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Critiques de Olivier Berenval (35)
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Des nuées

Lieutenant de police chevronné, Leon Visagie pensait tout connaître du sordide et du violent. Pourtant, lorsqu'il est appelé sur les lieux d'un nouveau crime, il ne s'attendait clairement pas à retrouver la victime exsangue, totalement vidée de son sang, réalisé presque de manière chirurgicale. Alors qu'avec ses collègues, ils piétinent littéralement, un autre meurtre est commis avec le même modus operandi à des kilomètres de là. Est-ce réellement le fruit du hasard ou s'agit-il de l'œuvre d'un tueur en série ?



Des Nuées est un roman contemporain teinté de fantastique qui nous emmène sur les traces d'un assassin laissant ses victimes vidées de leur sang. Un mode opératoire qui n'est pas sans rappeler celui du vampire. Mais l'esprit bien trop cartésien des inspecteurs en charge de l'enquête refuse de céder aux sirènes de l'onirisme en dépit des croyances locales encore très ancrées.



Pourtant, Olivier Bérenval, lui, a beaucoup joué sur celles-ci et en particulier sur cette vision de la persistance du souffle vitale de l'ancêtre qui ne cesse de se réincarner et/ou de l'appropriation de la force vitale de l'autre par la possessions des corps pour augmenter la sienne et ainsi survivre. Deux éléments très présents dans la religion animiste.





Son récit s'inscrit donc dans un cadre ésotérique solide auquel il a ajouté une dimension scientifique à travers la casquette de paléoanthropologue de l'un de ses protagonistes. Entre ses lignes, on remonte aux origines des humanités. L'auteur explore avec beaucoup d'ingéniosité ce lointain passé qu'il fait rejaillir sur le présent de manière inattendue en s'appuyant notamment sur la génétique et la biologie cellulaire pour rendre le phénomène crédible.



De cette lecture, on en ressort aussi dérouté que captivé car l'imaginaire de l'auteur y est clairement des plus fertile. Ainsi, quand on lit Des Nuées, bien des émotions nous traversent : de la curiosité, d'abord, pour les explications scientifiques données par l'auteur et que l'on va confronter à nos propres théories, puis, une certaine fascination pour les mythes africains que l'on connait souvent mal et enfin de l'effroi car l'atmosphère du récit est de plus en plus lourde et inquiétante.



Plus qu'un thriller fantastique, Des Nuées nous offre aussi une photographie sociologique de cette Afrique du Sud marquée par la violence et la pauvreté. Le récit est âpre et sans concession pour mettre en lumière le fléau des gangs et la misère sociale. Il nous transmet la peur et le désespoir d'une population broyée par un système en faillite face à une criminalité hors de contrôle.



Des Nuées est un roman qui captive par son originalité. On prend plaisir à cavaler dans ce dédale d'un passé lointain qui est, d'ailleurs, encore loin d'avoir révélé tous ses secrets... plus sur Fantasy à la Carte.


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Des nuées

Des nuées est un roman à recomposer. Chaque chapitre est comme un os, une pièce d’un cadavre étendu sur la table de la morgue. Un vrai puzzle.

La structure morcelée du roman accompagne une intrigue du même acabit. En effet, il y a dans ce roman beaucoup de personnages, de lieux, et d’époques. Les personnages sont nombreux, et ça vit, ça meurt très vite. Les cadavres pleuvent, l’assassin court vite, les policiers sont comme des guêpes en fin de saison : aux abois. Les points de vue et les voix sont changeants, apportant encore un peu de complexité supplémentaire. Ajoutons à cela un roman qui met un peu de temps à démarrer quand à Johannesburg tout va à 3000 à l’heure.

Enfin, l’ambiance kaléidoscopique apporte une sensation similaire. Ce roman, c’est une métamorphose à chaque page. Extrêmement coloré mais avec des couleurs qui se chevauchent, se battent, se superposent. Et toujours cette impression de violence sous-jacente, tout aussi brute et sans fard, jusque dans les cirrostratus déchiquetés.

Néanmoins, je parle d’un roman squelette parce que je le vois vraiment comme un assemblage de petites pièces à remettre dans l’ordre, mais je trouve que c’est inexact tant ce roman vit, bouge, se meut. Il n’est jamais fixe, et à chaque page il semble qu’il nous échappe.



Olivier Bérenval signe ici une sorte de roman de l’humanité. Avec un des personnages qui fait office de référence et de fil rouge tout au long du récit et la paléoanthropologue Elsabe, on remonte le temps. La recherche a beaucoup avancé des dernières années, et j’ai trouvé que ce qui était avancé reflétait bien justement tous les tâtonnements qui agitent la recherche dans le domaine. En tout cas, c’était assez intéressant et vertigineux de faire ce voyage géographique et temporel, sur une aussi longue échelle.

Vertige généré par le décalage entre le présent et le passé de l’Humanité assez prononcé. Malgré tout, tout ceci reste cohérent, et passionnant, même si on galère un peu à s’y retrouver. Car le personnage fil rouge s’adonne à de nombreuses réflexions sur les effets de la civilisation sur l’Homme. Ce personnage se fait alors anthropologue et ethnologue, et j’ai trouvé ses réflexions, générées par son recul sur son vécu, passionnantes. Ce faisant, Des nuées est un roman très humain, dans tous les sens du terme.



Des nuées est également un roman policier, mais qui ne suit pas le cadre habituel. Certes, il y a des cadavres, un assassin potentiel, un peu de suspense. Mais pas de suspects, d'interrogatoires, de pistes…

L’ambiance policière permet surtout de donner un aperçu des villes du Cap, de Johannesburg et de Pretoria. On prend conscience de l’état très morcelé de cette société, où les différences ethniques, sociales, économiques… se côtoient plus qu’elles ne se mélangent. L’enquête policière permet donc de prendre le pouls du pays et d’offrir un cadre très brut, terre à terre.

Et puis ce roman policier mélange quand même deux ingrédients qui semblent irréconciliables : le souci réaliste dans la peinture sociale, et le surnaturel qui débarque peu à peu. Cela m’a un peu fait penser aux romans de Sarah Buschmann chez Noir d’absinthe, comme Sorcière de chair. Il me semble qu’il y a une similarité assez grande entre les deux romans, dans le jeu de contrastes mis en scène. J’aime aussi la manière dont ces romans dépoussièrent et modernisent des figures traditionnelles de l’imaginaire : la sorcière chez Sarah Buschmann, et le vampire chez Olivier Bérenval.



Car Des nuées est définitivement un roman de contrastes. Un roman qui jongle entre des humains contemporains et des personnages aux pouvoirs flous et qui traversent les époques. Et aussi un roman qui développe une intrigue quasi mystique dans un cadre matériel. A la vie concrète et rude de tous les jours répond un discours plus éthéré et métaphysique. Le titre est particulièrement évocateur. Le roman joue en effet beaucoup sur cette image de murmurations, dont plusieurs illustrations ornent d’ailleurs le roman. Le cœur du récit est construit sur cette idée. Un rassemblement de petits bouts épars formant un tout uniforme, et une sorte de langage qui permet d’unifier et de lier tous ces petits bouts ensemble.

Il en ressort alors quelque chose qui nous fait faire un grand écart à chaque page. Et de tout ce mélange improbable se dégage une certaine beauté, que la fin étrange et très ouverte renforce, à sa manière. Car il reste pas mal de questions sans réponses, mais n’est-ce pas là aussi une manière de garder la magie intacte, et donc belle ?
Lien : https://zoeprendlaplume.fr/o..
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Cette critique est susceptible d'être biaisée. Babelio ne garantit pas son authenticité

Le Janissaire

Autant le dire tout de suite, le janissaire d'Olivier Bérenval ne tient pas les promesses de la somptueuse couverture du talentueux Wadim Kashim, pas plus que celles du pitch alléchant du 4e plat de l'édition poche chez Helios.

Mais alors pas du tout.



Je vais essayer d'évoquer le crash spatial sans trop spoiler :



Le janissaire est une vague référence à une soldatesque d'élite de l'empire ottoman du XIVe siècle, des durs à cuire, enlevés à leurs parents dès l'enfance et loyaux à leur sultan. La référence s'arrête là, il aurait pu s'appeler the Punisher, ver Gris ou judge Dredd, mais c'était déjà pris.

Ce janissaire-là est présenté comme un  redoutable enquêteur, surentrainé, aux capacités surhumaines, doté d'implants et de tout un arsenal dont on comprend vite qu'il brûle d'envie de se servir. Et il est chargé de résoudre le meurtre d'une huile galonnée sur une planète reculée.

Mais notre janissaire au crâne rasé truffé de tatouages se révèle finalement pas plus  perspicace ni plus efficace que l'inspecteur gadget. Il passe son temps à enregistrer des tas de données dans son néo-cortex façon Kiera Cameron dans Continuum sans qu'on sache ce qu'il en fait. Son enquête piétine pendant toute la première partie que l'on aurait aimé émaillée d'indices pour ne pas trop s'ennuyer. Au lieu de quoi, on enchaîne les scènes inutiles qui n'apportent rien à l'ambiance, ni à l'intrigue, ni à l'enquête ni à la psychologie des personnages. L'auteur ne doit pas connaître Tchekov et son fusil.

Le point d'orgue de cette première partie consiste en

On ajoute une planète reculée et terraformée sous le joug d'un empire galactico-industriel, la "Communauté" (sans doute pour "communauté d'intérêt"), une cheffe du renseignement qui ne paraît pas très bien renseignée à la tête d'un service même pas fichu d'infiltrer le mouvement rebelle (C'est sûr, on n'est pas chez Robert Littel que l'auteur aurait tout avantage à lire) , une famille de pionniers vaguement consanguins, et on n'obtient qu'une juxtaposition franchouillarde de tableaux SF éculés.

Le roman aurait peut-être gagné, ainsi que le lecteur, à démarrer à la seconde partie en distillant quelques éléments parmi les moins inintéressants de la 1ere partie. Quoique... la seconde partie ne sauve pas la première. Pour autant, le rythme s'accélère, la jeune agent du renseignement, Et là, on se demande vraiment à quoi bon cette 1ere partie où il ne s'est absolument rien passé avec ce janissaire qui ne sert à rien, au bout du compte. On y apprend en revanche que

Bref, le janissaire est un patchwork d'une resucée d'arguments science-fictionnels dans des décors sans surprise suivant une intrigue fort peu intrigante, avec des personnages auxquels on ne s'attache pas tant ils sont stéréotypés dans des situations sans cohérence et selon une psychologie improbable.

Un des personnages supposé être un leader rebelle est décrit comme quelqu'un qui "n'avait pas l'air dangereux, juste très inquiet, même effrayé " mais est présenté la page suivante  comme "un homme d'action". Un des personnages féminin exige de savoir pourquoi on veut abattre le janissaire, mais, deux pages plus loin, dit à celle qui doit lui expliquer "éclaire-moi, puisque tu y tiens tant".

Le style afflige par sa platitude. "Les yeux rougis, le teint pâle, Creek faisait peine à voir. Il faudrait aussi qu'elle songe à manger et à prendre une douche". La pauvreté du vocabulaire (l'un des personnages "farfouille" dans un placard) n'égale que l'accumulation de tournures malhabiles ("il m'aperçut et me regarda étrangement, d'un air qui n'était toutefois pas hostile").  On a droit à l'inévitable florilège de néologismes pour faire plus SF, à tel point que l'auteur croit utile d'ajouter un glossaire à la fin de sa production. Des fois que l'on ne comprenne pas qu'un "rotolift" est un ascenseur, que la "mère-nourissière" le nom donné à la Terre ou qu'un "maser" est une arme entre le laser et la massue.

Sur cette planète, les soeurs sont des "sorors", les frères des "fraters", la "mater", c'est la mère, tandis que le père est un... voyons... "pater" peut-être ? Bérenval a dû faire latin au collège. Nous sommes loin de l'érudition d'un Romain Lucazeau.



Bref, ce janissaire mal écrit, mal construit, sans suspense, sonne creux et est aussi aride que la planète Khataï. Il pourrait à la rigueur passer pour une parodie de roman de science-fiction s'il comportait au moins une once d'humour. J'ai déjà lu des romans de gare de science-fiction moins présomptueux mais  bien plus astucieux. Van Vogt doit s'en retourner dans son cryo-cercueil (pour reprendre la phraséologie du livre).



À mi-roman, le janissaire s'interroge sur les intentions du chef rebelle qui le tient à sa merci : " Allait-il m'éliminer, désormais convaincu de mon inutilité ?" On se prend à regretter qu'il ne le fit pas.



Post-scriptum : J'ai acheté le même jour trois livres neufs. le janissaire d'Olivier Bérenval, 11,90€, La place d'Annie Ernaux, 8,50 €, Bel-ami de Maupassant, 3,50 €. le prix de vente varierait-il à raison inverse du talent à raconter une histoire ?
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Nemrod

En conclusion, je dirais tout ça pour ça!



J'ai des sentiments mitigés par rapport à ce livre. Tout emballé que je suis par la richesse de l'univers qui nous est décrit et par son histoire, je suis déçu par une intrigue digne d'une série Z.



J'ai l'impression d'avoir regardé un film en audio description ou la narration donne la priorité au décor sur les personnages, des personnages brinqueballés d'un décor à l'autre sans vraiment de raison si ce n'est que l'on sent le plaisir de l'auteur à décrire ces mondes, à créer cet univers.



Finalement, ma plus grosse déception vient du caractère trop humain d'un adversaire que l'on décrit avec insistance comme non humain. Mais comment inverser ce rapport quand l'auteur est lui même humain? Un jour, dans le cadre d'écriture de scénario pour un jeu de rôle, l'on m'a dit que j'étais trop humaniste pour représenter une civilisation extra terrestre crédible, peut-être en est-il de même pour Olivier Bérenval? Ce n'est sûrement pas un défaut, juste un biais dans l'écriture qui ici nuit à la crédibilité de l'adversaire.



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Nemrod

C’est un monde original, futur possible mais lointain, avec des héros sympathiques. L’écriture est agréable, avec des belles descriptions, cependant parfois trop hachée sur la première partie.



Le rythme a quelques lenteurs, puis sur le dernier quart, il s’accélère, monte en puissance narrative, en actions, en suspense.



Et finalement une chute qui me laisse sur ma faim / ou bien très poétique au choix….à méditer !



Sur l’ensemble, je reste mitigé, mais malgré tout avec un fond de bouche plutôt agréable.
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Nemrod

L'auteur imagine un univers plutôt riche et intrigant dans lequel l'être humain a essaimé la galaxie quitte à adapter son corps aux planètes occupées. Malheureusement, il crée par son style d'écriture une distanciation avec le lecteur qui fait que l'on ne ressent pas grand chose en parcourant ce roman : les enjeux sont mal retranscrits, les personnages peu intéressants.... Et cette volonté d'utiliser les mots les plus compliqués de la langue française en plus de termes inventés dont on met du temps à comprendre le sens fait qu'au final, l'ennui n'est pas loin.

Bref, à oublier.
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Ianos

Quelle bonne surprise que ce livre !

Bon, déjà, il faut souligner la beauté de la couverture. Ca, c’est fait, passons à l’histoire. Le livre suit plusieurs personnages, sur plusieurs années, en différents lieux (une base lunaire, un vaisseau, la Terre, etc). Si au départ, tout semble un peu flou, car il y a un nombre importants d’évènements et de personnages, l’histoire se met peu à peu en place, et on comprend qu’u objet étrange, appelé Singularité, est apparu dans le système solaire, et qu’une équipe de scientifique s’apprête à s’y rendre. En parallèle, un culte religieux gagne en puissance, des évènements étranges se produisent, sans liens apparents.



C’est vraiment un livre que j’ai beaucoup apprécié. Si les quelques premiers chapitres m’ont un peu perdue, la lecture se fait plus fluide rapidement, et j’ai apprécié le mélange des thèmes. A un certain degré, il m’a fait penser à une version moderne de 2001, saupoudré de drame politique, et humain. Un très bon livre, que je recommande chaudement !
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Nemrod

Bon, je n’ai honnêtement pas grand chose à dire de ce livre … Si ce n’est que je suis assez déçue.

J’avais adoré Ianos, le premier livre que j’ai pu lire de l’auteur. Je l’avais trouvé subtil, intéressant, les thèmes abordés étaient clairement recherchés et j’avais pris beaucoup de plaisir à me plonger dans son univers. Autant dire que je n’ai pas du tout retrouvé cette impression avec Nemrod. Déjà, le livre est long, et lent. J’ai l’impression que l’auteur a voulu faire rentrer tous les détails qu’il avait dans sa tête dans son histoire, et ça laisse une impression de fouillis, de trop, de bla-bla. Il y a énormément de détails, mais paradoxalement, j’ai trouvé la plupart des personnages extrêmement plats, et je n’ai pas pris plaisir à suivre leurs aventures. Ca, et les horribles scènes de sexe lesbien tout droit sorti du cerveau d’un homme hétérosexuel … Bah.



J’ai hâte de voir les prochains projets de l’auteur, mais pour ce qui est de celui-ci, je le laisserai gentiment de côté.
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Le Janissaire

Premier roman de SF lu depuis bien longtemps, j'avais laissé tombé ce genre sans raison particulière.

Je retrouve dans celui-ci de nombreux ingrédients de la SF, une société dystopique plutôt autoritaire, la colonisation d'autres mondes, un tas de néologismes que l'on comprend pourtant immédiatement, des êtres humains améliorés ou adaptés, des bas fonds poisseux, une technologie avancée mais plausible . Et pourtant la recette manque de saveur et je n'entre jamais vraiment dans l'histoire. J'ai l'impression que l'auteur ne sais plus quoi faire ce certains éléments mis en place et s'en débarrasse trop vite dans les dernières pages au moment de résoudre cette aventure. La mémoire humaine et la personnalité sont devenus des éléments transférables d'un être humain à l'autre et ce thème aurait pu se voir traité plus en profondeur. Bref, beaucoup d'éléments juxtaposés par petites touches, trop et j'en aurait préféré une moindre quantité mieux exploitée .

Cela m'a laissé sur ma faim et le rayon SF de ma librairie me verra rapidement revenir fouiner dans ses rayons.
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Le Janissaire

Style précis et de qualité, intrigue cohérente et pleine de rebondissements, personnages intéressants. C'est bien ficelé, fluide, bref un très bon livre !

L'auteur n'est pas le plus connu dans le milieu de la SF française, mais il mérite que vous vous laissiez tenter...
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Le Janissaire

Kimsé est un janissaire, un investigateur si efficace qu’il en est inhumain. On le craint. Il est envoyé en mission sur la planète Kathaï pour résoudre l’assassinat d’un haut dignitaire. Kimsé est froid comme une lame, sa carapace ne laisse aucune place aux sentiments. Tous ceux qu’ils croisent font la grimace, il en tire sa supériorité.



Pourtant…



L’enquête avance tout doucement, le temps de nous éclairer sur les aspects étonnants de cette planète désolée, inhabitable sur une large surface. Le langage ardu de la science-fiction nous présente les variants, vrais-nés, néotènes, androïdes ou quelque chose dans le même goût, machines excavatrices, ainsi que les vaisseaux et autres gadgets sensationnels et mortels qui enveloppent cet univers futuriste. Un langage pas toujours évident à saisir, on bute sur les mots. Mais on avance ; l'histoire nous happe, on imagine les paysages, les crépuscules, on se dessine les personnages en repensant à Valérian. Des personnages avec des ventouses partout. Beurk !



Malgré tout j’ai apprécié l’imaginaire époustouflant de l’auteur. Il nous embarque sur une planète à l’aspect glaçant. Glaçant par les conditions de vie, glaçant par la quasi non-humanité qui se dégage des personnages, par leurs traits caricaturaux pour certains, leur fadeur pour d’autres. Je ne voudrais pas mettre les pieds sur Khataï ni songer qu'un jour notre univers pourrait être aussi repoussant.



Il n’y a que dans la communauté des rebelles où on peut trouver un semblant d’humanité malgré leurs yeux étranges. Ils sont les seuls à s’imprégner du mystère enfoui dans le sol de cette planète.



Et Kimsé alors, qui c'est ? Ses tatouages vont-ils nous dévoiler un peu de son mystère ?

Il n’en restera pas moins personne, un anti-héros qui ne crée guère de liens. Il est vrai que Kathaï, et sans doute tout l’empire galactique dont elle dépend, ne semble guère propices aux liens fraternels. Ce n'est pas de sa faute.



Une très belle couverture, un écriture de qualité, un univers bien fouillé et une intrigue mettant du peu de piment sur cette planète m'ont fait passer un bon moment avec Kimsé l'impitoyable.



Je remercie les Éditions Mnémos et Babelio pour cette immersion dans un univers froidement galactique.

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Le Janissaire

Khataï est une petite planète perdue au fin fond de l'Univers. Elle appartient à un empire galactique nommé La Communauté, et qui réunit tout les êtres humains qui se sont répandus dans les étoiles. C'était une planète relativement tranquille... jusqu'à ce qu'un meurtre soit commis. Et la victime est une personne d'un rang assez élevé, étant donné qu'il s'agit d'un Haut Dignitaire.

Pour résoudre cette affaire, c'est le Janissaire Kimsè qui est envoyé. Les Janissaires sont les les investigateurs d'élite de la Communauté : ils sont surentraînés, armés, et ont subit d'innombrables modifications corporelles et mentales pour les rendre les plus efficaces possible, et pratiquement inhumains.

Lors de son enquête, Kimsè va découvrir que Khataï est bien plus qu'une énième planète appartenant à la Communauté : les habitants sont sensiblement différents des autres personnes qu'il a pu rencontrer dans ses enquêtes précédentes, et il y a une certaine magie à l'œuvre sur cette planète. Mais, de manière tout aussi dangereuse, il y a des rumeurs qui courent ainsi qu'une certaine révolte...

Je connaissais déjà Olivier Bérenval grâce à ses romans précédents, Ianos et Nemrod, deux romans que j'avais trouvé remarquablement bien construit. J'étais donc très curieuse de découvrir Le Janissaire !

Comme pour les romans précédents d'Olivier Bérenval, il faut un peu de temps pour s'acclimater, prendre place dans l'univers et faire connaissance avec les personnages. On va principalement suivre le point de vue du Janissaire Kimsè, mais des personnages secondaires vont également prendre la parole, ce qui nous permet de découvrir vraiment en profondeur la vie et le point de vue des habitants de Khataï. Mais cela va aussi nous permettre d'en savoir plus sur le plan géographique et historique, et le tout est vraiment bien construit et bien amené ! Du côté de la technologie et des termes de science-fiction, Le Janissaire est un peu moins « pointu » que Ianos ou Nemrod, qui étaient des romans plus denses et parfois un peu plus compliqués. Le Janissaire est un roman plus court, plus accessible que les précédents romans de l'auteur, et je n'aurais pas été contre quelques chapitres supplémentaires pour approfondir encore davantage l'univers et les personnages, mais j'ai passé un très bon moment ! C'est un roman bien construit, bien ficelé, on est transportés sur une autre planète, et j'ai vraiment pris plaisir à cette lecture. J'ai établi parfois certains parallèles avec d'autres romans : ceux de Richard Morgan. Que ce soit avec le personnage de Takeshi Kovacs (Carbone Modifié) ou avec celui de Carl Marsalis (Black Man), avec spécialement ce statut de super-soldat, d'être humain génétiquement modifié et qui est craint par les personnes qui l'entoure.

Donc, Le Janissaire est un livre de science-fiction très efficace, qui se lit de manière plus que plaisante. Mais il y a aussi un côté thriller, avec ce meurtre que doit résoudre Kimsè, une affaire qui va apporter un bon nombre de révélations, de suspense et qui va révéler des secrets enfouis depuis longtemps.

Je conseille donc vivement ce nouveau roman d'Olivier Bérenval, et je vous encourage à lire tout ses romans de manière générale !



(Voir mon avis sur mon blog.)
Lien : http://chezlechatducheshire...
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Le Janissaire

Son nom est Personne… pourtant il porte celui de Kinsè pour le commun des mortels : Vrai-nés, Néotènes, ou Variants, car la racine étymologique de ce nom générique donné aux Janissaires signifie personne…

Ce que le Janissaire Kinsè sait de sa personne c'est qu'il est le bras armé de la justice de l'impérialiste Communauté, sa lame tranchante forgée dans une discipline de fer, un tortionnaire impitoyable qui a carte blanche pour mener à bien son enquête sur le meurtre d'un haut dignitaire survenu sur la planète Khataï, planète minière secondaire, où une poignée de rebelles Variants - êtres génomorphés capables de s'adapter à l'environnement de leur planète d'accueil en vue de leur terraformation - imprégnés des légendes et de la mystique de leur terre d'accueil, lutte encore contre l'impérialisme…



Le Janissaire est un planet opéra immersif car il s'inscrit dans l'univers space opéra développé par son auteur Olivier Bérenval dans deux romans Ianos et Nemrod, dont l'aspect cyber/ est donc totalement maîtrisé et bourré d'incroyables idées parfaitement amenées aux lecteurs novices (rendant superflu le glossaire en fin d'ouvrage), mais dont l'aspect /punk manque cruellement de force avec des personnages secondaires, non seulement sans envergure, mais qui émoussent au fil de leurs contacts le personnage principal, l'antihéros en acier trempé, qui se veut et se doit d'être immuable quel que soit son véritable nom…

Un trouble dans la force qui se ressent d'autant plus que l'intrigue manque de consistance. le développement réussi de l'univers et du personnage du Janissaire dans la première partie du roman contraste avec la deuxième partie où l'intrigue policière, somme toute classique, se dévoile ainsi sans grande surprise – malgré des secrets d'alcôves bien pensés mais qui ne parviennent pas à convaincre – et où émerge cette galerie de personnages de seconde zone insipides, et pour certains totalement superflus. le désintéressement fini par être total avec le vide intersidéral autour des motivations des parties en présence. Un approfondissement à l'égal de celui du background aurait donné un peu plus d'impact à ce thriller de SF. le caractère mauvais genre incarné par le personnage du Janissaire aurait mérité d'être exacerbé avec des opposants un peu moins mous du genou.



Ce planet opéra est semble-t-il un premier dans la galaxie de l'auteur, ce qui lui laisse de la place pour essaimer de nouvelles variantes avec des personnages un peu plus charismatiques, la Mère-Nourricière d'Olivier Bérenval ne semble pas manquer de vaisseaux-ruches… Après tout chaque histoire est le brouillon de la prochaine…

… dans le champ morphique des Sentients pourrait être sympa…



Merci aux éditions Mnémos et à l'équipe de Babelio pour cette MC Mauvais Genre.
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Le Janissaire

DARWINISME AUGMENTÉ



Il est peu de genre littéraire qui provoque autant de préventions que la science-fiction. L’une des raisons récurrentes de l’évitement que je rencontre quand je propose un titre est le fameux « ça ne me parle pas ». C’est tellement éloigné de nous, notre monde, de ce que l’on vit.



J’ai une question. En quoi une lecture qui nous éloigne du temps qui est le notre en ce moment serait condamnable ? Ne serait-ce pas plutôt un argument singulièrement puissant en cette époque de réclusion sanitaire ? Le janissaire participe de cette SF majestueuse. C’est peu dire que ce livre nous emporte loin, plus loin que nous pouvons l’envisager.



Olivier Berenval connait ses gammes. Si on prenait un mixer métaphorique, qu’on y balance un zeste de Dune, une pincée de Fondation, qu’on soupoudre de Banks, on obtiendrait quelque chose qui pourrait ressembler possiblement au Janissaire mais pas forcément. Je pense que non à vrai dire, ce livre, s’il ne brasse pas des thèmes totalement novateurs, possède sa propre personnalité : un mélange d’action nerveuse, de vocabulaire innovant et une quête en forme de rédemption.



L’univers de Olivier Berenval repose sur une thématique humaine, si humaine, la propension implacable de l’humanité à mettre sa zone là où elle le peut et dès qu’elle le peut.



Comme notre planète d’origine montre quelques signes de fatigue, elle se cherche d’autres terrains de jeu et colonise d’autres habitats. Pour cela, les nouveaux indigènes sont mutés, « adaptés » à leur nouvel environnement. Du Darwinisme accéléré et déviant.



L’humanité déploie alors des branches qui dévient quelque peu du tronc originel. Une espèce novatrice, parfaitement en osmose au monde qui l’accueille développe alors une conscience écologique qui entre en conflit direct avec les intérêts de la Communauté, du nom de cet empire humain qui s’étend à travers les galaxies. Où on se rend compte que la SF n’est pas si éloignée de nous, finalement.



De la SF intelligente, écologique, que vous trouverez aisément en clic and collect dans les bonnes librairies ou directement auprès des excellentes @editionsmnemos.



Mais pas chez Amazon, nous ne sommes pas des fonds de slip...
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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Le Janissaire

L’Humanité a conquis les étoiles et des siècles plus tard, un énorme empire galactique tient sous sa coupe des milliers de mondes. Des mondes terraformés par d’énormes vaisseaux d’ensemencement envoyé dans le cosmos à la recherche de planètes habitables. Dans ce futur, l’Humanité ne fait pas dans la dentelle et chaque monde potentiellement habitable avec des ressources utilisables et terraformé et les embryons contenu dans les vaisseaux sont génétiquement modifiés pour leur permettre de s’adapter à leur nouvel environnement. Dans cette immense échiquier galactique, Khataï n’est qu’une planète d’importance secondaire, cependant le meurtre d’un haut dignitaire sur son sol va contraindre les hautes instances administratives à faire appel à l’ordre des Janissaires. Un ordre spécialisé dans les résolutions de problèmes sécuritaires et plus particulièrement l’identification de tout signe de sédition. La Communauté et Antiterra ne supporte aucune velléité d’indépendance. Dans ce cadre, l’enquête du Janissaire Kimsé commence. L’aura de mystère et l’absence quasi totale d’indice qui entoure ce meurtre font que l’enquête semble s’enliser dans les sables de la planète. Olivier Bérenval nous propose une narration selon deux points de vue : celui du Janissaire et celui de Nourgehan, jeune technicienne réparant des IA et vivant avec ses frères et sœurs au seuil du désert de Kataï. Un va et vient qui au début retranscrit des quotidiens à l’opposé l’un de l’autre pour au fil des pages se mêler. Comme pour Nemrod, Olivier Bérenval décrit un excellent background pour son récit. J’aime particulièrement l’histoire des vaisseaux d’ensemencement et des modifications génétiques apportés aux humains pour qu’ils s’adaptent aux nouveaux environnements. De même, les liens familiaux et la construction des cellules familiales est très intéressante : distinction entre « vrais-nés » et les néotènes par exemple. Ce sont clairement les points forts du récit. Le vocabulaire peut parfois faire un peu peur, mais dans l’ensemble le récit est tout à fait accessible.



Pour moi, ce roman serait vraiment passionnant avec des personnages plus attachants. On manque totalement d’empathie envers le personnage du Janissaire, tout comme pour bon nombre de personnages secondaires et cette distance avec le lecteur fait que l’on se soucie peu de ce qui peut leur arriver alors que l’on a envie d’en savoir plus sur Katai et la Communauté. Une dichotomie qui perdure tout le roman : d’un coté une histoire planétaire et galactique fouillée qui interpelle le lecteur, de l’autre des personnages qui peinent à nous intéresser à leurs passés et à leurs tribulations.



Et pourtant, c’est un récit nerveux, où s’entremêlent avancées technologiques et mystère à l’échelle planétaire. Bref, vous l’aurez compris, durant toute ma lecture, j’ai navigué entre plaisir de découvrir un univers SF bien construit et frustrations devant des personnages peu développés et des relations entre eux manquants de finesses. J’aurais aimé, je pense, que comme dans BIOS de Robert Charles Wilson, le personnage principal soit la planète et que l’histoire tourne autour d’elle. Au final, Le Janissaire reste un bon récit de SF sur fond d’enquête policière. Cependant pour moi, il manque plusieurs éléments pour que le récit soit complètement accrocheur.
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Le Janissaire

Bon, vous connaissez mon amour pour la SF... ce roman représente parfaitement ce que je n'aime pas : un empire galactique, des tas de planètes colonisées et étroitement surveillées, des humains génétiquement modifiés, des vaisseaux spatiaux, etc. Dès le départ, je suis réfractaire, et c'est pas à mon âge que ça changera. Pourquoi Le janissaire a atterri dans mes mains est un mystère... Je n'avais pas envie de le lire et pourtant je l'ai ouvert, attirée entre autre par la couverture que je trouve magnifique. Elle est de Wadim Kashin que je salue bien bas. Les livres de Mnémos sont toujours aussi beaux !



Ouvert donc, lu un petit peu, reposé, repris et j'étais ferrée ! Il fallait que je sache ce qui pouvait bien se passer sur Khataï. Ferrée donc par le côté enquête du récit de Olivier Bérenval, les différentes pistes, les interrogations, les révélations. Tout cela est maitrisé à la perfection car je me suis vite rendue compte que le sort du Janissaire Kimsé et des habitants de cette planète m'importait vraiment ! C'est déjà un beau tour de force, d'autant que ce n'était pas gagné vu le nombre de fois où j'ai dû lever les yeux au ciel ! J'avoue que le vocabulaire futuriste m'a franchement exaspérée.



Kimsé est donc un janissaire. Il fait parti de l'élite des Forces de la Communauté galactique et il le sait. Il a une parfaite conscience de ses pouvoirs physiques et intellectuels augmentés, du pouvoir psychologique sur autrui acquis lors de sa formation. Il est craint, respecté et c'est normal. Il est envoyé sur Khataï suite à la disparition d'un haut dignitaire. Mais tout ne se passe pas comme prévu !

La suite sur le blog ;)
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Le Janissaire

Le Janissaire est un roman d’Olivier Bérenval publié récemment aux éditions Mnémos. Les précédents romans de l’auteur ont également été publiés chez Mnémos. Son nouveau roman se déroule dans le même univers que celui de Nemrod. C’est un univers de space opera avec une touche de cyberpunk.



L’humanité a conquis les étoiles et s’est installé sur de nombreuses planètes. Un colossal empire galactique dirige les humains. Les forces militaires de l’empire sont les Forces de la Communauté. Pour terraformer les différents mondes, des vaisseaux d’ensemencement contenant des embryons modifiés sont envoyés à travers le cosmos. Les embryons sont modifiés afin de s’adapter aux conditions de vie de chaque planète colonisée. Les progrès technologiques sont également très nombreux dans cet univers, tant au niveau génétique que physique. Parmi les humains, on distingue ainsi les « vrais-nés » et les « variants ». Les divers bonds technologiques permettent d’unifier les humains qui se sont éparpillés sur de nombreuses planètes. Les humains sont ainsi équipés de néocortex et divers autres équipements. Cette technologie très présente donne un côté cyberpunk au roman. L’univers développé par Olivier Bérenval fait parfois penser à Altered Carbon.



Le roman se déroule sur la planète Khataï, une planète perdue au bout de l’univers. Un haut dignitaire a été assassiné dans de mystérieuses circonstances après avoir disparu pendant plusieurs jours. Afin de résoudre ce meurtre, l’empire galactique envoie le Janissaire Kimsé sur Khataï. Les Janissaires font partie de l’élite, ils sont surentraînés et modifiés avec des technologies de pointe. Ces capacités hors normes devraient lui permettre de trouver les coupables rapidement. Cependant, tout ne se passe pas comme prévu et il va découvrir une planète à l’histoire trouble où les croyances magiques sont encore présentes.



Les données sur l’univers et Khataï sont fournies au fur et à mesure du récit, ce qui permet de bien appréhender l’univers. Le background est très travaillé et on prend plaisir à découvrir ce roman d’aventure spatiale qui oscille entre thriller et planet-opera. Khataï prend de plus en plus d’importances au fur et à mesure que le récit avance, que ce soit au niveau historique ou d’un point de vue géographique. J’ai beaucoup aimé découvrir les croyances de ces habitants, comment ce monde s’est construit.



Le roman est très dense, autant au niveau de la construction de l’univers que de l’intrigue. Le récit suit plusieurs personnages, la majorité habitant sur Khataï, et le Janissaire. Les chapitres qui lui sont consacrés sont racontés à la première personne. Le roman contient deux parties assez distinctes, la première étant plus une mise en place des différents éléments. Le récit sur fond d’enquête planétaire et de rébellion est nerveux et sans temps mort, avec des chapitres assez courts. Le style de l’auteur est travaillé et agréable, même si l’utilisation de certains termes technologiques est un peu difficile à appréhender au début. Le seul bémol vient des personnages que j’aurai aimé un peu plus développés. On sait assez peu d’éléments sur eux, l’auteur déployant plus son univers et l’intrigue.



Avec Le Janissaire, Olivier Bérenval apporte une nouvelle pierre à son univers de space-opera en proposant un roman solide et nerveux. Le mélange d’enquête et de planet-opera fonctionne très bien, la planète Khataï regorgeant de mystères. Un roman complexe avec de belles qualités.
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Le Janissaire

En cette rentrée 2020, Olivier Bérenval revient dans l’univers de « Nemrod » pour une nouvelle aventure se déroulant dans un tout autre endroit de la galaxie. Planète de moindre importance intégrée à un gigantesque empire galactique, Khataï a vu sa tranquillité ébranlée par la disparition d’un haut dignitaire, assassiné dans de curieuses circonstances. Inquiets quant à la possibilité d’une rébellion sur leur sol, et face à la gravité de la situation, les dirigeants de la colonie se sont résolus à faire appel à un Janissaire, membre d’une unité d’élite spécialement conçu pour régler les problématiques de ce genre et qui suscite la crainte de tous en raison de ses capacités exceptionnelles. C’est Kimsé, un janissaire d’expérience, qui est dépêché sur place, et son arrivée est loin de faire l’unanimité. Outre l’hostilité latente des habitants de Khataï, l’enquêteur/combattant doit également faire face dès son arrivée à une succession de désagréments et de bizarreries qui viennent perturber ses investigations. Il y a d’abord ces représentants locaux sensés collaborer mais qui le font de toute évidence de mauvais gré. Et puis il y a cette absence inexplicable de traces laissées par les assassins, sans oublier le comportement étrange de la victime quelque temps avant son trépas. Bref, l’enquête piétine, et la version privilégiée par les officiels ne satisfait pas le janissaire qui sent bien qu’on le mène en bateau. Parallèlement à cette intrigue, on suit également le parcours d’une habitante de Khataï, vivant entourée de tous ses frères et sœurs (la plupart créés génétiquement) dans un endroit reculé et spécialisée dans l’étude et la réparation des Sentients (comprenez des IA). Si on peine dans un premier temps à faire le lien entre les deux personnages, leurs destins ne vont pas tarder à se croiser, et à bouleverser les certitudes de l’un, et la tranquillité de l’autre.



Le space-opera, ce n’est généralement pas ma tasse de thé. Le fait qu’il s’agisse avant tout ici d’une enquête m’a cependant suffisamment intriguée pour que je me laisse tenter par l’univers d’Olivier Bérenval. Cet aspect du roman m’a d’ailleurs plutôt plu, même si les investigations du Janissaire n’occupent finalement pas une place aussi importante que ce que j’imaginais puisque le « mystère » de l’assassinat est finalement rapidement éclipsé par une série d’autres événements. La seconde moitié du roman se consacre ainsi davantage aux conséquences de ce meurtre et à la manière dont certains individus ou groupes vont tenter d’en tirer avantage qu’à ces commendataires. L’ambiance est elle aussi assez enthousiasmante grâce notamment à des descriptions des paysages de cette planète désolée et du vide sidéral qui l’entoure qui sont particulièrement saisissantes (la couverture en est d’ailleurs un très bel exemple). Si certains pans de cet univers se révèlent assez classiques (empire galactique, IA, modifications génétiques…), d’autres sont en revanche bien plus originaux (du moins m’a-t-il semblé) et, bien que souvent simplement esquissés, attisent sans mal l’imagination du lecteur. C’est le cas de ces énormes créatures/machines responsables de la terraformation de la planète, ou encore de tout ce qui touche à l’ordre des Janissaires sur lequel on en apprend plus dans la seconde moitié de l’ouvrage. J’ai en revanche eu beaucoup de mal à me faire au vocabulaire spécifique à la SF « pure et dure » qui m’ennuie prodigieusement et a pour effet immédiat de mettre fin à l’immersion. Les premiers chapitres sont d’ailleurs assez « raides » dans ce domaine, et je dois avouer qu’après avoir entendu parler de « codage utilisant les propriétés d’intrication quantique », de « passages transstellaires » de « dôme hypnomagnétique », j’ai bien failli reposer l’ouvrage de découragement.



Il ne s’agit cependant pas du seul bémol que j’ai relevé au cours de ma lecture qui, si elle se sera faite plus fluide par la suite, aura tout de même globalement été assez ardue. La faute notamment à un manque total d’attachement envers les personnages, à commencer par ce Janissaire qui rebute dans un premier temps par sa froideur et qui, alors même que toutes ses certitudes se sont vues ébranlées, gardera tout au long du roman une certaine distance avec le lecteur. Certains personnages secondaires sont un peu plus loquaces et expressifs, comme la jeune « technicienne » Nourgehan ou encore l’assesseur Creek qui, bien que trop peu développées pour susciter une véritable empathie, n’en demeurent pas moins plus intéressante à suivre car moins avares en émotions. Les « méchants » de l’histoire sont pour leur part beaucoup trop caricaturaux et remplissent leur rôle à la perfection : rien chez eux ou presque ne viendra remettre en cause ou nuancer l’image négative que l’on se fait d’eux, et leurs motivations sont toujours purement égoïstes ou engendrées par un fanatisme primaire. Les relations entre les personnages sont à l’avenant, la plupart se contentant de dialoguer sans que jamais de véritables liens ne se créent entre eux. Cela aura pu, pourtant, entre Creek et Kimsé, ou entre ce dernier et Nourgehan, mais à chaque fois l’auteur évacue le sujet trop rapidement, si bien qu’aucun échange vraiment profond n’a lieu entre les protagonistes. C’est d’autant plus dommage que la grosse révélation qui fait basculer le roman dans une toute autre direction à peu près au milieu du récit aurait pu justement permettre de casser cette distance et de remettre en cause tout ce que l’on savait sur ce Janissaire. Malheureusement, l’auteur préfère se concentrer sur l’évolution des événements sur Khataï, si bien que le rythme gagne en intensité tandis que les personnages perdent encore un peu plus en humanité.



Olivier Bérenval signe avec « Le Janissaire » un roman de SF qui ravira sans doute les amateurs du genre mais qui m’a malheureusement laissée sur le bord de la route, et ce pour des raisons très subjectives (manque d’attrait pour le vocabulaire et l’ambiance, notamment). L’ouvrage possède malgré tout de solides atouts, à commencer par son décor, même si le manque d’empathie ressenti pour les personnages reste à mon sens un gros bémol.
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Ianos

Un livre original, qui m'a plu, bien qu'il soit basé sur le plus grand stéréotype de la SF, le trou noir. En fait, le livre m'a surtout plu rétrospectivement à cause de son twist final excellent et imprévisible qui remet tout le reste en perspective, et ça c'est fort, vraiment. du coup le livre que je trouvais moyen est d'un coup d'un seul devenu bon!



Le reste du bouquin alterne donc le bon (en gros tout ce qui se passe dans l'espace ou dans les laboratoires) et le quelconque (en gros tout ce qui se passe sur Terre) avec certains trucs que j'ai trouvé assez bof comme toute cette histoire de secte quand même pas mal cliché... L'ennui c'est que les parties sans grand intérêt occupent beaucoup trop de temps, donc le livre n'est en fait que moitié-SF et moitié "ésotérique" (je force un peu le trait) , jamais avare de grandes leçons de vie qui n'ont pas grand intérêt. Un peu dommage je trouve. L'écriture aussi par moments m'a un peu fatigué parce que l'auteur n'écrit que des phrases courtes, nerveuses. Alors, le but n'est pas de faire du Proust pour le plaisir, mais il faut aussi savoir moduler le rythme, et parfois rallonger ses phrases pour coller à l'action, ralentir le rythme, ou souligner certains passages. du coup le style en prend un coup.



Mais bon, j'ai passé un bon moment, et la bonne SF en français n'est pas si courante, donc il faut la soutenir!
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Nemrod

Dan Simmons s'est servi de la poésie du romantique anglais John Keats pour écrire sa "Chute d'Hypérion". De même, Olivier Bérenval construit son grand roman "Nemrod" sur "La Légende des Siècles" de Hugo, dont il reprend, en termes de science-fiction, l'ampleur de vues, la dimension cosmique, le caractère épique. Les ressemblances de Nemrod avec Hypérion ne s'arrêtent pas là : on retrouve le même jeu habile entre des destins individuels, obscurs à ceux mêmes qui les subissent, et les événements de la grande Histoire qui finissent par les rejoindre. Comme dans Hypérion, l'humanité disséminée dans les étoiles partage son sort avec une communauté d'Intelligences Artificielles, non pas le TechnoCentre de Simmons mais presque ! De même encore, une invasion étrangère menace l'univers civilisé connu, mais sur ce point, Olivier Bérenval se distingue nettement de son modèle américain pour tenter, comme il peut, de peindre dans son roman une entité extraterrestre absolument étrangère, ce que les Extros de Dan Simmons ne sont pas. Les analogies se retrouvent même dans d'infimes détails, mais ce n'est en rien un reproche. La science-fiction n'est pas soumise, comme la littérature "mainstream", à l'impératif d'originalité et aux mythes de l'inspiration individuelle qui, depuis le Romantisme, encadrent la création littéraire. On peut parfaitement concevoir, en SF comme en fantastique, des continuations, des adaptations, des réécritures -- et le "plagiat" a des limites beaucoup plus souples. C'est tout l'intérêt de ces genres et ce qui les rapproche des littératures orales ou des cycles romanesques médiévaux.



Le lecteur prendra-t-il autant plaisir à lire "Nemrod" que "La chute d'Hypérion" ? En ce qui me concerne, ce n'a pas été le cas. Il y a une qualité d'émotion, une imagerie venues de Keats et de Simmons dont je n'ai pas trouvé l'équivalent dans le Nemrod hugolien de Bérenval. Est-ce la dimension sociale et politique, si gênante dans la SF française, qui a tendance à prêcher ? L'auteur est plutôt discret là-dessus et ne nous assène pas trop ses grandes leçons morales, ses analogies lourdingues, comme le premier Andrevon ou Pierre Bordage venus. Mais je me suis ennuyé à la lecture de ce pavé stellaire de 550 pages, alors que les 560 p. de Dan Simmons, dépourvues du moindre prêchi-prêcha, m'ont continuellement enchanté. L'un fait du remplissage, l'autre pas. Comme ce jugement n'est que le mien, je renvoie le lecteur curieux à la remarquable critique fouillée que nous devons ici-même à Alfaric. Ce spécialiste du genre a écrit un compte-rendu plus utile que celui-ci.
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