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Critiques de Osvaldo Soriano (13)
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Quartiers d'hiver

Une première rencontre avec Osvaldo Soriano avec une parabole lumineuse sur l'oppression.

Nous sommes en Argentine durant la dictature militaire ( 1976-1983 ) dans une petite ville de province tenue par l'armée et des notables à leur service. Galvàn chanteur de tango et Rocha boxeur en fin de carrière ont été invités à la fête municipale l'un pour chanter , l'autre pour boxer, à des fins de propagande. le premier, révélé démocrate est vite dénoncé et remercié , alors que pour le second est prévu un match truqué contre un boxeur militaire de carrière . On sent très vite que les choses vont très mal tourner….



Soriano exilé en Europe suite à l'instauration de la dictature dans son pays, dans ce roman publié en 1982 à travers le destin de deux personnages inoffensifs relate la paranoïa de la dictature qui écrase tout personnage suspect selon leurs critères, dont, démocrate = terroriste ( dans le texte ). Une histoire violente et émouvante avec un zeste d'humour et de burlesque où même l'amitié des deux protagonistes n'arrivera pas à les sauver dans cette ville où les gens errent, font la fête alors que les militaires assassinent, répriment, kidnappent et font disparaître des gens au vu et au su de tous. Tout le monde sait ce qui se passe mais tout le monde choisit de détourner le regard. Un des meilleurs livres lus sur cette période noir du pays dont sa littérature en est majoritairement imprégnée.

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Quartiers d'hiver

Lu en v.o. Cuarteles de invierno.



Ca devient une habitude, une manie, un (mauvais?) pli. J'enchaine les lectures autour d'un meme sujet. Apres Deux hommes a l'affut de Dal Masetto je n'ai pu trouver de repos jusqu'a ce que je mette la main sur Quartiers d'hiver de Soriano. Encore la dictature militaire argentine. Il est dit que je devrai boire le calice jusqu'a la lie.



Au premier abord ce sont deux echantillons d'une meme matiere: des hommes sont exclus par la dictature et ses sbires d'une fete populaire sans qu'ils sachent pourquoi. Mais ce n'est qu'un abord fallacieux car tout en partant de cette premiere donnee les deux livres different beaucoup. Si chez Dal Masetto il etait question de la paranoia d'un homme qui se croit poursuivi, parce qu'il sait que chacun peut etre poursuivi, avec ou sans raison, par cette dictature, ici la persecution est reelle, physique, elle ne fait pas que mortifier l'ame, elle frappe, elle blesse, elle tue.



Deux heros tragiques dans cette histoire, un chanteur de tangos et un boxeur, tous deux sur le retour, engages a se produire pour la fete d'une petite ville, ou un grand village, qui devient le troisieme personnage, le miroir deformant ou toute epopee latino-americaine adquiert les traits d'une farce provinciale. C'est Colonia Vela, que Soriano nous avait deja presentee dans Jamais plus de peine ni d'oubli.



Deux heros tres differents. le chanteur, qui est le narrateur, complexe, ne sachant pas toujours lui-meme comment il va agir, alors que le boxeur est toujours predictible. le chanteur est un survivant alors que le boxeur, colossale carcasse sentimentale qui ne sait qu'aller droit au but, on ne sait en fin de livre s'il survivra. Pour des broutilles, sans qu'ils comprennent pourquoi, ils sont pris a partie pas des gars de la milice (ou de la police, ou de l'armee) puis attaques par les acolytes civils du regime et livres deliberement a ses sbires. La violence se canalisera sur eux, le chanteur ne pourra se produire et fera un essai rate de fuite, et le boxeur servira de sacrifice humain devant une foule en liesse, une foule consciente que le pouvoir reprime, sequestre, fait disparaitre, assassine, en plein jour et tous les jours, mais prefere detourner le yeux et s'abandonner a l'illusion de la fete.



Mais ce livre a un grand plus. Si autour du heros de Dal Masetto tous etaient pris de la meme peur, atteints de la meme paranoia, tous se defilaient sans aider et il n'y en avait pas un pour rattraper l'autre, Soriano distille dans un climat d'horreur une sublime histoire d'amitie, et sinon d'amitie du moins de solidarite, d'entraide, d'abnegation dans l'assistance. Une histoire d'espoir: comment deux personnes tres differentes, peu faites pour se comprendre et encore moins pour s'apprecier, finissent par etre freres dans l'adversite, capables de se sacrifier l'un pour l'autre de facon completement desinteressee. Tout en anathemisant la dictature, Soriano fait passer un message d'espoir: nulle repression ne pourra annuler completement la charite humaine, ses gestes de compassion, de devouement altruiste.



Il est peut-etre curieux que Soriano, bien qu'il ait ecrit ce livre en exil entre 1977 et 1979, en pleine dictature, a su y mettre une lueur d'espoir, contrairement a Dal Masetto qui n'a ecrit le sien que quand cette dictature etait deja du passe. Curieux? Non, edifiant. Si le livre de Dal Masetto est interessant, celui-ci brillera toujours pour moi dans le firmament des lettres argentines. Pas seulement pour ses themes, pour son style aussi, chaud, caressant envers et contre tout, et pour les quelques passages humoristiques qu'il reussit a intercaler.





P. S. On me dit que toutes ces histoires de fetes et de sacrifies dans ces fetes viennent toutes de Borges. Je vais verifier. Et peut-etre continuer a enchainer. Jamais deux sans trois.

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Quartiers d'hiver

Colonia Vela est en fête. Loin de Buenos Aires, perdu dans la poussière argentine, ce petit bourg promet une belle distraction, tango et boxe. Le grand Galvan doit faire une représentation à la salle des fêtes communale, des affiches ont même été collées aux murs délabrés de la ville pour annoncer sa venue.

Deux hommes montent sur le ring. Le speaker annonce le grand combat de l’année entre le vieux Rocha et la légende locale, le vainqueur aura le droit de participer aux prochains championnats du monde, c’est dire l’enjeu colossal au milieu de la ferveur populaire.

Finalement Galvan sera remplacé ce soir, incompatibilité d'humeur politique, il doit quitter la ville, immédiatement, ordre des autorités et à la fin des années soixante-dix, mieux vaut pas se frotter à la mitraillette de ces autorités-là.



Il a mis un genou à terre, l’arbitre compte une première fois, un… deux… trois… quatre… ça va ça va ça va je vois encore clair ce ne sont que quelques étoiles autour de ma tête, que quelques gouttes de sang sous l'arcade passe-moi l’éponge que j’essuie ça surtout ne jette pas l’éponge c’est la dernière chance de ma vie… Le combat peut reprendre, les coups cognent, les boxeurs glissent en sueur sur le ring, encore un peu et ils danseraient un tango argentin.

Il faut dire, l’autre boxeur n’est pas un manchot, et en plus se trouve être juste le colonel de la garnison. Mais ne me fait pas dire que ça pue le combat truqué, c’est pas parce qu’autour du ring il y a des dizaines de militaires mitraillettes au bras, en train de s’abreuver de plusieurs verres de bières…



Franchement une telle histoire ne peut que mal finir, du moins pour le vieux boxeur qui croit saisir la dernière chance de sa vie. Et en y regardant de plus près, ce simulacre de fête ressemble de plus en plus à une opération de propagande autour de la dictature au pouvoir. Mais j’imagine bien que Galvan et Rocha, ces deux-là qui viennent de se rencontrer juste quelques heures avant, dans le train vers Colonia Vela, vont se découvrir une profonde histoire d’amitié. Il suffit parfois de boire un verre ensemble pour tisser des liens profonds, une bière et une dictature.



La foule est en délire, le spectacle touche à sa fin. Le speaker remonte au centre du ring, la musique s’efface devant la voix tonitruante de l’homme en uniforme et aux galons dorés. Un dernier mot pour remercier chaleureusement les sponsors de cette évènements la brasserie Quilmes, souvent en rupture de stock, qui fournit la bière ainsi que le magasin général, jamais en rupture de stock, qui fournit livres et cookies. Bonne soirée à vous tous, bon retour dans la pampa, n’ayez pas peur, ce ne sont que des militaires qui patrouillent à la nuit tombée.
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Jamais plus de peine ni d'oubli

Il faut avoir le coeur bien accroche pour franchir les quelques dizaines de pages de ce petit livre sans sentir l'imperieux besoin de courir au lavabo le plus proche rendre tripes et boyaux.





Dans un petit bled perdu d'Argentine un delegue du parti veut destituer le maire. Un delegue du parti peroniste veut destituer le maire peroniste. Qui ne l'entend pas de cette oreille. Et c'est l'affrontement entre amis de l'un et complices de l'autre. C'est burlesque. Enfin, ca le serait si ca ne tournait pas tres vite en boucherie, en hecatombe. On blesse, on torture, on tue. On tue par coups, par balles, par empoisonnemt au DDT, avec des charges de dynamite, en incendiant des maisons entieres. Et l'auteur ne lesine pas sur les descriptions de blessures, de lesions, de plaies, ni sur les souffrances, les supplices qu'elles provoquent.





Pourquoi cette exasperation dans le carnage? Pour des idees? Bah! Par fidelite dans l'amitie? Pour l'honneur? J'ai eu l'impression qu'une fois le conflit entame, les deux factions s'enfoncent dans une perseverance instinctive, un acharnement obscur, irreflechi. Et c'est l'horreur. Au cri, des deux cotes, de: Viva Peron! Ou plutot, comme concluent les missives que les deux cotes s'envoient au debut: Peron o muerte! (Peron ou la mort!).





Ecrit en 1974 en Argentine, et publie seulement apres quelques annees en Europe, le livre traduit et pousse jusqu'a l'absurde les dissensions de l'epoque au sein du parti peroniste, qui nettoieront la voie a la dictature de la junte militaire en 1976. Attaque du point de vue litteraire a sa sortie (un critique oublie depuis allant jusqu'a ecrire: "Mezcla de monja y de culo, porque es sor y ano" "Melange de nonne et de cul", maltraitant le propre nom de l'auteur) il est de nos jours beaucoup mieux juge. On a fini par comprendre, et accepter, que son exageration, son sarcasme, son manque de fioritures, son langage resolument populaire, servent au mieux son projet: un rapport, presque une denonciation, d'un climat politique pourri, dangereux. Et de ses consequences chez le petit peuple, les braves gens qui se laissent mener.





Puis-je conseiller ce livre? Oui, malgre sa durete. Je finis ce billet comme je l'avais commence: pour ceux qui ont le coeur bien accroche.







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L'oeil de la patrie

C'etait un ancien dramaturge grec qui nous avait appris qu'en chaque fils subsiste le desir, cache ou avoue, de tuer le pere. Depuis nous avons edulcore le message et nous parlons de revolte generationnelle, de fosse des generations. Dans la litterature argentine, toute une generation, et peut-etre deja deux, s'entetent a tuer Borges. Mais ils sont tous ses fils, et plus ils le tuent plus ils en heritent. Ils le continuent, la rage au coeur. Ils l'enterrent dans chaque livre pour s'apercevoir eberlues qu'il reparait dans chacune de leurs pages, aveugle a leurs efforts, un rictus meprisant a la bouche.





Osvaldo Soriano est un des grands fossoyeurs de Borges. Un de ses grands continuateurs. Dans L'oeil de la patrie il degrade la langue (je l'ai lu en v.o.), detraque l'intrigue, mais ne peut s'empecher de faire apparaitre Achab poursuivant sa baleine, ni d'echafauder une pension-asile pour ecrivains qui ne veulent pas publier, ni de citer et reciter Verlaine et ses sanglot lents, tout en se demandant: langueurs monotones? longueurs monotones? Pris de honte il se cache derriere des masques, de Madonna, Bob Marley ou Donald Duck.





L'oeil de la patrie est un roman d'espionnage burlesque, tellement burlesque que ca en devient douloureux. Un agent insignifiant des services argentins a Paris se voit confier la mission de sa vie: rapatrier la momie robotisee d'un des Peres de la patrie, du temps de l'independance argentine. Il doit dejouer les manigances d'autres services qui voudraient se l'appropprier, d'agents de son propre pays qui voudraient le vendre au plus offrant (le chip introduit dans la momie a une valeur inestimable), de ses propres chefs qui n'ont peut-etre invente toute cette affaire que pour se debarasser de lui. Ce n'est qu'apres moult peripeties qu'il acceptera la possibilite d'un echec, sa defaite pouvant etre son ultime victoire. Qui jugera? Qui pourra juger?





C'aurait pu etre d'une intrigue on ne peut plus classique, que Soriano fait exploser par le langage et par une trame qui s'autodetruit au fur et a mesure, dans un absurde sans limites. Et ca devient un requisitoire contre une classe politique ( argentine seulement?) qui essaie de remanier sans arret l'histoire et le passe pour des interets momentanes, illusoires en fait. Et ca devient un requisitoire contre une societe ou chacun porte un masque, ou chacun voudrait ressembler a quelqu'un d'autre, devenir quelqu'un d'autre, ou il n'existe plus de reponse assuree a la question: qui suis-je? Dans une interview alors qu'il etait exile a Paris, Soriano s'expliquait: un monde ou tous changent ou veulent changer tout le temps debouche dans l'incertitude ou personne n'est personne.





C'est un livre pas facile a lire malgre les sourires qu'il provoque. Un livre rempli d'allusions a d'autres perdants litteraires, ces perdants qui colonisent la memoire des generations de lecteurs et en chassent les gagnants presomptueux. Un livre que j'ai trouve tres borgesien. Le livre d'un grand perdant borgesien, bien qu'il s'en dedise.
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Quartiers d'hiver

Après l’invitation lancée par les billets d’Idil et de Dandine, je n’ai pas eu d’autre choix que de prendre mes quartiers d’hiver (oui l’hiver commence aujourd’hui 21 juin en Argentine) dans cette Argentine de la fin des années 70.

Je sais qu’il y a des destinations plus attrayantes qu’une terre sous régime militaire ou policier pour se détendre avec un bon bouquin mais les voyages au bout de l’enfer aident à relativiser nos petits soucis quotidiens.



Bienvenue à Colonia Vela. Aujourd’hui c’est la fête au village. Parmi les attractions oubliez les manèges et les barbes à papa, ici le programme c’est tango et boxe. Le notable du village et un officier du régime videla changent leurs uniformes pour celui de G.O façon club med. Quand je dis club med, comprenez bien que question organisation c’est surtout au niveau de la pensée parce que coté ambiance c’est plutôt, si j’osais (allez j’ose), le « vide est là » pas top quoi.

Galvan et Rocha, chanteur et boxeur venus de la capitale débarquent à la gare.



Osvaldo Soriano nous entraine dans les pas de deux hommes que rien ne réuni à part le fait d’avoir été engagés par le régime pour divertir et endormir un public trié sur le volet et pour promouvoir un militaire local, boxeur à ses temps perdus.

Comment réagir quand on s’aperçoit que l’on devient un objet de propagande, comment gérer sa colère et sa peur ?

Ce livre est un livre d’atmosphère. Pas de torture ni d’arrestation arbitraire. Pas d’interrogatoire à peine quelques intimidations.

Tout ce qui tient ce bouquin c’est la pesanteur de l’air ambiant. C’est lourd, très lourd. Ca pèse sur les épaules, c’est orageux, oppressant. Il règne un climat de fait divers, de ceux qui pour un regard ou une parole dérivent dans une violence sans limites devant des témoins scotchés par la peur ou l’indifférence.



Merci Idil et Dan pour, une fois de plus, cette incitation au « voyage ».
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Quartiers d'hiver

Argentine. Dictature.

Les autorités organisent des festivités dans une petite localité. Pour faire plaisir à bon compte à la population, mais pour s'assurer surtout qu'elle y participe sans rechigner. Du pain et des jeux...

En l'occurrence, un récital de tango et un combat de boxe. Mais à l'économie : avec des célébrités sur le retour, qui ont besoin de se refaire.



Le chanteur et le boxeur, invités à se produire dans ces circonstances, font connaissance à la descente du train qui les amène sur place. Mais rien ne se déroule comme ils l'avaient prévu. Même l'amitié qui naît entre eux, en quarante-huit heures, relevait de la plus grande improbabilité.

Ce qui ne semble surprendre personne, en revanche, c'est la présence constante, en tous lieux, de policiers, plus ou moins pourris, et de militaires imbus de leur puissance. Ni les uns ni les autres ne se privent d'en faire usage. La description, seulement factuelle, de leurs comportements et de leurs interventions, fait naître un sentiment d'absurdité incrédule. Une illustration terriblement éloquente de ce qu'est une dictature au quotidien. Omniprésente, pesante, étouffante, avant même d'être violente.



La lumière dans le roman, vient des deux héros - héros malgré eux – si peu faits pour s'entendre, et d'un troisième homme, le clodo qui va laisser tomber « les petits riens », " les choses mesquines » auxquelles il s'accrochait encore, pour leur venir en aide, au péril de sa vie. Ces trois personnages, bruts de décoffrage au premier abord, révèlent une humanité profonde et courageuse, qui refuse de se laisser museler et amoindrir. Ils emportent l'admiration et le respect.



En revanche, je ne parlerai pas du notable qui collabore éhontément avec les militaires : un avocat corrompu, méprisable, indigne de sa profession dont je collectionne, dans ma galerie virtuelle, les beaux spécimens littéraires.

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Jamais plus de peine ni d'oubli

Dans un village argentin, deux idéologies s'affrontent jusqu'à la guerre et l'assassinat. Tous les coups sont permis, toutes les armes autorisées, toutes les mutilations possibles, mêlant horreur et burlesque.

Au delà de la lutte sanglante et rocambolesque qu'Osvaldo Soriano met en scène dans ce roman entre la gauche et la droite péroniste, mouvement politique à l'époque en voie d'éclatement, l'auteur en fait surtout émerger toutes les contradictions.

C'est aussi la violence d'Etat qui est dénoncée, préfigurée par cette guerre idéologique au sein d'un village, annonçant les exactions de la future dictature militaire pour laquelle le péronisme en délitement a tracé une voie royale.



Si Osvaldo Soriano n'a jamais ambitionné d'être un auteur de l'avant-garde littéraire argentine, il excelle dans son style de conteur d'une maîtrise parfaite, assorti d'une écriture énergique à l'humour picaresque. Enfin, pour Soriano, les drames idéologiques sont d'abord et avant tout absurdes : il nous le rappelle avec humour et intelligence, ces deux ingrédients indispensables à toute position raisonnablement humaniste.
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Jamais plus de peine ni d'oubli

C'est le deuxième roman de cet écrivain argentin, très connu dans son pays et qui possède un humour corrosif et à la fois très tendre. Ce livre il l'a écrit en 1973, en Argentine, mais il ne fut publié qu'en 1978 pour des raisons politiques. Le titre fait allusion à un tango très connu de Gardel " Mon aimé Buenos Aires".

L'action se développe dans la ville fictive de Colonia Vela (comme le Macondo de GG Marquez) où l'on accusera de bolchéviques au délégué municipal et son adjoint, alors même que tous les deux sont péronistes irréductibles et fidèles au mouvement.

Ainsi dans ce bled vont s'affronter jusqu'au délire les deux factions. Si la situation est franchement dramatique, Soriano la décrit de façon désopilante, truculente.

C'est une lutte fratricide pour des idées, mais dans ce bled où tous se connaissent et sont devenus dingos, on a l'impression que c'est une lutte de personnes.

Le film d'Hector Olivera de 1983 est génial, hilarant, avec une scène d'anthologie que je vous laisse découvrir. Il est visible sur youtube sous le nom en espagnol de ce livre magnifique.
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Quartiers d'hiver

Celui-ci est le troisième roman d'Osvaldo Soriano, cet écrivain argentin qui vient du journalisme, et selon certains, ce serait son meilleur livre. Ce livre a été porté au cinéma deux fois en 1984, par l'argentin Lautaro Murúa et par l'allemand Peter Lilienthal (sous le titre Das Autogramm).

C'est un roman métaphore sur la dictature militaire de 1976, car sans qu'il y ait une dénonciation directe de la dictature, le livre nous relate la terrible confrontation entre un boxeur au bout du rouleau (l'Argentine?) et un candidat choisi par l'armée. Sous cette confrontation, sourd tout ce qui signifie le péronisme avec cet amour populiste envers tous les faibles et les souffrants.



On peut voir en youtube, le film de Murúa, bien que l'image et le son soient de piètre qualité. Mais cela donne une bonne idée de la teneur du livre.
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Jamais plus de peine ni d'oubli

Voilà un récit tragi-comique qui nous éclaire plus sur la marche du monde que n'importe quel essai politique. A partir d'un fait divers, la mécanique guerrière se met en place, tuant, blessant et sacrifiant ses héros au gré des intérêts de chacun. Le fil rouge ? Un homme décidé à défendre ses idées coûte que coûte, allant au bout de ce que les autres estiment être une folie. Le contexte sud-américain renforce la dimension absurde et la référence au modèle de l'homme politique (Peron) crée la référence. A lire
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L'heure sans ombre

Grand écrivain et best seller argentin. "L'heure sans sombre" est son dernier livre, livre dédié à son père.

C'est un road book qui raconte bien cette errance qu'il a connu lui même dans son enfance avec un père fonctionnaire qui a du parcourir avec sa famille tout le sud de l'Argentine. C'est probablement son oeuvre la plus réflexive.

J'avoue avoir eu du mal avec cette lecture, car malgré une bonne qualité d'écriture, par moments le récit devient surréaliste, absurde avec cet humour si corrosif et typique de Soriano, mais en même temps, plein de nostalgie et de poésie.

Le narrateur est un antihéros qui fera un voyage par la route en Argentine à la recherche d'inspiration pour écrire un Guide des passions argentines, livre qu'il n'écrira pas. En revanche il écrira l'histoire de sa famille, famille éclatée puisque sa mère les avait abandonnés, son père et lui. Le père est un autre être errant, distributeur de films de la Paramount dans ce vaste territoire qui est l'Argentine.

Le narrateur fait un voyage avec deux buts: retrouver son père atteint de cancer terminal et qui a fait une fugue. Et il voyage à l'intérieur de lui même, où il recherche l'entourage affectif de son enfance.

L'obscurité est un thème central du roman: obscurité de l'espace où se cache le père et obscurité où se situe le narrateur amnésique, espace idéal pour écrire l'histoire familiale.

L'apparition soudaine du père à la fin du roman, se matérialise dans la ville fictive de Colonia Vela, déjà citée dans d'autres romans de Soriano et page 218 nous avons la clé du titre du roman: mon père était sorti de sa jungle pour me montrer " l'heure sans sombre".
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L'heure sans ombre

Le narrateur est un écrivain en vadrouille dans les immensités argentines : immensité des espaces, immensité de l'histoire, immensité des solitudes qu'il est amené à rencontrer.

Son périple semble avoir deux buts : il cherche à la fois son père (malade en phase terminale, il s'est senti un soudain regain de vitalité et s'est enfui de l'hôpital) et son prochain roman. Il avance donc, au fil des routes, remontant le temps, retraçant l'histoire de son père, identifiant les lieux dans lesquels cette histoire s'est inscrite. Il suppose que le vieil homme va obligatoirement retourner là où il a connu ses années les plus heureuses.

Avec le narrateur, on visite donc l'Argentine et son passé : le père était tombé amoureux, dans les années 40, d'une femme qui était modèle pour une célèbre marque de savon. Une femme d'une grande beauté, mais aussi une femme très célèbre, à cette époque où les mannequins n'étaient pas si nombreux. Le père du narrateur, lui, était représentant pour un studio de cinéma américain : il allait placer les films dans toutes les salles du pays. Il était donc totalement insignifiant face à cette femme exceptionnelle. Il restera d'ailleurs dans son ombre pendant de longs mois, regardant passer les prétendants, jusqu'à ce qu'elle daigne s'intéresser à lui. Puis lui donner un enfant.. qui est donc notre narrateur.

On découvre ainsi l'Argentine des années 40, 50, 60, par le regard de cet homme, cet écrivain à la recherche de son père enfui. Mais on voit aussi ce qu'est la difficulté d'écrire, la difficulté de partir à la recherche d'un texte qui, comme ceux qui nous entourent, ne se laisse par attraper, ni même comprendre, si facilement. Le parallèle entre les deux est d'ailleurs le pivot de ce roman. Le narrateur fait des kilomètres, mais il continue à écrire, ou à tenter d'écrire : dès qu'il fait une halte, il sort son ordinateur portable et reprend son texte, assis sur la banquette arrière. Et s'il n'a pas le temps d'allumer l'engin alors qu'une idée lui vient, il pose sa voiture n'importe où au bord de la route et écrit son idée sur un petit papier qu'il colle sur un coin du tableau de bord, ou bien il l'inscrit directement au marqueur sur la carrosserie.

Entre les flash backs, les rencontres multiples et farfelues, les considérations sur la difficulté d'écrire, sur la difficulté d'être fils ou père ou mari, ce roman peut sembler un peu brouillon. Mais, qu'il parle d'amour, d'amitié, de souvenir ou d'écriture, il le fait avec un ton juste, parfois humoristique, toujours sensible et qui touche le lecteur. Et puis, quels que soient les méandres du parcours du narrateur (et ceux de la plume d'Osvaldo Soriano), le texte suit pourtant un fil clair, net : celui du sens de la vie, du sens de nos actes. Et il pose la question de savoir ce qui compte vraiment : les hommes ou les choses.
Lien : http://sebastienfritsch.cana..
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