Citations de Olympia Alberti (107)
Je parviendrai à trouver mes mots, ou plutôt mes mots me trouveront peut-être un jour, peut-être ma façon de vivre les choses rencontrera-t-elle un jour les mots qui la libèreront. Je ne sais pas écrire, mais je sais vivre. Et de cette vraie vie qui est la mienne naîtront un jour des mots.
Sa vie affective lui donnera amants et amantes, trois maris et un enfant, sa fille, Colette de Jouvenel. Si ce foisonnement de rencontres et de sentiments va irriguer nombre de ses romans, c'est que bien avant beaucoup d'écrivains, Colette a pratiqué ce que l'on a appelé l'auto- fiction, avec un rare bonheur. Toute sa vie, elle créera comme Montaigne, avec son matériau le plus nu et le plus sincère : sa propre existence.
«C'est elle qui parle, mais c'est moi qui écris»
Guérir,ce fut revenir à moi,à une certaine acceptation d'âme,ce fut me laisser rapter par la joie puis par l'effort qu'elle demandait-un murmure qui m'intimide de continuer.
Avec l'art,le plus rare,celui qui devient création de vie,rien ne rampe,rien qui ne veuille vendre ou acheter,juste accomplir.
Ne gaspillez pas votre mépris, le nombre de nécessiteux est grand. Chateaubriand
C’était l’histoire de sa vie… on voit toutes ces images, ces scènes, on y pense, à tout ce qui a fait sa vie, alors on comprend comment ça se fait, une grande
vie, l’histoire de quelqu’un, tu vois… Et moi je crois que je sais pourquoi il a fait du théâtre, après, malgré l’avis de son père, qui ne voulait pas, et se met en colère…
Regarder, prendre conscience de la lumière banale, à qui personne ne rend grâces, qui fait chaque jour son devoir de beauté, d·amour et de joie, sur les dômes d·Ispahan, sur le clocher de guingois d·une chapelle perdue de village niché au creux d·un faux hasard et d·une vraie jubilation, la lumière du matin sur les marbres du Taj Mahal, celle de quinze heures sur les églises de bois de Kidji, en Russie, dans le ciel clair où rêvent nos heures d·attente, la lumière qui nous donne pour rien la transparence de l·air (qui fait sa clarté dans notre respiration), les couleurs, le ciel des étoiles, l·enchantement d·être, la porosité de l·âme. La grâce
Je la revois dans la piscine, tendant les bras à Diane, il y a trois jours. La mort ne signifie pas grand-chose… Une porte que l’on ouvre, à peine. À Ponte Tresa, où nous faisons un séjour chaque été, tout le monde est bouleversé.
Pour qu’une valeur devienne vertu, il faut la vivre. L’incarner.
Je vous regarde, mon amour, et il me semble que j’apprends à naître, que des regards viennent au bout de mes doigts, de ma respiration, que ma peau se dilate de la lumière d’aimer, que du ciel agrandit mon regard de plus de bleu et que je vais me dissoudre de cette porosité qui me fait l’être comme une seule traversée.
Comment m’étonner de la tourterelle qui s’ébroue dans ma gorge, de mon cœur qui s’affole et bat des ailes dans une cage si étroite pour contenir et embrasser tant d’éblouissement ? Ce qui me prend et m’essore, c’est à la fois le grand rire clair des vagues qui sèment les galets de dentelles à foison, et une brûlante envie de pleurer, entre un vertige et un ancrage, un lever d’aurore et une nuit de velours comme une soif sans mesure : pourtant, où ne suis-je pas comblée de cette joie, immense et pérenne - non, à demeure d’être ?
Quels mots lever pour dire l’ineffable, la douceur, la violence d’aimer, la tendresse et l’amour fou, le besoin de regarder, encore et encore, le sourire de celle que le bonheur a enfin conquise ? Quel mot prononcer, pour dire l’intime et le souffle buveur de bleu à grands traits, quel mot, sinon merci, ou jevousaime - mais ce sont sans doute, sous le froissement des syllabes, les mêmes sèves, les mêmes frissons, la même gratitude, sous nos paupières.
D'abord, épeler tout ce qu'elle fut : "oisive et docile petite épouse", "écrivain", "romancière" "fabricante de produit qui rehaussent, créent, préservent la beauté". On note, tout au long de ces pages superbes, un rythme ternaire. Elle insiste sur sa maladresse "je montai sur les planches" ; je passai mime, et un peu danseuse, et un peu acrobate" ; les adverbes, diminuendo, jouent sur l'humilité, un peu. Dans le je passai, on note l'idée de progrès lent, d'application, de mérite à l'ancienne ! Reprenant la phrase d'une lectrice, "vous vous affichez sur des tréteaux", elle exécute une splendide correction rhétorique : "coupables de me porter, les planches n'étaient déjà plus des tréteaux".
L'odorat (chez Colette, des centaines de citations seraient à analyser) joue un rôle prépondérant dans les savoirs intenses de la mémoire, car il n'est pas un sens prétentieux comme la vue, incertain comme l'ouïe, c'est un sens humble, contemplatif, amoureux, où les finesses sont une première étape de transition entre le toucher (franc) et le goût.
Romancière, journaliste, reporter, chroniqueuse, comédienne, mime, puis esthéticienne, l'amoureuse de sa vie en métamorphoses ne cesse de devenir écrivain - et tant pis pour moi si j'ai du mal avec écrivaine, et si je m'en veux d'avoir du mal, c'est une fonction qui est dotée des deux sexes, après tout (pardon, avant tout) - et ne cesse de se faire plus abondante par l'écriture du vivant et son étreinte.
Les hommes politiques : ceux qui divisent et qui règnent ; les poètes : ceux qui rapprochent et qui servent. Ce matin quelques étoiles s’accrochaient comme des fruits scintillants aux branches nues et noires de l’arbre, devant ma fenêtre.
A tes yeux,trop de gens s'arrogeaient la violence comme réponse,et la morgue comme droit.
L'homme garde ce silence,comme si,matière subtile,précieuse et trop éphémère,il pouvait franchir les parois épaisses où sa vigilance le contient.
L'amour, s'il est, ne donne-t-il pas
Toujours et au-delà?
(extrait de L'Amour palimpseste)
Presque tout ce qui est grave est difficile, et tout est grave.
Ne t'empresse pas de nommer,ressens.