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Citations de Pascal Boyer (54)


chapitre 8
La doctrine
les corporations
et le fanatisme
Il y a en l'homme un besoin désespéré de faire partie d'un groupe et de faire la preuve de sa loyauté.
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La façon dont un rituel produit un certain effet est mystérieuse, même pour les gens concernés. Personne ne sait pourquoi dire ceci ou faire cela a pour effet de marier deux personnes, en guérir une ou autre chose. […] Une cause indéniablement réelle mais indiscernable a provoqué un effet visible. Quelque chose dans l'initiation change les garçons en hommes, sans qu'on puisse dire quoi. Quelque chose dans le mariage transforme vraiment deux personnes en couple, mais cela reste mystérieux. […] Ce qui compte pour les rituels et les rend pertinents, c'est qu'on considère les effets sociaux comme le résultat des actes prescrits. Cela crée inévitablement un vide causal. Comme notre esprit est conçu pour se représenter les interactions entre agents, la plupart des gens comblent ce vide en y plaçant les dieux ou les ancêtres ; mais des abstractions comme « nos traditions », « la société » peuvent jouer à peu près le même rôle.
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Ce qui explique l'attrait de la psychokinésie pour ceux qui y croient, ce n'est pas le fait qu'une intention produise un effet ... C'est le fait qu'elle produise l'effet voulu.

p132
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L'une des activités des premiers hommes modernes, qui est toujours largement pratiquée et nous distingue des autres espèces, est l'échange d'informations de toutes sortes, non seulement à propos de ce qui est mais aussi de ce qui devrait ou pourrait être, non seulement sur ce que l'on sait ou ressent mais aussi sur des projets, des souvenirs, des hypothèses. Le milieu spécifique de l'homme, c'est l'information, notamment l'information fournie pas d'autres hommes. C'est sa niche écologique.
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On comprend mieux la réaction fondamentaliste si on décrit plus en détail ce qui rend l'influence moderne si scandaleuse dans un contexte religieux, et si l'on envisage cette réaction comme un processus de coalition. Le message véhiculé par le monde moderne n'est pas seulement qu'il existe d'autres façons de vivre, que des gens peuvent ne pas être croyants, ou croire autrement, ou se libérer des contraintes de la morale religieuse ou (dans le cas des femmes) prendre leurs décisions sans l'autorisation des hommes. Le message du monde moderne est aussi que l'on peut faire tout cela *sans payer le prix fort*. Les non-croyants et les fidèles d'autres religions ne subissent pas l'ostracisme ; ceux qui cessent d'obéir à la morale religieuse conservent une position sociale normale tant qu'ils respectent les lois ; et les femmes qui se passent de l'autorité des hommes n'en subissent pas de conséquences visibles. Ce « message » moderne nous paraît tellement évident que nous ne voyons plus à quel point il menace les interactions sociales fondées sur la pensée coalitionnelle. Du point de vue d'une coalition religieuse, le fait que le monde moderne permette des choix nombreux sans en faire payer le prix signifie que *la défection ne coûte rien* et qu'elle est donc *très probable*.
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Bien des traits propres aux agriculteurs américains sont plus typiques des agriculteurs que des Américains ; bien des traits communs aux hommes d'affaires yoruba se retrouvent plus souvent chez d'autres businessmen de par le monde que chez les Yoruba en général. Cela confirme ce que les anthropologues soupçonnent depuis longtemps : le fait de choisir des groupements humains particuliers en tant qu'unités culturelles n'est pas un acte naturel ou scientifique, mais un acte politique.
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Bien que nous ayons tendance à le mépriser et à minimiser son importance, le colportage de cancans compte parmi les activités humaines les plus fondamentales. Universellement pratiqué, apprécié et méprisé, il est aussi important pour notre survie et notre reproduction que les autres capacités cognitives ou dispositions émotionnelles. Pourquoi ? On le comprendra mieux si l'on se rappelle que les cancans sont des informations sur nos semblables, de préférence celles qu'ils aimeraient ne pas divulguer, et concernent surtout des sujets de valeur adaptative comme le statut social, les ressources et la sexualité. Le commérage perd beaucoup de son attrait lorsqu'il s'éloigne de ces sujets, comme le démontre notre attitude envers ceux qui collectionnent ou échangent fiévreusement des connaissances dans d'autres domaines. Pensez par exemple à ces « fans » qui ne discutent que des disques ou concerts de leur groupe préféré, se disputent pour savoir où la photo de leur dernier album a été prise, etc. [...] Nous estimons que ces gens passionnés par des sujets sans intérêt pour les interactions sociales ne sont pas tout à fait normaux.
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L'une des plus belles réussites de la psychologie sociale, c'est d'avoir montré combien il est facile de créer de forts sentiments d'appartenance et de solidarité entre des personnes arbitrairement réparties en groupe. Il suffit de leur dire qu'elles font partie des Bleus ou des Rouges. Une fois leur appartenance au groupe définie, on leur fait accomplir une tâche simple [...] avec les membres de leur équipe. Très rapidement, les sujets se montrent mieux disposés envers les membres de leur groupe qu'envers les autres. Ils commencent aussi à percevoir des différences, en faveur de leur groupe bien sûr, en terme de beauté, d'honnêteté et d'intelligence. Ils se montrent plus enclins à tromper ou à maltraiter les membres de l'autre groupe. Même lorsque les sujets savent que la division en groupes et entièrement arbitraire, même lorqu'on leur en fournit la preuve, ils ont du mal à ne pas éprouver ces sentiments et à ne pas croire qu'il existe quelque trait essentiel sous-jacent à l'appartenance du groupe.
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[L]a doctrine n'est pas nécessairement l'aspect principal ou le plus important des concepts religieux. En effet, bien des gens semblent trouver inutile un exposé général, théorique, logique des qualités et des pouvoirs des agents surnaturels. Par contre, ils disposent tous de descriptions précises de la façon dont ces agents peuvent influencer leur vie et de ce qu'il convient de faire à ce sujet.
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La plupart des archéologues et des anthropologues supposent que les premiers hommes modernes faisaient ce que font tous les hommes encore aujourd'hui : utiliser des réserves massives d'information pour extraire des ressources de leur environnement, bâtir des systèmes sociaux extrêmement complexes, séduire leurs partenaires sexuels, protéger et nourrir leur descendance, succomber à la mode et au snobisme, fabriquer des outils, s'occuper de politique et trouver les coutumes des autres ridicules.
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Les érudits religieux ne créent pas seulement des doctrines cohérentes mais aussi, bien souvent, une théologie absconse et paradoxale. Celle-ci construit notamment une version du surnaturel qui n'est plus limitée aux schémas décrits dans les chapitres précédents. Ce divorce d'avec les schémas surnaturels et les systèmes d'inférence est l'une des raisons pour lesquelles ces systèmes savants sont souvent ou bien déformés, ou bien superbement ignorés par la plupart des fidèles.
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Les hommes ne sont pas croyants parce qu'ils font taire leur sens critique et acceptent des assertions extraordinaires ; ils font taire leur sens critique parce que certaines assertions extraordinaires leur sont devenues évidentes.
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La religion n'est pas le fondement de la moralité, ce sont les intuitions morales qui rendent la religion plausible; la religion n'explique pas le malheur, c'est la façon dont les gens considèrent les malheurs qui rend la religion facile à adopter.
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la science est aussi "antinaturelle" pour l´esprit humain que la religion lui est naturelle
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Les hommes ne sont pas croyants parce qu'ils font taire leur sens critique et acceptent des assertions extraordinaires; ils font taire leur sens critique parce que certaines assertions extraordinaires leur sont devenues évidentes.
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Le philosophe Robert Mc Cauley conclut que la science est aussi "anti-naturelle" pour l'esprit humain que la religion lui est "naturelle".
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Ce que font les hommes avec leurs concepts religieux, c'est moins expliquer l'univers que de "créer des mystères intéressants".
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Mais comme vous me l'aviez enseigné, avoir ce dont on a besoin, n'est pas toujours avoir ce que l'on veut.
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Il n'est pas du tout évident que le surnaturel nous procure du réconfort. La religion ne soulage qu'une petite partie des angoisses qu'elle crée.
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Les croyances diffèrent d'un individu à l'autre; il y a des croyants et des incroyants. Et, bien évidemment, les croyances varient d'un individu à l'autre. (...) Comment expliquer un phénomène si variable ( la religion) en se référant à une chose qui est la même partout (le cerveau)? (...) : la diversité du sentiment religieux, loin d'être un obstacle aux explications générales, nous en livre bien des clés. Mais pour comprendre comment cela est possible, il faut comprendre comment le cerveau organise et traite l'information.

Chapitre 1. La question des origines
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