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Citations de Pablo Casacuberta (47)


Ces murailles vont bientôt trembler ! Les pierres des catapultes, la poix bouillante et l'huile vont s'abattre sur elles ! Nous allons subir le siège féroce de Scipion et nos pauvres occupations quotidiennes devront passer au second plan ! Remettez à plus tard les noces et les deuils, le cœur devra différer ses urgences et courir derrière la faim et la guerre !
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Mais je n'en fis rien, notamment parce que cette description, à première vue si sommaire et concrète, n'aurait pas rendu justice à ma maladie la plus intime et authentique, à la souffrance prolongée qui m'avait cloué au lit, même le jour où la Fondation Brenner faisait entrer le cercueil de mon père à la Rotonde des Hommes Illustres, c'est-à-dire la douleur aiguë et incessante qui me forait la poitrine, cette sensation d'être en train de mourir à petit feu, comme si m'était retiré soir et matin un dé à coudre de ma substance vitale, une dose minimale mais constante, qui finissait par entraîner une perte considérable, comparable à une amputation.
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IL est clair que le journal de mon père me laissa, comme le lecteur peut le supposer, beaucoup plus que cette nouvelle disposition à la lecture. Accueillir ses mots en silence comme s'ils étaient prononcés à l'oreille, me dedommageait tardivement de tous les contes dont sa tristesse d'homme seul m'avait privé dans mon enfance, ainsi que de sa présence près de mon lit. Je compris aussi que, malgré son silence à leur sujet, il avait eu des parents non exempts de cruauté. Et qu'inventer et cimenter ensuite avec des faits, le professeur Brener, ce personnage que j'avais craint et recherché toute ma vie, avait été sa façon particulière de surmonter les privations de son enfance. Son journal me révéla aussi une multitude de secrets que je ne reproduirais pas ici.
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- Brener, Brener!Quelle autre chose, quel que soit notre regard, vaut pour nous, pauvres humains, plus que les sentiments? Homme intègre Intègre! Comment pourrais-je ne pas comprendre votre refus? Comment croire qu'une maison, un petit immeuble de deux étages avec terrasse et jardin et une rente à vie de plusieurs salaires mensuels, puissent peser, dans votre cœur endolori, plus que ce que pèsent vos sentiments? Que représente le besoin, que représente la pauvreté, lorsque défile devant nous, éblouissante, l'inextinguible torche de la liberté?
(..) Je pensai à la patronne de la pension, menaçant de jeter mes valises dans la rue si je ne réglais pas dans la semaine la moitié de mes dettes. Je pensai à l'odieux et cher Lucas, à son odeur rance et tenace, à mon inquiétude de voir que le froid de l'hiver ne l'avait pas emporté, je pensai a sa toux, a sa maigreur, à sa maigreur à sa pauvreté franciscaine et, en passant, à la mienne. Derrière ma liberté proclamée il y avait une chaîne d'actes circulaires et insupportables qui constituaient la logistique quotidienne de cette pauvreté que j'avais choisie en quittant le monde du professeur: laver mon linge à la main et à l'eau froide; le faire escher pendant les longues journées d'hiver dans une cour glaciale; raccommoder mes poches le plus souvent vides avec une aiguille, du fil et une vue déficiente; empiler du papier dérobé à la faculté des années plus tôt et le couper avec un rasoir au format réglementaire pour la remise des maudites thèses; faire des courses pour quelques vieillards et garder un peu de monnaie; échapper par des moyens malhonnêtes mais nécessaire à mes innombrables créanciers; acheter une fois par quinzaine ma ration d'eau de vie dans un magasin de gros, de façon à épargner 11% de son prix etc...Telle était ma vie, décrite selon mon strict emploi du temps. Le simple manque de moyens me faisait beaucoup moins souffrir que la répétition obligatoire de ces actes misérables, exécutés de forces et aux dépens de ma dignité. Se sorte que j'accueillais le discours libertaire de Manzini avec plus que de l'ironie. Il savait parfaitement que le mot "pauvreté" dès que je l'aurais entendu, se collerait à moi comme un rémora et qu'il n'aurait plus qu'à l'exalter pour que je sente de nouveau sa torturante morsure. Car, beaucoup plus que libre, j'étais pauvre, et même la déclaration d'indépendance la plus enflammée n'allait pas payer mes additions.
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Une fois de plus depuis que j'avais fait la connaissance de cet improbable ami de mon père, je restai plongé dans une profonde stupéfaction. Le bonhomme était en train de me dire dans son style fleuri et euphémique que cette fanfaronnade académique , avec ses groupe de danse folklorique et son club "Histoire des idées", était sa façon de dédommager la société pour avoir épargné la prison à des malfaiteurs. Je l'imaginais refermant sa serviette après avoir rendu la liberté à un proxénète et pensant avec enthousiasme à la causerie de la semaine suivante.
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Chaque fois que je m’asseyais dans la salle d’attente, j’entendais un couple de vieillardes chuchoter sans vergogne sur mon physique, un comportement que le docteur, avec sa récurrente exposition publique de ce qu’il appelait ma “santé de fer”, ne faisait que stimuler.
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Qu’allais-je lui dire face à son explosion de joie ? Que cette mesquinerie à laquelle elle faisait allusion avait déjà eu lieu et que nul acte présent ou futur n’aller en atténuer les irréparables conséquences ? Que je ne comprenais pas du tout son enthousiasme ? Que la vie ne consistait pas à nager d’un îlot d’espoir à un autre mais plutôt de flotter sans cap, tout bonnement comme on peut, jusqu’à ce qu’un jour les eaux nous engloutissent ? Mais aucun de ces actes de vandalisme spirituel ne valait la peine. Elle aurait bien le temps de s’écraser contre son propre mur.
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Il admirait Balzac et pouvait disserter à l'envi sur ses personnages, non seulement les plus célèbres : Rastignac, Vautrin, le père Goriot, Rubempré, Eugénie Grandet, mais encore ceux dont on parlait moins : Corentin, Bixiou, Camusot, la Rabouilleuse, Béatrix, l'abbé Brossette. Il se démarquait de son inspirateur par un projet plus systématique, une imagination plus visuelle, un sens aigu de la scène à faire, un style à l'emporte-pièce. Ses détracteurs faisaient la fine bouche, vilipendaient son mauvais goût et le renvoyaient à la fange où roulaient beaucoup de ses personnages. Il n'en avait cure, fort de l'amour de générations de lecteurs toujours renouvelées.

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