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Citations de Pablo Casacuberta (47)


Une fois de plus depuis que j'avais fait la connaissance de cet improbable ami de mon père, je restai plongé dans une profonde stupéfaction. Le bonhomme était en train de me dire dans son style fleuri et euphémique que cette fanfaronnade académique , avec ses groupe de danse folklorique et son club "Histoire des idées", était sa façon de dédommager la société pour avoir épargné la prison à des malfaiteurs. Je l'imaginais refermant sa serviette après avoir rendu la liberté à un proxénète et pensant avec enthousiasme à la causerie de la semaine suivante.
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A trente ans et quelques, sous cette lumière et cet angle, mon père n'était qu'une joyeuse et robuste version de ma personne. Il avait, pensai-je, le visage que j'aurais eu si je n'avais pas été piétiné, écarté et détruit, justement par lui-même. Sans lui, j'aurais peut-être une expression similaire à la sienne, un sourire épanoui, publicitaire, et la même lueur de sapin de Noël dans le regard. L'instant d'après, je corrigeai. Sans ton père, tu n'aurais aucune expression, ni triste ni heureuse, car tu ne serais même pas venu au monde. Je devais au moins au professeur cette contingence, et lui nier quelque mérite sur ce plan était décidément mesquin. p 105
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Je l'imaginai ruminant en silence ses angoisses,obligé par la stature de son personnage d'offrir une image d'assurance et de résolution qui ne correspondait pas à ses misères intérieures.
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Il aurait mieux fait de tenter sa chance avec des phrases que l'on attend du plus banal des maris,comme "tu es adorable",ou encore"ta salade est délicieuse",et même de façon plus impersonnelle,"il fait très beau aujourd'hui".Combien plus stimulante eût été pour ma mère l'une ou l'autre de ces niaiseries au lieu de la critique obstinée de "La vie des douze césars"de Suéton,débitée la bouche pleine entre de copieuses gorgées de vin,et qui ne valait au professeur qu'un regard gêné et un sourire forcé de son public accablé.
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Je cessai un moment de réfléchir à ce qui serait passé si mon pére s'était arrêté à temps,s'il avait renoncé à la tutelle de fer qu'il avait exercé sur moi et avait songé à partager une fois avec moi,pour prendre un exemple,un après-midi comme celui-ci,allongés dans l'herbe à parler de la vie ,comme le font les pères et les fils..........Vu l'éventail trés varié des paternités,dans lequel la contemplation du paysage se présentait comme une circonstance assez rare,je compris que ne pas nous être donné l'occasion de contempler les pâquerettes d'un champ dans un êtat de méditative harmonie était toute somme une peccadille.Nous étions juste coupables de ne pas savoir vivre,à peu près comme tout le monde.p.121
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« J'avais toujours senti que maudire mon père était une prérogative dont j'avais l'exclusivité, un droit dont personne ne pouvait me priver, car il faisait partie de mon être le plus intime. J'avais souvent dû supporter les conséquences de mon rejet dans la plus extrême solitude, entouré de foules qui suivaient partout le professeur et qui l'adoraient. Et même si j'avais imaginé que son impeccable image publique se ternirait un jour, jamais je ne lui avais souhaité le ridicule ou la honte. J'aurais préféré que mon père se rende compte de l'absurdité de son comportement sans avoir besoin que la vie le traîne dans la boue. En vérité, je souffrais quand quelqu'un se moquait de lui, sûrement parce que je savais qu'une part de cette moquerie me concernait, puisque je partageais certains de ses pires attributs, mais dans le fond j'étais aussi mal à l'aise d'assister à ces moqueries pour une raison plus obscure, parce qu'en réalité la critique méprisante était une espèce de territoire, de refuge qui m'était réservé, et que je ne voulais céder à personne. »
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« Car de cette demi-minute passée sous l'eau, me restait surtout l'image de ma mère, mais aussi la sensation corporelle de sa présence. Ce visage gigantesque, brillant devant mes yeux comme une visitation angélique, m'avait fait revivre cette proximité que j'avais sentie dans tant et tant de nuits froides, lorsque maman venait me border dans mon lit et caresser mes joues, en partageant avec moi la chaleur de son haleine comme une sorte d'élan vital. Et j'emploie cette expression sans aucune exagération, car pendant ces moments-là j'avais l'impression de pouvoir inhaler exactement la bouffée qu'elle venait d'inspirer et que cet air, ainsi enrichi, me protégerait pour traverser les longues incertitudes de la nuit. La sensation d'avoir un nez, et qu'il soit si près du sien, la sensation d'avoir une poitrine étroite et nouvelle, comme d'un pigeon, qu'elle emmitouflait avec soin, comme si c'était la sienne, ou même plus, comme si elle logeait dans un coin de cette minuscule cage d'os, toutes ces réminescences de la petite enfance – cette époque où avoir une mère représentait une puissance évidente, inaliénable et éternelle – avaient été réactivées d'un coup et palpitaient aux tempes, aux oreilles et au nez, comme disant : « Anibal est toujours là, caché : cherchez-le ». »
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