la petite épicerie arabe, ou le trottoir fraîchement réparé et couvert de ce sable jaune qui s’infiltrait à présent dans mes espadrilles jusque sous les sparadraps, ou la fontaine moderne avec les enfants qui jouaient à se mouiller en hurlant, ou la porte d’entrée fracturée du cabinet dentaire… J’aurais pu voir tout ça. Seul le panneau criard avait capté mon attention.
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Enfin, elle avait ajouté : mais que vont dire les gens ? Cette dernière phrase, elle l’avait répétée plusieurs fois. Depuis ce jour, je bois du café après chaque repas, sans sucre. Je n’aime toujours pas ce goût amer, mais j’en ai besoin.
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C’était horrible et excitant de vivre un tel enchaînement d’événements sans communiquer.
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Elle se sentirait forte et éprouverait des remords pour sa cruauté ridicule et me bercerait dans ses bras. J’en profiterais pour me frotter contre ses gros seins arrogants qui m’ont toujours fascinée et elle me mordillerait l’oreille en me disant que son frère avait finalement bon goût et… Putain, je recommençais à déconner sec, il fallait que je me calme et que je mange.
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J’ai poussé un soupir de soulagement, puis j’ai éternué à cause de la poussière sur le tapis fleuri. Une explosion incontrôlable qui m’a plu, me renvoyant aux parties de cache-cache de mon enfance, quand je me trahissais par des éternuements, planquée dans les armoires pleines des vieilles robes de mamie. C’était l’époque où elle m’aimait encore, avant la mort de papa. J’ai savouré ce doux souvenir.
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Ce type était ridicule, sans intérêt, il s’exprimait dans un langage précieux, une sorte de parodie d’un manuel de savoir-vivre, sa grosse bagnole lamentable ressemblait à un tank de guerre. Ne fallait-il pas être débile profond pour se payer ce genre de voiture impayable ? D’ailleurs, où était sa carte de visite ? J’allais lui téléphoner immédiatement, le prier de rédiger le constat tout seul, de laisser les documents à l’accueil de l’hôpital. Je signerais tout, pas de problème, j’étais en tort, comme d’hab, l’assurance paierait. Adieu, Zorro. Je ne voulais plus revoir ce triste con infatué.
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Je cherchais du sens, de la plénitude, de l’immédiat, de la joie. J’étais vide et j’avais besoin d’être remplie. Une queue me remplissait, mais pas seulement. Un beau livre, une paella réussie ou un ciel orageux aussi. Je m’appelais « pas assez » et « encore ». Le vagin entre mes jambes n’était que le symbole à défoncer pour me donner l’illusion d’exister. Et si je m’enfilais un maximum de sauveurs – qui ne sauvaient rien, même pas leur peau –, c’était uniquement parce que j’étais amoureuse. Souvent. Amoureuse du désespoir et de l’insatisfaction.
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